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ORPHÉE
ORPHÉE

ORPHÉE

Doué d’une voix merveilleuse, que les Grecs connotent par le miel, Orphée est un poète mythique, le maître exemplaire de la parole chantée. Il charme, il séduit les hommes, des plus musiciens aux plus sauvages, et aussi les plantes, les animaux les plus féroces, jusqu’aux pierres. C’est là sa démesure, qui doit le perdre. Au centre du mythe de cet homme qui s’identifie à sa voix se place une histoire d’amour ou de séduction. Orphée est le jeune époux d’Eurydice. Leur lune de miel est troublée par l’intrusion d’Aristée, honnête apiculteur que le désir d’Eurydice pousse à se mal conduire. Il poursuit la jeune femme, un serpent d’eau la blesse. Orphée descend aux Enfers pour reprendre Eurydice. Sa voix séduit les puissances infernales, qui l’autorisent à repartir en compagnie de sa jeune épouse. Mais on lui prescrit de marcher devant elle sans se retourner ni lui adresser la parole. Orphée est incapable de respecter le double interdit qui impose à des amants de ne communiquer entre eux ni oralement, ni visuellement. Il perd définitivement Eurydice qu’il a voulu regarder ou, dit une autre version, embrasser sans attendre.

Le mariage a besoin de bonne distance. Orphée l’ignore, lui qui confond par sa voix de miel les hommes et les bêtes, la nature sauvage et le monde socialisé. Désolé et solitaire, Orphée se retire dans la compagnie des animaux que ses chants rassemblent autour de lui. Les femmes, s’estimant méprisées, se jettent sur lui, le déchirent et le mettent en pièces, à la manière de bêtes sauvages que Dionysos aurait rendues furieuses.

Orphée
dans la myth. gr., aède légendaire de Thrace, fils d'OEagre et de la muse Calliope. Il descend aux Enfers pour en ramener son épouse Eurydice. Hadès consent à la lui rendre à condition qu'il ne la regarde qu'au sortir du royaume des Morts. Orphée ne respecte pas cette injonction et provoque ainsi la seconde mort de sa femme. Virgile a consacré au mythe d'Orphée quelques vers des Géorgiques (29 av. J.-C.), qui ont inspiré la quasi-totalité des oeuvres ultérieures, littéraires ou musicales, notam. Orfeo (1607), drame musical de Monteverdi.

⇒ORPHÉE, subst. masc.
Littér. [P. allus. à Orphée, poète et musicien légendaire de l'Antiquité grecque] Poète musicien de grand talent. Eh bien, que tardez-vous, harmonieux Orphées? Si sur la tombe des Persans Jadis Pindare, Eschyle, ont dressé des trophées (CHÉNIER, Ïambes, 1794, p.260).
REM. Orphéen, -enne, adj. Poétique, qui rappelle la poésie d'Orphée. Des expressions orphéennes tirées comme avec un plectre d'or (SAINTE-BEUVE, Portr. contemp., t.2, 1834, p.40). Heureux s'il ne fait quelque présentation pompeuse et orphéenne (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1891, p.122).
Prononc.:[]. Étymol. et Hist. 1611 fig. «poète ou musicien illustre» (MALHERBE, Poésies ds OEuvres compl., éd. L. Lalanne, t.1, p.187, 123). De Orphée (lat. Orpheus, gr. '), personnage de la myth. gr., célèbre comme musicien et à l'orig. de sectes mystiques.

orphée [ɔʀfe] n. f.
ÉTYM. 1874, P. Larousse; de Orphée, n. propre.
Grande fauvette des régions méditerranéennes.

Encyclopédie Universelle. 2012.