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MATAMORE
MATAMORE

MATAMORE

Personnage comique du théâtre espagnol qui a les caractéristiques du Capitan de la commedia dell’arte: hâbleur, fanfaron mais pleutre devant la moindre menace. Son nom signifie tueur de Maures; ses origines peuvent remonter au théâtre latin, où on trouve déjà ce personnage sous les traits du miles gloriosus de Plaute. Corneille l’introduisit en France dans L’Illusion comique , et il fut assimilé par les Italiens aux côtés de Rodomont, Fracasse, Fierabras.

Ce vantard peureux est devenu un type, et le nom commun de matamore désigne ceux qui se glorifient d’exploits imaginaires.

matamore [ matamɔr ] n. m.
• 1578; n. pr., personnage de comédie; esp. Matamoros « tueur de Maures »
Vieilli Faux brave, vantard. bluffeur, bravache, fanfaron, fier-à-bras. Faire le matamore.

matamore nom masculin (de Matamore, nom propre) Littéraire. Faux brave, homme qui se vante d'exploits imaginaires. ● matamore (synonymes) nom masculin (de Matamore, nom propre) Littéraire. Faux brave, homme qui se vante d'exploits imaginaires.
Synonymes :
- bravache
- capitan (littéraire)
- fanfaron
- fier-à-bras (littéraire)
- pourfendeur (littéraire)
- rodomont (littéraire)
- tranche-montagne (vieux)

Matamore
personnage de l'Illusion comique (1636) de Corneille, traîneur de sabre fanfaron et poltron.
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Matamore
n. m. Faux brave.

I.
⇒MATAMORE1, subst. masc. et adj.
I. Subst. masc.
A. HIST. LITTER. Personnage de la comédie espagnole qui se vante à tout propos de ses exploits guerriers contre les Maures et que l'on représente généralement en uniforme chamarré au geste large et au verbe haut. J'ai admiré la salle des pas perdus (...) là se démène une statue furibonde de Pierre Corneille; il est représenté ici en matamore de l'Ambigu-Comique (STENDHAL, Mém. touriste, t.2, 1838, p.114). Supériorité qu'a l'arlequinade pure et simple, quand l'arlequinade pure et simple ne subit pas une éclipse: or, telle est l'heure, car voici Pierrot et le matamore Pamphile, ce museau de Colombine et, lui-même, Arlequin rappelés sur des planches par M.Maurice Dreyfus et par sa fantaisie (MALLARMÉ, Dern. mode, 1874, p.751).
B. P. ext. Faux brave, vantard plus courageux en paroles qu'en actes. Synon. bravache, fanfaron, hâbleur. Air, arrogance, grimaces de matamore; attitude, discours, ton de matamore. Alors, c'était la guerre, la boucherie de Pellieux. Tous nos matamores reculaient à l'idée de ne plus se trouver seulement en face de foules désarmées. On pense bien que le gouvernement s'empressa de démentir cette histoire (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p.283):
♦ L'autorité n'est pas une parade plus ou moins semblable à celle des matamores de basse-cour. Et s'il est vrai qu'elle se démontre mieux avec un peu d'apparat, les peuples sages réduisent cette nécessité à la mesure congrue.
MOUNIER, Traité caract., 1946, p.463.
Jouer, faire le matamore. Se donner avec ostentation l'attitude d'un brave. Lamontette, en rentrant auprès des deux femmes, fit le matamore: il dit de grands mots sur de très petites choses; fit des amphigouris sans fin sur ce que nous avions dit (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p.143). Et tu vois mes soldats jouer les matamores et les soudards — et se complaire à ton erreur — pour goûter quelque part, au fond d'eux-mêmes, et comme en fraude, le goût merveilleux du don à l'amour (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p.943).
II. Adjectif.
A. —Qui est propre au personnage de Matamore; qui rappelle ce personnage. Style matamore. Un tragédien célèbre, connu sous la Restauration comme sous l'Empire pour sa diction quelque peu gasconne et matamore, fait monter le tailleur du théâtre (...) et lui demande son costume du premier acte (R. DE BEAUVOIR, Français peints par eux-mêmes, Le Tailleur, t. 5, 1842, p.246). Tous les éclectismes de style se donnent rendez-vous dans cet idiome inouï, (...) où la rusticité du dicton populaire s'allie à des périodes extravagantes sorties du même moule où Cyrano coulait ses tirades matamores (MURGER, Scène vie boh., 1851, p.13).
B. —[En parlant d'une pers., de ses attitudes] Bravache, fanfaron. M. de Barcos ne trouva bon dans aucun temps, ni d'aller lui-même à Rome pour son propre compte, ni d'y envoyer plus tard ces docteurs un peu bruyants et matamores, Saint-Amour et autres, pour y soutenir et y plaider les cinq propositions (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p.217). Filous, fripons, procureurs de femmes, chevaliers d'industrie à l'allure digne, à l'air matamore qui semble dire: «Le premier qui me traite de gredin, je le crève» (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Femme de Paul, 1881, p.1218).
REM. Matamorer, matamoriser, verbe intrans. Jouer les matamores. La pompe espagnole acheva de gâter tous les poètes (...). Ils parlèrent tous en matamores et en capitans (...). On matamorisait tout autant à la ville (A. FRANCE, Génie lat., 1909, p.45). L'aubergiste, tout harnaché de belles joues beafsteack (...) allait de table en table, matamorant (DELTEIL ds RHEIMS 1969).
Prononc. et Orth.: []. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1630 subst. masc. «brave, vantard» (A.D'AUBIGNÉ, Avantures de Faeneste, IV ds Œuvres, éd. E. Réaume et F. de Caussade, t. 2, p.644). Empr. à l'esp. Matamoros, nom d'un faux brave de comédie qui ne cesse de se vanter de ses exploits contre les Maures (d'où le personnage du Matamore ds les comédies du XVIIe s. : 1607, Rodomontades espagnoles. Colligees des Commentaires des tres-espouventables, terribles et invincibles Capitaines, Matamores, Crocodille et Rajabroqueles [titre] ds QUEM. DDL t. 21); proprement «tueur de Maures» (de mata, forme verbale de matar «tuer», v. matador et de Moros, plur. de Moro «Maure»). Bbg. BOULAN 1934, p.80. — QUEM. DDL t. 21.
II.
⇒MATAMORE2, subst. masc.
A. HIST. Cachot souterrain dans lequel les Barbaresques enfermaient leurs esclaves pendant la nuit. (Dict. XIXe et XXe s.).
B. AGRIC. En Afrique du Nord, silo profondément creusé dans le sol pour conserver le grain. (Dict. XXe s.).
Emploi fém. On voit le long du chemin plusieurs enfoncements qui doivent provenir de l'écroulement d'anciennes matamores ou puits à blé (BURET, Rapp. sur le Maroc, 1810 in Corresp. de Napoléon avec le ministre de la marine, 1837, II, 156 ds Fonds BARBIER).
Prononc.: []. Étymol. et Hist. 1. 1617 matamore «fosse large et profonde» (J. MOCQUET, Voyages..., p.166); 2. av. 1649 matamoure «prison souterraine» (P. DAN, Les illustres captifs, éd. L. Piesse et H.-D. de Grammont ds R. africaine, Alger, 1883, p.375: une grande cave qu'en terme du pays [Maroc] on appelle matamoure); 1693 matamore (RICH.); 3. 1735 «silo souterrain» (L. D'ARVIEUX, Mémoires, t. 5, p.278: une matamore; c'est ainsi qu'on appelle des puits secs et profonds, où l'on conserve les grains et les légumes). Empr. à l'ar. «fosse; prison souterraine; silo souterrain», part. passif fém. substantivé de «enterrer, enfouir, cacher sous terre» (DEVIC; DOZY t. 2, p.60b; LAMMENS, pp.160-161; LOK. n° 1444; NASSER, p.472). Cf. aussi, de même orig., le port. masmorra «cachot, prison souterraine» (XVe s. mazmorra ds MACH.) et l'esp. mazmorra «id.» (fin XVe s. ds COR.-PASC.) d'où est empr. le fr. masmorra «id.» (1665-66, B. DE MONCONYS, J. des voyages, t. III, p.30 ds REINH., p.247). Fréq. abs. littér.: Matamore1 et 2: 52.

1. matamore [matamɔʀ] n. m.
ÉTYM. 1578, n. pr. d'un personnage de comédie; esp. Matamoros, proprt « tueur de Maures », de matar « tuer ».
1 Personnage de la comédie espagnole, se vantant à tout propos d'exploits guerriers imaginaires.
1 Au reste, Cyrano, sous tous les rapports, est bien de son temps : cette folle audace qu'on lui voit dans la pensée et dans l'action n'était pas rare dans ce siècle; le matamore, type charmant effacé de nos comédies (…) n'était réellement qu'un portrait légèrement chargé.
Th. Gautier, les Grotesques, VI, p. 194.
2 (1645, Scarron). Faux brave, qui n'est courageux qu'en paroles. Avaleur (de gens), bravache, capitan (cit.), fanfaron, fier-à-bras, rodomont… || Faire le matamore. || Se donner des allures de matamore. || N'ajoutez pas foi aux vantardises de ce matamore. Vantard; matador (régional).
2 Son imagination s'était figuré une sorte de matamore, couvert de chaînes d'or, portant une longue barbe noire, et la toisant constamment de la tête aux pieds; parlant toujours et fort haut, et lui disant même des choses embarrassantes.
Stendhal, Romans et Nouvelles, « Féder », II.
3 Un soir qu'ils faisaient la queue au guichet de l'Odéon, ils eurent une vive altercation avec un malotru qui menaçait de les pourfendre. Édouard serrait déjà les poings. Salavin fut admirable. Il dit au matamore : « Frappez, si vous voulez ! Vous entendrez pourtant ce que je dois vous dire. »
G. Duhamel, Salavin, III, XVII.
Adj. || Genre, style matamore.
4 (…) le style matamore du sieur Scudéry ne jure nullement à côté des allures castillanes et des façons chevaleresques du sublime auteur du Cid.
Th. Gautier, les Grotesques, I, p. 5.
DÉR. Matamorisme.
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2. matamore [matamɔʀ] n. f. et m.
ÉTYM. 1617, J. Mocquet, Voyages en Afrique…, p. 166; arabe măṭmūrǎh « fosse souterraine ».
Didactique ou technique.
1 Hist. Profond silo, dans les pays du Maghreb. || Les matamores servaient de prison, de cachot, pour les esclaves et captifs chrétiens.
2 (1847, Bescherelle). Agric. Silo profond creusé dans le sol.
REM. Le genre masculin apparaît fin XIXe (1873, P. Larousse), sans doute par confusion avec 1. matamore.
HOM. 1. Matamore.

Encyclopédie Universelle. 2012.