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BELGRADE
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Capitale à la fois de la république fédérale de Yougoslavie et de la Serbie, qui, avec le Monténégro, constitue cette dernière, Belgrade, dont le nom slave de «Château blanc» ou de «Ville blanche» (Beograd) est attesté pour la première fois au IXe siècle, s’est développée au confluent de la Save et du Danube, non loin du couloir de la Morava qui conduit des pays danubiens à l’Égée. Le Kalemegdan, dernier éperon des collines de Šumadija au-dessus du confluent, a fourni le site d’une forteresse dominant le port et la ville marchande.

Si les avantages de la position géographique et du site ont suscité dès l’Antiquité un établissement humain, l’histoire a fait alterner périodes de prospérité et périodes de déclin. Les premières fortifications sont construites par les Celtes au \BELGRADE IIIe siècle (Singidunum) et reprises par les Romains qui en font un castrum régulier. Entre les IVe et VIe siècles de notre ère, Belgrade change souvent de maître (Huns, Sarmates, Goths); à la fin du VIIIe siècle, la ville est prise par les Francs; au IXe siècle, elle tombe entre les mains des Bulgares qui la conserveront deux siècles durant, jusqu’à ce que Basile II l’annexe à l’Empire byzantin. En 1124, le roi de Hongrie, Étienne II, la prend aux Byzantins, et elle sera considérée désormais comme la clé des royaumes de Serbie et de Hongrie. Au XIVe siècle, elle passe aux mains des Serbes, et Étienne Dušan en fait sa capitale en 1403. Pas pour longtemps: en 1427, Belgrade redevient hongroise et va servir de rempart à la Chrétienté pendant un siècle. Les Turcs l’assiègent en vain par deux fois, en 1444 et en 1456, mais Soliman le Magnifique s’en empare en 1521: c’est le prélude indispensable à ses campagnes victorieuses en Europe danubienne. Les Impériaux ne pourront la reconquérir qu’en 1688 et ils la disputeront aux Turcs pendant un siècle encore (occupation autrichienne de 1688 à 1690, de 1717 à 1739, de 1789 à 1792). En 1807, les Serbes, lors de leur insurrection nationale, s’en rendent maîtres pour six ans. Jusqu’en 1862 la forteresse est habitée par les Turcs, tandis que la ville basse est serbe, et ce n’est qu’en 1878, avec l’indépendance complète du royaume de Serbie, que les Turcs l’évacuent et que Belgrade devient capitale du royaume indépendant.

La ville eut à souffrir des deux guerres mondiales. Bombardée par l’armée austro-hongroise dès le 29 juillet 1914, elle est prise, reprise et finalement occupée par les puissances centrales de 1915 à 1918. Le 6 avril 1941, elle est bombardée par l’aviation allemande, puis occupée le 15. Elle ne sera délivrée par les partisans de Tito et l’Armée rouge que le 20 octobre 1944.

Belgrade n’était, au début du XIXe siècle, qu’une somnolente ville de garnison turque d’une vingtaine de milliers d’habitants. Capitale de la principauté de Serbie en 1839, de la Yougoslavie en 1918, elle eut une croissance tardive à l’image du développement économique du pays. De 82 000 habitants en 1884, sa population passe à 320 000 en 1940, doublant notamment entre la fin de la Première Guerre mondiale et la crise des années trente. Elle comptait 1 136 789 habitants en 1991.

Depuis 1945, l’effort de développement en économie socialiste se traduit par une croissance plus soutenue. Il faut toutefois nuancer le résultat du recensement de 1971 (1 209 361 hab.), qui concerne un territoire vaste et en partie rural: l’organisme urbain, en augmentation de 35 p. 100 par rapport à 1961, atteint le million d’habitants, tandis que, pour le reste du ressort administratif, la stagnation d’ensemble recouvre des variations locales de sens opposé. Par ailleurs, Pan face="EU Caron" カevo, ville industrielle de Voïvodine (72 790 hab. en 1991, raffinerie de pétrole, industries chimiques), est entrée de plus en plus dans l’orbite de la capitale.

Belgrade est une ville récente, presque sans héritage monumental antérieur au XIXe siècle. L’espace sur la rive gauche de la Save, entre Belgrade et l’ancienne ville hongroise de Zemun, absorbée administrativement entre les deux guerres, est progressivement occupé par l’ensemble urbanistique cohérent de Novi Beograd (Nouvelle Belgrade). L’actuel centre fonctionnel, Stari Grad (ou Vieille Ville), apparaît en effet étriqué, concentrant à l’excès les activités et polarisant l’essentiel des migrations journalières de travailleurs. C’est, avec la localisation défectueuse des emprises industrielles, ferroviaires et portuaires, l’une des incohérences que le remodelage planifié de la ville doit éliminer.

Capitale fédérale et provinciale, Belgrade a des fonctions administratives, bancaires, commerciales et culturelles très étoffées. Le secteur tertiaire l’emporte largement. L’industrie anime Zemun, les berges du Danube, les faubourgs de Rakovica et face="EU Caron" ォeleznik.

Belgrade
(en serbe Beograd) cap. de la rép. de Serbie et cap. de la rép. fédérale de Yougoslavie, au confl. du Danube et de la Save; 1 500 000 hab. Port fluv. import. Centre comm. Nombreuses industries.
Après 1945, une ville nouvelle (Novi Beograd) fut construite sur la rive g. de la Save.

Encyclopédie Universelle. 2012.