Akademik

affusion

affusion [ afyzjɔ̃ ] n. f.
• 1546; bas lat. affusio
Procédé thérapeutique consistant à verser de l'eau (froide ou chaude) sur une partie du corps.

affusion nom féminin (latin affusio, de affundere, répandre) Procédé d'hydrothérapie consistant à verser de l'eau en nappe et d'une faible hauteur sur une partie quelconque du corps. Action de verser de l'eau sur la tête du baptisé.

⇒AFFUSION, subst. fém.
A.— Au propre. Action de verser un liquide sur un corps quelconque.
1. MÉD. Procédé thérapeutique qui consiste à verser d'une faible hauteur une certaine quantité d'eau plus ou moins froide sur une partie ou sur la totalité du corps pour obtenir des effets soit sédatifs, soit stimulants :
1. Comme le sujet actuel est flegmatique, doux et malléable d'inclinations, et inepte de nature, il est difficile de juger de la méthode curative qu'on pourra lui appliquer avant de l'avoir vu dans le paroxysme qui va succéder à ses hallucinations. Le plus sûr sera d'y procéder graduellement, en commençant par les affusions d'eau glaciale sur l'occiput et l'épigastre, et en passant de là aux sinapismes, aux épispastiques et aux moxas, sans négliger, comme de raison, un fréquent usage de la phlébotomie jusqu'à syncope. Si l'éréthisme persiste, nous avons l'usage des ceps, des poucettes, du gilet de force et du maillot...
Ch. NODIER, La Fée aux miettes, 1831, p. 184.
2. ... Charles fut mis dans une baignoire, sous le robinet de la plus forte douche; l'affusion froide commença. La souffrance de Charles devait être horrible; il pâlissait affreusement, mais il ne desserrait pas les dents.
E. et J. DE GONCOURT, Charles Demailly, 1860, p. 400.
3. La température du liquide et la durée de l'affusion varient selon la chaleur de la peau, la force du pouls, le degré de réaction qu'a éprouvé le malade après les premières affusions (ce moyen n'étant convenable qu'autant que la réaction se fait promptement) et suivant les effets thérapeutiques qu'on recherche : si ce sont les effets sédatifs (fièvres thyphoïde, éruptive, intermittente), l'eau, ayant 14 à 16 degrés, sera versée lentement pendant 6 à 10 minutes; si ce sont les effets stimulants (algidités, névroses), la durée de l'affusion ne dépassera pas 2 à 3 minutes, et la température restera entre 10 et 12 degrés :d'une façon générale, l'eau peut être d'autant plus froide et l'opération plus prolongée que la température du corps est plus élevée.
LITTRÉ-ROBIN 1865.
4. L'affusion froide a un effet instantané sur le moral. Elle le relève et le décide à l'activité, quand il se sent vaincu par la paresse et le manque de vouloir. Après la pluie, on fait ce qu'on a à faire.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, oct. 1871, p. 838.
5. ... il gonflait, étouffait, ne pouvait plus, après chaque tentative de repas, supporter une culotte boutonnée, un gilet serré. Il supprima les alcools, le café, le thé, but des laitages, recourut à des affusions d'eau froide, se bourra d'assa-fœtida, de valériane et de quinine; ...
J.-K. HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 114.
P. ext. Même procédé, mais avec usage d'eau chaude :
6. Procédé hydrothérapique qui consiste à verser, avec un récipient à large ouverture, ou en exprimant une grosse éponge, de l'eau froide ou chaude sur une partie du corps ou sur le corps tout entier d'un malade placé nu, debout ou assis, dans une baignoire.
Affusions froides (...). Mode d'action. Effet stimulant (eau à 12°, durée 1 à 3 minutes); — effet sédatif (eau 14° à 16°, durée 10 à 15 minutes); — effet mixte (eau 14° ou 16°, durée 5 minutes). Indications. Fièvres typhoïde, intermittente, éruptives, notamment scarlatine; névrose; congestion.
Affusions chaudes. — 1° Sédatives, de 25° à 30°; 2° stimulantes, au-dessus de 30°. Indications. Mêmes maladies que pour les affusions froides.
Lar. méd. 1970.
Rem. 1. Dans un ex. unique affusion désigne, p. ext., l'aspersion, donnée de faible hauteur, au moment de la toilette (pour une ext. semblable, cf. ablution1) :
7. Tahoser ordinairement n'était pas si matinale, et elle ne quittait guère sa couche sans l'aide de ses femmes; jamais non plus elle ne sortait qu'après avoir fait réparer dans sa coiffure le désordre de la nuit et verser sur son beau corps des affusions d'eau parfumée qu'elle recevait à genoux, les bras repliés devant sa poitrine.
T. GAUTIER, Le Roman de la momie, 1858, p. 254.
Rem. 2. Quoique absent de notre docum. de textes du XXe s., le sens propre est supposé par les emplois fig. signalés infra B.
2. Divers domaines, vieilli, rare
a) LITURG. ,,Action de verser de l'eau sur la tête du baptisé.`` (Lar. encyclop.; attest. isolée).
Rem. À propos des lustrations par l'eau dans le domaine relig., cf. ablution2.
b) PHARM. Addition d'un liquide à un médicament. (Ac. 1798 Suppl. 1835).
Rem. Autres attest. : BOISTE 1834 et LAND. 1834.
c) TECHNOL. (arts céram.). ,,Dans la préparation du pourpre de Cassius, (...) on verse (...) les chlorures d'étain dans l'eau citrine qui renferme l'or; on fait l'affusion goutte à goutte.`` (A. BRONGNIART, Traité des arts céramiques, 1844, p. 536).
B.— Au fig. [S'emploie en parlant de l'action de choses abstr., p. anal. avec l'emploi méd., pour exprimer leur effet bienfaisant] :
8. Sous les bienfaisantes affusions d'Obéron, Ernest, qui séchait [pendant l'exécution, aux Concerts Lamoureux, de l'œuvre précédente, la Fantaisie pour piano et orchestre de Widor], relève la tête...
WILLY, Entre deux airs, par l'ouvreuse du Cirque d'été, 1895, p. 58.
9. ... une fraîcheur d'haleine par le monde Comme le souffle même de l'esprit, comme la chose même proférée, À même l'être, son essence; à même la source, sa naissance : Ha! toute l'affusion du dieu salubre sur nos faces, et telle brise en fleur Au fil de l'herbe bleuissante, qui devance le pas des plus lointaines dissidences!
SAINT-JOHN PERSE, Exil, Pluies, 1942, pp. 244-245.
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[]. 2. Dér. et composés : affuser (cf. Nouv. Lar. ill.). Cf. fusion. — Rem. LITTRÉ et DG transcrivent une géminée -ff-.
Étymol. ET HIST. — 1. 1546 méd. en parlant du sang a) « épanchement » (CH. ESTIENNE, Dissection des Parties du Corps, 125, 12 ds QUEM. t. 1 1959 : affusion ou refusion de sang), attest. isolée; b) « parenchyme formé par extravasation sanguine » (ID., 384, 23, ibid. :la substance du foye appellée affusion ou congelation de sang), attest. isolée; 2. « action de verser » : a) 1573 sens gén. (A. PARÉ XVIII, 73 ds HUG. : Comme la lumiere d'une lampe qui est amortie par affusion de trop d'huile); b) 1771 pharm. « action d'ajouter un liquide à un médicament » (Trév. : Affusion [...] action de verser une liqueur chaude ou froide sur certains médicamens).
Empr. au lat. adfusio « action de verser » dep. Palladius (3, 28, 2 ds TLL s.v., 1249, 1 : aliqui antidoti eius adfusione radices vitis infundunt).
STAT. — Fréq. abs. litt. :9.
BBG. — BAILLY (R.) 1969 [1946]. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — BOISS.8. — CHESN. 1857. — GARNIER-DEL. 1961 [1958]. — Lar. mén. 1926. — Lar. méd. 1970. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — NYSTEN 1814-20. — THOMAS 1956.

affusion [afyzjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1546; lat. affusio, de affundere « verser sur ».
1 Méd. (Vieilli). Procédé d'hydrothérapie qui consiste à verser de l'eau (froide ou chaude) en nappe sur une partie du corps. || Ordonner des douches avec affusion chaude sur le foie. Ablution, aspersion, bain, douche. || Affusion froide. || Des affusions d'eau glacée.REM. Le mot est bien attesté jusqu'à la fin du XIXe siècle.
Liturgie. Fait de verser l'eau du baptême.
2 Par métaphore, littér. Fait de verser de manière bénéfique.
0 Ha ! toute l'affusion du dieu salubre sur nos faces (…)
Saint-John Perse, Exil, « Pluies ».

Encyclopédie Universelle. 2012.