attirail [ atiraj ] n. m.
1 ♦ Vx Ensemble d'objets nécessaires pour un usage. ⇒ équipage, équipement. Des attirails. Attirail de guerre. Napoléon « se dégagea de l'immense attirail qu'il entraînait après lui » (Ségur).
2 ♦ (XVIIIe) Mod., fam. Équipement compliqué, encombrant ou ridicule. Fourrer tout son attirail dans une malle. ⇒ bastringue, bataclan, bazar. L'attirail du campeur, du photographe. ⇒ barda, fourbi, fourniment. « Ces filles du néon vivaient avec ce qu'elles portaient sur elles, un attirail futile et encombrant » ( Blondin).
♢ Fig. L'attirail du romantisme.
● attirail nom masculin (ancien français atirier, équiper, de tire, ordre) Ensemble d'objets divers et encombrants, destinés en principe à un usage précis : Un attirail de photographe. ● attirail (synonymes) nom masculin (ancien français atirier, équiper, de tire, ordre) Ensemble d'objets divers et encombrants, destinés en principe à un...
Synonymes :
- équipement
attirail, ails
n. m. équipement compliqué. Attirail d'un pêcheur à la ligne.
— Bagage encombrant ou inutile.
⇒ATTIRAIL, subst. masc.
Ensemble d'objets disparates, usuels, nécessaires à tel ou tel usage :
• 1. ... de chaque côté de la rue on voyait étalé l'attirail ordinaire des commerçants ambulants; quelques miroirs tout neufs, de vieux livres de messe, les plus sales objets de la vie commune, quelques tableaux sans cadres; ...
JANIN, L'Âne mort et la femme guillotinée, 1829, p. 47.
• 2. Dans la matinée il y eut un passage presque ininterrompu de population civile évacuée vers l'intérieur, avec tout l'arroi et l'attirail désolants qui constituaient le rite de pareils cortèges : ...
ROMAINS, Les Hommes de bonne Volonté, Verdun, 1938, p. 108.
• 3. Rien de moins commun que l'attirail du magicien, tel que le représentent les gravures de Dürer ou que le décrit le monologue de Faust.
J. VUILLEMIN, Essai sur la signif. de la mort, 1949, p. 223.
SYNT. Attirail de guerre, de pêche, de toilette; attirail du peintre, du soldat.
Rem. 1. Rare au plur. 2. Tend à prendre une coloration péj. et fam. (cf. ex. 2).
— P. ext., fam., péj. Bagage hétéroclite et encombrant qu'on déplace avec soi, souvent inutilement :
• 4. Une femme de chambre apportait des coffres, des cartons, fermait des malles, et déposait à la hâte cet effrayant attirail sans lequel les femmes ne consentent jamais à se mettre en voyage.
NERVAL, Le Marquis de Fayolle, 1855, p. 15.
• 5. Ah! Il était harnaché! ... Il en avait lourd sur les os... Tout un attirail de trouffion, un paquetage complet... Avec deux musettes! Deux bidons! Trois gamelles! Et par-dessus un cor de chasse...
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 665.
— P. métaph., péj. Ensemble d'éléments composites d'une idée, d'un art, d'une attitude qu'on étale inutilement :
• 6. Le romantisme banal, qui allait s'épandre et se vulgariser jusqu'à bercer de sa musiquette le sentimentalisme facile de la bourgeoisie allemande, emprunta son attirail poétique à Heine et, à travers lui, au plus gracieux des grands lyriques romantiques : à Eichendorff.
BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve, 1939, p. 313.
PRONONC. :[]. Cf. suff. -ail et -aille.
ÉTYMOL. ET HIST. — XVe s. atirail « ensemble d'objets nécessaires pour un certain usage (spécialement la guerre) » (Le franc archer de Baignolet, à la suite des poésies de Villon, Bibl. elz. d'apr. Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 2, p. 266 : Craon, Cures, l'Aigle et le Bressoire, Accourent pour veoir l'histoire; La Rochefouquault, l'Amiral, Aussi Beuil et son atirail); 1669 p. ext. fam. et péj. « ensemble disparate d'objets qu'on emporte avec soi » (LA FONTAINE, Psyché, I ds Dict. hist. Ac. fr., p. 348 : Elle commença par le point le plus important, c'est-à-dire par les habits et par l'attirail que le sexe traîne après lui).
Dér. du verbe a. fr. atir(i)er « accommoder, arranger » (ca 1130, Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 1324 var. ds T.-L. : Cil crestïen m'ont trop mal atirié; 1172-75, CHR. DE TROYES, Chevalier au lion, éd. W. Foerster, 2363, ibid. : Sor son chief une garlandesche Tote de rubiz atiriee; av. 1188, Partenopeus de Blois, éd. Crapelet, 7602, ibid. : Partonopeus s'ocit Del jor del tornoi desirer Et de ses armes atirer), lui-même dér. du subst. a. fr. tire « ordre, rang » (1170-71 a tire « sans interruption, sur le champ », CHREST., Clig., 5826, éd. Foerster ds GDF.), lui-même empr. à l'a.b.frq. « position suivant un ordre établi » corresp. à l'a.h.all. ziari, m.h.all. ziere, all. mod. Zier « ornement, parure », norv. tir « éclat » anc. nord. tirr « éclat, gloire, honneur ».
L'hyp. qui rapproche attirail de attirer, tirer (DAUZAT 1968) n'est pas acceptable. [La date ca 1100 avec réf. aux Romanische Studien, t. 1, p. 176, proposée pour le judéo-fr. teire par FEW, t. 17, p. 325a est inexacte, l'étude en question étant une éd. du ms. 135 (devenu 1466 n° 4) de la Bodleian library d'Oxford, 2e moitié du XIIIe s.; l'a. fr. tire est donc bien ant., supra].
STAT. — Fréq. abs. littér. :144.
BBG. — Forest. 1946. — HENRY (A.). A. fr. atirer. Romania. 1958, t. 79, p. 507. — LEW. 1960, p. 159. — POPE 1961 [1952], § 814.
attirail [atiʀaj] n. m.
ÉTYM. 1669; atirail, XVe; de l'anc. franç. atir(i)er « accommoder, arranger ».
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1 Ensemble d'objets divers nécessaires pour tel ou tel usage. ⇒ Appareil, assortiment, équipage, équipement. || Attirail de guerre. ⇒ Armement, bagage. || Attirail de soldat. ⇒ Équipement, fourniment, harnachement; fam. barda, fourbi.
1 La vaisselle d'argent, les cuvettes, les brocs,
Les magasins de malvoisie,
Les esclaves de bouche, et, pour dire en deux mots,
L'attirail de la goinfrerie.
La Fontaine, Fables, II, 20.
2 L'éléphant devait sur son dos
Porter l'attirail nécessaire (…)
La Fontaine, Fables, V, 19.
3 Je ne sais où tu as été déterrer cet attirail ridicule.
Molière, Dom Juan, III, 1.
4 Tu te trompes, Philémon, si avec ce carrosse brillant, ce grand nombre de coquins qui te suivent et ces six bêtes qui te traînent, tu penses que l'on t'en estime davantage : l'on écarte tout cet attirail qui t'est étranger, pour pénétrer jusques à toi, qui n'es qu'un fat.
La Bruyère, les Caractères, II, 27.
5 Napoléon se dégagea en silence de l'immense attirail qu'il entraînait après lui, et s'avança sur la vieille route de Kalougha.
Ph.-P. Ségur, Hist. de Napoléon, IX, 1.
5.1 Le grand attirail de soldat en campagne paraît cependant indiquer, plutôt, qu'il s'agit vraiment du début de la guerre, car un fantassin en permission ne vient pas chez lui dans un accoutrement si peu commode, en temps normal.
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 67-68.
REM. Rare au plur. Des attirails encombrants.
2 (1669). Fam., péj. Grande quantité de choses inutiles, bagage superflu que l'on traîne après soi. Équipement compliqué, encombrant ou ridicule. || Fourrer tout son attirail dans une malle. ⇒ Bataclan, bazar (fam.). || L'attirail du campeur, du photographe. ⇒ Barda, fourbi (fam.), fourniment.
6 Elle ôta tout l'attirail dont on se défait.
Antoine Hamilton, Mémoires du comte de Gramont, 4.
7 Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur.
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Les bijoux ».
7.1 Ces filles du néon vivaient avec ce qu'elles portaient sur elles, un attirail futile et encombrant qu'elles déposaient dans l'arrière-salle d'un bistrot tolérant pour dormir, ou sur la banquette d'une voiture de course pour tourner en rond, l'espace d'un caprice.
A. Blondin, Monsieur Jadis, p. 33.
♦ Fig., vieilli. || L'attirail de la mort. || Un attirail lugubre.
8 À son réveil il trouve
L'attirail de la mort à l'entour de son corps,
Un luminaire, un drap des morts (…)
La Fontaine, Fables, III, 7.
9 À quoi servent les cérémonies et tout l'attirail lugubre qu'on fait paraître à un mourant dans ses derniers moments, qu'à lui exagérer la perte qu'il va faire ?
Montesquieu, Lettres persanes, 40.
3 Vx. || Un attirail de gens. ⇒ Assemblage, ramassis.
10 Cet attirail de gens que vous faites venir.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 3.
4 Fig. Ensemble d'éléments qui accompagnent inutilement une idée, une attitude.
11 Le romantisme banal, qui allait s'épandre et se vulgariser jusqu'à bercer de sa musiquette le sentimentalisme facile de la bourgeoisie allemande, emprunta son attirail poétique à Heine et, à travers lui, au plus gracieux des grands lyriques romantiques : à Eichendorff.
Béguin, l'Âme romantique et le Rêve, 1939, p. 313, in T. L. F.
Encyclopédie Universelle. 2012.