ROUGEOLE
La rougeole est une des plus répandues des maladies contagieuses épidémiques: elle frappe la quasi-totalité des sujets, le plus souvent dans l’enfance. Affection virale généralement bénigne alors qu’elle survient chez des enfants en bonne santé, elle est au contraire très grave lorsqu’une épidémie se développe chez des sujets mal nourris ou vivant dans des conditions d’hygiène défectueuses. En Afrique noire, elle représentait la plus importante cause de mortalité infantile. Aussi les chercheurs de tous pays ont cherché à mettre au point un vaccin (1960) qui a permis une nette régression de cette maladie.
La maladie clinique
La rougeole évolue suivant un processus très régulier. La contamination par le virus se fait par voie aérienne. Après une incubation de dix à onze jours, la période d’invasion débute par un malaise progressif ou une élévation brusque de la température à 40 0C, et se poursuit par l’installation en vingt-quatre heures d’un catarrhe oculo-nasal (conjonctivite avec larmoiement, écoulement nasal) et de toux. Trois jours après, un semis de petites taches blanchâtres se détachant sur un fond rouge est généralement visible à la face interne des joues (signe de Koplik).
La période d’état est marquée, quatorze jours après la contamination, par une éruption de maculo-papules, c’est-à-dire de taches rouges qui présentent un relief caractéristique et s’effacent à la pression du doigt; leur taille est inégale, leur contour irrégulier et déchiqueté. Cette éruption commence à la face et se généralise progressivement de haut en bas du corps. Durant cette période, la fièvre peut persister quelques jours, mais en général la sortie de l’éruption semble la faire disparaître, du fait que celle-ci est une conséquence de l’apparition des anticorps spécifiques. L’exanthème se termine par une fine desquamation.
Après une période de convalescence, la maladie évolue normalement vers la guérison. Mais on distingue des formes d’évolution bénignes à symptômes atténués, et des formes graves, plus fréquentes dans les milieux défavorisés.
Les complications sont aussi pour beaucoup dans la gravité de la maladie. Elles sont surtout le fait des sujets dénutris ou vivant dans de mauvaises conditions. Les complications respiratoires sont dues à une surinfection bactérienne: la plus grave est la broncho-pneumonie qui peut être fatale en l’absence de traitement par les antibiotiques. Les complications nerveuses sont encore plus sérieuses: l’encéphalite n’est pas exceptionnelle; elle peut être guérie, mais souvent au prix de séquelles mentales, nerveuses ou endocriniennes. On sait maintenant que le virus de la rougeole est responsable non seulement d’encéphalites survenant au décours de la maladie, mais aussi d’affections neurologiques – telles que la panencéphalite sclérosante subaiguë ou maladie de Van Bogaert – pouvant apparaître très longtemps après celle-ci.
L’agent pathogène
L’agent pathogène de la rougeole est un virus de la famille des Paramyxoviridae , à acide ribonucléique (ARN). Sa structure, analogue à celle des virus de la grippe et des oreillons, peut être schématisée de la façon suivante (cf. photo): d’un diamètre moyen de 180 nm, la particule virale (virion) possède une enveloppe externe hérissée de petites formations perpendiculaires, les spicules. Sous l’enveloppe se trouve un long tube à structure hélicoïdale, la nucléocapside, dont le diamètre est de 18 nm. Cette nucléocapside, enroulée sur elle-même, est constituée d’éléments de protéine imbriqués les uns dans les autres comme les marches d’un escalier à vis, et enserrant le filament d’ARN. Ce dernier contient, comme chez tous les virus, la totalité de l’information génétique, alors que les protéines sont responsables de la spécificité sérologique [cf. VIRUS].
Le virus de la rougeole est susceptible d’hémagglutiner les globules rouges de singe. Cette propriété, liée à la présence des spicules de l’enveloppe, est couramment utilisée au laboratoire pour le diagnostic.
Diagnostic de laboratoire
Le diagnostic s’effectue soit par l’isolement du virus, soit par la sérologie. L’isolement de l’agent est possible à partir des sécrétions oculaires et pharyngées, de l’urine ou encore du sang dans les jours qui précèdent l’éruption ou au tout début de celle-ci. Le virus se cultive sur différents systèmes de cultures cellulaires (cellules humaines ou simiennes) dans lesquelles il détermine des lésions cytologiques caractéristiques (effet cytopathogène), consistant en formation de syncytiums (fusion des cellules entre elles) et apparition d’inclusions cytoplasmiques et nucléaires.
La sérologie permet de mettre en évidence des anticorps fixant le complément, neutralisant ou inhibant l’hémagglutination. Cette dernière réaction est la plus employée. L’apparition, ou l’élévation significative du titre des anticorps, indique une affection récente. Ces recherches de laboratoire sont surtout utiles dans les formes atypiques de la maladie. Dans la panencéphalite sclérosante subaiguë, le titre des anticorps rougeoleux est très élevé dans le sang et même dans le liquide céphalorachidien.
Prophylaxie
La prévention de la rougeole peut être réalisée passivement ou activement.
Pour l’immunisation passive, le sérum de convalescent a depuis longtemps fait place aux immunoglobulines (gammaglobulines) spécifiques. Cette méthode de prévention est utilisée pour protéger des enfants sensibles lorsqu’on redoute pour eux la contagion, dans les collectivités en particulier. Elle est efficace mais coûteuse, et son action est limitée à quelques semaines.
L’immunisation active est réalisée par la vaccination. Les essais de vaccins inactivés n’ayant malheureusement pas donné les résultats attendus, on ne dispose actuellement que de vaccins atténués par passages en cultures cellulaires. La plupart dérivent pratiquement de la souche américaine Edmonston, isolée par J. F. Enders (1960). Le vaccin pratiqué Rouvax est en association avec la rubéole et les oreillons.
D’après l’O.M.S., 80 p. 100 des enfants du monde en 1990 sont immunisés contre la rubéole; en France, 72 p. 100 des enfants de moins de 6 ans sont vaccinés (la vaccination rougeole-rubéole, oreillons est recommandée à partir de 12 mois).
rougeole [ ruʒɔl ] n. f.
• 1538; altér. de rougeule, d'apr. vérole; lat. pop. °rubeola; de rubeolus, dimin. de rubeus « rouge » → rubéole
1 ♦ Maladie infectieuse fébrile qui atteint surtout les enfants, due à un virus, caractérisée par un catarrhe oculo-nasal qui précède une éruption cutanée constituée de petites papules rouges disséminées (⇒ morbilleux). La rougeole est contagieuse et épidémique. ⇒aussi rubéole.
2 ♦ Région. Mélampyre, parasite des graminées.
● rougeole nom féminin (latin populaire rubeola) Maladie infectieuse due à un virus du groupe des paramyxovirus, atteignant essentiellement les enfants et caractérisée par une éruption de taches rouges sur la peau. ● rougeole (synonymes) nom féminin (latin populaire rubeola) Maladie infectieuse due à un virus du groupe des paramyxovirus...
Synonymes :
- fièvre morbilleuse
rougeole
n. f.
d1./d Maladie virale aiguë, endémique et épidémique, très contagieuse, immunisante. Généralement bénigne dans les pays industrialisés, la rougeole demeure la principale cause de mortalité infantile en Afrique subsaharienne.
d2./d BOT Plante hémiparasite. Rougeole du seigle.
⇒ROUGEOLE, subst. fém.
A. — PATHOL., cour. Maladie infectieuse, contagieuse et épidémique, due à un virus, caractérisée par une éruption sur la peau de taches rouges peu saillantes, apparaissant successivement à la tête, sur le corps, puis sur les membres. Synon. éruption morbilleuse. Attraper la rougeole; être atteint de rougeole. J'ai peur que Geneviève, toute tachetée de rouge, n'ait une rougeole (MALLARMÉ, Corresp., 1865, p. 181). P. métaph. Vous commencez, à votre tour, à être sous son charme (...) nous avons tous, hommes et femmes, passé par là. Chacun de nous a eu sa « phase Dominique ». Une sorte de rougeole. Ça dure de trois mois à un an (MORAND, Rococo, 1933, p. 210).
B. — P. anal., spéc.
1. ART VÉTÉR. Rougeole du porc. Synon. rare de rouget.
2. PHYTOPATHOL. ,,Maladie des céréales due à un champignon qui leur donne une teinte rougeâtre`` (FÉN. 1970). Synon. vulg. de mélampyre des champs.
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1426 rougeule (OLIVIER DE LA HAYE, Poëme sur la grande peste de 1348, éd. G. Guigne, 169 ds DELB. Notes mss); 1539 rougeolle d'apr. la finale de vérole (EST.). D'un lat. rubeola, fém. subst. d'un type rubeolus, -a, -um à l'orig. de formes comme le n. propre Rogel, Rogeu d'un bœuf dans le Roman de Renart (v. Romania t. 35, p. 306 et 307) ou le terme d'orig. dial. rouvieux (REW3, n ° 7405; FEW t. 10, p. 530b). Fréq. abs. littér.:75.
DÉR. Rougeoleux, -euse, adj. et subst., méd., cour. (Personne) atteinte de rougeole. Synon. morbilleux. Enfant rougeoleux; traitement du rougeoleux. Le fait, pour un enfant, d'entrer dans la chambre d'un rougeoleux, est suffisant pour lui faire contracter la maladie s'il ne l'a déjà eue (QUILLET Méd. 1965, p. 192). — [], fém. [-ø:z]. — 1re attest. 1897 (H. BARBIER, in G.-M. DEBOVE et Ch. ACHARD, Man. de méd., VIII, p. 168 ds QUEM. DDL t. 8); de rougeole, suff. -eux.
BBG. — QUEM. DDL t. 5 (s.v. rougeoleux).
rougeole [ʀuʒɔl] n. f.
ÉTYM. 1538; altér. de rougeule (XIVe-XVe), d'après le lat. pop. rubeola, fém. subst. de rubeolus, dimin. de rubeus « rouge ». → Rouvieux, rubéole.
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1 Maladie infectieuse fébrile de l'enfance, due à un virus, caractérisée par un catarrhe oculo-nasal qui précède une éruption cutanée constituée de petites papules rouges disséminées. || La rougeole est contagieuse et épidémique. ⇒ Rubéole. || La rougeole confère une immunité permanente. || Relatif à la rougeole. ⇒ Morbilleux, rougeoleux. || Séquelles possibles de la rougeole (psychiques, neurologiques…).
➪ tableau Principales maladies et affections.
♦ Figuré :
0 Il aura même la jalousie du passé, maladie des très jeunes gens aux débuts de leur vie sentimentale. Rougeole sentimentale.
Valery Larbaud, Amants, heureux amants, II, p. 119.
2 Rougeole du porc. ⇒ Rouget.
3 (1431). Mélampyre, parasite des graminées. Syn. : rougeotte. || Rougeole du froment, de l'orge, du seigle.
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DÉR. Rougeoleux.
Encyclopédie Universelle. 2012.