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SCARLATINE
SCARLATINE

SCARLATINE

Au XVIe siècle, Ingrassias (Naples) et Coyttar (Poitiers) décrivent pour la première fois la scarlatine et en 1685, le médecin anglais T. Sydenham individualise parfaitement la maladie sous le nom de fevris scarlatinae . Ce n’est qu’au début du XXe siècle que l’hypothèse de l’origine streptococcique de la scarlatine (H. Bergé), précédant les travaux de G. F. Dick en 1914, ont définitivement démontré le rôle du streptocoque hémolytique, qui sécrète une toxine dite érythrogène.

La scarlatine est due à la multiplication de streptocoques hémolytiques au niveau du pharynx se traduisant par une angine. À partir de ce foyer infectieux initial, ces bactéries sécrètent une substance agressive pour la peau, la toxine de Dick, qui se répand dans l’organisme et provoque l’éruption. Après une incubation brève (3 à 5 jours), la période d’invasion, en général brusque, est marquée par une rapide élévation de la température à 390 ou 400, s’accompagnant de céphalées et de malaises digestifs. L’examen clinique révèle à ce moment une angine rouge, une hypertrophie des ganglions sous-maxillaires et un enduit blanchâtre recouvrant la langue.

L’éruption apparaît 12 à 24 heures plus tard et elle atteint les téguments (exanthème) et les muqueuses (énanthème).

L’exanthème débute au niveau du tronc, de la racine des membres, de la base du cou et des plis de flexion des grosses articulations. Il s’étend ensuite en un ou deux jours, respectant certaines zones (paume des mains, plante des pieds, région péribuccale). Il est caractérisé par des nappes rouges continues semées d’un pointillé plus sombre légèrement en relief. L’éruption ne s’accompagne pas, en général, de sensation de démangeaison. Au niveau de la face, l’alternance de zones d’éruption et de peau saine réalise souvent l’aspect dit du «visage souffleté».

L’énanthème se traduit par une angine intense et par l’aspect de la langue dont l’évolution est très caractéristique: l’enduit blanc diminue progressivement et se localise à la base et au centre, et vers le 6e jour la langue est rouge, lisse et brillante.

L’éruption s’éteint en une huitaine de jours. Elle est suivie d’une desquamation de la peau qui se détache en fines écailles au niveau du tronc, et en lambeaux au niveau des membres et des doigts.

À côté de cette forme typique, la scarlatine revêt souvent des aspects plus trompeurs. En effet, l’éruption peut être fruste et n’être même décelée que lors de la desquamation. En outre, le foyer initial peut être extrapharyngé; ainsi les scarlatines chirurgicales succèdent à une plaie quelconque infectée par le streptocoque hémolytique, et les scarlatines obstétricales sont la conséquence d’une infection des voies génitales.

Les complications sont rares, mais souvent graves, et leur fréquence ne dépend pas de l’intensité de l’éruption. Parmi les plus à craindre figurent les otites, les scarlatines malignes, mais surtout les glomérulo-néphrites et le rhumatisme articulaire aigu. Les complications rénales justifient la recherche systématique d’albumine dans les urines des malades.

Le diagnostic repose sur la recherche de streptocoques 廓-hémolytiques du groupe A dans la gorge.

Le traitement curatif comporte, d’une part, une hygiène sévère, un repos complet au chaud, d’autre part, des antibiotiques dont le plus actif est la pénicilline. Celle-ci, administrée au tout début de la maladie, détruit le streptocoque, abrège l’évolution, diminue l’intensité de l’éruption et la durée de l’angine; elle est, par contre, inactive contre la toxine déjà libérée. Administrée plus tardivement, elle garde la même efficacité, sauf à l’égard de l’éruption qui, une fois constituée, n’est plus sensible à la pénicilline.

La toxine de Dick est antigénique et fait apparaître dans l’organisme des anticorps; dans la très grande majorité des cas, ceux-ci prémunisent le sujet contre une nouvelle éruption. Toutefois, cette immunité ne le protège pas contre une nouvelle angine à streptocoques, qui peut être à l’origine des mêmes complications et doit toujours être traitée avec autant de soins que la scarlatine elle-même.

La scarlatine est une maladie très contagieuse, à déclaration et à désinfection obligatoires, survenant souvent par petites épidémies. Le malade, contagieux dès avant le début des symptômes, le reste pendant toute la durée de la maladie en l’absence d’antibiothérapie. La contagion, liée à l’angine puisque les bactéries sont strictement localisées dans la gorge, est directe, interhumaine, par l’intermédiaire des particules salivaires émises par le malade. Elle entraînait autrefois une éviction scolaire de quarante jours, réduite actuellement à une quinzaine de jours par l’usage de la pénicillinothérapie.

scarlatine [ skarlatin ] n. f. et adj.
• 1741; lat. médiév. scarlatinus, de scarlatum écarlate
Maladie infectieuse aiguë, fébrile, contagieuse et épidémique, provoquée par des streptocoques hémolytiques, caractérisée par une angine et un exanthème cutané rouge, formant de grandes nappes, auquel succède une desquamation. Les complications de la scarlatine (néphrite, endocardite, méningite) sont exceptionnelles depuis la découverte des antibiotiques. Ça vaut mieux que d'attraper la scarlatine (refrain d'une chans. en vogue vers 1945) :ce n'est pas très grave.
Adj. Fièvre scarlatine (vx). Rare Rhumatisme scarlatin .

scarlatine nom féminin (latin médiéval scarlatum, de l'ancien français escarlate, écarlate) Maladie infectieuse contagieuse de l'enfant compliquant une angine à streptocoque, caractérisée par une éruption cutanée généralisée de points rouges.

scarlatine
n. f. et adj. f. Maladie infectieuse avec fièvre et éruption (rougeurs).
adj. f. La fièvre scarlatine.

⇒SCARLATINE, subst. fém.
PATHOL. Maladie infectieuse et épidémique, de la seconde enfance surtout, due à une variété de streptocoque, qui se manifeste par une forte fièvre et une éruption cutanée sur toute la surface du corps, suivie d'une desquamation. Les médecins vrais se rejettent dans la variole, la scarlatine, la fièvre typhoïde comme des maladies auxquelles la physiologie ne peut rien (Cl. BERNARD, Notes, 1860, p. 102). V. angineux ex. 1, exanthème ex. de Nouv. Traité Méd.
Scarlatine puerpérale. ,,Scarlatine grave compliquée de suppurations streptococciques, qui survient après un accouchement`` (Méd. Biol. t. 3 1972).
P. méton., dans le lang. des médecins. Malade atteint de cette maladie. Du calme (...) juste le temps d'aller voir ma scarlatine (MARTIN DU G., Thib., Sorell., 1928, p. 1163).
Expr. fam., vieilli. [Pour atténuer la gravité d'un acte, d'une situation, p. réf. à une chanson très populaire vers 1937] Ça vaut mieux que d'attraper la scarlatine. Et le voilà qui se fout à chialer en se frappant de grands coups sur la caisse (...). « Il est cintré, le grand-père, je pense. Enfin à son âge, ça vaut mieux que d'attraper la scarlatine, comme dit la chanson » (A. SERGENT, 1946 ds REY-CHANTR. Expr. 1979).
REM. Scarlatin, -ine, adj. a) Pathol. ) Rhumatisme scarlatin. Rhumatisme articulaire qui se manifeste lors d'une scarlatine. Le rhumatisme scarlatin fait également ressortir les rapports étroits qui unissent les infections streptococciques et les réactions articulaires (RAVAULT, VIGNON, Rhumatol., 1956, p. 520). ) Fièvre scarlatine. Synon. vieilli de scarlatine. Mon père (...) n'alla pourtant pas souhaiter la fête à sa mère; cette fois ce fut bien malgré lui. Il eut une fièvre scarlatine assez violente (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 82). b) Littér. De couleur écarlate. La lumière scarlatine des tropiques se répand sur les eaux, les bois et les plaines (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 268).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1562 scarlatine « écarlate » (DU PINET, Pline, I, 58 ds Z. rom. Philol. t. 29, p. 191), attest. isolée; empl. à nouv. par CHATEAUBR., loc. cit.; 2. a) 1741 fièvre scarlatine (E. COL DE VILARS, Dict. fr. lat. des termes de méd. et chir. [qui fait réf. au médecin anglais Sydenham]); b) 1827 subst. (Encyclop. méthod. Méd.). 2 empr. au lat. sc. scarlatina febris littéral. « fièvre écarlate (dénommée ainsi en raison de ses principales manifestations) », empl. par le médecin anglais Thomas Sydenham [1624-1689] qui fut le premier à décrire cette maladie en 1676 (v. NED, s.v. scarlatina et Encyclop. brit., s.v. Sydenham), cf. angl. scarlet fever (1676 ds NED), all. scharlach (dep. le XIVe s., v. FEW t. 19, p. 150); scarlatina « rouge écarlate » est dér. du lat. médiév. scarlatum « id. » (1155), scarletum « id. » (ca 1190, v. LATHAM), et remonte, comme écarlate au persan . 1 représente un empr. au lat. médiév. dans un sens non spécialisé, cf. aussi a. ital. scarlattina dès 1527, v. NED. Fréq. abs. littér.:42.
DÉR. Scarlatineux, -euse, adj. et subst., pathol. a) Adj. ) Propre à la scarlatine. Le streptocoque hémolytique serait la forme visible de l'invisible virus scarlatineux (CUÉNOT, J. ROSTAND, Introd. génét., 1936, p. 113). ) [En parlant d'une affection] Qui est un symptôme ou une complication de la scarlatine. À la suite d'une néphrite scarlatineuse, un de nos malades présenta le tableau clinique de la confusion mentale avec stupeur (DELAY, Psychol. méd., 1953, p. 213). V. angine ex. 7. b) Adj. et subst. (Malade) atteint de la scarlatine. L'ouvrier rouge, convaincu par la bonne sœur, aboutit à tomber à genoux au chevet de son enfant scarlatineux (L. DAUDET, Brév. journ., 1936, p. 124). Désirant réduire les risques d'épidémie, les autorités exigent que soit respecté le délai de quarante jours, et c'est dans ce réduit immonde (...) où (...) souffrent toutes ces scarlatineuses, que doivent se passer les longues heures de celles qui, depuis longtemps convalescentes, attendent que leur soit indiqué leur jour de sortie (Le Figaro littér., 16 sept. 1968, p. 15, col. 2). [], fém. [-ø:z]. 1re attest. 1904 subst. (R. gén. des sc., t. 15, p. 618); de scarlatine, suff. -eux.
BBG. — GOHIN 1903, p. 377.

scarlatine [skaʀlatin] adj. et n. f.
ÉTYM. 1741; lat. médiéval scarlatinus, de scarlatum. → Écarlate.
Maladie infectieuse aiguë, fébrile, contagieuse et épidémique, provoquée par des streptocoques et caractérisée par une angine rouge et un exanthème cutané rouge, velouté au toucher, formant des grandes nappes et auquel succède une desquamation. || Les complications de la scarlatine (néphrite, endocardite, méningite) sont exceptionnelles depuis la découverte des antibiotiques.
0 D'abord, je tombai malade. La scarlatine me quittait à peine qu'une néphrite lui succédait et les grands médecins accourus à mon chevet me déclarèrent perdu.
R. Gary, la Promesse de l'aube, p. 119.
Adj. || Fièvre scarlatine (vx).Au masc. (Rare). || Rhumatisme scarlatin.
tableau Principales maladies et affections.
DÉR. Scarlatinelle, scarlatineux, scarlatiniforme.

Encyclopédie Universelle. 2012.