automne [ ɔtɔn; otɔn ] n. m.
• autonne XIII e; lat. autumnus
1 ♦ Saison qui succède à l'été et précède l'hiver, caractérisée par le déclin des jours, la chute des feuilles (dans le climat de la zone tempérée nord : 22/23 septembre-21 décembre). Un bel automne. Équinoxe d'automne. Les jours déclinent en automne. Brumes d'automne. Feuilles d'automne. La fin de l'automne et le commencement de l'hiver. ⇒ arrière-saison. L'automne, saison des labours, des semailles, des vendanges. « Une rose d'automne est plus qu'une autre exquise » (Aubigné). « Pas même un saule vert qui s'effeuille à l'automne » (Hugo). « C'est l'automne, la saison où, sous un soleil refroidi, chacun recueille ce qu'il a semé » ( Barrès).
⊗ CONTR. Printemps; jeunesse.
● automne nom masculin (latin autumnus) Saison qui succède à l'été et précède l'hiver, et qui, dans l'hémisphère boréal, commence le 22 ou le 23 septembre pour finir le 21 ou le 22 décembre Littéraire. Maturité allant sur son déclin. ● automne (citations) nom masculin (latin autumnus) Guillaume Apollinaire de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire Rome 1880-Paris 1918 J'ai cueilli ce brin de bruyère L'automne est morte souviens-t'en Nous ne nous verrons plus sur terre Odeur du temps brin de bruyère Et souviens-toi que je t'attends. Alcools, l'Adieu Gallimard Guillaume Apollinaire de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire Rome 1880-Paris 1918 Mon Automne éternelle ô ma saison mentale Les mains des amantes d'antan jonchent ton sol Une épouse me suit c'est mon ombre fatale Les colombes ce soir prennent leur dernier vol. Alcools, Signe Gallimard Guillaume Apollinaire de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire Rome 1880-Paris 1918 Le pré est vénéneux mais joli en automne Les vaches y paissant Lentement s'empoisonnent Le colchique couleur de cerne et de lilas Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-là Violâtres comme leur cerne et comme cet automne Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne. Alcools, les Colchiques Gallimard Théodore Agrippa d'Aubigné près de Pons, Saintonge, 1552-Genève 1630 J'aime à voir de beautés la branche déchargée À fouler le feuillage étendu par l'effort D'Automne, sans espoir leur couleur orangée Me donne pour plaisir l'image de la mort. Stances Théodore Agrippa d'Aubigné près de Pons, Saintonge, 1552-Genève 1630 Une rose d'automne est plus qu'une autre exquise. Les Tragiques abbé Jacques Delille Clermont-Ferrand 1738-Paris 1813 Académie française, 1774 L'été remplit sa grange, affaisse ses greniers ; L'automne d'un doux poids fait gémir ses paniers ; Et les derniers soleils, sur les côtes vineuses, Achèvent de mûrir les grappes paresseuses. Traduction des Géorgiques Joseph Delteil Villar-en-Val, Aude, 1894-Grabels, Hérault, 1978 […] ce magique septembre entre fruit et cadavre […]. François d'Assise Grasset Alphonse de Prât de Lamartine Mâcon 1790-Paris 1869 Salut, bois couronnés d'un reste de verdure ! Feuillages jaunissants sur les gazons épars ! Salut, derniers beaux jours ! […]. Premières Méditations poétiques, l'Automne Charles Hubert Millevoye Abbeville 1782-Paris 1816 De la dépouille de nos bois L'automne avait jonché la terre. Élégies, la Chute des feuilles Francis Ponge Montpellier 1899-Le Bar-sur-Loup 1988 Tout l'automne à la fin n'est plus qu'une tisane froide. Tome premier, le Parti pris des choses Gallimard Paul Verlaine Metz 1844-Paris 1896 Les sanglots longs Des violons De l'automne Blessent mon cœur D'une langueur Monotone. Poèmes saturniens, Chanson d'automne Messein Paul Verlaine Metz 1844-Paris 1896 Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? L'automne Faisait voler la grive à travers l'air atone […]. Poèmes saturniens, Nevermore Messein ● automne (difficultés) nom masculin (latin autumnus) Prononciation [&ph99;&ph104;ɔ&ph98;], comme pour rimer avec tonne, sans faire entendre le m. Registre Le sens figuré (« déclin de la vie ») est littéraire : « Mais le veuvage avait été pour lui un automne précoce »(G. Rodenbach). ● automne (synonymes) nom masculin (latin autumnus) Saison qui succède à l'été et précède l'hiver, et qui...
Synonymes :
- arrière-saison
automne
n. m. Saison qui, dans les zones tempérées, succède à l'été et précède l'hiver, et se situe entre l'équinoxe (21, 22 ou 23 septembre) et le solstice (21 ou 22 décembre), dans l'hémisphère Nord.
|| Fig. L'automne de la vie: l'âge qui précède la vieillesse.
⇒AUTOMNE, subst. masc.
A.— Saison de l'année située entre l'été et l'hiver :
• 1. On était alors au commencement de décembre, il n'y avait point encore de neige; mais l'automne, saison de décadence, touchait elle-même à sa fin, et faisait place à l'hiver.
Mme DE STAËL, Corinne, t. 3, 1807, p. 353.
• 2. Après l'été pluvieux, l'automne rayonnait. Dans les vergers, les fruits pullulaient sur les branches. Les pommes rouges brillaient comme des billes d'ivoire. Quelques arbres déjà revêtaient hâtivement leur plumage éclatant de l'arrière-saison : ...
R. ROLLAND, Jean-Christophe, L'Adolescent, 1905, p. 319.
• 3. Le lendemain, les deux pêcheurs se reposaient, car c'était jour de dimanche. Un grand silence enveloppait les campagnes, le silence d'automne, avant-coureur du sommeil hivernal.
MOSELLY, Terres lorraines, 1907, p. 19.
— P. compar., littér. :
• 4. Je n'étais pourtant pas encore pris d'amour, mon aimable ami, — non, je ne l'étais pas. Dans ces bosquets où, un livre à la main, comme prétexte de solitude en cas de rencontre, je m'enfonçais avant le soir; en mes après-dînées silencieuses, durant cet automne de la journée, où les ardeurs éblouissantes du ciel s'étalent en une claire lumière, si largement réfléchie, et où la voix secrète du cœur est en nous la plus distincte, dégagée de la pesanteur de midi et des innombrables désirs du matin; ...
SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 1, 1834, p. 60.
Rem. Au XIXe s. hésitation sur le genre (cf. ex. 1); le mot est donné comme masc. et fém. par Ac. 1798-1878 BESCH. 1845, LITTRÉ, DG; masc. par les dict. Lar. (dès Lar. 19e) et, d'une façon générale, les dict. du XXe s. (y compris Ac. 1932, hormis QUILLET). Les grammairiens (cf. GIR. t. 1 1834) ont voulu établir une distinction de genre selon que l'adj. suit immédiatement ou qu'il précède le mot automne (un bel automne, une automne délicieuse). Condamnée par les lexicographes (cf. BESCH. 1845, LITTRÉ, etc.), elle est restée sans lendemain.
SYNT. L'automne et l'hiver; le printemps et l'automne; brumes, ciel, feuille, fleurs, jour, labours, matin, odeur, pluie, semailles, soir, soleil, vent d'automne.
— ICONOLOGIE. Représentation de cette saison :
• 5. ... une énorme chaise-à-porteurs-vitrine, pesante et belle, aux flancs de laquelle croule un automne doré et sculpté en plein bois, pommes, raisins et poires...
COLETTE, Claudine en ménage, 1902, p. 212.
B.— Au fig., littér.
1. [En parlant de l'âge de l'homme]
a) Cette saison, en tant que durée vécue par une personne :
• 6. ... aujourd'hui, je suis un vieillard au cœur trop lent, et je regarde le dernier automne de ma vie endormir la vigne, l'engourdir de fumées et de rayons.
MAURIAC, Le Nœud de vipères, 1932, p. 269.
— P. ext. [En parlant d'une personne âgée] Synon. de année (cf. printemps) :
• 7. Maryelle compte aujourd'hui vingt-cinq automnes; elle n'est qu'un peu pâlie, toujours svelte, excitante, ...
VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Contes cruels, Maryelle, 1883, p. 332.
b) Symbole de la maturité allant sur le déclin. L'automne de la vie; être dans son automne :
• 8. La vieillesse n'ôte à l'homme d'esprit que des qualités inutiles à la sagesse. Il semble que, pour certaines productions de l'esprit, l'hiver du corps soit l'automne de l'âme.
J. JOUBERT, Pensées, t. 1, 1824, p. 219.
• 9. Cette belle saison, dans sa maturité, me fait faire un retour sur moi-même. Quoique jeune encore, je penche vers mon automne ...
MICHELET, Journal, oct. 1839, p. 324.
• 10. ... le malheureux père se jeta sur un divan... pleurant de ces larmes rares, maigres, qui roulent entre les paupières des gens de cinquante-six ans, sans en sortir... une des dernières rosées de l'automne humain.
BALZAC, Modeste Mignon, 1844, p. 156.
2. P. anal. [En parlant de la durée d'une chose] Symbole de déclin, de décadence :
• 11. Voilà que j'ai touché l'automne des idées...
BAUDELAIRE, Les Fleurs du Mal, 1857-61, p. 25.
• 12. ... ces formes larvaires, cette technique impressionniste qui caractérise, en Serbie, l'automne de la peinture byzantine, voilà qui évoquait en moi d'obscurs souvenirs.
R. ESCHOLIER, Greco, 1937, p. 9.
PRONONC. :[]. Également [-] (PASSY 1914) et [-] (PASSY, Pt ROB., WARN. 1968). ,,En anc. français le groupe mn a été réduit dans les mots populaires en m, par assimilation progressive (somme, homme, dame, lame); dans les mots savants introduits avant le XVIe siècle il a passé à mn > n par assimilation régressive. Excepté le mot colonne, l'orthographe étymologique par mn a été conservée ou restituée dans ces derniers, sans altérer la prononciation : automne, damner et ses dérivés. Dans les autres mots au contraire, l'orthographe a réagi sur la prononciation : automnal, cf. autonnale chez Baïf`` (BUBEN 1935, p. 112). Enq. : /oton/.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1231 (Trad. de Guill. de Tyr, II, 86, P. Paris ds R. Hist. litt. Fr., t. 4, p. 129 : La seson que l'en apele automne); 1735, 20 sept., fig. « décadence » (VOLTAIRE, Lettres, à M. de Cideville ds Dict. hist. Ac. fr.); 1405 « âge qui précède la vieillesse » (?) (LAUR. DU PREMIERFAIT, Traictié consolatif de vieillesse, B.N. 1009, f° 111 v° ds GDF. Compl. : Le temps d'auptonne); av. 1614 « id. » (BRANTÔME, Rodomontades espaignolles ds Dict. hist. Ac. fr.).
Empr. tardif au lat. autumnus, au sens propre dep. Ennius (Ann., 424 V ds TLL s.v., 1603, 30); sur la date tardive de l'empr., cf. FEW, s.v., qui souligne le peu de netteté de l'automne par rapport à l'été, d'où en fr. pop. et rural l'emploi d'après-août pour automne (cf. T.-L. s.v. aost); chez Wace (Rou, éd. H. Andresen, III, 6362 ds KELLER, p. 147a) aost s'oppose à esté, le terme usuel était gaïn « temps de récolte » plus rarement regaïn (cf. GDF. et T.-L. s.v.). Le genre fém. qui succède au masc. du lat. est usuel en a. fr. (mot. à initiale et finale vocaliques); d'autre part en lat. impérial, neutre de l'adj. subst. autumna [tempora] d'où le fr. a pu directement provenir; le genre masc. reparaît à partir du XIIIe s. mais ne l'emporte qu'à l'époque moderne.
STAT. — Fréq. abs. littér. :2 706. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 3 249, b) 4 032; XXe s. : a) 5 399, b) 3 326.
BBG. — Bible 1912. — BOUILLET 1859. — BRUANT 1901. — DELC. t. 1 1926. — GEORGE 1970. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 96. — GOUG. Mots. t. 1 1962, p. 55. — GUYOT 1953. — LACR. 1963. — Lar. méd. 1970. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — MARCEL 1938. — Métrol. 1969. — MULLER 1966. — NYSTEN 1824. — POPE 1961 [1952], § 456. — PRIVAT-FOC. 1870.
automne [otɔn; ɔtɔn] n. m.
ÉTYM. 1231; auptonne, 1405; lat. autumnus.
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1 Saison qui succède à l'été et précède l'hiver, caractérisée par le déclin des jours, la chute des feuilles (dans le climat de la France : 22/23 sept.-21 déc.). || Équinoxe d'automne. || Les jours déclinent à l'automne. || Les brumes d'automne, de l'automne. || Le brouillard d'automne (→ Vergogneux, cit.). || Les arbres à feuilles caduques se défeuillent à l'automne. || Durant, pendant l'automne. || La fin de l'automne et le commencement de l'hiver. ⇒ Arrière-automne, été (de la Saint-Martin, été indien); arrière-saison. || L'automne, saison des labours, des semailles, des vendanges.
1 Une rose d'automne est plus qu'une autre exquise.
d' Aubigné, les Tragiques, IV, « Les Feux ».
2 Quand voulez-vous aimer que dans votre printemps !
Gardez-vous bien surtout de remettre à l'automne :
L'hiver vient aussitôt; rien n'arrête le temps.
Clymène, hâtez-vous, car il n'attend personne.
La Fontaine, Clymène (→ Attendre, cit. 35).
3 De la dépouille de nos bois
L'automne avait jonché la terre
Et sur la branche solitaire
Le rossignol était sans voix (…)
4 Tes jours, sombres et courts comme les jours d'automne,
Déclinent (…)
Lamartine, Méditations poétiques, I, 6.
5 Oui dans ces jours d'automne où la nature expire
À ses regards voilés, je trouve plus d'attraits.
Lamartine, Méditations poétiques, I, 29.
6 Pas même un saule vert qui s'effeuille à l'automne.
Hugo, les Rayons et les Ombres, « Oceano Nox ».
7 (…) au premier frisson de l'automne, on redescend au mas.
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « Installation ».
8 Un matin d'automne enveloppait de brume l'eau calme, la rouille des bois en face d'eux.
Alphonse Daudet, Sapho, II.
9 L'automne était pluvieux et triste. Les feuilles rouges, au lieu de craquer sous les pieds, pourrissaient dans les ornières, sous les lourdes averses.
Maupassant, Clair de lune, « Une veuve ».
10 C'est l'automne, la saison où, sous un soleil refroidi, chacun recueille ce qu'il a semé.
M. Barrès, la Colline inspirée, p. 113.
11 Il n'est vendange que d'automne (…) Peut-être qu'en amour aussi (…)
Colette, la Naissance du jour, p. 50.
12 Un caractère moral s'attache aux scènes de l'automne : ces feuilles qui tombent comme nos ans, ces fleurs qui se fanent comme nos heures, ces nuages qui fuient comme nos illusions, cette lumière qui s'affaiblit comme notre intelligence, ce soleil qui se refroidit comme nos amours, ces fleuves qui se glacent comme notre vie, ont des rapports secrets avec nos destinées.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, I, II.
12.1 Oh ! l'automne l'automne a fait mourir l'été
Apollinaire, Alcools, « Automne ».
REM. Jusqu'au XIXe, et encore au XXe s. dans la langue littéraire, on peut trouver automne au féminin.
12.2 Mon Automne éternelle ô ma saison mentale
Les mains des amantes d'antan jonchent ton sol
Une épouse me suit c'est mon ombre fatale
Les colombes ce soir prennent leur dernier vol
Apollinaire, Alcools, « Signe ».
2 (1405, surtout utilisé au XIXe). || L'automne, symbole de maturité ou de déclin. || L'automne de la vie. || « L'automne de la peinture byzantine » (R. Escholier, in T. L. F.).
13 Qu'il coule gaiement son automne,
Que son hiver soit encor loin !
14 Comment décrire la vie d'un couple amoureux au temps de l'automne de l'amour ?
A. Maurois, Un art de vivre, II, 6.
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CONTR. Jeunesse, printemps.
COMP. Arrière-automne.
Encyclopédie Universelle. 2012.