1. approprier [ aprɔprije ] v. tr. <conjug. : 7>
• 1209; bas lat. appropriare
1 ♦ Vx Attribuer en propre à qqn.
2 ♦ Didact. Rendre propre, convenable à un usage, à une destination. Approprier son style au sujet, un discours aux circonstances, un traitement à un malade. ⇒ accorder, adapter, conformer. « Appropriez l'éducation de l'homme à l'homme » (Rousseau). Pronom. S'adapter, s'appliquer, convenir à. « avec quelle autorité une suite de sons et d'accords peut s'approprier à l'état de notre âme » (Duhamel).
3 ♦ (1548) Cour. S'APPROPRIER : faire sien; s'attribuer la propriété de (une chose concrète ou abstraite). ⇒ s'attribuer. « La famille s'est approprié cette terre en y plaçant ses morts » (Fustel de Coulanges). ⇒ occuper. Spécialt S'attribuer de manière illicite. S'approprier le bien d'autrui. Ils se sont approprié le dépôt qui leur était confié. ⇒ s'adjuger, s'arroger, s'emparer, empocher, prendre, se saisir, usurper; souffler (cf. Mettre la main sur, faire main basse sur). « Il est un art de s'approprier les pensées d'autrui, de les rendre siennes par la manière dont on les exploite » (La Bruyère). S'approprier une découverte, une invention, s'en attribuer la paternité. S'approprier tout le mérite d'une action.
⊗ CONTR. Opposer. Abandonner, décliner, refuser, rendre.
approprier 2. approprier [ aprɔprije ] v. tr. <conjug. : 7>
• 1803; lat. proprius « propre »
♦ Vx ou région. (Belgique) Nettoyer. Approprier la cour (⇒ rapproprier) .
● approprier verbe transitif (latin médiéval appropriare) Adapter quelque chose à un emploi, à une destination : Approprier un traitement à l'état général du malade. ● approprier (synonymes) verbe transitif (latin médiéval appropriare) Adapter quelque chose à un emploi, à une destination
Synonymes :
- accorder
- adapter
approprier
v.
d1./d v. tr. Rare Rendre propre à une destination. Approprier les lois aux moeurs.
d2./d v. Pron. S'emparer de, s'attribuer. S'approprier les biens, les idées d'autrui.
⇒APPROPRIER, verbe trans.
I.— Emploi trans.
A.— Adapter à un usage déterminé.
1. Vx. [Suivi d'un compl. d'obj. dir. désignant une maison, un intérieur, une chambre ...] Aménager convenablement :
• 1. On a dressé le lit de Valérie, et, pendant qu'on arrangeait son appartement, nous sommes tous passés dans une jolie salle qu'on venait de peindre et d'approprier avec assez d'élégance.
Mme DE KRÜDENER, Valérie, 1803, p. 28.
— En partic. Rendre, tenir propre :
• 2. Genestas était plein d'admiration pour la propreté qui régnait dans l'intérieur de cette maison presque ruinée. En voyant l'étonnement de l'officier, Benassis lui dit : — il n'y a que Mme Vigneau pour savoir approprier ainsi un ménage! Je voudrais que plusieurs gens du bourg vinssent prendre des leçons ici.
BALZAC, Le Médecin de campagne, 1833, p. 111.
2. [Suivi d'un compl. d'obj. dir. et d'un compl. d'obj. second. désignant des choses quelconques] Rendre propre ou apte à une finalité précise :
• 3. ... il est important de tracer de bonnes règles d'hygiène relativement à l'emploi du sommeil, et (...) il est nécessaire de se faire des idées justes de ses effets, soit qu'on le considère comme un restaurant journalier et nécessaire des forces; soit qu'on veuille le ranger parmi les moyens médicaux, et l'approprier au traitement de certaines maladies : ...
CABANIS, Rapports du physique et du moral de l'homme, t. 2, 1808, p. 106.
— [Suivi d'un inf. introd. par à] :
• 4. La pensée exercée est un intrument en même temps qu'un modèle de souplesse. Sa disponibilité radiante l'approprie à percevoir immédiatement les rapports multiples qui naissent d'une impression actuelle; ...
MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 630.
— Rare. [Sans compl. d'obj. second. exprimé] Adapter quelque chose à sa finalité :
• 5. Je me sens trop heureux pour trouver quelque défaut à « ma technique de vie », comme dit G. Kahn. D'ailleurs je l'approprie encore chaque jour.
GIDE, Correspondance [avec P. Valéry], 1894, p. 219.
B.— Vx. [Suivi d'un compl. d'obj. dir. désignant une chose et d'un compl. d'obj. second. désignant une pers. ou son esprit, sa pensée] Attribuer (quelque chose) en propre à :
• 6. ... l'invention consiste à approprier à soi ou à son esprit en vertu de ses facultés naturelles des faits ou des vérités qui existaient avant l'invention, sans quoi elles n'auraient pas pu être découvertes.
MAINE DE BIRAN, Journal, 1818, p. 192.
II.— Emploi pronom.
A.— Vieilli, emploi réfl. [Le pron. réfl. est obj. dir. du verbe, suivi d'un compl. introd. par à] S'approprier à qqc. Devenir propre à, s'adapter à :
• 7. On sait avec quelle facilité notre corps s'approprie aux changements des climats et des températures, pourvu que le passage ne soit pas trop brusque; combien les mêmes degrés continués nous deviennent insensibles; comment la sensation se proportionne toujours au ton actuel de l'organe (en sorte que tel degré nous glace ou nous brûle alternativement); ...
MAINE DE BIRAN, De l'Influence de l'habitude sur la faculté de penser, 1803, p. 57.
— Rare, absol. S'adapter :
• 8. ... il [Bossuet] se renouvelait sans cesse, il s'appropriait sans relâche...
SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, 1851-62, p. 257.
B.— Usuel. [Le pron. réfl. est compl. d'attribut du verbe, suivi d'autre part d'un obj. dir.] S'attribuer quelque chose. Attribuer quelque chose à soi-même, la faire sienne (souvent d'une manière indue).
1. [L'obj. désigne une chose concr.] Synon. s'emparer de qqc., en faire sa propriété :
• 9. ... il n'est sorte de ruses que l'on n'imagine pour dérober et s'approprier la part des autres, et beaucoup se trouvent déshérités.
KARR, Sous les tilleuls, 1832, p. 193.
• 10. ... vouloir savoir pour savoir, ce n'est pas vouloir savoir des vérités, mais vouloir s'approprier des délices ou, si l'objet est sans goût, vouloir s'emparer de quelque chose de plus, augmenter sa richesse.
J. RIVIÈRE, Correspondance [avec Alain-Fournier], 1907, p. 186.
— P. iron. S'approprier une personne :
• 11. Quand les passions sont sans aliment, elles se changent en besoin; le mariage devient alors, pour les gens de la classe moyenne, une idée fixe; car ils n'ont que cette manière de conquérir et de s'approprier une femme. César Birotteau en était là.
BALZAC, César Birotteau, 1837, p. 37.
— Emploi passif. [Le compl. d'attrib. reste implicite] Être approprié, devenir la propriété de quelqu'un :
• 12. Parmi les agens naturels, les uns sont susceptibles d'appropriation, c'est-à-dire de devenir la propriété de ceux qui s'en emparent, comme un champ, un cours d'eau; d'autres ne peuvent s'approprier, et demeurent à l'usage de tous, comme le vent, la mer et les fleuves qui servent de véhicule, l'action physique ou chimique des matières les unes sur les autres, etc.
SAY, Traité d'écon. pol., 1832, p. 75.
2. Au fig. [L'obj. désigne une façon de penser, de sentir, de parler] Synon. s'assimiler :
• 13. Il lisait volontiers : son apathie aimait à confier à d'autres la direction de sa pensée. Et il lisait bien : il était très doué pour saisir et s'approprier une intelligence étrangère; il comprenait vite, s'assimilait, dès les premières pages, la personnalité de l'auteur.
R. MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, p. 84.
• 14. Est-ce de ses avatars antérieurs qu'il [le Japon] a acquis sa singulière aptitude à s'approprier la science européenne, à s'assimiler ce qui lui a paru essentiel dans les civilisations extérieures; ...
VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géogr. humaine, 1921, p. 209.
PRONONC. :[] ou [-ie], j'approprie []. DUB., Pt ROB. et Pt Lar. 1968 (cf. aussi DG) transcrivent la finale de l'inf. avec yod : [-ije]; PASSY 1914 et WARN. 1968 (cf. les dict. hist. de FÉR. 1768 à LITTRÉ) par i : [-ie].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1209 trans. apropriier qqc. à qqn « attribuer qqc. en propre à qqn » (RECLUS DE MOLLIENS, Miserere, XLIII, 10 ds GDF. Compl. : Or set mout bien chil hom et voit Ke il a soi pas ne devoit Apropriier les biens comuns) — 1579 AMYOT, ibid.; a subsisté au part. passé (Encyclop. : Approprié, adj. en terme de droit canonique, se dit, d'une église ou d'un bénéfice, dont le revenu est annexé à quelque dignité ecclésiastique ou communauté religieuse, qui nomme un vicaire pour desservir la cure); 1548 pronom. « s'attribuer » (N. DU FAIL, Eutrap. IX ds GDF. Compl. : Se saisir du total revenu des biens de l'Eglise, non pour se les aproprier et faire siens); 2. a) fin XIIe s. trans. aproprier qqc. « faire bien qqc. » (Renart, XVII, v. 941, éd. Martin, Paris, 1882 à 1887, t. 2, p. 222 : Quant Bernarz ot en sa reson Bien definee s'oroison Et aproprie son chapistre [capitule, petite oraison] Brichemer commenca l'epistre, Que bien l'oïrent touz et toutes); 1538 p. ext. « rendre une chose convenable; l'agencer, l'aménager » (Comptes manoir Rouen, 468 ds IGLF Techn. : et aproprié ung seuil de pierre à l'huis de devant); b) 1283 aproprier qqc. à qqc. « adapter, rendre propre à un usage partic. » (BEAUMANOIR, Coutumes Beauvaisis, éd. Beugnot, 11, 15 ds T.-L. : coses sacrees si sont celes qui sont benoites et aproprïees a fere le service nostre segneur); 1811 technol. approprier un chapeau « mettre en forme le feutre » (MOZIN-BIBER).
Au sens 1, empr. au lat. médiév. appropriare, qui a pris le sens de « attribuer en propre » à l'adj. proprius (apr. 1187 Traditiones Frisingenses, 1565 ds Mittellat. W. s.v., 819, 56); le sens 2 est issu de l'adj. propre « qui convient ».
STAT. — Fréq. abs. littér. :371. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 746, b) 435; XXe s. : a) 473, b) 420.
BBG. — Ac. CAN.-FR. 1968. — BÉL. 1957. — Canada 1930. — DUL. 1968. — Éd. 1913. — GOBLOT 1920. — LAF. 1878. — NOTER-LÉC. 1912. — PIERREH. Suppl. 1926.
1. approprier [apʀɔpʀije] v. tr.
ÉTYM. 1209; du bas lat. appropriare, de proprius « propre ».
❖
1 Vx. Attribuer en propre (à qqn). ⇒ Attribuer.
1 Les apôtres approprient à Jésus-Christ ce qui est dit au psaume huitième.
Calvin, Instit. de la religion chrétienne, 363.
2 (1283). Didact. Rendre (qqch.) propre, convenable (à un usage, à une destination). || Approprier son style au sujet, son discours aux circonstances, les remèdes au tempérament du malade. ⇒ Accommoder, accorder, adapter, conformer, proportionner; → Mettre en accord avec.
2 Il sera difficile d'approprier ce que j'ai à dire au tribunal où je comparais.
Rousseau, Disc. sur les sciences et les arts, 1750.
3 Appropriez l'éducation de l'homme à l'homme, et non pas à ce qui n'est point lui.
Rousseau, Émile, III.
4 Le premier mérite d'un écrivain est d'approprier ses pensées et son style à la matière qu'il aborde.
♦ Sans compl. en à. Adapter (qqch.) à son objet. — Vx ou régional. ⇒ 2. Approprier.
——————
s'approprier v. pron.
1 (1548). Cour. Faire sien; s'attribuer la propriété de qqch. || S'approprier le sol : se mettre en possession du sol, s'en rendre maître, en devenir propriétaire. ⇒ Attribuer (s'), occuper.
5 Ce n'est pas, en effet, un facile problème, à l'origine des sociétés, de savoir si l'individu peut s'approprier le sol et établir un si fort lien entre son être et une part de terre qu'il puisse dire : cette terre est mienne, cette terre est comme une partie de moi.
Fustel de Coulanges, la Cité antique, II, VI, p. 62.
6 La famille s'est approprié cette terre en y plaçant ses morts; elle s'est implantée là pour toujours.
Fustel de Coulanges, la Cité antique, p. 68.
♦ S'approprier le bien d'autrui, la part de qqn. || Ils se sont approprié le dépôt, l'argent qui leur était confié. ⇒ Adjuger (s'), appliquer (s'), attribuer (s'), dérober, emparer (s'), empocher, enlever, escroquer, grignoter, prendre, ravir, saisir (se saisir de), souffler, soustraire, usurper, voler. || S'approprier mal à propos une qualité, un pouvoir. ⇒ Arroger (s'). — Abstrait. || S'approprier les idées, les mérites d'autrui. → Se parer des plumes du paon.
7 (Il y a des femmes qui) courent sans scrupule de mari en mari pour s'approprier leurs dépouilles.
Molière, le Malade imaginaire, II, 6.
8 (…) vous êtes fort plaisante
De vouloir m'enlever un cœur comme le sien,
Et vous approprier si hardiment mon bien.
J.-F. Regnard, les Ménechmes, V, 2.
9 Voler ceux (auteurs) de son siècle, en s'appropriant leurs pensées et leurs productions, c'est tirer la laine au coin des rues, c'est voler les manteaux sur le Pont-Neuf.
10 Il est un art de s'approprier les pensées d'autrui, de les rendre siennes par la manière dont on les exploite.
La Bruyère, les Caractères, I.
11 C'est l'esprit des grands maîtres qu'il faut tenter de dérober et de s'approprier plutôt que leurs expressions et leurs pensées.
12 (…) tous les hommes aiment à s'approprier le bien d'autrui; c'est un sentiment général, la manière seule de le faire en est différente.
A. R. Lesage, Gil Blas, I, 5.
13 Conserver ce qu'on possède (songeait Jacques) et s'approprier à l'occasion ce que possède le voisin ! C'est toute la politique capitaliste (…)
Martin du Gard, les Thibault, VII, 35.
♦ S'assimiler; faire sien (une aptitude, un savoir).
2 Vx. Réfl. (emploi pron. du sens 2.). — Personnes. S'adapter. || L'actrice s'est appropriée à son nouvel auditoire. ⇒ Adapter (s'); portée (se mettre à la). — Choses. S'appliquer, convenir à. || Jamais devise ne s'était mieux appropriée. ⇒ Appliquer (s'), convenir. || Les chants arabes s'approprient aux grandes solitudes. ⇒ Accorder (s'), harmoniser (s').
14 Sans doute, n'avais-je pas, jusque-là, été à même de constater avec quelle autorité une suite de sons et d'accords peut s'approprier à l'état de notre âme et en précipiter les mouvements.
G. Duhamel, Récits des temps de guerre, II, 181.
——————
approprié, ée p. p. adj.
ÉTYM. (1579 en dr. canon).
1 Qui est convenable, propre (à). ⇒ Accordé, adéquat, ad hoc, assorti, conforme, convenable, pertinent. || Une idée appropriée à la situation.
15 L'auteur de l'Astrée, qui n'est pas un grand esprit, a pourtant inventé des lieux et des personnages qui vivent; tant la fiction, quand elle est appropriée à l'âge où elle paraît, a de puissance créatrice !
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 344.
16 (…) une consternante versatilité. (Je cherche, en vain, un mot mieux approprié à cette inattention et à ce défaut de logique.)
Gide, Journal, 8 juil. 1914.
♦ Absolt. || Nous recherchons la solution appropriée. || Les méthodes appropriées.
2 Didact. Qui est devenu la propriété de qqn. || Les patrimoines appropriés.
❖
CONTR. Désapproprier; disconvenir. — (Du p. p.) Impropre.
DÉR. Appropriable, appropriage. — V. 1. Appropriation.
————————
2. approprier [apʀɔpʀije] v. tr.
ÉTYM. 1803; spécialisation de 1. approprier, 2.; du lat. proprius « propre ».
❖
♦ Vx ou régional (notamment Belgique). Nettoyer. || Approprier ses vêtements, approprier la cour. ⇒ Rapproprier.
0 Genestas était plein d'admiration pour la propreté qui régnait dans l'intérieur de cette maison presque ruinée. En voyant l'étonnement de l'officier, Benassis lui dit : — Il n'y a que Madame Vigneau pour savoir approprier ainsi un ménage.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 406.
❖
DÉR. (Du lat. proprius) 2. Appropriation.
Encyclopédie Universelle. 2012.