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besogne

besogne [ bəzɔɲ ] n. f.
besoigne 1165; forme fém. de besoin besoin
1Vx Besoin, ce qui est nécessaire ( besogneux). Acte sexuel.
2Mod. Travail imposé par la profession ou par toute autre cause. occupation, ouvrage, tâche, 1. travail. Abattre de la besogne. Une lourde, une rude besogne. « Elle fait la grosse besogne » (Mme de Sévigné). Cela n'a pas été une mince besogne : cela n'a pas été facile. — Loc. Aller vite en besogne : travailler rapidement, être expéditif; brûler les étapes, précipiter les choses.
Par ext. L'ouvrage effectué ou à faire. Avoir réussi une besogne délicate. Avoir fait de la belle, de la bonne besogne. Iron. Vous avez fait là de la belle besogne !

besogne nom féminin (francique bisunnia, soin) Travail imposé à quelqu'un par sa profession ou par telle circonstance déterminée ; tâche, ouvrage. ● besogne (expressions) nom féminin (francique bisunnia, soin) Aller vite en besogne, être expéditif ; aller trop vite, brûler les étapes. De la belle, de la bonne besogne, travail habile, utile, remarquable ou, ironiquement, sottise, faux pas dans une entreprise quelconque. ● besogne (synonymes) nom féminin (francique bisunnia, soin) Travail imposé à quelqu'un par sa profession ou par telle...
Synonymes :
- activité
- occupation
- ouvrage
- travail

besogne
n. f.
d1./d Ouvrage à faire, travail à effectuer. Une dure besogne.
Abattre de la besogne.
Aller vite en besogne: travailler avec rapidité; fig. être expéditif.
d2./d Ouvrage fait, travail effectué. C'est de la belle besogne.

⇒BESOGNE, subst. fém.
A.— [La tâche en tant que devant se faire]
1. Ensemble de tâches (plus ou moins pénibles) que l'on s'impose ou qui sont imposées à soi. Être accablé, surchargé de besogne.
2. P. méton.
a) Tâche (plus ou moins pénible) en tant que particulière. Une rude besogne; se mettre à la besogne :
1. Il [Ch. Bovary] accomplissait sa petite tâche quotidienne à la manière du cheval de manège, qui tourne en place les yeux bandés, ignorant de la besogne qu'il broie.
FLAUBERT, Madame Bovary, t. 1, 1857, p. 9.
2. De là à appeler le chef « cher maître », comme fait Lesable, et à partir à six heures et demie, et à emporter de la besogne à domicile, il y a loin.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, L'Héritage, 1884, p. 465.
3. Il était bien d'elle, ce petit Daniel, pensa Rose-Anna. Il n'abandonnerait jamais une recherche, une besogne, un devoir. Jusqu'au bout, dans le noir, dans la solitude, il suivrait sa petite idée fixe. Elle voulut du moins chercher à simplifier cette tâche qu'il s'était imposée.
G. ROY, Bonheur d'occasion, 1945, p. 273.
SYNT. Une besogne facile; la besogne quotidienne; accomplir, continuer, faire une (sa) besogne; être occupé à une besogne; (la) besogne faite, terminée.
Résultat du travail :
4. Donc j'aurai un maître, un supérieur, un chef à qui il faudra obéir, à qui j'irai porter la besogne, l'ouvrage, et qui sera là, assis dans son fauteuil, à examiner tout, à compter les virgules passées, les lignes de travers, les mots oubliés, et qui me grondera sur ma mauvaise écriture, et me bousculera comme un valet...!
FLAUBERT, La 1re Éducation sentimentale, 1845, p. 21.
b) Tâche particulière en tant qu'effort. Ce n'est pas une mince besogne (que) de + inf. Il n'est pas facile de :
5. Mais Tartarin eut beau se presser, ce n'était pas une mince besogne d'arracher au sommeil les délégués...
A. DAUDET, Tartarin sur les Alpes, 1885, p. 232.
Rem. L'usage class. et les écrivains qui s'en inspirent construisent le mot sans art. dans un synt. du type de + adj. + subst.; cet usage ne reste quelque peu vivant qu'avec les adj. bon et beau :
6. Il débarquait de la campagne encore tout chaud des événements qu'il avait lus : « ah! » s'écriait-il, « que je suis aise de vous voir! Voilà de belle besogne! J'espère que nous autres, au Luxembourg, nous ferons notre devoir. »
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 657.
Par euphémisme :
7. « Le couteau, pensa-t-il, est un ami silencieux et discret, avec lequel on fait sans bruit ni trompette de belle et bonne besogne; ... »
PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 3, Le Club des valets de cœur, 1859, p. 515.
3. Loc. Abattre de la besogne. Travailler vite. Dormir sur la besogne. Travailler trop lentement. Aller vite en besogne. Être (trop) expéditif; en partic. être trop prompt à faire l'amour :
8. Enfin, elle s'est donnée comme une vraie fille. Je n'ai jamais vu une femme de la société aller si vite et si effrontément en besogne, avec une telle impudeur et une insouciance si grande de sa réputation, de sa position.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1878, p. 1247.
Parfois iron. Faire bonne besogne. S'occuper très activement, et avec de grandes chances de succès, d'une chose :
9. On dit, d'ailleurs, qu'un mot d'ordre a été donné à la presse française : ne pas attirer l'attention sur les affaires balkaniques, pour ne pas compliquer la tâche des diplomates...
Mais, dans le parti, on se démène! Et, ma foi, on a tout l'air de faire bonne besogne!
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 230.
N'avoir pas besogne faite. N'avoir pas la tâche facile :
10. Messieurs les gens du roi, entre la chancellerie et la grande aumônerie, n'ont pas besogne faite, et sont en peine souvent.
COURIER, Pamphlets pol., Gazette du village, 1823, p. 185.
Loc. proverbiales. Faire plus de bruit que de besogne :
11. Quand on a gravi les escaliers de Bourmont et qu'on atteint les vieux tilleuls, on a sous ses pieds le vieux moulin de Quiquengrogne. Est-ce celui qui fait plus de bruit que de besogne?
BARRÈS, Mes cahiers, t. 6, 1907-08, p. 83.
B.— Péj. [La tâche en tant que pénible (cf. A 2 b)] Corvée. Transformer le travail en besogne (GIONO, Poids du ciel, 1938, p. 284) :
12. Tous ces ducs, tous ces maréchaux ont été par toute l'Europe, crachant sur les grands et l'aristocratie des autres pays; et voilà maintenant que les autres viennent ici pour leur rendre les mêmes mépris.
SAUT. — C'est ce qu'il faut. C'est excellent.
ART. — Oh! c'est excellent! Ils nous évitent la peine de nous débarrasser d'eux. Ils font la besogne eux-mêmes.
DELÉCLUZE, Journal, 1828, p. 405.
13. Tu persistes à m'imposer cette besogne... cette corvée?
A. DUMAS Père, Un Mariage sous Louis XV, 1841, p. 155.
14. [Goiran] m'a parlé de son métier comme d'une besogne. Pourtant! enseigner l'histoire à Henri-IV ne devrait pas être une tâche ingrate, sans joie.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, Épilogue, 1940, p. 966.
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 2e moitié XIIe s. besonge « nécessité, besoin » (Dialogues Grégoire, éd. W. Foerster, p. 26); sens attesté jusqu'au XVIe s. dans HUG., encore signalé par LITTRÉ; 1160-74 « ce qui fait nécessité, besoin; affaire » (WACE, Rou, éd. H. Andresen, II, 1613 dans T.-L.) — 1611 COTGR., signalé comme ,,vieilli`` par DG; spéc. a) ca 1195 faire sa besoigne « faire ses besoins (naturels) » (AMBROISE, Guerre sainte, 3587 dans T.-L.); b) 1275-80 fam. besoigne « acte sexuel » (J. DE MEUNG, Rose, 10598 dans T.-L.); 2. ca 1165 besoigne « misère, détresse » (G. D'ARRAS, Eracle, 1476 dans T.-L.); 3. 1268 besoigne « travail professionnel » (E. BOILEAU, Métiers, 1re part., IV, 11 dans GDF. Compl.).
De l'a.b.frq. bisunnia, subst. fém. « soin, souci » (hyp. de V. Günther et de Frings, rapportée par FEW t. 17, pp. 279-281; BL.-W.5), composé de la prép. bi exprimant la proximité, devenue particule de renforcement et formé parallèlement au subst. fém. a.b.frq. sunnja « souci », attesté en lat. médiév. comme terme jur. au sens de « excuse légitime alléguée par le défaillant en justice » sous la forme sunnis fém. (VIe s. Lex. sal. dans NIERM.) et sonia fém. (Chilperici edict., ibid.), d'où l'a.fr. soigne « souci » (Dialogues Grégoire dans T.-L.). La formation de ce subst. fém. a.b.frq. est parallèle à celle du subst. neutre bisunni, v. besoin. Étant donnés l'ancienneté et le grand nombre des attest. de sunnis, sonia (v. NIERM.), cette hyp. semble préférable à celle de besogne, déverbal de besogner (EWFS2, GAM. Rom.2 t. 1, p. 271).
STAT. — Fréq. abs. littér. :2 329. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 976, b) 4 413; XXe s. : a) 5 845, b) 3 190.
BBG. — GOUG. Mots t. 1 1962, p. 201. — KEMNA 1901, pp. 64-65. — KOZLOVA (Z. N.). Slova-sinonimy, Vyrazajuscie ponjatie « trud » v sovremennom francuzskom jazuke In : [Mél. Sergievskij]. Moskva, 1961, pp. 129-136. — OSTRÁ (R.). Le Ch. conceptuel du travail dans les lang. rom. Domaines fr., esp. et rom. Ét. rom. Bruno. 1967, t. 3, pp. 25-27, p. 76.

besogne [bəzɔɲ] n. f.
ÉTYM. V. 1160, besonge « besoin »; besuigne, fin XIIe (probablt antérieur → Besogneux); du francique bisunnia « soin, souci », de bi-, et sunnia, formes féminines correspondant au neutre bisunni. → Besoin.
———
I
1 Vx. Ce qui fait besoin, ce qui est nécessaire. Nécessaire (n. m.).
1 Le galant, pour toute besogne,
Avait un brouet clair (…)
La Fontaine, Fables, I, 18.
2 (V. 1280). Acte sexuel ( Besogner).
2 Le sommeil suffoque et supprime les facultés de notre âme, la besogne les absorbe et dissipe.
Montaigne, Essais, III, 5.
3 L'éternuement absorbe toutes les fonctions de l'âme aussi bien que la besogne; mais on n'en tire pas les mêmes conséquences contre la grandeur de l'homme, parce que c'est contre son gré.
Pascal, Pensées, 160.
3 (V. 1165). Vx. Misère, pauvreté; fait d'être dans le besoin.
———
II
1 (1268, besoigne). Mod. (style soutenu). Travail imposé par la profession ou par toute autre cause. Occupation, ouvrage, tâche. || Avoir beaucoup de besogne. || Faire sa besogne. — ☑ Loc. Abattre de la besogne; broyer de la besogne (vx) : travailler beaucoup. || Une besogne vite expédiée. || La besogne de qqn, sa besogne. || S'atteler (cit. 7), s'attarder (cit. 3) à sa besogne.Être surchargé, débordé de besogne. || Une lourde, une rude, une méchante, une obscure, une stérile, une aride (cit. 7) besogne. || Une besogne faite à regret. Corvée. — ☑ Loc. Ce n'a pas été une mince besogne de le décider, que de le décider.Être vif, lent à la besogne, au travail.
4 Elle fait la grosse besogne (…)
Mme de Sévigné, Lettres, 221, in Littré.
5 Quand ma besogne, devenue une espèce de routine, occupa moins mon esprit, il reprit ses inquiétudes.
Rousseau, les Confessions, V.
6 Il (Charles Bovary) accomplissait sa petite tâche quotidienne à la manière du cheval de manège, qui tourne en place les yeux bandés, ignorant de la besogne qu'il broie.
Flaubert, Mme Bovary, I, I.
7 Mes maîtres me rendirent tellement impropre à toute besogne temporelle, que je fus frappé d'une marque irrévocable pour la vie spirituelle (…) toute profession lucrative me semblait servile et indigne de moi.
Renan, Souvenirs d'enfance…, III, 1.
7.1 La vue des trois frères, si ardents, si gais à la besogne, finissait par l'emplir d'une sorte d'irritation mauvaise.
Zola, Paris, t. II, p. 51.
8 Il jouait le monsieur débordé de besogne, qui repassera une autre fois n'ayant pas le temps de flâner.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, IIe tableau, III.
9 (…) on songe toujours moins à faire sa propre besogne qu'à empêcher le voisin de faire correctement la sienne.
G. Duhamel, Récits des temps de guerre, XXX, p. 113.
10 La besogne que peut abattre l'homme qui, chaque matin que Dieu fait, est dès l'aube à sa table de travail, à son établi ou dans son magasin, tient du prodige.
A. Maurois, Un art de vivre, p. 99.
Prov. Selon l'argent, la besogne : on travaille d'autant mieux qu'on est mieux payé.
Loc. Aller vite en besogne : travailler rapidement, être expéditif. Fig. Brûler les étapes, être trop entreprenant. — ☑ S'endormir sur la besogne : travailler lentement. Traîner.
Loc. Vx. Avoir besogne faite : ne plus avoir de travail; par ext., avoir la tâche facile.Aimer besogne faite : ne pas aimer à travailler.
11 MM. les gens du roi, entre la chancellerie et la grande aumônerie, n'ont pas besogne faite (…)
P.-L. Courier, II, 291.
Loc. prov. Faire plus de bruit que de besogne.
Vx. Donner, tailler de la besogne à qqn, du souci.
2 Ouvrage (effectué ou à faire). || Avoir réussi une besogne délicate, difficile. || Avoir fait de la belle, de la bonne besogne (cf. pop. De la belle ouvrage). Iron. || Vous avez fait là de la belle besogne !
12 Si Rivarol, Champrenetz, Mirabeau-Tonneau et moi avions eu la bouche en cœur, nous aurions fait de belle besogne dans les Actes des Apôtres !
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, I, 8.
Spécialt, vieilli. Travail à faire. || Emporter de la besogne chez soi.
13 Il entrait dans les bureaux, raflait la besogne sur les tables.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 5e tableau, I.
3 Spécialt. Travail pénible, rebutant. Corvée.
4 Mission. || Cette génération a une difficile besogne à accomplir.
CONTR. Désœuvrement, inaction.
DÉR. Besogneux.
COMP. Embesogné, embesogner.

Encyclopédie Universelle. 2012.