1. aune [ on ] n. f.
• alne 1080; frq. °alina « avant-bras »
♦ Ancienne mesure de longueur (1,18 m, puis 1,20 m) supprimée en 1840. Longueur d'une aune ( n. f. AUNÉE ). Mesurer à l'aune ( v. tr. <conjug. : 1> AUNER ). — Loc. Long, large d'une aune : très long, très large. « Tirant une langue d'une aune » (France). Littér. Mesurer les autres à son aune : juger des autres d'après soi-même.
⊗ HOM. Aulne.
⇒AUNER, verbe trans.
A.— Mesurer à l'aide d'une aune; p. ext. mesurer avec une unité quelconque de longueur. Auner de la soie :
• 1. Laure n'aimait pas Gaspard, mais c'était là le dernier des soucis de Laure. Il n'était jamais entré dans son esprit qu'elle dût aimer son mari. Ce qui la chagrinait, c'est que Gaspard n'était que vicomte; elle eût voulu tout au moins un marquis. Le titre de vicomtesse n'était pourtant pas à dédaigner, quand on s'appelait Mademoiselle Levrault, et qu'on se souvenait d'avoir vu son père auner du drap rue des Bourdonnais.
SANDEAU, Sacs et parchemins, 1851, p. 12.
— P. plaisant., vx. Auner l'habit de qqn. Lui donner des coups de bâton.
Rem. Attesté ds LITTRÉ, GUÉRIN 1892, Nouv. Lar. ill., DG.
B.— Au fig. [Le compl. désigne des pers. ou des notions morales] Juger, apprécier :
• 2. Dans la vie pesée à son poids léger, aunée à sa courte mesure, dégagée de toute piperie, il n'est que deux choses vraies : la religion avec l'intelligence, l'amour avec la jeunesse, ...
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 160.
• 3. Un Van Cassel, nous aunant à sa mesure, nous reprochait, aux applaudissements d'Esterhazy, de nous cacher derrière l'armée.
CLEMENCEAU, L'Iniquité, 1899, p. 303.
PRONONC. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[one], j'aune []. 2. Homon. : aunai(en)t (il, ils), aunai(s) (je, tu), au(l)naie.
ÉTYMOL. ET HIST. — Ca 1180 « mesurer à l'aune » (Renart, éd. M. Roques, branche I, vers 2298 : Si estoit alez querre une aune Dont il voloit un drap auner); 1833 p. ext. « mesurer », (SCRIBE, Bertrand et Raton, acte II, scène II, p. 149).
Dénominatif de aune1; dés. -er.
STAT. — Fréq. abs. littér. :11.
BBG. — DUPIN-LAB. 1846.
auner [one] v. tr.
ÉTYM. V. 1180; de aune.
❖
♦ Anciennt. Mesurer avec une aune. || Auner une pièce de drap.
1 (…) les plaisanteries de son interlocuteur et l'expression ignoble de ses petits yeux qui disparaissent dans son rire niais sont en harmonie avec les gestes d'un commis habitué à auner de l'étoffe.
E. Delacroix, Journal, 17 août 1854, t. II, p. 414.
2 Je devins très vite habile à auner le gros drap d'Écosse, la douce toile de Preston, le taffetas, le satin, la gaze et le tapissendis venu de France.
Jean Ray, les Derniers Contes de Canterbury, p. 88.
♦ ☑ Loc. fig. Auner les choses, les gens à sa mesure, les juger d'après son optique particulière.
3 Il (le voyageur de commerce) a son mètre particulier pour tout auner à sa mesure; enfin son regard glisse sur les objets et ne les traverse pas.
Balzac, l'Illustre Gaudissart, Pl., t. IV, p. 11.
❖
DÉR. Auneur.
HOM. 1. et 2. Aunée.
Encyclopédie Universelle. 2012.