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abus

abus [ aby ] n. m.
• 1361; lat. abusus « mauvais usage »
1Action d'abuser d'une chose; usage mauvais, excessif ou injuste. L'abus d'alcool. excès. Chose nuisible par l'abus qu'on en fait. Dr. Abus d'autorité, de pouvoir : acte d'un fonctionnaire qui outrepasse le pouvoir qui lui a été confié. Abus de droit : usage abusif d'un droit. ABUS DE CONFIANCE : délit que l'on commet en abusant de la confiance de qqn. Abus de biens sociaux. détournement. Abus sexuels sur les enfants.
Loc. fam. Il y a de l'abus, de l'exagération; les choses vont trop loin.
2Absolt Cet usage, lorsqu'il s'est établi dans une société; coutume mauvaise. Tolérer un abus. Réformer un abus. Les abus et les désordres sociaux. injustice.

abus nom masculin (latin abusus, mauvais usage) Mauvais emploi, usage excessif ou injuste de quelque chose : L'abus des médicaments. Abus de confiance. Fait d'outrepasser certains droits, de sortir d'une norme, d'une règle et, en particulier, injustice, acte répréhensible établis par l'habitude ou la coutume ; excès : Tenter de réprimer des abus.abus (citations) nom masculin (latin abusus, mauvais usage) Jean Dutourd Paris 1920 Académie française, 1978 Tout usage finit par se changer en abus. Le Fond et la forme Gallimard André Malraux Paris 1901-Créteil 1976 Le pouvoir doit se définir par la possibilité d'en abuser. La Voie royale Grasset Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu château de La Brède, près de Bordeaux, 1689-Paris 1755 On sent les abus anciens, on en voit la correction ; mais on voit encore les abus de la correction même. De l'esprit des lois Henry Millon de Montherlant Paris 1895-Paris 1972 Académie française, 1960 Il n'y a pas le pouvoir, il y a l'abus de pouvoir, rien d'autre. Le Cardinal d'Espagne, I, 7, Cardona Gallimard Nicolas Edme Rétif, dit Restif de La Bretonne Sacy, Yonne, 1734-Paris 1806 […] La femme ne sent son pouvoir qu'autant qu'elle en abuse. Le Paysan perverti ou les Dangers de la ville Pierre Reverdy Narbonne 1889-Solesmes 1960 Aimer, c'est permettre d'abuser. En vrac Éditions du Rocher Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Le pouvoir sans abus perd le charme. Cahier B 1910 Gallimardabus (expressions) nom masculin (latin abusus, mauvais usage) Abus de langage, fait d'employer un mot dans un sens qu'il n'a pas. Faire des abus, manger, boire excessivement ; faire des excès. Familier. Il y a de l'abus, c'est exagéré. Abus d'autorité, acte d'un fonctionnaire qui outrepasse son droit à l'égard d'un particulier (violation de domicile) ou de la chose publique (emploi de la force publique contre l'exécution d'une loi). Abus de biens sociaux, de crédit, de pouvoir, usage des biens ou du crédit de la société, ou utilisation de pouvoir consenti par la loi au dirigeant social ou à l'actionnaire, contrairement à l'intérêt social, à des fins personnelles ou pour favoriser une autre entreprise dans laquelle les dirigeants sont intéressés directement ou indirectement. Abus de confiance, fait pour une personne de détourner de la destination convenue des biens, objets ou valeurs qui lui avaient été confiés. Abus de droit, fait, pour une personne titulaire d'un droit, de porter préjudice à autrui en détournant ce droit de sa finalité, intentionnellement ou non. Abus de fonction, fait pour le titulaire d'un emploi ou d'une fonction de l'utiliser sciemment à une autre finalité que sa destination normale. Abus de jouissance, fait pour une personne qui a sur une chose un droit de jouissance limité de lui faire subir des dégradations. Abus de position dominante, situation d'une entreprise qui, sur un marché déterminé, entrave le jeu normal de la concurrence, du fait d'une concentration de la puissanceéconomique ou d'un monopole non autorisé par la loi. Appel comme d'abus, recours contre les abus de pouvoir de l'autorité ecclésiastique dans ses rapports avec l'autorité civile et réciproquement. ● abus (synonymes) nom masculin (latin abusus, mauvais usage) Mauvais emploi, usage excessif ou injuste de quelque chose
Synonymes :
- exagération
- excès
- outrance
Contraires :
- mesure
- modération
Fait d'outrepasser certains droits, de sortir d'une norme, d'une règle...
Synonymes :
- excès
- injustice

abus
n. m.
d1./d Action d'abuser (de); mauvais usage, usage excessif. L'abus des somnifères est dangereux.
Spécial. (S. comp.) Mauvais usage d'un privilège, d'un droit; injustice. Nous ne tolérerons plus désormais aucun abus.
|| Fam. Il y a de l'abus: la mesure est comble.
d2./d DR Abus d'autorité, commis par un fonctionnaire qui outrepasse ses pouvoirs.
Abus de droit, commis par le titulaire d'un droit.
Abus de confiance, commis par quiconque profite, à des fins délictueuses, de la confiance accordée par un tiers.
Abus de biens sociaux: fait (pour un dirigeant de société ou pour un actionnaire) d'utiliser pour son compte personnel les biens ou les profits de la société.
(Québec) Abus physique: mauvais traitement à l'égard d'une personne qui n'est pas en état de se défendre.
Abus sexuel: action d'abuser sexuellement de qqn.

⇒ABUS, subst. masc.
I.— [Avec un compl. introd. par la prép. de et précisant l'obj. de l'abus] Action d'abuser d'un bien :
1. L'homme moderne s'enivre de dissipation. Abus de vitesse, abus de lumière, abus de toniques, de stupéfiants, d'excitants... abus de fréquence dans les impressions; abus de diversité; abus de résonance; abus de facilités; abus de merveilles; abus de ces prodigieux moyens de déclenchement, par l'artifice desquels d'immenses effets sont mis sous le doigt d'un enfant. Toute vie actuelle est inséparable de ces abus.
P. VALÉRY, Variété 3, 1936, p. 265.
L'abus s'exerce dans divers domaines où apparaissent des expr. usuelles précisant l'obj. de l'abus
a) Domaine des choses consommables ou d'usage habituel :
2. L'abus des narcotiques c'est-à-dire leur usage habituel, contribue beaucoup à hâter cette vieillesse précoce, si commune dans les pays chauds.
P. CABANIS, Rapports du physique et du moral de l'homme, t. 2, 1808, p. 70.
3. Il faut toutefois le détourner de ce qui peut augmenter son exubérance organique : menus trop succulents, abus de viandes, surtout de viandes rouges (le régime carné lui est plus nuisible qu'à tout autre tempérament), du vin, des sucreries; sinon gare aux pléthores, aux congestions, à l'embonpoint.
E. MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 186.
b) Domaine de la mor. ou de la relig. :
4. Il ne s'agit pas d'examiner rigoureusement ces croyances. Loin de rien ordonner à leur sujet, la religion servoit au contraire à en prévenir l'abus, et à en corriger les excès; ...
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme, t. 2, 1803, p. 169.
5. Du haut en bas de notre société, je ne vois qu'iniquité, abus de pouvoir, exploitation d'autrui, tromperie...
A. GIDE, Journal, 1932, p. 1130.
Rem. Dans cet ex., il peut s'agir aussi d'une expr. jur. (cf. inf. c).
c) Domaine du dr. publ. ou privé :
6. ... mais ce n'est point là le nom d'une forme particulière de société, d'une espèce particulière de gouvernement. Il y a despotisme, oppression, abus d'autorité, par-tout où la loi établie est sans force, et cède à la volonté d'un homme ou de plusieurs.
A.-L.-C. DESTUTT DE TRACY, Commentaire sur l'esprit des lois de Montesquieu, 1807, p. 8.
7. Rien d'autre à dire, devant les passe-droits et les abus de confiance dont vous nous voyez victimes.
A. GIDE, Les Caves du Vatican, 1914, p. 770.
8. Quant à prétendre, en telle occasion où le pape exerce son pouvoir indirect, qu'il outrepasse les limites de son autorité légitime, et à invoquer alors, pour permettre la non-obéissance, un abus de pouvoir au sens juridique de ce mot, c'est une absurdité, puisqu'il s'agit là précisément d'un pouvoir dont la matière ne comporte pas de limites tracées d'avance, et de l'application duquel, en chaque cas particulier, il appartient au pape seul de déterminer l'étendue.
J. MARITAIN, Primauté du spirituel, 1927, p. 58.
d) Domaine de la pensée :
9. Ne personnifiez-vous pas, avec votre beauté et votre tristesse, avec votre ennui et votre scepticisme, l'excès de douleur produit par l'abus de la pensée?
G. SAND, Lélia, 1833, p. 117.
10. Par ce jour de la fin de mai, jouissant du parc de Mirabeau et voyant combien il est trop abondant pour que je puisse l'épuiser, je vois les abus de l'érudition, l'inutilité des voyages, la surcharge de notre culture, je vois que je n'ai rien épuisé de ce qui est à la portée de ma main.
M. BARRÈS, Mes cahiers, mars-juill. 1910, p. 132.
Rem. Les dict. signalent, en le qualifiant de vieilli, le sens « erreur ». Aucun ex. dans la docum. cf. hist.
e) Domaine du lang. (ou de l'expr. litt.) :
11. Quel que soit le mérite de l'histoire des vents, de celle de la vie et de la mort, et de celle de la densité et de la rareté, personne ne peut disconvenir qu'elles fourmillent d'erreurs, d'abus de mots, et d'idées mal déterminées.
A.-L.-C. DESTUTT DE TRACY, Éléments d'idéologie, Logique, 1805, p. 93.
12. Que si je m'avise à présent de m'informer de ces emplois, ou plutôt de ces abus du langage, que l'on groupe sous le nom vague et général de « figures », je ne trouve rien de plus que les vestiges très délaissés de l'analyse fort imparfaite qu'avaient tentée les anciens de ces phénomènes « rhétoriques ».
P. VALÉRY, Variété 3, 1936, p. 45.
Rare. [En parlant d'un genre litt.] :
13. Tacite est la perfection d'un genre dont Sénèque est l'abus.
Ch.-J. DE CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1832, p. 137.
II.— Emploi abs.
A.— Gén. au plur. Domaine pol. ou soc. Résultat de l'action d'abuser; injustice introduite et fixée par coutume :
14. Ces guerres-là construisent la paix. Une énorme forteresse de préjugés, de privilèges, de superstitions, de mensonges, d'exactions, d'abus, de violences, d'iniquités, de ténèbres, est encore debout sur le monde avec ses tours de haine. Il faut la jeter bas. Il faut faire crouler cette masse monstrueuse. Vaincre à Austerlitz, c'est grand, prendre la Bastille, c'est immense.
V. HUGO, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 361.
15. Elle proclame que depuis le 14 juillet 1789 la nation est rentrée virtuellement en possession de tous ses droits, que tous les privilèges et abus du passé sont abolis de fait comme de droit depuis cette date, ...
J. JAURÈS, Études socialistes, 1901, p. 210.
16. J'en suis venu à souhaiter de tout mon cœur la déroute du capitalisme et de tout ce qui se tapit à son ombre, d'abus, d'injustices, de mensonges et de monstruosités.
A. GIDE, Journal, 1932, p. 1116.
17. Il se rendait compte que jamais il ne l'avait sérieusement mise en question; les tares, les abus de l'U.R.S.S.? il les connaissait : ...
S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 300.
18. Il fallait marquer aux alliés que la France libre était dans leur camp pour y incorporer la France, mais non pour y couvrir, vis-à-vis de la nation française, les abus ou empiétement qu'ils commettraient à son détriment.
Ch. DE GAULLE, Mémoires de guerre, L'Appel, 1954, p. 208.
Rem. Les abus peuvent avoir pour orig. : les formes de gouvernement et les institutions, les croyances, les guerres, le comportement des classes soc.; ils peuvent affecter la pol. internat. Si le mot est suivi d'un compl. (prép. de), ce compl. indique cette orig. (ex. 17) ou encore l'époque à laquelle ils appartiennent (ex. 15).
P. ext. Le mot s'applique au domaine mor. :
19. La souffrance, la misère, sont des forces vives qui ont leurs abus, comme le pouvoir a les siens.
H. DE BALZAC, Le Médecin de campagne, 1833, p. 146.
Fam. (Il) y a de l'abus :
20. Ah! ça, alors. Y a de l'abus tu nous embêtes, à la fin. J'en ai marre, moi! j'en ai marre!
H. DE MONTHERLANT, Fils de personne, 1943, III, 1, p. 317.
Arg. Il y a de l'abutre :
21. Ce Parisien aimait à allonger les mots. Une de ses phrases favorites était il y a de l'abutre pour il y a de l'abus (109e Inf., 1916-1917).
ESN. Poilu 1919.
B.— Au sing., DR. Anc. Régime. Appel comme d'abus. Recours contre un abus de pouvoir commis par une autorité ecclésiastique qui empiète sur la juridiction royale, ou inversement :
22. Cette première réclamation du droit civil contre le droit canonique produisit dans la suite l'appel comme d'abus, sauvegarde de la justice...
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Mélanges politiques, 1815, p. 192.
Proverbe. Le monde n'est qu'abus et vanité (abus au sens anc. de « tromperie »; cf. hist.) :
23. ... je ne suis pas très instruit dans la cabbale [sic], mon maître ayant péri... Mais le peu que j'ai appris de son art me fait... soupçonner que tout en est illusion, abus et vanité.
A. FRANCE, La Rôtisserie de la Reine Pédauque, 1893, p. 2.
Rem. Dans cet ex. le cont. fait penser que le mot a gardé son sens actif anc. auj. inus., de « tromperie, imposture ». Cf. inf. étymol. 3 et hist. II C.
PRONON. :[aby]. Enq. :/aby/.
Étymol. — Corresp. rom. : ital., esp., port. abuso; cat. abus; roum. abuz.
1. 1370 abus de « usage immodéré de (qqc.) » (ORESME, Eth., 203 ds GDF. Compl. : Abus de deliz charnels); 2. 1451 emploi absolu « résultat d'un mauvais usage : erreur » (Ord., XIV, 152, ibid. : Pour eschever plusieurs abbus et faussetes); 3. 1532 « ce qui a pour but de tromper » (RABELAIS, éd. Marty-Laveaux, I, 54 ds HUG. : Cy n'entrez pas, Hypocrites, bigotz. Tirez ailleurs pour vendre voz abus).
Empr. au lat. abusus, terme jur. dep. CIC., Top., 17 ds TLL s.v. au sens de « utilisation des choses fongibles » : non debet illa mulier, cui vir bonorum suorum usum fructum legavit, cellis vinariis et oleariis plenis relictis, putare id ad se pertinere. Usus enim, non abusus legatus est; fréq. chez Ulpien. Sens « mauvais usage, usage immodéré » exprimé en lat. class. par abusio que abusus concurrence en ce sens dep. AUGUSTIN, Doctr. christ., 1, 4, 4 ds TLL s.v. abusio, 237, 76 : usus illicitus abusus potius vel abusio nominandus est; cf. avec 1, ALBERT LE GRAND, Summa theologiae, II, 18, 122, 1, 4 ds Mittellat, W. s.v., 69, 40 : fornicatio est, quando solutus cognoscit solutam abusu naturali; cf. avec 2, ID., ibid., I, 2, 11, ibid., 69, 46 : si non referantur omnia ad gloriam Dei, abusus est. « Mauvais usage établi » attesté en lat. médiév. : Constitutiones imperatorum, II, 8, 3, ibid., 69, 48 : abusus... in ecclesiis habuerunt. Sens 3, venu de abuser 2.
HISTORIQUE
I.— Dep. son apparition au XIVe s., abus s'est maintenu avec une grande stab. dans son sens premier « usage immodéré, mauvais de »; la not. de « usage excessif » présente dans le mot, semble-t-il, dep. l'orig., n'apparaît nettement dans les dict. que dep. Ac. 1798. De là vient l'expr. fam. il y a de l'abus, citée par Pt ROB. On constate un élargissement du champ d'application de ce mot au cours des siècles, spéc. dans le domaine jur. Appel comme d'abus, institution que RICH. t. 1 1680 et Encyclop. t. 1 1751 datent du XIVe s., attestée au XVIe s. : Les appellations comme d'abus ont lieu quand il y a contravention contre les saints decrets, libertés de l'Église gallicane, arrest des cours souveraines, jurisdiction seculiere ou ecclesiastique, et tient-on qu'elles sont de l'invention de messire Pierre de Cugnieres, ores qu'elles semblent plus modernes. LOYSEL, 888 (Littré). Signalé par les dict. dep. RICH. t. 1 1680, il a été supprimé par la loi de séparation des Églises et de l'État de 1905; encore mentionnée par les dict. du XXe s., l'expr. ne se rencontre plus que dans des ouvrages hist. ou jur. Au XIXe s., apparaissent les not. de abus de pouvoir, abus de confiance, abus de jouissance, abus de droit, etc.
II.— Dès le XVe s., abus a été empl. absol. et a désigné le résultat d'un usage mauvais, immodéré ou excessif; c'est ainsi qu'il a pris le sens de « erreur », de « tromperie » et enfin de « usage mauvais qui s'est établi ». A.— Abus « erreur » (cf. étymol. 2) a connu une très grande vitalité; HUG. donne environ 30 ex. pour le XVIe s. Au début du XXe s., il est considéré comme vieilli. B.— Abus « tromperie » n'apparaît qu'au XVIe s. (cf. étymol. 3) et semble avoir connu une vitalité moins grande que le précédent. Au XVIIIe s., seules les différentes éd. de l'Ac. en font une mention partic., Trév. et FUR. ne le distinguant pas du sens A. De Ac. 1798 à DG, il semble n'être plus empl. que dans l'expr. proverbiale le monde n'est qu'abus et vanité. Il disparaît complètement au XXe s. C.— Au XVIIe s., prob., abus prend le sens de « usage mauvais, coutume mauvaise qui se sont établis », toujours issu du sens premier, mais, jusqu'à la fin du XVIIIe s., les dict. ne le distinguent pas nettement de celui-ci, malgré les ex. qu'ils en donnent : Il faut distinguer entre un usage reçu, et un abus qui s'est introduit. Ac. 1718. (Cf. également les ex. des XVIIe et XVIIIe s. cités par LITTRÉ). C'est le seul emploi absolu de abus qui subsiste.
STAT. — Fréq. abs. litt. :1 373. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 3 428, b) 1 341; XXe s. : a) 1 201, b) 1 471.
BBG. — BARR. 1967. — BLANCHE 1857. — BOUCHER 1835. — BOUILLET 1859. — DUPIN-LAB. 1846. — Éd. 1913. — GÉNESTAL (R.). Les Origines de l'appel comme d'abus. Paris, 1950. — LE CLÈRE 1960. — LEP. 1948. — MAURER (K.). Etymologica. Rom. Jahrb. 1957, t. 8, pp. 30-32. — NYSTEN 1814-20. — Pol. 1868. — RÉAU-ROND. 1951. — SPR 1967. — ST-EDME t. 1 1824. — Théol. cath. t. 1 1909.

abus [aby] n. m.
ÉTYM. 1370; lat. abusus « mauvais usage », de usus.
1 (L'abus de…). Action d'abuser (de qqch.). Usage mauvais, excessif (d'une chose). || L'abus n'empêche pas l'usage. Exagération, excès. || L'abus de la force, d'une facilité.
1 Un superflu qui me deviendrait pernicieux et nuisible par l'abus que j'en ferais.
Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 77.
2 C'est l'abus de nos facultés qui nous rend malheureux et méchants (…)
Rousseau, Émile, IV.
3 La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi.
Déclaration des droits de l'homme, 1789, art. 11.
4 Mais qui ne voit que ces abus de la force sont la rançon même de tout grand mouvement.
Jaurès, Hist. socialiste…, p. 163.
Dr. || Abus d'autorité, de pouvoir : acte d'un fonctionnaire qui outrepasse son autorité.
Dr. et cour. Abus de confiance : délit que l'on commet en abusant de la confiance de qqn. || Le Code pénal qualifie d'abus de confiance l'abus des besoins, des faiblesses ou des passions d'un mineur, l'abus de blanc-seing, le détournement d'objets confiés à titre de louage, dépôt, mandat, etc…, le détournement de pièces produites dans une contestation judiciaire (art. 406 à 409).Mais c'est un abus de confiance !
Abus de droit : usage abusif d'un droit.
5 Il peut donc y avoir des abus dans la conduite des hommes, mais ce n'est pas quand ils exercent leurs droits, c'est quand ils les dépassent; l'homme abuse des choses, il n'abuse pas des droits. Au fond, tout le monde est d'accord; seulement là où les uns disent : « Il y a usage abusif d'un droit », les autres disent : « Il y a un acte accompli sans droit ». On défend une idée juste avec une formule fausse.
M. Planiol, Traité élémentaire de droit civil, t. II, p. 313.
Spécialt. || Abus de mots : emploi abusif de mots dont on force le sens.
Fam. Il y a de l'abus, de l'exagération; les choses vont trop loin.
2 (Un, des abus). Cet usage, lorsqu'il s'est établi dans une société; chose mauvaise qui s'est établie. Excès, injustice. || Créer, introduire un abus, ouvrir la porte aux abus; consacrer, perpétuer, tolérer un abus; corriger, réformer, réprimer, retrancher, extirper un abus. || Les abus et les désordres sociaux, politiques ( Illégalité, injustice, mal…).
6 Qui croit devoir fermer les yeux sur quelque chose se voit bientôt forcé de les fermer sur tout : le premier abus toléré en amène un autre; et cette chaîne ne finit plus qu'au renversement de tout ordre et au mépris de toute loi.
Rousseau, Émile, IV.
7 Les abus invétérés ne se corrigent qu'avec le temps.
Voltaire, Éloge funèbre de Louis XV.
C'est un abus : c'est abusif, c'est un peu fort, c'est trop fort.
8 Elles (les femmes) font la sottise, et nous sommes les sots. C'est un vilain abus.
Molière, le Cocu imaginaire, XVII.
Dr. canon (hist.). || Appel comme d'abus : recours contre les abus de pouvoir que commettaient les autorités ecclésiastiques, en empiétant sur l'ordre temporel.
CONTR. Mesure, modération.
DÉR. Abuser.

Encyclopédie Universelle. 2012.