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assumer

assumer [ asyme ] v. tr. <conjug. : 1>
XVe; lat. assumere
1Prendre à son compte; se charger de. Assumer une fonction, un emploi, un rôle, une tâche. Assumer une responsabilité. endosser, 1. supporter. Dostoïevski « ne se détourne pas de ses douleurs, mais les assume dans leur plénitude » (A. Gide). (Sujet chose) Charges assumées par la collectivité.
2(XXe) Accepter consciemment (une situation, un état psychique et leurs conséquences). Assumer pleinement sa condition. Absolt J'assume. « Une propension naturelle à assumer toujours » (A. Gide). Pronom. S'accepter, se prendre en charge. « Nous ne sommes nous qu'aux yeux des autres, et c'est à partir du regard des autres que nous nous assumons comme nous » (Sartre).
⊗ CONTR. Décharger (se). Refuser, rejeter.

assumer verbe transitif (latin assumere, prendre sur soi) Prendre en charge une activité, une responsabilité : Assumer une fonction. Se considérer comme solidaire d'un état, d'une situation, d'un acte et en accepter les conséquences : Assumer pleinement ses origines bourgeoises.assumer (difficultés) verbe transitif (latin assumere, prendre sur soi) Orthographe Avec un seul m (à la différence de assommer). ● assumer (synonymes) verbe transitif (latin assumere, prendre sur soi) Prendre en charge une activité, une responsabilité
Synonymes :
- endosser
Contraires :
- refuser
- se décharger de
Se considérer comme solidaire d'un état, d'une situation, d'un acte...
Synonymes :
- accepter
Contraires :
- rejeter
- repousser

assumer
v. tr. Prendre sur soi la charge de. Assumer une fonction, une responsabilité. Assumer sa condition, l'envisager lucidement et supporter avec résolution les obligations qui en résultent.
|| v. Pron. Accepter, prendre en charge sa condition (psychique, sociale, morale, etc.).

⇒ASSUMER, verbe trans.
I.— Prendre sur soi, à son compte, avec toutes les implications de ce qu'on assume.
A.— [Le suj. désigne une pers. physique ou morale]
1. [L'obj. désigne un inanimé abstr.]
a) [L'obj. désigne une activité du suj.] Assumer une tâche, un risque :
1. C'est la nation qui se constitue de plus en plus dans son unité et dans sa souveraineté et qui est obligée d'assumer de plus en plus des fonctions économiques, prélude grossier de la propriété sociale.
JAURÈS, Ét. socialistes, 1901, p. 147.
Vieilli. Assumer qqc. sur soi, sur sa tête :
2. « J'ai appris, Monsieur, dit-il, que vous étiez l'auteur des paroles que mes élèves doivent chanter, et je vous en fais mes sincères compliments; mais, Monsieur, je n'oserai assumer sur ma tête l'autorisation de permettre à mes élèves de jouer le rôle de buveurs; ... »
CHAMPFLEURY, Les Souffrances du professeur Delteil, 1855, p. 200.
SYNT. Assumer une charge, une fonction, une initiative, un rôle; assumer le salut du peuple.
Région. (Canada). Assumer une obligation hypothécaire. ,,Se charger du paiement de la dette`` (Canada 1930).
b) [L'obj. désigne un acte moral dont on se juge responsable] Assumer une forfaiture.
SYNT. Assumer un méfait, les contradictions, un remords, l'odieux d'un acte.
Domaine relig. Assumer les péchés du monde. S'engager à les expier :
3. Elle ne fut vraiment l'amante magnifique qu'avec l'Homme-dieu. Sa capacité de souffrance dépassait ce qu'elle avait connu. Elle rampa vers lui, en cette nuit effrayante où, seul, abandonné dans une grotte, il assumait les péchés du monde, et elle s'exhaussa, dès qu'elle l'eut enlacé et devint grandiose.
HUYSMANS, L'Oblat, t. 2, 1903, p. 157.
Loc. (commune aux sens 1 a, b). Assumer la responsabilité de qqc. (tâche ou acte moral) :
4. ... sa peinture est assez osée pour bien porter les affronts, et elle promet un homme qui sait assumer la responsabilité de ses œuvres; il n'a donc qu'à faire un nouveau tableau.
BAUDELAIRE, Salon, 1845, p. 18.
c) [L'obj. désigne une valeur dont on revendique l'héritage] Assumer l'héritage de Rome, la force de l'Église.
En partic., dans la philos. contemp. [L'obj. désigne une situation] Consentir lucidement à ce que l'on est du point de vue psychique, moral, social, etc.; accepter les données d'une situation de fait. Assumer son caractère, sa part de la fatalité, sa condition :
5. C'est bien moi qui ai l'expérience du paysage, mais j'ai conscience dans cette expérience d'assumer une situation de fait, de rassembler un sens épars dans les phénomènes et de dire ce qu'ils veulent dire d'eux-mêmes.
MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception, 1945, p. 305.
2. [L'obj. désigne une pers.]
a) [Une pers. morale] Prendre sur soi les valeurs qu'elle représente :
6. Devant le vide effrayant du renoncement général, ma mission m'apparut, d'un seul coup, claire et terrible. En ce moment, le pire de son histoire, c'était à moi d'assumer la France.
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, p. 74.
b) [Une pers. physique] Emploi pronom. S'assumer. Se prendre en charge :
7. La méthode réflexive nous montre qu'il n'y a rien d'humain, dans l'individu ou la société, sans un retour sur soi pour s'assumer en quelque sorte et se prendre en charge : sans attention et réflexion l'homme est comme en dehors de lui, il n'est pas présent à ce qu'il pense, il n'est pas présent à ce qu'il fait, il n'est même pas présent à ce qu'il est.
J. LACROIX, Marxisme, existentialisme, personnalisme, 1949, p. 93.
Rem. ,,Les existentialistes ont fait un emploi fréquent de ce mot puisqu'il faut, à leurs yeux, assumer un choix dans une existence sans nécessité et, en un sens, toute « condamnée à la liberté »`` (MIQ. 1967).
B.— P. méton. [Le suj. désigne un inanimé lié à la pers. hum.]
1. [Un organe, un sens] :
8. La vue assume en quelque sorte la fonction de la simultanéité, c'est-à-dire de l'unité telle quelle.
VALÉRY, Variété 1, 1924, p. 142.
2. [Une organ., une collectivité publique] :
9. ... sans revenir sur le fait de la séparation, en prenant les choses au point où elles sont, je ne vois aucune impossibilité à ce que l'établissement communal qui recevra la fondation puisse en assumer les charges.
BARRÈS, Mes cahiers, t. 6, 1907-08, p. 106.
3. [Un sentiment, une idée, une action] :
10. L'action la plus modeste assume des risques, et la nature psychologique du risque, c'est d'être une improbabilité beaucoup plus qu'une probabilité.
MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 426.
11. Si j'éprouve dans Bach, non seulement la musique, mais la musique comme un microcosme, un fragment du monde, une sphère intérieure et aussi bien extérieure à l'homme, c'est parce que la construction de Bach assume tant de contradictions et de contreparties, des tensions internes si flagrantes en même temps qu'une telle sérénité dans la lutte, que je puis m'y reposer et m'y réconforter tout ensemble, ...
P. SCHAEFFER, À la recherche d'une mus. concr., 1952, p. 165.
II.— PHILOS. ,,Prendre ou accepter, mais sans le faire sien, c'est-à-dire se donner ou recevoir à titre d'hypothèse comme base d'une recherche d'un raisonnement`` (FOULQ.-ST-JEAN 1962) :
12. Ce qui empêche l'enfant de raisonner sur une donnée qu'il n'admet pas et qu'on lui demande d'« assumer » simplement, c'est (...) qu'il ignore l'art d'entrer dans le point de vue des autres. Il n'y a pour lui qu'un seul point de vue compréhensible : le sien.
J. PIAGET, J. de psychol., XXI (1924), 97 (FOULQ.-ST-JEAN 1962).
PRONONC. :[asyme], j'assume []. BARBEAU-RODHE 1930 donne également la possibilité d'une prononc. avec [ss] géminées : as/s/-.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. XVe s. « prendre, recevoir » (Nef. de santé, f° 41 v° ds GDF. Compl. : Que le vin prins et assumé modereement, n'y a de viande ne bruvaige si bon) — fin XVe s. (J. MOLINET, Chron., ch. XLV, ibid.); 2. a) 1452-58 relig. « prendre, se charger de » (A. GREBAN, Passion, 3231 ds GDF. Compl. : Et sur ce point Nous baillons nostre appointement : Que le filz de Dieu proprement Assumera sa creature); 1530 gén. « id. » (PALSGR., p. 439 : mays pour assumer une si grant charge sur toy, je nay pas ton faict aduoué); b) 1924 « supposer » (supra ex. 12).
Empr. au lat. assumere attesté au sens 1 (LUCRÈCE, 4, 1091 ds OLD, p. 190); au sens 2 a (CICÉRON, Planc., 3, ibid., 190), dans l'emploi relig. en lat. chrét. (PRUDENCE, Apoth., 779 ds TLL s.v., 933, 56) et au sens 2 b (CICÉRON, Inv., I, 59 ds OLD, p. 191); rem. : ce dernier sens est peut-être empr. à l'angl. où il est attesté dep. 1598 (BARCKLEY, Felic. Man., 680 ds NED t. 1).
STAT. — Fréq. abs. littér. :574. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 68, b) 54; XXe s. : a) 613, b) 1 981.
BBG. — BÉL. 1957. — Canada 1930. — DUL. 1968. — Foi t. 1 1968. — FOULQ.-ST-JEAN 1962. — MIQ. 1967. — Mots (les) qui surprennent. Vie Lang. 1963, p. 263. — PLOWERT 1968 [1888].

assumer [asyme] v. tr.
ÉTYM. XVe « prendre, recevoir » (concret); mil. XVe en relig. (Dieu assume sa créature, « s'en charge »); lat. assumere « prendre pour soi ».
1 Prendre sur soi, à son compte, se charger de. Charger (se), prendre; assomption, 2. || Assumer une charge, un emploi, un rôle, une tâche. || Assumer une responsabilité, un risque. Accepter, endosser, supporter. || Assumer une initiative. || Assumer la responsabilité d'un acte. Prendre.
Spécialt (le compl. désigne un acte répréhensible, ses conséquences). || Assumer un délit, une faute…, s'en reconnaître coupable.
1 (…) une victime avait été immolée pour assumer les mauvaises chances qui eussent pu troubler le repos du mort.
Th. Gautier, le Roman de la momie, Prologue.
2 Il craignait d'aliéner une part trop grande de sa liberté en assumant une tâche considérable et absorbante.
Henri Lichtenberger, Richard Wagner, p. 26.
3 Je me suis reconnu le droit d'en assumer (du rôle de père) toutes les responsabilités, avec tous les devoirs.
Paul Bourget, Un divorce, II.
4 (…) il fallut faire vite, et donc assumer tout ce qu'emporte de risques, d'imprudences et d'impuretés, la précipitation dans le travail.
Valéry, l'Idée fixe, p. 9.
5 Il ne se détourne pas de ses douleurs, mais les assume dans leur plénitude.
Gide, Dostoïevsky, p. 24.
6 Ils ne voulaient à aucun prix accepter une responsabilité de cette sorte. L'idée qu'il se trouvait quelqu'un pour assumer joyeusement cette responsabilité aurait dû les soulager.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, X, 6.
7 Si P. M. F. n'avait rien voulu entendre, s'il avait renversé le gouvernement, quel traître il eût été ! La ruine des finances, la perte de l'Algérie, il eût tout assumé. Il l'assumera d'ailleurs quoi qu'il arrive.
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 314.
8 Mais je vous ferai remarquer que je n'ai nullement l'ambition de délivrer des messages. J'assume, à ma façon, les devoirs de la conscience humaine.
Pierre Gascar, les Bêtes, p. 189.
Absolt. || J'assume : j'accepte la responsabilité.
9 (…) avec une sorte de miséricorde enflammée, par pitié, par tendresse, besoin de dévouement et par une propension naturelle à assumer toujours et ne se dérober devant rien, il épouse la veuve du forçat Issaiev, mère déjà d'un grand enfant fainéant ou impropre qui restera dès lors à sa charge.
Gide, Dostoïevsky, p. 25.
Rare (sens concret, étymologique).
10 Nous n'avions pu obtenir que quarante porteurs, de sorte que quelques charges, portées par deux jusqu'alors, devaient être assumées par un seul.
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 760.
(Sujet n. de chose : organe, sens, collectivité, action, sentiment…). || Le groupe, la société assumera ces charges, ces responsabilités. || L'action assume des risques. || L'intelligence assume telle fonction.
2 Psychol. Accepter consciemment (une situation, un état psychique, ses conséquences) au lieu de les vivre sans lucidité, passivement. || Assumer son caractère. || Assumer pleinement la condition d'ouvrier. || Assumer une situation difficile.
Par ext. Accepter de prendre à son compte (un système de valeurs, un symbole…). || Assumer une culture, la France.
3 (1924; angl. to assume). Anglic. Log. Supposer; prendre, recevoir à titre d'hypothèse. Assomption, 3.
——————
s'assumer v. pron.
(sens 2). Se prendre en charge, s'accepter consciemment.
11 Nous ne sommes nous qu'aux yeux des autres, et c'est à partir du regard des autres que nous nous assumons comme nous.
Sartre, l'Être et le Néant, p. 494.
12 (…) semblable à ces pédérastes qui s'assument en s'affichant.
R. Barthes, Mythologies, p. 181.
13 Et pourquoi après tout ai-je si souvent honte de ce que je suis, imbécile que je suis ? J'en avais marre soudain de tenter de faire miteux pour être à l'unisson avec les chaussures ridées ou les idées « gauche » d'Hascoët. Allez hop, assumons-nous.
Benoîte et Flora Groult, Il était deux fois, p. 46.
REM. Assumer au sens 2 et s'assumer sont à la mode depuis les années 60.
CONTR. Décharger (se). — Refuser, rejeter, repousser.

Encyclopédie Universelle. 2012.