⇒BACCHANAL, subst. masc. sing.
Vieilli. Grand bruit, vacarme, tapage provoqué habituellement par des personnes, quelquefois par des objets (instruments de musique, etc.). Faire bacchanal; faire du, un (grand) bacchanal :
• 1. Une fraternité s'établissait avec la rue. On trinquait à ceux qui passaient. On appelait les camarades qui avaient l'air bon zig. Le gueuleton s'étalait, gagnait de proche en proche, tellement que le quartier de la Goutte-d'Or entier sentait la boustifaille et se tenait le ventre, dans un bacchanal de tous les diables.
ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 581.
• 2. Les tout premiers autobus, les merveilleux « Madeleine-Bastille » qu'avaient le haut « impérial », ils y mettaient toute la sauce, tous leurs explosifs, à cet endroit juste, pour escalader la rampe... C'était un spectacle cent pour cent, c'était un bacchanal terrible... Ils crachaient toutes les eaux bouillantes contre la Porte Saint-Martin.
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 360.
Rem. Dans l'ex. 1 le sens de bacchanal est proche de celui de bacchanale.
— En partic. Tumulte satanique :
• 3. Il sied de se répéter que le Démon ne peut rien sur la volonté, très peu sur l'intelligence et tout sur l'imagination. Là, il est le maître et il y déchaîne le sabbat; mais ce bacchanal n'a pas plus d'importance que le vacarme d'une musique militaire qui passe sous vos fenêtres.
HUYSMANS, L'Oblat, t. 1, 1903, p. 158.
— Rare. Déchéance, ruine :
• 4. [M. Pipelet :] Les peintres! (...) c'est la peste d'une maison... c'est son bacchanal, c'est sa ruine.
SUE, Les Mystères de Paris, 1842-43, p. 118.
Rem. 1. Ac. 1835, BESCH. 1845, LITTRÉ, Ac. 1878, 1932, ROB. et Lar. encyclop. considèrent le mot comme fam. De même THOMAS 1956. 2. Nom sans plur. selon LITTRÉ. Selon COLIN 1971 ,,le masculin bacchanal (...) a disparu de l'usage courant au profit du féminin bacchanale (...)``. Cf. également É. MOLARD, Le Mauvais lang. corr., 1810, p. 33 : ,,Ce nom substantif est du genre féminin (...).`` 3. Ac. Compl. 1842 et GUÉRIN 1892 attribuent en outre à bacchanal le sens de « lieu où l'on célébrait les mystères de Bacchus ». 4. Pour la différence entre bacchanal et bacchanale, cf. bacchanale.
PRONONC. :[bakanal]. BARBEAU-RODHE 1930 donne la possibilité de prononcer [kk] géminé : k/k.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1145 « grand bruit, tumulte » (WACE, Conception ND, Brit. Mus. Add. 15606, f° 37e ds GDF. Compl. : Li vent vint a la nef devant O torment et baquenas grant); av. 1317 baquenal (JOINV., 219 ds LITTRÉ), attest. isolées; repris dep. Ac. 1835 qui le qualifie de ,,familier``.
Empr. au lat. bacchanal, -is subst. neutre « lieu où l'on célèbre les mystères de Bacchus » (PLAUTE, Aul., 408 ds TLL s.v., 1661, 6), (d'où l'empr. du m.fr. bacchanal attesté en ce sens en 1552, Des Masures ds GDF. Compl.).
STAT. — Fréq. abs. littér. :8.
BBG. — BRUANT 1901. — FRANCE 1907.
bacchanal [bakanal] n. m.
ÉTYM. 1559, Amyot; baquenas, 1145; baquenal, av. 1317; lat. bacchanalis, du dieu Bacchus.
❖
♦ Fam. et vx. Grand bruit, tapage. || Faire du bacchanal. ⇒ Chahut, tapage, tumulte.
0 Une épaisse fumée minutieusement sculptée, s'échappant à nouveau du brasier, créa devant l'agonisant un joyeux bacchanal; des femmes exécutaient une danse fiévreuse pour un groupe de débauchés aux sourires blasés; dans le fond traînaient les restes d'un festin, tandis qu'au premier plan celui qui semblait jouer le rôle d'amphitryon désignait à l'admiration de ses hôtes les danseuses souples et lascives.
Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 156.
❖
HOM. Bacchanale.
Encyclopédie Universelle. 2012.