OLÉAGINEUX
Étroitement liés aux pratiques gastronomiques et hygiéniques locales, éléments constituants des civilisations traditionnelles tant en ce qui concerne l’assise matérielle de base que pour ce qui est du support éthique, les oléagineux ont pris une dimension toute nouvelle dès lors que la colonisation a commencé à basculer les habitudes prises.
L’exploitation industrielle moderne par les États colonisateurs, qui se sont empressés, surtout à partir du XIXe siècle, d’implanter les usines de transformation dans leurs propres ports, a suscité une restructuration complète du marché et créé une certaine mondialisation. Ce mouvement s’est accéléré au lendemain du second conflit international par la conjugaison de l’action des grosses firmes multinationales, des phénomènes de décolonisation et du façonnement d’un nouvel «ordre» planétaire disposant de ses stratégies et politiques propres. Une nouvelle répartition des unités de trituration a modifié flux et relations de force: les complexes d’huileries entourés d’imposants silos de stockage de graines, réservoirs d’huiles et hangars à tourteaux sont à présent localisés de préférence dans les ensembles portuaires des grands pays exportateurs, approvisionnant en huiles brutes les États consommateurs qui procèdent au raffinage ou à la fabrication de corps gras spécifiques, tels que les shortenings ou la margarine.
La compétition sans merci qui s’est manifestée et affirmée entre-temps dans le camp des pays exportateurs a toutefois suscité l’instabilité des prix, une certaine déstabilisation parmi les pays producteurs et des difficultés financières chez les importateurs endettés. La crise est mise à profit par les groupes agro-alimentaires qui se restructurent et favorisent le déploiement de producteurs-exportateurs soumis à leurs exigences. De multiples enjeux sont entrés en lice.
Un atout de l’économie marchande
L’époque coloniale
Les pays industrialisés ont constamment cherché à développer dans les régions colonisées par eux les productions vivrières susceptibles d’alimenter le marché international. Les oléagineux firent partie de ces préoccupations et donnèrent lieu à de très nombreuses interventions dans le fonctionnement traditionnel des sociétés autochtones. Aux îles de la Société, par exemple, Claude Robineau a pu constater combien les plantes à huile furent partie intégrante de l’économie de subsistance qui, avec l’économie cérémonielle et festive, façonna ce que l’on est convenu d’appeler l’économie ancienne. La colonisation aidant, l’économie nouvelle était d’abord marquée par une série de cycles – porc salé, vivres frais pour les baleiniers, arrow-root, oranges, canne à sucre, huile de coco – avant que, dans le courant de la seconde moitié du XIXe siècle, l’exportation ne se focalisât sur le coprah. Avant la Première Guerre mondiale, le bénéfice tiré des plantations – par les propriétaires indigènes ou étrangers – allait jusqu’à atteindre de huit à quarante fois le niveau de rémunération vital de l’ouvrier; chacun des salariés agricoles contribuait ainsi à fabriquer un produit équivalent à huit, voire à quarante fois, selon le cas et la période, son propre coût de travailleur. «Alors, on comprend ce qu’étaient les riches...», précise Claude Robineau qui ajoute: «On s’explique la fureur de construction de belles demeures, les achats de terres, la constitution par certaines familles d’un véritable patrimoine.» Aussi la production de coprah s’accrut-elle rapidement: de 6 500 tonnes en 1899, les exportations passèrent à plus de 10 000 en 1915, à 25 000 en 1949, à 26 500 en 1951, pour tomber toutefois à 17 000 tonnes en 1967. Une prospérité fragile en somme, inhérente aux aléas du marché mondial.
Le profil d’ensemble
Celui-ci scrute en effet constamment les créneaux porteurs. Ainsi, au cours du dernier quart de siècle, la production mondiale globale des huiles et corps gras a augmenté rapidement: de 29 millions de tonnes d’équivalent huile en 1960 elle a atteint 57,9 millions de tonnes en 1980, 67,9 millions en 1985, pour aboutir au chiffre prévisionnel de 79 millions environ de tonnes d’équivalent huile en 1990. En dépit de cette progression en apparence calme, de sérieuses turbulences internes témoignent d’âpres compétitions: l’huile de soja, par exemple, qui constituait, en 1960, 12 p. 100 de la production mondiale d’huiles et de corps gras, 23 p. 100 en 1980, fut appelée à connaître une compression drastique, la ramenant en 1990 à 19,5 p. 100 de la production mondiale d’huiles et de corps gras. Parallèlement, l’huile de palme a connu une ascension extraordinaire: de 4,5 p. 100 en 1960, 8 p. 100 en 1980, elle atteint 14 p. 100 de la production mondiale d’huiles et corps gras en 1990. Cette même année, l’huile de colza et l’huile de tournesol totalisent ensemble l’équivalent de la production d’huile de soja.
Ces statistiques expriment d’amples mouvements à l’intérieur du marché des oléagineux qui s’appuie sur une production de 10 oléo-protéagineux principaux, de l’ordre de 200 millions de tonnes environ de graines récoltées sur près de 150 millions d’hectares. Tandis que les États-Unis et l’U.R.S.S. connaissent un déclin relatif et que l’Europe non soviétique résiste dans d’assez bonnes conditions dans le domaine du colza et du tournesol, la percée des pays semi-industrialisés d’Asie et d’Amérique latine est spectaculaire; en Asie, la Malaisie donne le ton avec l’huile de palme; en Amérique, c’est le cas du Brésil avec le soja.
Le rôle croissant des huiles végétales
Dans l’évolution intervenue depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la substitution des huiles d’origine végétale aux huiles et corps gras d’origine animale fut l’un des phénomènes les plus significatifs de la mutation intervenue dans ce secteur agro-industriel. Alors qu’en 1950 les huiles végétales ne représentaient que 52 p. 100 de la production totale, elles comportaient 70 p. 100 de l’ensemble en 1985 et tendent à s’approcher de 73 p. 100 en 1990. Si le soja a été la plante d’entraînement jusqu’au début des années soixante-dix, l’huile de palme, d’abord, l’huile de colza et le tournesol, ensuite, ont enregistré les progressions les plus rapides depuis le début des années quatre-vingt.
Une autre caractéristique est venue s’ajouter à cette place grandissante occupée par les huiles végétales; celles-ci servent de plus en plus de matière première à l’industrie chimique: par ordre d’importance décroissant, production d’enduits et peintures, de détergents, de lubrifiants, de plastifiants, de produits agro-chimiques, d’adhésifs et de produit thermoplastiques. La graine de coton est devenue un sous-produit de l’industrie textile.
Les huiles végétales (soja, colza, etc.) peuvent désormais s’ajouter ou se substituer au carburant Diesel. Le Centre fédéral autrichien de technique agraire de Wieselburg a entrepris des recherches dans ce sens, qui ont débouché sur des expériences susceptibles de permettre l’utilisation du «fuel végétal» dans les moteurs de tracteurs. Les décisions des constructeurs portant sur le recours au carburant d’origine végétale sont intervenues en 1990.
Le fonctionnement des marchés d’oléagineux
Les types de marchés
Les structures agro-alimentaires sont généralement organisées de façon telle qu’elles regroupent, tant au sein des firmes que dans le domaine des statistiques, à la fois les oléagineux et les protéagineux, c’est-à-dire les produits végétaux et les corps gras riches en protéines (cf. figure). À ce titre, les marchés des oléo-protéagineux forment un ensemble complexe de trois types de marchés:
– les marchés de matières premières à base de graines oléagineuses et protéagineuses;
– les marchés de produits intermédiaires comportant les huiles brutes et tourteaux ainsi que les matières riches en protéines destinées à l’alimentation animale;
– les marchés de produits finaux alimentaires portant sur les corps gras et produits végétaux riches en protéines.
Quoique les dynamiques de ces marchés soient différentes les unes des autres, les liens qu’elles entretiennent entre elles sont très étroits. La diversité des huiles, leur aptitude à concurrencer les produits d’origine animale, leur souplesse de substituabilité avec ceux-ci conduisent à des articulations extrêmement nombreuses entre groupes financiers, entreprises de production et firmes commerciales.
Prises séparément, les huiles sont d’intérêt très variable. En taux de production, l’huile de soja (19,5 p. 100) et l’huile de palme (14,1 p. 100) l’emportent nettement. Une deuxième catégorie atteint pour chacune des huiles entre 9 et 10 p. 100 de la production mondiale: l’huile de tournesol (9,7 p. 100), l’huile de colza (9,1 p. 100). Une troisième catégorie se place entre 4 et 5 p. 100: l’huile de coton (4,8 p. 100), l’huile d’arachide (4,5 p. 100) et l’huile de coco (4,2 p. 100). Une quatrième catégorie se situe entre 1 et 3 p. 100: l’huile d’olive (2,3 p. 100), l’huile de palmiste et l’huile de poisson (chacune 1,9 p. 100), l’huile de maïs (1,5 p. 100). La cinquième catégorie a une production inférieure à 1 p. 100: l’huile de lin (0,8 p. 100), l’huile de sésame (0,7 p. 100), l’huile de ricin (0,5 p. 100).
Ces huiles apparaissent dans les produits intermédiaires ou finaux en fonction de leurs caractéristiques: les graines de colza, de soja, de tournesol, d’arachide, de coton et de sésame sont riches en huile et en protéines; les noix de coprah et de palmiste, l’huile de palme et l’huile d’olive entrent dans la composition de produits riches en huile.
Oléo-protéagineux et produits issus de la transformation industrielle – huiles et tourteaux, protéines concentrées – entrent en compétition avec les produits d’origine animale tels que le beurre et les graisses animales, qui subissent l’assaut des huiles végétales, les farines de poisson et de viande, menacées par les produits végétaux riches en protéines.
Connexions et substituabilité
Les connexions entre les produits d’origine végétale et les produits d’origine animale entraînent la formation de boucles de rétroaction. Les tourteaux d’oléagineux entrent, par exemple, dans la production de la viande en tant qu’alimentation pour le bétail; après l’abattage des bovins ou des porcins, cette même viande sert à la fabrication de graisses animales qui concurrencent les graisses végétales. La production laitière intègre des tourteaux dans l’alimentation du bétail avant de contrer le marché découlant de la trituration des oléagineux; ainsi, le beurre se heurte à la margarine et la poudre de lait aux tourteaux. La substituabilité est donc devenue courante tant à l’échelle de la production qu’à celles de la transformation et de la demande finale.
Par là même, les entreprises de trituration sont appelées à traiter presque indifféremment les graines oléagineuses. Plus que vers la spécialisation par huile, elles tendent à s’orienter vers une diversification dans la gamme de leurs produits finaux. Elles obéissent en réalité principalement à la logique de fonctionnement des marchés; elles sont très sensibles à l’existence de marchés à terme; elles veillent avant tout à disposer d’une logistique suffisante face aux exigences mondiales, à mettre en œuvre un savoir-faire commercial original, à aménager des circuits de transport adaptés et à déployer des stratégies d’ampleur mondiale. Essentiellement localisées dans les pays à économie libérale, les firmes d’oléagineux à gabarit international participent, en liaison avec les États concernés, à l’élaboration des politiques agro-alimentaires, visant à préserver leurs intérêts qui, d’une façon ou d’une autre, se heurtent souvent à l’intérêt commun. Le secteur des oléagineux obéit néanmoins à maint égard à sa propre logique. Il ne bénéficie guère d’une concurrence parfaite: les ajustements ne sont pas instantanés ou automatiques; les substitutions inhérentes aux variations des prix exigent des délais. J.-P. Bertrand se fonde sur une étude relative aux États-Unis pour montrer que des matières riches en protéines – tourteau de soja, tourteau de coton, farine de poisson, farine de viande, gluten-feed et tourteau de tournesol – utilisées dans l’alimentation animale ne sont substituables qu’après une à trois années. Indépendamment du fait qu’ici les oléo-protéagineux réagissent une fois de plus indifféremment, que ce soient les huiles ou les graisses, l’action des prix, primordiale, qui doit se prolonger dans le temps démarque les produits et conditionne les orientations.
Le rôle stratégique de la trituration
C’est, en définitive, la trituration qui constitue le nœud stratégique de la filière des oléo-protéagineux, l’«un des lieux centraux d’arbitrage» (J.-P. Bertrand), car la majeure partie des produits auxquels l’industrie a recours ne sont pas consommables tels quels, sauf l’arachide et le coprah. La répartition géographique des entreprises de trituration reflète les stratégies en cours: près de 40 p. 100 des capacités sont le propre des pays industrialisés; l’Europe s’affirme davantage, la concurrence faite au soja par son colza et son tournesol se concrétisant sérieusement. Des pays semi-industrialisés sont entrés très positivement dans la course: Brésil, Argentine et Corée du Sud surtout, Inde ensuite; depuis le début des années quatre-vingt, la Malaisie bouscule les habitudes prises par l’industrie des oléo-protéagineux, grâce au succès de son huile de palme.
Tandis que les usines de trituration sont liées au commerce des produits bruts, les marchés de produits finaux sont tributaires du commerce des produits semi-transformés. Pour ce qui est des tourteaux, les principaux importateurs demeurent la Communauté européenne, le Japon, puis les pays de l’Est européen. En ce qui concerne les huiles, l’importation est segmentée: l’huile de palme concerne surtout la Communauté européenne, l’Inde et Singapour (600 000 t chacun), puis l’U.R.S.S. et les ÉtatsUnis (300 000 t chacun), enfin le Japon (200 000 t); l’huile de soja intéresse en premier lieu l’Inde, le Pakistan, l’Iran et la Communauté européenne (plus de 200 000 t chacun), en second lieu l’U.R.S.S. et les autres pays de l’Est (de 100 000 à 200 000 t), la Chine n’étant qu’un importateur occasionnel.
La concentration des firmes
La crise mondiale qui sévit depuis le milieu des années soixante-dix et qui se manifeste par l’instabilité du cours des matières premières, l’endettement, des difficultés budgétaires et le déséquilibre des balances commerciales a incité les groupes multinationaux dominants à restructurer à la fois leurs activités, leurs produits et leurs localisations. Cette triple action s’accompagne d’offres publiques d’achat (O.P.A.) qui accélèrent les regroupements. Aux États-Unis, fusions et acquisitions ont totalisé 73 milliards de dollars en 1983 et 180 milliards (pour environ 3 000 opérations) en 1985. Philip Morris a acheté General Foods pour 5 600 milliards de dollars, Reynolds a acquis Nabisco Brands pour 4 900 millions de dollars, Nestlé a acheté Carnation pour 2 900 millions de dollars et Beatrice Foods a acquis Esmark pour 2 700 millions de dollars.
Les géants visent la diversification pour mieux résister à la crise et s’imposer davantage. La firme Cargill, dont le siège est aux États-Unis, se concentre sur quatre secteurs: le glucose-amidon, l’alimentation animale, la viande bovine et les engrais-semences. Dans le secteur de la trituration, le groupe a étendu ses activités aux huiles ménagères, margarines et préparations pour les salades. Dans le secteur de la viande, il a renforcé sa place dans la production bovine et élargi son rôle aux volailles. Il a absorbé des industries d’amont de la production agricole (engrais, semences, etc.).
Unilever, autre grand, issu de la fusion d’une firme britannique et d’une firme néerlandaise, qui rayonne sur 75 pays et qui emploie environ 300 000 personnes, a étendu ses activités principales aux produits de marque conditionnés de consommation courante: poudres à laver, margarines, produits de toilette, produits alimentaires surgelés, boissons.
Les facettes régionales
Les localisations des oléagineux nous révèlent que la seule recherche de meilleur prix de revient est insuffisante pour assurer le développement de la production. Il faut notamment que le milieu soit propice aux affaires et que la culture concernée puisse s’insérer dans un monde de vie et satisfaire les comportements locaux. La création d’une ambiance appropriée est donc indispensable. Dès lors que cette condition est acquise, la compétition habituelle reprend ses droits (cf. tableau).
Si, aux États-Unis, le soja sert de régulateur aux oléo-protéagineux, celui-ci est concurrencé par les productions du Brésil et de l’Argentine, tandis que le Canada, la Communauté européenne et la Malaisie sont en compétition pour les substituts, tels que le colza, le tournesol et l’huile de palme. Le Brésil doit constater combien les faiblesses du marché intérieur handicapent l’aptitude d’adaptation du pays aux aléas du marché international. De son côté, la Malaisie éprouve de réelles difficultés pour assurer son expansion et organiser un marché à terme. Elle a des possibilités d’exportation vers l’Asie, en particulier pour les produits élaborés. La Communauté européenne est confrontée à des conflits commerciaux avec les États-Unis et à des arbitrages difficiles du F.E.O.G.A. (Fonds européen d’orientation et de garantie agricole) en matière budgétaire pour définir une politique oléo-protéagineuse. Espagne et Portugal modifient en outre l’équilibre du secteur des matières grasses.
Le problème fondamental qui reste posé à l’échelle mondiale est celui du niveau de protection accordé en définitive à l’agriculture constamment fragilisée par des incidences monétaires et financières internationales.
oléagineux, euse [ ɔleaʒinø, øz ] adj. et n. m.
• 1314 , rare av. XVIe; du lat. oleaginus « relatif à l'olivier »
♦ Qui est de la nature de l'huile. Liquide oléagineux. ⇒ huileux. — Qui contient de l'huile. Fruits oléagineux. Graines, plantes oléagineuses. ⇒ oléifère.
♢ N. m. Un oléagineux : substance oléagineuse. ⇒ huile. — Plante susceptible de fournir une telle substance. L'arachide, le colza, la navette sont des oléagineux.
● oléagineux nom masculin Plante cultivée pour ses graines ou ses fruits riches en lipides dont on extrait des huiles alimentaires et dont on utilise les résidus de l'extraction dans l'alimentation du bétail (soja, colza, tournesol, arachide, etc.). ● oléagineux, oléagineuse adjectif (latin oleagineus, de olea, olivier) De la nature de l'huile : Liquide oléagineux. Qui contient de l'huile : Plantes oléagineuses.
oléagineux, euse
adj. et n. m.
d1./d De la nature de l'huile.
d2./d Qui contient, qui peut fournir de l'huile. Graine oléagineuse.
|| n. m. Plante oléagineuse.
⇒OLÉAGINEUX, -EUSE, adj. et subst. masc.
I. —Adjectif
A. —Qui contient de l'huile; dont on peut tirer de l'huile. Plantes, graines oléagineuses. Les olives, les noix, les amandes sont des fruits oléagineux (Ac.). Les fèves oléagineuses (soya) de Mandchourie (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p.260).
B. —Qui est de la nature de l'huile, qui en a la consistance, ou qui lui ressemble. Quelquefois seulement le dessous de la peau est imbibé, comme le reste du corps, d'un suc oléagineux (CUVIER, Anat. comp., t.2, 1805, p.578). La mer a la tranquillité lourde et épaisse d'une nappe oléagineuse (G.LEROUX, Parfum, 1908, p.85).
— P. métaph. Des morceaux de vies de saints, écrites dans ce style oléagineux, cher aux catholiques (HUYSMANS, Oblat, t.1, 1903, p.59).
II. —Subst. masc. Substance qui contient de l'huile, en partic., substance dont on tire des matières grasses alimentaires ou industrielles. La production des oléagineux; l'arachide et le colza sont des oléagineux. La cité a deux autres bourses: la bourse des métaux et le baltic, qui est la bourse des frets pour le monde entier (...) et en même temps celle des oléagineux, des résineux, du jute (MORAND, Londres, 1933, p.296). L'institut de recherche des huiles et oléagineux a pris en charge la construction d'huileries de palme au Dahomey, au Togo et au Cameroun (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p.271).
Prononc. et Orth.: [], fém. [-ø:z]. Ac. 1694, 1718: -le-; dep. 1740: -lé-. Étymol. et Hist. 1. 1314 adj. «qui est de la nature de l'huile» (Chirurgie Henri de Mondeville, 1719 ds T.-L.); 2.1690 «dont on tire de l'huile» (FUR.); 3. 1868 subst. masc. «substance oléagineuse» (LITTRÉ). Dér. sav. de l'adj. oleagineus, oleaginus «d'olivier»; suff. -eux, pour servir d'adj. à huile. Fréq. abs. littér.: 14.
oléagineux, euse [ɔleaʒinø, øz] adj. et n.
ÉTYM. 1314; rare av. XVIe; du lat. oleaginus « relatif à l'olivier », rac. olé-; suff. -eux, -euse.
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1 Qui est de la nature oléiforme, de l'huile. || Liquide oléagineux. ⇒ Huileux.
0 La chaleur était devenue insupportable. Nous étions menacés d'un violent orage et nous aurions voulu qu'il éclatât tout de suite (…)
Ah ! l'orage nous soulagerait beaucoup (…) La mer a la tranquillité lourde et épaisse d'une nappe oléagineuse. Ah ! la mer est pesante, et l'air est pesant, et nos poitrines sont pesantes.
G. Leroux, le Parfum de la dame en noir, p. 224.
2 N. m. (1868). || Un oléagineux : une substance oléagineuse. ⇒ Huile. — (1932). Plante susceptible de fournir une telle substance. || L'arachide, le colza sont des oléagineux.
Encyclopédie Universelle. 2012.