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GADDI (T.)
GADDI (T.)

GADDI TADDEO (1300 env.-env. 1366)

Parmi les continuateurs de Giotto dont il fut le disciple et le collaborateur pendant vingt-quatre ans, Taddeo Gaddi est sans doute le plus notable et il fut assurément le plus célèbre en son temps: un document antérieur à 1350 le mentionne en tête des peintres florentins de l’époque, avant Orcagna, Nardo di Cione et Stefano Fiorentino. Cinquante ans plus tard, il est cité aussi dans une chronique comme l’un des grands héritiers de Giotto. Du vivant de son maître, Gaddi exerce une activité indépendante et reçoit ses propres commandes: en 1332, il est chargé de peindre à fresque la chapelle Baroncelli à Santa Croce de Florence, qu’il achèvera en 1338, deux ans après la mort de Giotto. L’histoire de la Vierge que celui-ci avait peinte à l’Arena de Padoue (1305) inspire visiblement le style et l’iconographie adoptés par son élève qui en donne une version tantôt alourdie, tantôt renouvelée par une interprétation personnelle. La simplicité, la grâce des premières scènes — le joli groupe des servantes dans La Naissance de la Vierge par exemple — font place parfois à une recherche savante et plus gauche dans l’organisation des compositions: La Présentation au Temple offre un somptueux décor architectural, mais une mise en page compliquée qui tente, assez maladroitement, de suggérer la perspective. Les figures sont souvent disproportionnées, plus lourdes, plus «gonflées» que monumentales (Le Mariage de la Vierge ). Mais les innovations de détail ne manquent pas. À la différence de Giotto, Gaddi, dans la scène de La Visitation , représente Élisabeth agenouillée devant la Vierge. Dans L’Annonce de la Nativité aux bergers et aux mages , l’éveil des troupeaux, l’aboiement des chiens, l’apparition de l’ange dans un tourbillon céleste, celle de l’Enfant lui-même au-dessus des rois répondent à une spiritualité personnelle. Pour les dominicains de Santa Croce, Taddeo Gaddi, vers la même époque, peignit également, dans la sacristie, de petits panneaux d’armoire (aujourd’hui à l’Académie de Florence, au musée de Berlin et à la pinacothèque de Munich) représentant des scènes de la vie du Christ et de la vie de saint François qui confirment son attachement à la tradition giottesque, mais l’esprit narratif s’accentue, l’exécution est plus fine, le modelé plus souple que dans les grandes compositions. La prédelle de L’Adoration des bergers (musée de Dijon) offre cette même délicatesse et peut donc être datée de la même période, c’est-à-dire du début de la carrière du peintre. Viennent ensuite les grandes fresques du réfectoire de Santa Croce (Vision de saint Bonaventure , Saint François recevant les stigmates , La Cène , etc.) puis le polyptyque de San Giovanni Fuorcivitas à Pistoia (1353), la Vierge en gloire des Offices (1355) et plusieurs Madone (coll. Campana, coll. Griggs, New York) où la qualité du coloris, la maîtrise du modelé, l’équilibre de la mise en page révèlent un artiste parvenu à la maturité de son talent.

Son fils Agnolo développera à partir de son enseignement un sens de la narration pittoresque et naïve qui fait le charme de ses fresques de Prato (chapelle du Sacro Cingolo) et de Santa Croce (Légende de la Vraie Croix , env. 1390).

Encyclopédie Universelle. 2012.