acception [ aksɛpsjɔ̃ ] n. f.
• déb. XIIIe; lat. acceptio
1 ♦ Vx Acceptation.
2 ♦ Loc. Sans acception de : sans faire entrer en ligne de compte. Sans acception de personne, de fortune.
3 ♦ (XVIIe) Sens particulier d'un mot, admis et reconnu par l'usage. ⇒ signification. Acception propre, figurée. Mot à nombreuses acceptions (polysémique). Loc. Dans toute l'acception du terme : au sens intégral, fort. Il est odieux, dans toute l'acception du terme, vraiment odieux.
● acception nom féminin (latin acceptio) Signification particulière d'un mot selon le contexte où il est employé. (Le mot « agent » a deux acceptions différentes dans « l'agent règle la circulation » et « le complément d'agent ».) ● acception (difficultés) nom féminin (latin acceptio) Sens Ne pas confondre ces deux mots. 1. Acceptation = action d'accepter. Marquer son acceptation d'un signe de tête. 2. Acception = sens particulier d'un mot. C'est un chef-d'œuvre, dans toute l'acception du terme. Sans acception de = sans tenir compte de, sans accorder de préférence à. La loi s'applique sans acception de personne (et non sans acceptation de personne). ● acception (expressions) nom féminin (latin acceptio) Dans toute l'acception du mot, du terme, dans son plein sens. Sans acception de quelque chose, sans le faire entrer en ligne de compte. ● acception (homonymes) nom féminin (latin acceptio) acceptions forme conjuguée du verbe accepter ● acception (synonymes) nom féminin (latin acceptio) Signification particulière d'un mot selon le contexte où il est...
Synonymes :
acception
n. f.
d1./d DR Sans acception de personne: sans préférence envers qqn.
d2./d Sens d'un mot. Ce mot a plusieurs acceptions.
I.
⇒ACCEPTION1, subst. fém.
I.— Sens variable, nuance sémantique d'un mot suivant ses conditions d'emploi ou d'interprétation :
• 1. Mais par l'habitude d'employer un mot dans un sens figuré, l'esprit finit par s'y arrêter uniquement, par faire abstraction du premier sens; et ce sens, d'abord figuré, devient peu à peu le sens ordinaire et propre du même mot. Les prêtres, qui conservèrent le premier langage allégorique, l'employèrent avec le peuple qui ne pouvait plus en saisir le véritable sens, et qui, accoutumé à prendre les mots dans une seule acceptation, devenue leur acception propre, entendait je ne sais quelles fables absurdes, lorsque les mêmes expressions ne présentaient à l'esprit des prêtres qu'une vérité très simple.
A. DE CONDORCET, Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain, 1794, p. 42.
• 2. Ces nouvelles géorgiques n'ont rien de commun avec celles qui ont paru jusqu'à ce jour, et le nom de géorgiques, ainsi que dans d'autres poèmes français, et particulièrement dans le poème des saisons du cardinal de Bernis, est employé ici dans un sens plus étendu que son acception ordinaire.
J. DELILLE, L'Homme des champs, préf., 1800, p. XXIII.
• 3. ... comme si pour peindre un événement si soudain et si malheureux, les termes avoient changé d'acception, et que le langage fût bouleversé comme le cœur.
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme, t. 2, 1803, p. 125.
• 4. Le mot liberté, comme tous ceux qui expriment des idées abstraites très-générales, est souvent pris dans une multitude d'acceptions différentes, qui sont autant de portions particulières de sa signification la plus étendue...
A.-L.-C. DESTUTT DE TRACY, Commentaire sur l'Esprit des lois de Montesquieu, 1807, p. 139.
• 5. Les jeux de mots sont des équivoques fondées sur un mot employé de manière à présenter plusieurs idées. L'esprit sourit aux jeux de mots; la raison même ne les désapprouve pas, quand ils renferment un sens également juste sous leur double acception. À la faveur de ces équivoques, on peut tout dire et tout entendre; la même phrase est à-la-fois maligne et innocente, licencieuse et chaste...
V. DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 5, 1814, p. 225.
• 6. Permettez-moi de vous dire encore que je n'adopte point le mot de romantique avant qu'il ait été universellement défini. Mme de Staël lui a donné un fort beau sens et je déclare ne pas lui reconnaître d'autre acception.
V. HUGO, Correspondance, 1824, p. 387.
• 7. Je ne puis vous laisser dans l'erreur sur le sens de cette expression créer un mot. Je maintiens que Racine a créé l'acception que je donne à décevant. Les mots sont susceptibles de prendre plusieurs significations; et, leur en donner de nouvelles est ce que j'appelle créer, c'est enrichir une langue, une langue s'appauvrit en gagnant des mots, elle s'enrichit en en ayant peu et leur donnant beaucoup de significations. Si l'Académie a négligé cette face du mot décevant, elle a eu tort, comme en beaucoup d'autres occasions.
H. DE BALZAC, Correspondance, 1844, p. 690.
• 8. ... Mais encore les mots sont comme des pièces de monnaie dont l'empreinte s'efface, qui s'usent et se déprécient par la circulation : leur sens propre tombe en oubli; on perd la trace des analogies qui ont successivement amené les diverses acceptions figurées; il n'y a plus entre les idées et les images, entre les pensées et leur expression sensible, entre la construction matérielle des éléments du langage et leur valeur représentative, cet accord que la raison réclame.
A. COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances, 1851, p. 324.
• 9. Peut-être faudrait-il distinguer connaissance et familiarité en prenant ce dernier mot dans son acception originelle — non dans le sens d'accoutumance. Il n'est pas sûr d'ailleurs qu'entre familiarité et amour il n'y ait pas encore une autre distinction à établir.
G. MARCEL, Journal métaphysique, 1918, p. 146.
• 10. Le mot de conscience, il faut le prendre dans toutes ses acceptions :psychologique pure, intellectuelle, esthétique pure.
Ch. DU BOS, Journal, juill. 1922, p. 140.
• 11. ... mais peu importe, pourvu qu'on se rende compte de ce qu'on fait, et qu'on ne s'imagine pas (illusion constante des philosophes!) posséder l'essence de la chose quand on s'est mis d'accord sur le sens conventionnel du mot. Disposons alors toutes les acceptions de notre mot le long d'une échelle, comme les nuances du spectre ou les notes de la gamme...
H. BERGSON, Les Deux sources de la morale et de la religion, 1932, p. 183.
• 12. Sous toutes les acceptions du mot sens, nous retrouvons la même notion fondamentale d'un être orienté ou polarisé vers ce qu'il n'est pas, et nous sommes ainsi toujours amenés à une conception du sujet comme ek-stase et à un rapport de transcendance active entre le sujet et le monde.
M. MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception, 1945, p. 491.
• 13. Nous voilà au seuil du domaine de la plastique. Le mot, à la différence de « pictural » n'est pas parfaitement clair; il s'en faut. Que d'acceptions n'a-t-il pas reçues! Or, nous aurons désormais souvent à en faire usage. Il importe donc de préciser le sens qu'il revêtira ici.
R. HUYGUE, Dialogue avec le visible, 1955, p. 74.
— Loc. dans l'acception du mot, dans toute l'acception de ce mot (pour suggérer que le mot employé est le mot juste) :
• 14. Fille de cuisine, sale, dégoûtante, la maritorne dans l'acception du mot.
Ch. VIRMAÎTRE, Dict. d'argot fin de siècle, suppl., 1899, p. 171.
II.— P. anal. :
— Dans le domaine de la mus. [En parlant de la valeur d'une tonalité] :
• 15. Le charme troublant [des] transitions (dites inharmoniques), lorsqu'elles sont (...) employées sobrement, provient de la double acception que prennent les tonalités : l'esprit les saisit d'une façon, l'oreille d'une autre.
GEVAERT, Cours méthodiques d'orchestration, 1885, p. 102.
— Dans le domaine de la peint. [En parlant de l'effet d'une touche] :
• 16. Les écrivains actuels ont perdu ou dénaturé « l'acception » des mots et les peintres, l'acception de la touche. Elle est posée par à peu près et selon l'effet le plus voyant, non le plus juste.
J. PÉLADAN, Salon de 1883, 1883, p. 134.
— Dans le domaine de la physionomie [En parlant du sens d'une expression du visage] :
• 17. Enfin j'étais embarrassé devant certains de ses regards, de ses sourires. Ils pouvaient signifier mœurs faciles, mais aussi gaîté un peu bête d'une jeune fille sémillante mais ayant un fond d'honnêteté. Une même expression, de figure comme de langage, pouvant comporter diverses acceptions, j'étais hésitant comme un élève devant les difficultés d'une version grecque.
M. PROUST, À la recherche du temps perdu, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 882.
Rem. 1. Sens et acception sont souvent synon. (cf. en partic. l'ex. 9). Le sens d'un mot désigne son contenu not., l'acception concerne les divers sens partic. qu'il prend ou dans lesquels il est pris suiv. les domaines ou son environnement immédiat (cf. en partic. l'ex. 12). 2. Pour la confusion de acception et de acceptation, cf. ce dernier.
II.
⇒ACCEPTION2, subst. fém.
Action de tenir compte indûment de la qualité des pers. ou de leurs opinions ou conditions.
• 1. Dans la lutte éternelle que la société amène entre le pauvre et le riche, le noble et le plébéien, l'homme accrédité et l'homme inconnu, il y a deux observations à faire : la première est que leurs actions, leurs discours sont évalués à des mesures différentes, à des poids différents, l'une d'une livre, l'autre de dix ou de cent, disproportion convenue, et dont on part comme d'une chose arrêtée; et cela même est horrible. Cette acception de personnes, autorisée par la loi et par l'usage, est un des vices énormes de la société, qui suffirait seul pour expliquer tous ses vices.
S. CHAMFORT, Maximes et pensées, 1794, p. 79.
• 2. La seconde garantie est la généralité de la loi, son indifférence entre les individus. Jusque-là elle faisait acception des personnes, distinguait l'homme et l'homme, elle choisissait, legebat (lex, a legendo?) plus de privilèges.
J. MICHELET, Histoire romaine, t. 1, 1831, p. 124.
• 3. Ils ne feront pas acception des personnes, ni des nations, ni des races. La routine antique ou les préjugés modernes, la quiétude des riches, le sort de la grammaire et du bon goût, les préoccuperont peu.
J. MARITAIN, Primauté du spirituel, 1917, p. 165.
B.— [En parlant des opinions ou conditions des pers.] Sans (faire) acception de :
• 4. Les soldats quittaient par milliers les drapeaux du protestantisme, pour se ranger sous les ordres d'un général, qui se montrait leur père et leur bienfaiteur, sans acception de croyance.
B. CONSTANT, Wallstein, 1809, p. 188.
• 5. Mais là, j'avais à bien voir si ma confiance tomberait sur un cœur désintéressé, et je constatai bientôt que la jalousie de notre patron, comme nous l'appelions, était tout intellectuelle et s'exerçait sur tout ce qui l'approchait, sans acception d'âge ni de sexe.
G. SAND, Histoire de ma vie, t. 4, 1855, p. 126.
Rem. L'acception des pers. ou de leurs opinions est considérée comme une faute contre l'égalité de traitement due par le juge à toute pers. hum. en tant que telle; d'où la valeur gén. péj. Par la forme négative (empruntée à l'Écriture Sainte, qui considère l'égalité de traitement des hommes comme un trait de la justice divine — cf. étymol. citat. de la 1re ép. de saint Pierre et aussi Rom. II, 11, non... est acceptio personarum apud Deum, qui reprennent Deutéronome X, 17, Deus... qui personam non accipit necmunera), l'expr. devient positive et laud. Dans la phrase suiv., la valeur est sous ce rapport ambiguë, parce que l'aut. se place tour à tour au point de vue du Conseil dont les intentions sont légitimées par des considérations de droit, et à son propre point de vue qui condamne l'attitude du Conseil :
• 6. Le Conseil des Indes (...) aura cru devoir faire (...) ce qui a été effectué dans la péninsule pour détruire l'œuvre de la révolution; il aura voulu les replacer [les colonies] de droit sous l'autorité légitime sans faire acception des faits.
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Correspondance générale, t. 5, 1848, p. 133.
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[]. Enq. :/aksepsiõ/. 2. Homogr. : acceptions, plur. du subst. et forme de accepter.
Étymol. ET HIST.
I.— Début XIIIe s. « action de faire entrer en ligne de compte la qualité d'une pers. » terme jur. (Les 7 Sages de Rome, éd. P. Paris, 51 ds R. Hist. litt. Fr., I, 184 : Et fist ses barons assambler qui jurerent que loyaulment sans acception ou faveur ilz ayderont a sçavoir la verité de la chose); ca 1350 « action de distinguer (une pers.) » (Gilles Li Muisis, éd. Kervyn de Lettenhove, II, 249 ds T.-L. : acception ne voet dieus de nulle personne); 1541 « action d'admettre par préférence » (CALVIN, Inst. chrét., III, XI, 22 ds HUG. : Les fideles sont justes devant Dieu, non point par les œuvres mais par acception gratuite); 1547 de grande acception « de grand prix » (HAUDENT, Apologues d'Esope, II, 103 ibid. : Je ne te scay (monsieur) ny gré ny grace D'avoir obtins, a la presente place, C'est ascavoir ta benediction Veu qu'el' ne m'est de grand' acception Pourtant que si elle eust vallu de soy Un seul desnier, ne l'eusse eue de toy).
II.— 1. 1532 « action de recevoir (qqc.) » (LEMAIRE DE BELGES, Schismes et Conciles, éd. Stecher, 1re part., III, 252 ibid. : Les tresors mobiles, portatifz et transitoires des Empereurs Phelippes et l'acception d'iceux par le Pape Fabian, causerent le premier schisme); 1771 terme méd. « action de recevoir » (Encyclop. ds Trév. :Se dit de tout ce qui est reçu, soit par la peau, soit par le canal alimentaire). — 1842, Ac. Compl. qualifié de peu fréq.; 2. XVIIe s. « action d'accepter les épreuves », relig. (BOURDALOUE, Panég. St Louis ds DG :une acception volontaire et une soumission chrétienne). De là les confusions entre acception et acceptation av. la distinction mod. des 2 mots.
III.— 1694 « sens donné à un mot » gramm. (Ac. 1694 : acception, t. de grammaire, sens dans lequel un mot se prend. Ce mot a plusieurs acceptions; ce mot dans sa première et plus naturelle acception).
Empr. au lat. acceptio, au sens II 1 dep. CICÉRON, Top., 37 ds TLL s.v., 282, 44 : ...neque deditionem neque donationem sine acceptione intellegi posse; (cf. av. 821 THEODULF, Carmina, 28, 301 ds Mittellat. W. s.v., 480, 36 : acceptio numeris), terme méd. IVe-Ve s. THEOD. PRISC., Log., 49 ds TLL s.v., 282, 70 : acceptio ellebori; II 2 s'est développé en fr., pas d'équivalent en lat. chrét. — I, « considération de la pers. » à partir de l'époque chrét. : TERTULLIEN, Adv. Marcionem, 4, 35 ds TLL s.v., 282, 83 : ex acceptione personae parcens ei; se développe en lat. jur. (Digeste de Florent, Code théodosien, ibid., 283, 4 sq.; cf. Lex Alaman., 41, 1 ds Mittellat. W. s.v., 80, 47); cf. avec attest. de 1350 et 1536 : I Pierre, I, 17 : Et si patrem invocatis eum, qui sine acceptione personarum judicat = secundum uniuscujusque opus... voir Théol. Cath. s.v. acception de personnes; voir aussi NAZ, Dict. dr. canon. s.v. — III développé en lat. médiév. à partir de accipere « intelligere » (dep. QUINTILLIEN, Inst., 5, 10, 42 : duplex significatio est temporis : generaliter... et specialiter accipitur, et chez les grammairiens) : 1163-64, ARNO REICHERSBERGENSIS, Apologeticus, p. 140, 9 ds Mittellat. W. s.v., 80, 24 : vocum acceptio.
BBG. — BAILLY (R.) 1969. — BAR 1960. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — Bible 1912. — BOUYER 1963. — DAGN. 1965. — DAM.-PICH. Gloss. 1949. — DELBOULLE (A.). Notes lexicologiques. R. Hist. litt. Fr. 1894, t. 1, p. 184. — Dictionnaire de droit canonique... Publ. sous la dir. de R. Naz. Paris, 1935. — FÉR. 1768. — FOULQ.-ST-JEAN 1962. — Gramm. t. 1 1789. — KOLD. 1902. — LACR. 1963. — LAF. 1878. — LAV. Diffic. 1846. — MARCEL 1938. — SPRINGH. 1962. — Théol. cath. t. 1, 1 1909. — THOMAS 1956.
acception [aksɛpsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. XIIIe, au sens 2.; du lat. acceptio « action de recevoir qqch. », de acceptare. → Accepter.
❖
1 (XVIIe). Vx. Acceptation. || L'acception d'épreuves pénibles.
2 (Dans des loc.). Action de considérer la qualité d'une personne, d'en tenir compte au préjudice d'une autre personne. ☑ || « La justice ne fait acception de personne » (Académie). ☑ Tout le monde y est admis sans acception de fortune ou de parti.
3 (XVIIe). Sens particulier d'un mot, admis et reconnu par l'usage. ⇒ Signification (→ 2. Original, cit. 1). || Acception propre ou figurée. || Mot à plusieurs acceptions, polysémique.
0 J'entends ce mot dans son acception la plus large et la plus noble.
G. Duhamel, Discours aux nuages, I.
♦ ☑ Loc. Dans (toute) l'acception du (de ce) mot, pour indiquer que le mot employé est bien celui qui convient. || Il était méchant, dans toute l'acception du mot : il était réellement, vraiment méchant.
Encyclopédie Universelle. 2012.