I.
⇒HARPER1, verbe intrans.
[P. anal. avec le mouvement du bras du joueur de harpe; le suj. désigne un cheval] Lever une des jambes de derrière plus haut que l'autre sans plier le jarret ou les lever toutes deux en même temps, avec précipitation. Ce cheval harpe d'une jambe, harpe des deux jambes (Ac. 1835, 1878). Les cinq mules empanachées de plumes de coq reconnaissaient leur nom, dressaient fièrement leurs oreilles, rouaient l'encolure et harpaient plus haut encore, de leur pas naturellement relevé (MORAND, Flagell. Séville, 1951, p. 49).
Prononc. et Orth. : [] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. A. Verbe intrans. fin XIIIe s. [ms.] « lever une des jambes de derrière plus haut que l'autre sans plier le jarret (en parlant d'un cheval) » (Livre d'Artus, éd. O. Sommer, t. 7, p. 41, 37), attest. isolée; de nouv. 1678 (GUILLET, I, 134-135). B. Adj. 1. 1561 herpé « bien arqué (du jarret du chien) » (J. DU FOUILLOUX, La Vénerie et l'Adolescence, éd. G. Tilander, p. 27 : jarret bien herpé); 2. 1655 harpé « dont le ventre est bien arqué (d'un cheval, d'un chien) » (R. DE SALNOVE, Dictionnaire des chasseurs, p. 17 ds La Vénerie royale divisée en IV parties). Dér., à cause d'une certaine ressemblance, de harpe1; dés. -er, suff. -é.
II.
⇒HARPER2, verbe trans.
A. — Vieilli, pop. ,,Prendre et serrer fortement avec les mains`` (Ac.). On vous harpe mon homme et on l'entraîne en prison (BESCH. 1845).
P. métaph. Alors le remords fondit sur lui, le harpa, le tenailla sans trêve (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 17).
♦ P. ext. Arrêter quelqu'un et le retenir. Une marchande de vins était là embusquée dans un coin de la cour, les harpant au passage, attendant qu'ils eussent touché leur paie pour leur soutirer des acomptes (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 288 ):
• ... quand il pouvait harper sur les chemins quelque barbouilleur de passage, il lui faisait dessiner sous ses yeux ce qu'il se permettait naïvement d'appeler ses idées, en fait de meubles et de décorations...
SAND, Beaux MM. Bois-Doré, t. 1, 1857, p. 68.
— Emploi pronom. réciproque. S'empoigner; se quereller. Ils se querellèrent et se harpèrent (Ac.). Lutter, se harper, batailler. Et sans fin! (ARNOUX, Algorithme, 1948, p. 52).
B. — Vieilli, arg., pop. Voler, dérober. Le faux gendarme, ancien assassin de son dab, avait harpé : six porte-monnaie, renfermant ensemble cent trente-deux francs, soixante-quinze centimes, trois montres d'homme et deux de dame, six chaînes (A. BRUANT, Les Bas-Fonds de Paris, II, p. 2085 ds CELLARD-REY 1980).
REM. Harpigner (se), verbe pronom. réciproque. Se donner des coups. On se crache à la figure, on se graffigne, et on se harpigne (ARNOUX, Rhône, 1944, p. 250).
Prononc. et Orth. : [] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. XIIIe s. « s'accrocher à » (Constant du Hamel, 292 ds T.-L.); 2. 1376 « empoigner, saisir » (Modus et Ratio, 224, 41, ibid.). Prob. dér. d'un germ. harpan « saisir »; cf. a. nord. harpa « crampe, action de tordre la bouche » (cf. REW3 et BL.-W.3-5). Bbg. CHAUTARD (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 521.
1. harper ['aʀpe] v. intr.
ÉTYM. XIIe; de 1. harpe.
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♦ Vx. Jouer de la harpe.
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DÉR. Harpeur (vx).
HOM. 1. Harpé, 2. harpé, 2. harper, 3. harper.
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2. harper ['aʀpe] v. tr.
ÉTYM. Fin XIIe; du lat. harpe (→ 2. Harpe), avec infl. de l'anc. scandinave harpa « crampe ». → aussi 1. Harpe.
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DÉR. Harpage, harpailler, harpette, harpoise, harpon.
HOM. 1. Harpé, 2. harpé, 1. harper, 3. harper.
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3. harper ['aʀpe] v. intr.
ÉTYM. XIIIe; de 1. harpe, par compar. de forme.
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♦ Technique (hippologie; le sujet désigne un cheval).
1 Vx. Lever une jambe de derrière plus haute que l'autre, sans plier le jarret.
2 (1678). Fléchir les jarrets dans le pas et le trot.
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DÉR. 1. Harpé.
HOM. 1. Harpé, 2. harpé, 1. harper, 2. harper.
Encyclopédie Universelle. 2012.