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abri

abri [ abri ] n. m.
• fin XIIe; de l'a. fr. abrier « mettre à couvert », lat. apricari « se chauffer au soleil »
1Lieu où l'on est à couvert des intempéries et du danger. asile, refuge. Chercher un abri sous un arbre. Un abri contre la pluie. Un abri contre les regards indiscrets.
2Habitation rudimentaire, parfois provisoire. baraquement, cabane, hutte, tente. « Quelques cases, qui semblent plutôt des abris provisoires » (A. Gide).
3Toit supporté par des montants ou construction rudimentaire destiné à protéger le voyageur (à la campagne, en montagne, aux arrêts de train, d'autobus). gîte, refuge; abribus.
4Milit. Installation, au sol ou en sous-sol, destinée à protéger du feu ennemi. boyau , tranchée; cagna. Abri souterrain. Abris fortifiés. fortification; blockhaus, casemate, fortin. Lieu souterrain qui, dans une agglomération, est susceptible de protéger contre les bombardements. Abri antiaérien. Abri antiatomique, destiné à protéger contre les effets d'une arme atomique.
5Abri météorologique : enceinte protégeant les instruments. Température relevée sous abri.
6Fig. Ce qui préserve de l'adversité. protection, refuge. Il chercha auprès d'elle un abri contre l'hostilité générale.
7Loc. adv. À L'ABRI : à couvert des intempéries, des dangers. Se mettre à l'abri. s'abriter; se planquer. Les dossiers sont à l'abri (cf. En lieu sûr).
8Loc. prép. À L'ABRI DE : à couvert contre (qqch.). Se mettre à l'abri du vent, du soleil. Fig. Être à l'abri du besoin : ne pas être dans le besoin. Il est à l'abri de tout soupçon (cf. Au-dessus de). Nul n'est à l'abri de ce genre d'erreur, chacun peut en faire une semblable.
Protégé par (qqch.). Se mettre à l'abri du feuillage. Fig. « À l'abri de ce badinage je dis des vérités » ( Voltaire).
⊗ CONTR. Découvert (à).

abri nom masculin (ancien français abrier, abriter) Lieu où l'on peut se mettre ou mettre quelque chose à couvert des intempéries, du soleil, du danger, etc. ; installation construite à cet effet : Un abri souterrain contre les bombardements. Ce qui préserve de quelque mal, ce qui est un refuge, une protection : La solitude est pour lui un abri.abri (expressions) nom masculin (ancien français abrier, abriter) À l'abri, à couvert des intempéries, d'un danger ; en sûreté. À l'abri de quelque chose, à couvert sous quelque chose : S'installer à l'abri d'un arbre ; en sûreté contre, sans risquer d'être atteint par eux : Être à l'abri de tout soupçon. Ne pas être à l'abri de quelque chose, ne pas être protégé contre cela. Culture sous abri, culture réalisée sous serre (en verre, en plastique) ou sous tunnel (en plastique). Abri fiscal, placement encouragé par les pouvoirs publics, et donnant lieu à des réductions d'impôt (par exemple certains prêts immobiliers). Abri de navigation, construction placée sur la passerelle de navigation, et qui protège des intempéries les hommes de quart et les instruments nautiques. Abri météorologique, enceinte en forme de caisse destinée à protéger certains instruments météorologiques (thermomètre à maximum et à minimum, psychromètre, hygromètre, etc.) de l'exposition directe au soleil, des précipitations et de la condensation, et construite de telle sorte qu'elle favorise la ventilation. Coupe d'abri, coupe par laquelle on enlève le sous-bois en réservant un couvert continu élevé d'arbres pour servir d'abri aux semis. ● abri (synonymes) nom masculin (ancien français abrier, abriter) Lieu où l'on peut se mettre ou mettre quelque chose à...
Synonymes :
- asile
- refuge
- retraite
Ce qui préserve de quelque mal, ce qui est un...
Synonymes :
- protection
- refuge

abri
n. m. Lieu de protection, de refuge contre les intempéries ou le danger. Abri antiatomique.
|| (Québec) Abri d'auto: petit toit pentu accolé au mur d'une maison, destiné à abriter une voiture.
|| Loc. adv. à l'abri: à un endroit où l'on est protégé. Se mettre à l'abri.
|| Loc. Prép. à l'abri de: protégé contre; à couvert au moyen de. La maison est à l'abri du vent. à l'abri du feuillage.

⇒ABRI, subst. masc.
Lieu servant à protéger.
A.— Sens propre
1. Lang. cour. Lieu couvert protégeant des hommes ou des anim. contre les intempéries ou qq. danger :
1. Après avoir traversé une petite plaine couverte de troupeaux de bœufs, et dans laquelle il ne reste que quelques arbres pour servir d'abri à ces animaux contre la pluie ou les trop grandes chaleurs, nous montâmes des collines ...
Voyage de La Pérouse autour du monde, t. 2, 1797, p. 261.
2. C'est grâce à l'appropriation du sol et des capitaux, que l'homme qui n'a que ses bras trouve de l'occupation et se fait un revenu. (...) le plus mince de nos ouvriers, s'il est valide, s'il est laborieux, a un abri, un vêtement, et peut gagner, tout au moins, sa subsistance.
J.-B. SAY, Traité d'économie politique, 1832, p. 405.
3. Les deux tentes arabes dressées pour nous recevoir serviront d'asile à nos gens et d'abri pour nos bagages.
E. FROMENTIN, Un Été dans le Sahara, 1857, p. 16.
4. Là-dessous, tout le fouillis et tout le pittoresque architectural de cabanes en terre moussue, de huttes en rameaux de sapin encore verts, d'abris faits de branchages desséchés couleur raisin de Corinthe, de tentes de toile grise surmontées de fumées azurées, ...
E. et J. DE GONCOURT, Journal, oct., 1870, p. 640.
5. « ... l'âme humaine n'est que caprice et faiblesse; toi-même, ami maraud, ne te plains-tu pas quelquefois de ton cœur trop sensible? Ah! Giovanni, qu'avons-nous fait là? Où courons-nous? Quel démon nous chasse de ces lieux? Eh quoi! Ne trouverons-nous jamais l'abri où reposer nos vieux os de vagabonds? »
O.-V. MILOSZ, L'Amoureuse initiation, 1910, p. 203.
6. ... après une matinée de terrassement, on était réunis pour prendre le repas. Il tombait une pluie torrentielle; on était brouillés et noyés et bousculés par l'inondation, et on mangeait debout, à la file, sans abri, en plein ciel liquéfié.
H. BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 122.
7. Elle quêta des yeux un coin où se cacher, un abri.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 172.
2. P. ext., dans divers domaines techn. Dispositif, couvert ou non, servant à protéger.
AGRIC., HORTIC. ,,Tout dispositif propre à protéger les plantes contre l'action des vents, du froid, etc.`` (Lar. encyclop.) :
8. Les citronniers, plus grêles, plus élancés, avaient tout à la fois moins de faste et plus d'élégance. Parfois des claies protectrices au-dessus d'eux leur faisaient un abri presque sombre.
A. GIDE, Journal, Feuillets, 1902, p. 100.
CH. DE FER. Abri d'une locomotive. ,,Emplacement protégé et vitré destiné au mécanicien et au chauffeur pour leur permettre d'assurer leur service et la manœuvre des appareils de commande et d'alimentation.`` (Lar. 20e).
MAR. Emplacement côtier naturel ou constr., servant à protéger les bateaux contre la tempête :
9. La côte n'offrait aucun abri. Nulle baie, nulle anse, nul port. Pas même une crique.
J. VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, t. 1, 1868, p. 249.
10. Le mot abri est aussi employé pour qualifier un port, une rade, sans spécifier contre quel danger, risque ou inconvénient il abrite.
Rade-abri. On donne ce nom à la partie de la rade qui est abritée par des ouvrages d'art contre la mer. (...) on appelle abri de navigation l'endroit de la passerelle de navigation protégé du vent, des embruns et de la pluie par un vitrage.
Abri du marin (...) locaux (...) qui servent de centre de réunion, de délassement, d'instruction et de soins médicaux aux pêcheurs et aux marins de commerce.
LE CLÈRE 1960.
MILIT. (TECHN.). Moyen naturel aménagé ou ouvrage enterré pour protéger les milit. en campagne contre la vue et le tir de l'ennemi :
11. Chaque ouvrage, tranchée, boyau, fortin, abri, boqueteau a reçu une dénomination particulière ou un numéro d'ordre précédé d'une lettre variant suivant les secteurs de l'attaque.
M. BARRÈS, Mes cahiers, t. 11, févr. 1917-nov. 1918, p. 323.
Rem. On rencontre abri comme 1er ou 2e terme de composés tranchée-abri, tente-abri et abri-caverne :
12. Pendant la nuit, le génie avait travaillé à des ouvrages de défense. Même, sous le feu commençant des prussiens, on creusait encore des tranchées-abris, on élevait des épaulements.
É. ZOLA, La Débâcle, 1892, p. 239.
13. Le fort lui-même a pour garnison deux compagnies du 71e régiment territorial, composé de braves gens de l'Anjou, consciencieux et calmes. Mais, qu'on n'imagine pas une ligne de tranchées continues et organisées, avec boyaux de communication, abris-cavernes, dépôts de munitions, etc., etc.!
H. BORDEAUX, Les Derniers jours du fort de Vaux, 1916, p. 79.
♦ À l'époque mod., abri antiaérien, pour la protection notamment de la population civile.
TRAV. PUBL. Constr. couverte ou non destinée à protéger le voyageur sur la voie publique, notamment aux arrêts de tramways ou d'autobus.
B.— Emplois fig. Protection, refuge moral.
1. [Le lieu est réel, mais la protection est surtout mor.] :
14. ... quand on revient triste, où seraient, sans le mariage, le toit, l'abri, le feu qui flambe, la main amie qui vous serre la main?
A. DE MUSSET, Lettres de Dupuis et Cotonet, t. 4, 1836, p. 605.
15. Est-il de retraite plus douce
Qu'un sein de mère, et quel abri
Recueille avec moins de secousse
Un cœur fragile endolori?
SULLY PRUDHOMME, Les Vaines tendresses, L'Amour maternel, 1875, p. 155.
16. Ce sont peut-être des demeures encore plus misérables ces tumulus qu'on voit de place en place au milieu des toits rouges, des demeures ou des silos, abris de la graine humaine ou du froment.
A. T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, p. 286.
17. Ils avaient trouvé un abri, un coin à eux, un refuge exclusif aux misères et aux joies de sa famille; ...
G. ROY, Bonheur d'occasion, 1945, p. 333.
18. ... écœuré d'avoir tout fait au monde pour être un bon garçon et d'avoir réussi à n'être qu'une poire, dupé, trompé, estampé, (...), j'ai résolu de réfugier désormais mon égoïsme bien acquis sous l'abri du toit à cochons qui s'appelle la légalité.
G. COURTELINE, L'Article 330, 1900, p. 261.
2. [Ce qui protège est une chose ou une pers.]
a) [Ce qui abrite est une chose, une abstraction, mais non un lieu au sens propre] :
19. ... hors la Charte point de salut. C'est le seul abri qui nous reste contre la république et contre le despotisme militaire ...
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Mélanges politiques, préf. t. 25, 1815, p. IV.
20. Chaque siècle, chaque heure, en poussière il [le temps] entraîne.
Ces fragiles abris de la sagesse humaine,
Empires, lois, autels, dieux, législations,
Tentes que pour un jour dressent les nations,
Et que les nations qui viennent après elles
Foulent pour faire place à des tentes nouvelles; ...
A. DE LAMARTINE, Jocelyn, 1836, p. 598.
21. ... quand je songe à cette horreur, à ce dégoût de l'existence qui s'est, d'années en années, exaspéré en moi, comme je comprends que j'aie forcément cinglé vers le seul port où je pouvais trouver un abri, vers l'Église.
J.-K. HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 42.
b) [Ce qui abrite est une pers.] :
22. Les français reconnaissaient avec plaisir dans sa personne [le comte d'Artois] leurs anciennes mœurs, leur ancienne politesse et leur ancien langage; la foule l'entourait et le pressait; consolante apparition du passé, double abri qu'il était contre l'étranger vainqueur et contre Bonaparte encore menaçant.
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 2, 1848, p. 518.
23. O Jésus! Je n'ai personne, vous êtes mon abri, mon recours, mon désir.
E. ESTAUNIÉ, L'Empreinte, 1896, p. 223.
C.— Locutions
1. Loc. prép. À l'abri de, empl. également au sens propre et au sens fig., donc suivie d'un compl. concr. ou abstr. :
24. Ah! Cette maison aimée, la vie qu'on y menait si à l'abri des soucis et des tourmentes!
E. ESTAUNIÉ, L'Empreinte, 1896, p. 3.
25. C'est une tribu légendaire [les Thalmoudites]. Il est écrit d'eux qu'ils vivaient « dans le roc, à l'abri des tempêtes, livrés à leurs passions ».
H.-R. LENORMAND, Le Simoun, 1921, 13e tabl., p. 147.
Rem. On remarquera que chacun des 2 ex. contient un mot faisant image par rapport au sens propre (ex. 24 : tourmentes; ex. 25 : tempêtes).
2. Loc. adv. À l'abri (le plus souvent abri suggère un lieu réel, notamment dans l'expr. mettre à l'abri) :
26. Par bonheur, j'ai pu tirer vers une caverne, pas bien loin, où j'ai mis leur demoiselle à l'abri, ...
R. TOEPFFER, Nouvelles génevoises, 1839, p. 402.
27. ... une sorte de nostalgie du sein maternel semble inspirer le goût d'être enfermé et à l'abri, blotti dans les coins ou dans les bras des adultes, recroquevillé dans ses attitudes.
E. MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 356.
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[]. 2. Hist. — On relève les var. graph. suiv. : arbri au XIIIe s. (cf. étymol.), abric chez d'Aubigné (cf. ex. ds HUG.), abrit chez Rabelais (id.), abril chez saint François de Sales (id.). — Rem. Pour la conservation du groupe br, cf. abrier.
Étymol. — 1. Ca 1170 « lieu où l'on est à couvert contre les injures du temps » (Rois, p. 251 ds GDF. Compl. :Quant vint tempeste e pluie, en cel encloistre pur abri aveir entrerent); ca 1180 « lieu protégé » (MARIE DE FRANCE, Fables, 61, 7, éd. K. Warnke ds T.-L. : descent jus, Si sié lez mei en cest abri); 2. XIIIe s. emploi fig. « protection » (Fragments d'une Vie de saint Thomas de Cantorbéry, I, 102, éd. Meyer, ds T.-L. : Mande k'il ne li sunt lëaus, Ki sun mortel enemi Funt tel solas et tel arbri).
Subst. verbal de abrier.
HIST. — A.— Entré dans la lang. au XIIe s. (cf. étymol.), le mot est attesté de façon continue au propre et au fig. jusqu'à l'époque contemp. XVIe s. : Est un lieu couvert et remparé contre le vent et la pluye (...). Et par métaphore se prend pour retraite, lieu à garand et de seureté. (NICOT 1606). XVIIe s. : Je veux une coiffure en dépit de la mode, Sous qui toute ma tête ait un abri commode. (MOLIÈRE, L'école des maris, t. 1 ds RICH.). XVIIIe s. : Lieu à couvert du soleil, du vent et du froid (...). Se dit figurément en Morale d'un lieu où l'on est en sûreté, de tout ce qui nous met hors de danger. (Trév. 1771). B.— Emplois techn. Abri est très usité dans le vocab. techn. (cf. sém.). 1. L'emploi en mar. est le 1er en date; il apparaît en 1678 d'apr. la docum. et connaît dans ce même vocab. de la mar. diverses utilisations : Abry est un mouillage à couvert du vent. (1678, GUILLET ds JAL 1848). 2. A partir du XIXe s., multiplication des emplois techn. (cf. sém. et Lar. 20e). — Rem. Les loc. à l'abri, à l'abri de apparaissent tôt et sont continuement attestées : XIIe s. : Et en la coverture m'esjoirai, Ce est en l'abri des deus commandemenz de charité. (Comment. sur les Psaumes, B. N. p. 60 ds GDF.). XVIe s. : Ie suis à l'abri de l'importunité du monde, de l'oppresse, de la guerre, de la calomnie. (NICOT 1606). XVIIe s. : On dit aussi adverbialement, Se mettre à l'abri de l'orage, Ce criminel ayant eu advis qu'on le vouloit prendre, s'est mis à l'abri, s'est sauvé en quelque asyle. (FUR. 1690). XVIIIe s. cf. FUR. 1701, Trév. 1704 à 1771, Ac. 1718 à 1798.
STAT. — Fréq. abs. litt. :2 779. Fréq. rel. :XIXe s. : a) 4 355, b) 3 135; XXe s. : a) 3 611, b) 4 250.
BBG. — BRANDIN (L.). Le Plus ancien exemple du français abrier. Romania. 1906, t. 35, pp. 293-295, — BUGGE (S.). Étymologies romanes. Romania. 1875, t. 4, p. 348, 369. — CHABAT. t. 1 1875. — DAINV. 1964. — DELC. t. 1 1926. — DELORME 1962. GRUSS 1952. — HORNING (A.). Zur Wortgeschichte. Z. rom. Philol. 1897, t. 21, p. 449. — JAL 1848. — JOSSIER 1881. — LE CLÈRE 1960. — MUSSET-LLORET 1964. — PARIS (G.) Abrier, abri. Romania, 1899, t. 28, pp. 433-435. — Pétrol. 1964. — PRIVAT-FOC. 1870. — SOÉ-DUP. 1906. — WILL. 1831.

abri [abʀi] n. m.
ÉTYM. 1170; de l'anc. franç. abrier « mettre à l'abri »; du bas lat. apricare, lat. class. apricari « se chauffer au soleil »; (abrier est encore utilisé dans l'Ouest [Normandie], au sens de « couvrir », s'abrier au sens de « se mettre à couvert »).
A Concret.
1 (Emploi général). Lieu où l'on peut mettre à couvert, protéger contre les intempéries ou un danger des personnes ou des choses; ce qui met en sûreté contre un danger. Asile, refuge, retraite. || Un abri contre la pluie. || Un abri contre les regards indiscrets.
1 S'il est aux bords déserts du torrent ignoré
Quelque rustique abri de verdure entouré,
Lamartine, Méditations philosophiques.
2 Mais les plus délicieux abris étaient ceux qu'élirent les colombes. Elles se tenaient sur d'amers oliviers vacillants au crépuscule.
Francis Jammes, le Roman du lièvre, p. 41.
2.1 On descend à la file indienne dans un abri superbement aménagé et on s'assied sur des chaises de jardin.
S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 421.
REM. Les mots désignant des abris sont nombreux, la notion étant très large; mais le mot abri est d'usage limité et ne peut pas toujours s'employer à la place du terme spécial. Habitation, maison; baraque, cabane, case, foyer, gîte, guérite, guitoune, hutte, logement. Alcôve, reposoir. Kiosque, pavillon.
Couverture, clôture, fermeture; auvent, dais, marquise, toit. Galerie, porche, préau.
Bâche, banne, tente. Écran, paravent, rideau.
Ombrelle, parapluie, parasol.
Entrepôt, garage, gare, garde-meubles, grange, grenier, hangar, magasin, remise, resserre.(Abri de feuillage). Feuillée, forêt, gloriette, tonnelle.
Abris pour les végétaux, les cultures. Abat-vent, abrivent, auvent, brise-vent, chapeau, chaperon, châssis, claie, cloche, mur, paillasson, serre.
Abris particuliers aux animaux. Aire, antre, bauge, bergerie, bouvril, bouverie, box, cabane, cage, chambre, chenil, clapier, cocon, coquille, demeure, écurie, étable, garenne, gîte, lapinière, loge, niche, poulailler, porcherie, rabouillère, repaire, reposée, retraite, ruche, soue, tanière, terrier, vacherie.
Abris marins. Accul, acrostole, ancrage, anse, baie, bassin, bastingage, brise-lames, cagnard, carbet, château, cirque, cockpit, coqueron, crique, darse, deck-house, digue, dunette, havre, jetée, kiosque, môle, mouillage, port, rade, rouf, soute, taud, tendelet, tenderolle, teugue, timonerie.
Abris militaires. Fortification; baraquement, barbelé, barricade, blindage, blockhaus, boyau, cagna (argot), caponnière, casemate, caserne, épaulement, fort, fortin, forteresse, gabionnade, galerie, guérite, mantelet, masque, mur, muraille, pare-éclats, rempart, retirade, retranchement, tour, tourelle, tranchée, tranchée-abri.
2 Emplois spéciaux. a Mar. Lieu (port, rade, etc.) protégé du vent, de la mer, des courants, où les bateaux se trouvent en sûreté. || Une côte sans abri. || Un abri sûr par vent d'Ouest. || Gagner, rallier un abri.
b Habitation rudimentaire, très souvent provisoire. Baraquement, cabane, hutte, tente.
2.2 Non loin, quelques cases, qui semblent plutôt des abris provisoires (…)
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 830.
c Toit supporté par des montants, ou construction rudimentaire destinée à protéger le voyageur (à la campagne, en montagne [ Gîte]; aux arrêts de train, d'autobus [ Abribus, aubette]). Refuge.
d Milit. Installation, au sol ou en sous-sol, destinée à protéger du feu ennemi. Boyau, tranchée; cagna (argot). || Un abri souterrain. || Tranchée-abri : tranchée couverte. || Abris fortifiés. Fortification; blockhaus, casemate, fortin. || Abri bétonné, blindé, cuirassé.Tout lieu souterrain qui, dans une agglomération, est susceptible de protéger contre les bombardements. || Abri antiaérien. || Abri antiatomique, destiné à protéger ses occupants contre les effets d'une arme atomique. || Abri équipé.
e (1936, in Petiot). Sports. Véhicule, coureur qui protège un coureur du vent.
f (Protection des choses). || Abri météorologique : enceinte protégeant les instruments. || Température relevée sous abri.Abris naturels et artificiels, en agriculture. Châssis, cloche; abrivent, brise-vent.
B Fig. Ce qui préserve de l'adversité. Protection, refuge.
3 Au fond, toute âme humaine est cela : une fragile lumière en marche vers quelque abri divin, qu'elle imagine, cherche et ne voit pas.
A. Maurois, le Cercle de famille, p. 167.
C Loc. adv. À l'abri : à couvert des intempéries, des dangers. || Se mettre à l'abri. Abriter (s'), planquer (se), réfugier (se). || Mettre des dossiers à l'abri, en lieu sûr.
4 Dans une rade où ils se trouvèrent à l'abri.
Fénelon, Télémaque, 9.
5 Vous ne pouvez enfin qu'aux dépens de sa tête
Mettre à l'abri la vôtre (…)
Corneille, Pompée, I, 1.
6 Il y a toujours moins de courage à emboîter le pas qu'à se détacher d'un ensemble, lorsque ce détachement même, loin de vous mettre à l'abri, vous expose.
Gide, Journal, p. 1151.
6.1 Lorsque l'enfant lui racontait qu'il avait eu bien chaud, lorsqu'il lui revenait les vêtements secs, elle éprouvait une reconnaissance vague, un contentement de le savoir à l'abri, les pieds devant le feu.
Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 192.
Loc. fam. (vx). Mettre qqn à l'abri, en prison.(Mod.). À l'ombre.
Loc. prép. À l'abri de… : à couvert contre (qqch.), hors d'atteinte de…
7 L'astre roi se couchait. Calme, à l'abri du vent,
La mer réfléchissait ce globe d'or vivant,
Ce monde, âme et flambeau du nôtre (…)
Hugo, les Orientales, I, 4.
8 En vain quelques soldats fidèles ont voulu
Résister, à l'abri d'un créneau vermoulu (…)
Hugo, la Légende des siècles, XVIII, XIII, II.
9 Encore si vous naissiez à l'abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage (…)
La Fontaine, Fables, I, 22.
Figuré :
10 À l'abri de ce badinage, je dis des vérités.
Voltaire, Lettres 10, 11 janv. 1732.
11 Je répète, avec le vieux proverbe : « Celui qui aime et qui est aimé est à l'abri des coups du sort. »
A. de Musset, Comédies et Proverbes, t. II.
Loc. Mettre qqn à l'abri de (qqch.) : le protéger de (qqch.). Préserver.Se mettre à l'abri de (qqch.). — ☑ Être à l'abri du besoin.
12 La tombe délia Mirabeau de ses promesses, et le mit à l'abri des périls que vraisemblablement il n'aurait pu vaincre.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. I, p. 226.
CONTR. Découvert (à); exposé (à).
DÉR. Abriter.
COMP. Abribus, abri-sous-roche, abrivent. Sans-abri.

Encyclopédie Universelle. 2012.