⇒AFFERMI, IE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de affermir.
II.— Adj. Devenu (plus) ferme.
A.— [En parlant d'une chose concr.]
1. [D'une matière molle] :
• 1. Telle de ces îles, étendue, agrandie et affermie, n'a pas moins de vingt-cinq lieues de circonférence. Il en est de plus grandes encore, fertiles, habitées, populeuses, comme sont plusieurs des Maldives.
J. MICHELET, L'Insecte, 1857, p. 37.
— Spéc., domaine artistique (céram., etc.) :
• 2. [Quand] la coulée de barbotine est devenue terne [c'est] qu'elle est (...) suffisamment affermie...
A. BRONGNIART, Traité des arts céramiques, t. 1, 1844, p. 152.
• 3. Ici l'on entre dans la nombreuse série des animaux, dont le corps, et surtout les membres, sont articulés, et dont les tégumens sont fermes, crustacés, cornés ou coriaces. Les parties solides ou affermies de ces animaux sont toutes à l'extérieur : ...
J.-B. LAMARCK, Philosophie zoologique, t. 1, 1809, p. 176.
1. [D'un aspect du comportement phys. d'une pers.] :
• 4. ... on le vit pendant quelques minutes étonné, chancelant, repousser, d'un bras mal affermi, les coups redoublés de son fougueux adversaire : mais bientôt, rassemblant et reprenant toutes ses forces, il déploie tant de vigueur et d'adresse, qu'il rassure les spectateurs qui venoient de trembler pour lui.
Mme DE GENLIS, Les Chevaliers du Cygne, t. 1, 1795, p. 16.
• 5. ... Son œil humide et bleu laissait lire au plein jour
La calme volupté d'un mutuel amour,
Pour cacher une honte, une ombre, une pensée,
Sa paupière aux longs cils n'était jamais baissée,
Mais son regard posait confiant, affermi,
Comme pose une main dans la main d'un ami.
A. DE LAMARTINE, Jocelyn, 1836, p. 614.
• 6. Céline lui jeta un regard de détresse et, s'approchant d'elle, souffla : — Allez-y, maman Teston, et ferme! La vieille tira solennellement un pan de culotte, une pièce qu'elle voulait y coudre, des aiguilles, un dé, et d'une voix mal affermie, elle commença : ...
J.-K. HUYSMANS, Les Sœurs Vatard, 1879, p. 186.
2. [D'un aspect du comportement mor. d'une pers., d'une valeur spirituelle] :
• 7. Ce sera en Dieu seul que nous goûterons une joie parfaite, que nous serons quittes de tout embarras, dans une pleine liberté, délivrés de toute peine d'esprit et de corps, jouissant d'une paix solide intérieure et extérieure, d'une paix affermie de toutes parts.
MAINE DE BIRAN, Journal, 1819, p. 209.
• 8. Magnus, prenez garde, votre foi n'est peut-être pas si affermie que je ne puisse l'ébranler d'un regard moqueur ou d'un doute audacieux.
G. SAND, Lélia, 1833, p. 275.
3. [D'une entité ou d'une valeur pol.] :
• 9. C'est dans la pratique des républiques les mieux ordonnées, les mieux affermies, que j'ai trouvé la trace de cette loi.
Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 352.
• 10. Les émigrés prennent-ils le parti de se dissiper sans retour? ce qui seroit l'hypothèse la plus favorable et la moins vraisemblable. Toute la gloire en appartient à la cour et à ses partisans; et dès-lors ils écrasent le corps législatif de leur ascendant; environnés des forces immenses qu'ils ont rassemblées, objets de l'enthousiasme et de la confiance universelle, ils peuvent poursuivre avec une incroyable facilité le projet de relever insensiblement leur puissance sur les débris de la liberté foible et mal affermie.
M. DE ROBESPIERRE, Discours, Sur la guerre, t. 8, 1792, p. 101.
• 11. Il y a eu des jours d'une splendeur sans doute plus épanouie et plus étalée dans ce long règne, mais aucun d'une gloire mieux assise et plus affermie.
Ch.-A. SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 216.
— P. ext. [D'une pers., considérée dans sa réalité mor.] :
• 12. Je pense à la maison tranquille, ô mon ami,
Où tu vivais parmi tes roses et tes livres,
Songeur et souriant et robuste, affermi
Dans le large bonheur d'être jeune et de vivre.
Ch. GUÉRIN, Le Cœur solitaire, 1904, p. 149.
• 13. ... dans le cas que j'analyse ici, ce qui me trouble, c'est que mon vœu et aussi mon besoin seraient que la messe et la communion matinales me renvoyassent aussitôt dans la vie même, affermi, consolidé et comme joint, susceptible de porter et de faire face : ...
Ch. DU BOS, Journal, janv. 1928, p. 24.
• 14. ... il faudrait constituer patiemment une antihistoire de la philosophie. Il suffit de dire que la philosophie contemporaine date de peu. La crise de dépression de soixante et onze, l'horreur engendrée par la Commune, l'affaire Dreyfus, la guerre de mil neuf cent quatorze, marquèrent les étapes apparentes de la méditation française. Elle est l'aventure spirituelle du bourgeois menacé et inquiet sur sa droite et sur sa gauche, puis affermi, puis confiant dans la solidité de sa cause, l'avenir de la destinée et la valeur de sa mission.
P. NIZAN, Les Chiens de garde, 1932, p. 214.
Prononc. :[].
Encyclopédie Universelle. 2012.