SUIFORMES
Les hippopotames, les porcs et les pécaris sont les représentants actuels du sous-ordre des Suiformes, dans lequel on regroupe ces Ongulés paraxoniens (ou Artiodactyles), qui se distinguent facilement de ces autres paraxoniens que sont les Ruminants, car ils ne possèdent pas la très particulière physiologie alimentaire qui vaut aux derniers cités leur nom. La quasi-totalité de l’histoire paléontologique des Suiformes s’est déroulée dans l’Ancien Monde (Afrique et Eurasie); seuls les pécaris, dont les ancêtres habitaient sans doute le nord de l’Asie, ont peuplé, à partir de l’Éocène, le continent américain.
Caractères généraux
Si les Suiformes ne possèdent pas la faculté de régurgiter leurs aliments, la structure anatomique de leur tube digestif évoque leur parenté avec les Ruminants. L’estomac, de complexité variable, est toujours divisé au moins en deux poches. Chez les pécaris et les babiroussas, l’estomac se compose de plusieurs poches à fonction distincte, et chez les hippopotames cette différenciation atteint son degré maximal.
La structure des dents est un élément important de la frontière nette que l’on peut tracer entre Suiformes et Ruminants. Si les Hippopotamidés, strictement herbivores, ont des dents jugales pourvues de crêtes, du type lophodonte, les Suidés ont la surface masticatrice des dents mâchelières hérissée de nombreux cuspides (type bunodonte); elle est ainsi parfaitement adaptée au régime omnivore qui est le leur. Dans les deux groupes, les canines connaissent toujours un développement considérable et l’évocation des défenses du sanglier suffit à rappeler l’importance de leur taille.
Le squelette des membres comporte un nombre pair de doigts aux membres antérieurs comme aux membres postérieurs. Mais, contrairement à ce qu’on observe chez presque tous les Ruminants, les Suiformes ont des métapodes latéraux bien développés, de telle sorte que, très généralement, quatre doigts reposent sur le sol. À la différence aussi des autres paraxoniens, les métapodes médians ne sont pas soudés en un os canon; seuls les pécaris font exception car une amorce de soudure apparaît à leurs membres postérieurs.
Le crâne surtout se distingue de celui des Ruminants par l’absence constante de processus frontaux et, bien entendu, de bois ou de cornes. Une large communication entre l’orbite et la fosse temporale est un autre caractère distinctif méritant d’être signalé.
Le caractère tégumentaire le plus remarquable est sans doute l’énorme développement d’un pannicule adipeux hypodermique hypertrophié chez le porc domestique. Le pelage est très clairsemé; les poils sont toujours d’une seule catégorie: ce sont des soies, bien connues par l’usage que l’on fait de celles des sangliers.
Hippopotamidés
Les Hippopotamidés se différencient des Suidés surtout par leur adaptation à la vie aquatique et par leur régime alimentaire strictement végétarien. Leur mode de vie amphibie se traduit surtout, dans leur anatomie, par la présence d’une membrane interdigitale à l’extrémité des quatre membres et par la forme, aplatie dorsalement, du crâne, ce qui met les yeux et les narines de l’animal à fleur d’eau quand il vient en surface. L’absence de scrotum chez le mâle est peut-être aussi à mettre en relation avec ce mode de vie. Les hippopotames sont loin de réaliser les performances de plongée qu’atteignent d’autres mammifères amphibies tels les phoques; cependant, des séjours sous l’eau de 5 minutes ont pu être observés. La queue, courte et aplatie latéralement, sert de gouvernail dans l’eau.
La peau, épaisse de 5 centimètres sur le dos et les flancs, est glabre, mis à part les oreilles, le museau, la queue, qui portent quelques poils raides. Des glandes tégumentaires produisent une abondante sécrétion pourpre.
Dans la denture, c’est au niveau des molaires que s’observe un caractère typique du régime herbivore. La surface masticatrice de ces dents est pourvue de crêtes dont l’abrasion forme un dessin trilobé rappelant une feuille de trèfle. La formule dentaire générale des Hippopotamidés est la suivante: I 2/2-1, C 1/1, Pm 3/3, M 3/3.
Deux genres, comportant chacun une seule espèce, constituent la totalité des formes actuelles de cette famille. Ils se distinguent aisément par leur taille, leurs mœurs et leur répartition géographique.
L’hippopotame amphibie (H. amphibius ) peut atteindre un poids de quatre tonnes. Il ne s’éloigne jamais beaucoup de l’eau. Son territoire, étalé en éventail à partir de la berge d’un lac ou d’un fleuve, est curieusement marqué par les excréments que l’animal disperse à l’aide de sa queue. Après une gestation de 230 à 240 jours, les mères mettent bas un jeune unique, qui naît et s’allaite dans l’eau. Très grégaires, les H. amphibius se rencontrent par troupes de plusieurs dizaines d’individus, surtout dans la région des grands lacs africains, du lac Tchad au lac Tanganyika.
L’hippopotame nain, Chaeropsis liberiensis ne dépasse pas la taille d’un sanglier. Beaucoup moins aquatique que le genre précédent, il hante les forêts du Liberia et du Sierra Leone, où il vit en solitaire.
Suidés
Les Suidés sont tous des animaux terrestres, vivant généralement par petites troupes. Le caractère anatomique le plus apparent est sans doute la présence d’un groin, pourvu d’une ossification particulière (ossa narilia ) et d’une musculature propre. Les prémolaires comme les molaires sont du type bunodonte, bien adaptées à la diversité des aliments qu’ont tendance à absorber les porcs et les pécaris. Les canines, toujours présentes, peuvent atteindre un énorme développement. La femelle possède un nombre de mamelles très variable selon les genres; les pécaris n’en possèdent qu’une seule paire, alors que la truie domestique en a six paires. Certaines espèces sont très prolifiques. On compte jusqu’à quatorze petits par portée chez certaines races de cochons domestiques.
Les Suidés comportent deux familles: les Suinés, tous de l’Ancien Monde, et les Dicotylinés américains. L’une et l’autre comportent un petit nombre de genres.
Parmi les Suinés, le sanglier d’Europe (Sus scrofa ), d’où dérivent les diverses races de porcs domestiques, est le mieux connu. L’Asie compte plusieurs espèces du genre Sus , également à l’origine des races domestiques élevées dans ce continent. Parmi les genres demeurés sauvages, citons: les potamochères africains (Potamochoerus ), les phacochères (Phacochoerus ), ou sangliers de savanes, l’hylochère (Hylochoerus ), qui est le géant du groupe: le mâle a une longueur totale de deux mètres. Le babiroussa (Babirussa ) des îles Célèbes possède des canines hypertrophiées qui s’enroulent sur elles-mêmes, de sorte qu’elles arrivent parfois à perforer les os frontaux.
Les Dicotylinés sont uniquement représentés par les pécaris américains qui, outre un début de soudure des métapodes postérieurs en un os canon, ont comme autre caractère particulier la présence sur le dos d’une grosse glande à sécrétion malodorante. Les pécaris vivent en petites bandes que l’on rencontre depuis le sud de l’Amérique du Nord jusqu’en Patagonie. Certains auteurs distinguent deux genres, Dicotyles et Tayassu , comptant au total six ou sept espèces.
suiformes [sɥifɔʀm] n. m. pl.
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♦ Zool. Sous-ordre de mammifères ongulés (Artiodactyles) non ruminants, dont les représentants actuels sont les porcs (⇒ Suidés), les hippopotames et les pécaris. — Au sing. || Un suiforme.
Encyclopédie Universelle. 2012.