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YÉMEN - Actualité (1990-1996)
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République du Yémen

Politique intérieure

Le 21 mai 1990, les Parlements des Yémens du Nord et du Sud ratifient le projet de Constitution commune mis au point en 1981, après le conflit qui avait opposé les 2 républiques en 1979.

Le 22 mai, la république arabe du Yémen, conservatrice, au nord, et la république populaire démocratique du Yémen, marxiste réformatrice, au sud, fusionnent en un seul État, la république du Yémen, dont la capitale est établie à Sanaa. Le Conseil présidentiel placé à la tête du pays est dirigé par le chef de l’État nord-yéménite, le général Ali Abdallah Saleh, artisan de l’unification. Le 24, l’ancien chef de l’État sud-yéménite, Haïder Abu Bakr al-Attas, forme un gouvernement à la composition équilibrée.

En mai 1991, une nouvelle Constitution est approuvée par référendum.

Le 27 avril 1993 se déroulent les élections législatives. Le Congrès populaire général (C.P.G., ancien parti unique du Yémen du Nord) du président Ali Abdallah Saleh obtient 121 sièges sur 301. Ses 2 principaux concurrents, le Rassemblement yéménite pour la réforme (Al-Islah, parti tribal et islamiste) et le Parti socialiste yéménite (P.S.Y., ancien parti unique du Yémen du Sud) en recueillent respectivement 62 et 56. Les candidats indépendants – ils représentaient les deux tiers des 3 000 candidats – ont 47 élus, dont 25 se rallient au C.P.G. et 13 au P.S.Y. Les 3 principaux partis sont convenus de former un gouvernement d’union afin de sauvegarder les acquis de l’unité et de la démocratie. Pour la première fois, les femmes ont pu participer au scrutin.

Le 15 août, le vice-président Ali Salem al-Baïd, secrétaire général du P.S.Y., refuse de prêter serment en tant que membre du nouveau Conseil présidentiel élu par le Parlement. Il exige un nouveau partage du pouvoir entre le Nord et le Sud. Il quitte la capitale pour se réfugier dans son fief d’Aden.

Le 20 février 1994, les 3 partis de la coalition au pouvoir signent, à Amman (Jordanie), un accord de réconciliation dont ils avaient approuvé les termes le 18 janvier, et qui est destiné à mettre fin à 5 mois de crise politique. Ils conviennent d’accroître la décentralisation administrative du pays, de neutraliser et de fusionner les forces armées et de prendre des mesures pour lutter contre le banditisme. Le jour même, les combats entre sudistes et nordistes reprennent; ils s’intensifient en avril.

Le 21 mai, Ali Salem al-Baïd proclame la sécession du Yémen du Sud (4 ans jour pour jour après la réunification) et annonce l’organisation d’élections générales dans un délai de 1 an. Le président Ali Abdallah Saleh déclare «illégitime» cette sécession.

Le 7 juillet, les troupes du président Saleh conquièrent Aden, capitale du Sud. Ali Salem al-Baïd se réfugie à Oman. Le Conseil présidentiel de Sanaa promet une amnistie générale, dont sont toutefois exclus les dirigeants de la rébellion sudiste, et s’engage à «reprendre le dialogue politique dans le cadre de la légitimité constitutionnelle». La victoire des Nordistes est en fait suivie de pillages et d’arrestations d’opposants.

Le 28 septembre, le Parlement de Sanaa adopte des amendements constitutionnels: la charia devient la seule source du droit et le Conseil présidentiel est transformé en présidence de la République.

Le 1er octobre, le Parlement réélit Ali Abdallah Saleh à la tête de l’État pour 5 ans. Le 3, Abdelaziz Abd al-Ghani est nommé Premier ministre.

Vie économique

En 1991, le manque à gagner du Yémen en raison de la guerre du Golfe est évalué à 1,8 milliard de dollars. Le facteur principal de ces pertes est le rapatriement des quelque 750 000 travailleurs d’Arabie Saoudite, «encouragés» à rentrer dans leur pays, dont les envois de fonds constituaient la principale source de devises de la jeune république. L’aide américaine est réduite de 22 millions de dollars à moins de 3 millions, en raison des positions pro-irakiennes du Yémen.

En 1992, l’économie continue de se dégrader à cause de l’ostracisme dont Sanaa fait l’objet, notamment de la part de l’Arabie Saoudite. Le gouvernement s’efforce d’attirer les sociétés internationales pour l’exploitation de nouveaux gisements de pétrole, mais certains d’entre eux sont situés dans des territoires revendiqués par l’Arabie Saoudite.

Les privations de la population suscitent des émeutes, poussant le Premier ministre, Haïder Abu Bakr al-Attas, à la démission.

En 1993, le pays n’a toujours pas surmonté les handicaps issus de son «mauvais choix» au moment de la guerre du Golfe. Selon la Banque mondiale, l’activité économique a subi une contraction de 10 p. 100 en 3 ans. L’inflation a contribué à la baisse du pouvoir d’achat. La valeur du rial sur le marché parallèle s’est dépréciée régulièrement. L’État s’efforce d’en atténuer les conséquences en subventionnant les denrées alimentaires, importées à 70 p. 100.

Un nouvel oléoduc, mis en service en septembre, permet de porter la production pétrolière de 200 000 à 300 000 barils par jour. Les réserves de gaz n’ont toujours pas été mises en exploitation. Le gouvernement se propose de créer une zone franche à côté du port d’Aden, un atout économique inexploité depuis l’instauration d’un pouvoir marxiste en 1967. La modernisation et l’extension des installations portuaires devraient permettre à Aden de reprendre le rôle de transfert régional abandonné au port de Jebel Ali (émirat de Dubai). Une telle entreprise suppose d’importants concours internationaux.

En 1994, le conflit entre le Nord et le Sud, qui cause plus de 11 milliards de dollars de dégâts, aggrave une situation économique déjà fortement dégradée.

En 1995, les institutions financières internationales exigent de Sanaa la mise en place d’un plan d’ajustement structurel. Le gouvernement décide de doubler les prix des services de base et de l’essence. Ces hausses brutales provoquent des émeutes meurtrières en mars. Afin de dégager des financements, les autorités lancent un programme de privatisations et accordent de nouveaux avantages aux compagnies pétrolières étrangères.

En 1996, le Yémen poursuit sa politique de réformes. En mars, le F.M.I. décide de lui accorder une aide de 198 millions de dollars afin de soutenir ces efforts. En juillet, Sanaa présente un plan quinquennal d’ajustement structurel. En septembre, le Yémen obtient du Club de Paris un important rééchelonnement de sa dette publique. La mise en exploitation de nouveaux gisements de pétrole doit entraîner une hausse des revenus du pays.

Relations internationales

Le 29 novembre 1990, le Yémen (et Cuba) votent contre la résolution du Conseil de sécurité de l’O.N.U. autorisant les États membres à «user de tous les moyens nécessaires» après le 15 janvier 1991 pour obtenir que l’Irak se retire du Koweït qu’il a envahi le 2 août.

Les 18 et 19 octobre 1993, François Mitterrand effectue la première visite d’un chef d’État français au Yémen. Les discussions portent notamment sur la coopération pétrolière, qui est entravée par l’action d’«irréguliers» présumés prosaoudiens contre les travaux de prospection engagés par des compagnies françaises à la frontière séparant le Yémen de l’Arabie Saoudite.

Le 16 février 1995, le Yémen renonce à sa souveraineté sur les 3 provinces perdues en 1934 au profit de l’Arabie Saoudite. Du 5 au 7 juin, Ali Abdallah Saleh est le premier président du Yémen unifié à se rendre en Arabie Saoudite.

En octobre 1996, le Yémen et l’Érythrée concluent, sous l’égide de la France, un accord en vue d’aboutir à une médiation dans le conflit qui les oppose depuis décembre 1995 au sujet de la souveraineté sur l’archipel des Hanish, en mer Rouge.

Encyclopédie Universelle. 2012.