⇒NESCIENCE, subst. fém.
Littér. Absence de savoir, de connaissance. Synon. ignorance, méconnaissance. [Des paysannes croyantes] sont dégrevées du poids affreux du doute (...) elles possèdent la nescience presque absolue du Mal (HUYSMANS, Cathédr., 1898, p.29). [Pascal] distingue entre Dieu dont nous ne connaissons ni l'existence ni la nature, le fini dont nous savons et l'existence et la nature, l'infini dont nous savons l'existence et ignorons la nature, opposant ainsi la nescience bilatérale à la science bilatérale en même temps qu'à la science dissymétrique (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p.80).
REM. Nescient, -ente, adj. Qui ne sait pas, qui ignore. Le charme est l'innocente suggestion de l'agent, l'heureuse réceptivité du patient, (...) un enchanteur nescient qui est tout le contraire d'un hypnotiseur, un patient «sous le charme» (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957 p.100).
Prononc.:[], [ne-]. Étymol. et Hist. 1871 (Herbert SPENCER, Les Premiers principes, trad. de E. Cazelles, p.113). Empr. à l'angl. nescience de même sens (1612 ds NED), lui-même empr. au b. lat. nescientia (Ve s.), dér. de nesciens, -entis, part. prés. de nescire «ne pas savoir», comp. de l'adv. de négation arch. ne (pour non) «ne ... pas» et de scire «savoir». Fréq. abs. littér.:22.
nescience [nesjɑ̃s] n. f.
ÉTYM. 1871; de l'anc. franç. nescient (1220) « ignorant », du lat. nesciens, entis, p. prés. de nescire « ne pas savoir ».
❖
1 Peut-être que la lucidité froide et meurtrière n'est faite que pour le mal. Mais ça on ne le sait pas vraiment. Parce qu'on est toujours du côté du trouble et de la nescience.
J.-M. G. Le Clézio, les Géants, p. 166.
2 L'histoire de cette science (la science grecque) n'est plus que l'histoire d'un certain mode de nescience, d'une certaine modalité de non-savoir, d'un certain type d'impureté.
Michel Serres, Hermès I, la Communication, p. 91.
Encyclopédie Universelle. 2012.