bander [ bɑ̃de ] v. <conjug. : 1> I ♦ V. tr.
1 ♦ Entourer d'une bande que l'on serre. Bander le front d'un blessé (⇒ bandage) . — P. p. adj. Main bandée.
2 ♦ Couvrir (les yeux) d'un bandeau. Bander les yeux d'un condamné avant de le fusiller. — P. p. adj. Les yeux bandés.
3 ♦ Tendre avec effort. Bander la corde d'un arc; par ext. bander un arc. « Chaque fois que le ressort commençait à être bien bandé, crac, il échappait au cran d'arrêt » ( Martin du Gard).
♢ Fig., Vx ou littér. ⇒ 1. tendre. Bander ses muscles. Bander son esprit. — Pronom. ⇒ se raidir, se tendre. « Un de ces êtres dont les facultés sursautent et se bandent aussitôt devant l'imprévu » (A. Gide).
II ♦ V. intr. Être tendu.
♢ (1690) Fam. Être en érection. « Quand je pense à Fernande, Je bande, je bande » (Brassens) (⇒ bandant) .
⊗ CONTR. Détendre, relâcher.
● bander verbe transitif Entourer d'une bande, d'un bandage quelqu'un, une partie du corps, etc. : Bander un opéré. Couvrir d'un bandeau les yeux de quelqu'un : Bander les yeux d'un condamné à mort. Tendre avec effort quelque chose : Bander un ressort. ● bander (expressions) verbe transitif Bander un arc, une voûte, les construire, et spécialement les achever en posant le dernier claveau. Littéraire. Bander ses muscles, les préparer à l'effort. ● bander (homonymes) verbe transitif ● bander (synonymes) verbe transitif Entourer d'une bande, d'un bandage quelqu'un, une partie du corps...
Synonymes :
- panser
Littéraire. Bander ses muscles
Synonymes :
- raidir
Contraires :
- détendre
- relâcher
● bander
verbe intransitif
Populaire. Être en érection.
● bander (homonymes)
verbe intransitif
bander
v.
rI./r v. tr.
d1./d Serrer au moyen d'une bande, d'un bandage. Bander une plaie. Bander une jambe blessée.
— Recouvrir d'un bandeau. Bander les yeux de qqn.
d2./d Tendre avec effort. Bander un arc, un ressort.
— Par ext. Athlète qui bande ses muscles.
— Fig. Bander sa volonté, ses forces.
rII./r v. intr. Vulg. être en érection.
⇒BANDER, verbe trans.
A.— Couvrir, entourer, lier ou serrer avec une bande (cf. bande1) :
• 1. La cloche sonne, le signal est donné. Ils vont lier mes mains, bander mes yeux; je monterai sur l'échafaud sanglant, et le tranchant du fer tombera sur ma tête...
Mme DE STAËL, De l'Allemagne, t. 3, 1810, p. 121.
• 2. Et, comme Jeanlin se décidait, il roula son mouchoir, en banda fortement le cou du soldat, sans retirer le couteau, qui empêchait le sang de couler.
ZOLA, Germinal, 1885, p. 1493.
SYNT. Bander le bras, les poignets; bander une plaie; bander un enfant de langes.
— P. métaph. :
• 3. Mais puisque tu as bandé ton cœur et que tu es prêt, à l'œuvre, toi et ta fortune!
CLAUDEL, Les Choéphores, trad. d'Eschyle, 1920, p. 929.
• 4. ... elle avait l'air d'une panthère encagée; mais lui, assis, replié sur lui-même, courbé en avant (...), les yeux plissés, la bouche mauvaise, tout bandé par la méchanceté et la lâcheté, il évoquait irrésistiblement une hyène.
MONTHERLANT, Le Démon du bien, 1937, p. 1351.
— P. anal. :
• 5. ... le pantalon blanc collait à ses cuisses allègres [de Dubourg], bandait étroitement son ventre aux muscles durs, auxquels sa volonté ne permettait aucun relâchement.
A. ARNOUX, Roi d'un jour, 1956, p. 189.
— Absol., arg. des casernes. ,,Mettre ses bandes molletières`` (G. ESNAULT, Notes complétant et rectifiant « Le Poilu tel qu'il se parle », 1956).
B.— P. ext.
1. Tendre avec effort. Anton. débander, détendre qqc. :
• 6. C'était [Spendius] lui-même qui bandait les écheveaux des balistes. Pour qu'il y eût, dans leurs tensions jumelles, une parité complète, on serrait leurs cordes en frappant tour à tour de droite et de gauche, jusqu'au moment où les deux côtés rendaient un son égal.
FLAUBERT, Salammbô, t. 2, 1863, p. 80.
• 7. Papadakis tournait et retournait ma badine dans ses grosses pattes et il la tortillait et il la bandait en arc et il la tenait comme un fusil, visant le soleil...
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 175.
SYNT. Bander une arbalète, un arc, un câble, un ressort, les scorpions des balistes; bander qqc. de toutes ses forces.
— P. métaph. :
• 8. La volonté de séduire, c'est-à-dire de dominer, les diverses manières de bander un souhait ou un ordre, de les darder vers leur but, je les sens encore élastiques,...
COLETTE, La Naissance du jour, 1929, p. 24.
— Absol., vulg. Être en état d'érection :
• 9. Rien que de l'embrasser [Mme C.], aussitôt je bande...
LÉAUTAUD, Journal, t. 4, 1922-24, p. 364.
♦ Au fig., arg. ,,Éprouver le désir sexuel pour (...) ou avoir envie de quelque chose. `` (Ch.-L. CARABELLI, [Lang. de la pègre]).,,Ex. : il bande pour cette montre et cette bague`` (Ch.-L. CARABELLI, [Lang. de la pègre]).
— [En parlant de l'effort physique] Bander ses muscles; bander toutes ses forces contre qqn :
• 10. On nous conte à dîner que les truites et saumons, pour remonter des écluses, bandent leur corps de la tête à la queue et se lancent.
MICHELET, Journal, 1835, p. 210.
• 11. Comme beaucoup d'hommes petits, il portait des chaussures à grands talons. Il se dressa, se roidit, bandant tous ses muscles pour ne pas perdre une ligne de sa taille.
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Désert de Bièvres, 1937, p. 25.
♦ P. métaph. ou au fig. Bander sa volonté :
• 12. Par contre, au cours de ces derniers pas, un raidissement intérieur bandait sa volonté contre le désespoir et lui enlevait la notion du présent.
ESTAUNIÉ, L'Ascension de M. Baslèvre, 1919, p. 235.
• 13. Comme si le plus sage n'eût pas été de tendre la main au vaincu, de l'aider à se relever, au lieu de s'ingénier à le prosterner davantage, absurdement et sans se rendre compte que, ce faisant, l'on bandait sa rancœur et raidissait ses énergies.
GIDE, Journal, 1940, p. 30.
♦ Emploi pronom. :
• 14. Chaque muscle du ventre travaillait, se bandait sur les hanches, avec des raccourcissements et des allongements de ressorts;...
ZOLA, La Joie de vivre, 1884, p. 1089.
• 15. Je me contracte, je me bande, je me resserre et m'épaissis sur la neige, où je deviens d'un bleu presque noir...
A. ARNOUX, Royaume des ombres, 1954, p. 52.
♦ P. métaph. Se bander contre une envie, contre l'imprévu.
2. ARCHIT. Bander un arc, une plate-bande, une voûte. ,,Fermer un cintre, en posant le dernier claveau, c'est-à-dire celui du milieu qui est souvent plus saillant que tous les autres et porte le nom de clef de voûte`` (J. ADELINE, Lex. des termes d'art, 1884).
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Av. 1150 « recouvrir les plaies avec une bande » (Thèbes, éd. L. Constans, 2782 dans T.-L. : De cest cendal bendés mon cors, Car en tant lius sui deplaiés); 1165-70 « renforcer avec des bandes » (CHR. DE TROYES, Erec et Enide, éd. W. Foerster, 2146, ibid. : Mainte [lance] bandee); fin XIIe s. « mettre un bandeau sur les yeux de qqn » (ID., Cligès, éd. W. Foerster, 6536, ibid. : Liier le comande et bander); fin XIIe s. hérald. « garnir de bandes » (Aiol, éd. W. Foerster, 9919, ibid. : un fort escu bendé); 2. fin XIIe s. bander un arc « tendre » (BÉROUL, Tristan, éd. E. Muret, 4442, ibid. : Mes prié vos que cest arc tendez, Et verron com'il est bendez); 1580-92 fig. se bander « se raidir contre qqc. » (MONTAIGNE, II, 2 dans HUG. : Lucrece, ce grand Poëte, a beau philosopher et se bander, le voyla rendu insensé par un breuvage amoureux); 1718 arg (LE ROUX, p. 43 : Bander. Mot libre; c'est sentir la résurrection de la chair humaine, être en humeur d'en découdre avec une femme, sentir des demangeaisons amoureuses, appeter l'union).
Dénominatif de bande1; dés. -er; sens 2 p. ext. de la notion de « serrer, comprimer (en tirant bien sur la bande) » contenue dans 1.
STAT. — Fréq. abs. littér. :207. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 163, b) 412; XXe s. : a) 310, b) 336.
BBG. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 318.
bander [bɑ̃de] v. tr.
ÉTYM. Av. 1150; de 1. bande.
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1 Entourer d'une bande que l'on serre. || Bander une plaie, une blessure. || Bander le front d'un blessé. ⇒ Bandage, panser.
♦ Au p. p. || Une momie entièrement bandée.
1 Octave passant s'est donné le souci de bander ma blessure (…)
Rotrou, Venceslas, IV, 2.
♦ Couvrir (les yeux) d'un bandeau. || Au colin-maillard, on bande les yeux de l'un des partenaires. || Bander les yeux d'un condamné avant de le fusiller.
2 On bandait les yeux de ceux qu'on décapitait pour crimes de trahison envers le roi et l'État (…)
Saint-Foix, Œuvres, t. IV, p. 217.
3 Il accomplissait sa petite tâche quotidienne à la manière du cheval de manège qui tourne en place, les yeux bandés, ignorant de la besogne qu'il broie.
Flaubert, Mme Bovary, I, 1.
2 a Tendre avec effort. || Bander la corde d'un arc. || Bander une arbalète, un arc (⇒ Arc, cit. 3). || Bander un ressort. || Bander un tambour, serrer les cordes pour tendre la peau.
4 De son arc toutefois il bande les ressorts.
La Fontaine, Fables, VIII, 27.
5 (…) Chrysanthème est gentille, lançant ses flèches, la taille cambrée en arrière pour mieux bander son arc (…)
Loti, Mme Chrysanthème, I, 11, p. 78.
6 (…) chaque fois que le ressort commençait à être bien bandé, crac, il échappait au cran d'arrêt : tout était à recommencer !
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 179.
b Fig. Vx ou littér. Tendre. || Bander ses muscles. || Bander son esprit, l'appliquer fortement à qqch. (⇒ Application, attention, contention). || Bander sa volonté.
7 Cette contention de l'âme trop bandée et trop tendue à son entreprise.
Montaigne, Essais, I, 10.
8 Bandant bien tous les ressorts de son esprit (…)
Scarron, le Roman comique, II, 15.
9 Il se dressa, se raidit, bandant tous ses muscles pour ne pas perdre une ligne de sa taille.
G. Duhamel, le Désert de Bièvre, II.
c Archit. || Bander un arc, une voûte, en poser le dernier claveau, qui formera la clef de voûte. || Se bander v. pron.
♦ Le sujet désigne les muscles, les nerfs, la volonté, etc. (le sens II, 2 fait qu'il est presque impossible d'employer le pronominal avec un sujet nom de personne).
10 Les muscles s'affermissent, les nerfs se bandent.
Bossuet, Traité de la connaissance de Dieu, II, 12.
11 Dans la fièvre ardente qui le brûlait, sa volonté, au fond d'elle, semblait se bander et résister au délire, tellement elle craignait de parler.
Zola, la Terre, t. II, p. 170.
12 Car Édouard est un de ces êtres dont les facultés, qui dans le tran-tran coutumier s'engourdissent, sursautent et se bandent aussitôt devant l'imprévu.
Gide, les Faux-monnayeurs, I, 14.
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II V. intr.
2 (1677). Fam., érotique. Cour. Être en érection. ⇒ Bandaison, bandeur.
13 L'imagerie populaire a persuadé les femmes qu'un résistant était un personnage noble, vaillant et qui bandait sans cesse.
Roger Nimier, le Hussard bleu, p. 160 (1950).
14 Mais à vingt-cinq ans il bande encore, l'homme moderne, physiquement aussi, de temps en temps, c'est le lot de chacun, moi-même je n'y coupais pas, si on peut appeler cela bander. Elle s'en aperçut naturellement, les femmes flairent un phallus en l'air à plus de dix kilomètres (…)
S. Beckett, Premier amour, p. 21.
15 J'ai compris ce jour-là ce que signifiait bander. Un cep de vigne, galbé et regimbant sous mes jeans, la trique permanente, sans un temps mort, l'être résumé dans la culotte.
André Hardellet, Lourdes, lentes…, p. 29.
16 Quand je pense à Fernande,
Je bande, je bande,
Quand j'pense à Félici',
Je bande aussi,
Quand j'pense à Léonore,
Mon Dieu, je bande encore,
Mais quand j'pense à Lulu,
Là, je ne bande plus.
Georges Brassens, Fernande.
♦ (1813, cit.). Fig., fam. Être très excité (par qqch.), avoir un vif intérêt (pour qqch.). || Bander pour qqch. || L'électrotechnique, ça ne me fait pas tellement bander. ⇒ Bandant (2.).
17 Je ne b… pour aucun livre, et ce n'est que dans cet état heureux que je lis avec fruit, avec augmentation de mon magasin d'idées.
Stendhal, Journal, 15 sept. 1813, p. 1276.
18 (Les) agissements de Marcel, responsable, cette ordure, de la déchéance de Monique. Scandalisé, bandant pour l'ordre et la justice, le directeur du Nid se mit en rapport avec la police.
Martin Rolland, la Rouquine, p. 117-118.
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CONTR. (Du I.) 1. Débander, détendre, I., 1., relâcher. — (Du II.) Débander.
DÉR. (Du I.) Bandage. — (Du II.) Bandaison, bandant, bandeur.
COMP. Sous-bandé.
HOM. Bandé.
Encyclopédie Universelle. 2012.