blême [ blɛm ] adj.
• v. 1460; de blêmir
♦ D'une blancheur maladive, en parlant du visage. ⇒ blafard, 1. blanc, cadavérique, livide, pâle. Un visage, un teint blême. « Sa face blême comme un fromage où flambait un nez chauffé au rouge » (Gautier). Blême de colère.
♢ D'une couleur pâle et déplaisante. Un matin blême. Lueur blême. ⇒ blafard.
⊗ CONTR. Animé, coloré, 1. frais, hâlé, vermeil.
⊗ HOM. Blème.
● blême adjectif (de blêmir) Qui est d'une pâleur causée par la maladie, l'émotion ; livide : Être blême de peur. Qui est d'une couleur pâle, terne et triste ; blafard : Une lueur blême. ● blême (difficultés) adjectif (de blêmir) Orthographe Avec un accent circonflexe sur le premier e. De même pour blêmir, blêmissement. ● blême (synonymes) adjectif (de blêmir) Qui est d'une pâleur causée par la maladie, l'émotion ; livide
Synonymes :
- blafard
- blanc
- exsangue
- hâve
- livide
- terreux
Contraires :
- animé
- coloré
- frais
- rosé
- rougeaud
- vermeil
Qui est d'une couleur pâle, terne et triste ; blafard
Synonymes :
- blafard
- livide
- plombé
Contraires :
- ardent
- clair
- cru
- vif
- violent
blême
adj.
d1./d Pâle, livide, en parlant du visage. Il est blême de fatigue.
d2./d Terne, blafard. Une lueur blême.
⇒BLÊME, adj.
[En parlant d'une pers.] Qui est extrêmement pâle, d'une pâleur maladive. Blême de colère, d'effroi, de rage; figure blême; teint blême; devenir blême. Cette grosse femme blême, aux cheveux décolorés, cette caricature de ce que j'ai aimé, fixe sur moi son œil encore très beau (MAURIAC, Le Nœud de vipères, 1932, p. 172) :
• 1. Efflanqué comme un coureur qui vient de fournir une trop longue traite, Albe, la veille encore si frais et si vermeil, avait le visage plus blême que les effigies de cire exposées dans les musées ambulants...
L. CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 265.
• 2. ... sous sa jupe de toile ses jambes se serraient contre mes jambes, elle approchait de mes joues ses joues qui étaient devenues blêmes, chaudes et rouges aux pommettes, avec quelque chose d'ardent et de fané comme en ont les filles de faubourg.
PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, p. 1015.
— P. ext. [En parlant d'une chose] Sans éclat, terne :
• 3. La mer, presque sans un pli, avait la froide menace de la tranquillité. Il semble qu'il y ait un sous-entendu dans cet excès de calme. Tout était blafard et blême.
HUGO, Les Travailleurs de la mer, 1866, p. 201.
• 4. Alors seulement, quand il eut dilaté une dernière fois sa poitrine, il acheva de soulever ses paupières et fixa longuement, sans la reconnaître, la muraille blême de l'alcôve.
BERNANOS, L'Imposture, 1927, p. 523.
♦ En partic. [En parlant de la lumière] De faible intensité; blafard. Une lueur blême :
• 5. ... l'Etna, fauve atelier du forgeron maudit,
Flamboya; le plafond de l'enfer se fendit,
Et, dans une clarté blême et surnaturelle,
On vit des mains d'Iblis jaillir la sauterelle.
HUGO, La Légende des siècles, t. 1, 1859, p. 58.
♦ P. méton. :
• 6. Mais, le soir même, aux heures blêmes,
Les volontés, dans la fièvre, revivent;
L'acharnement sournois
Reprend, comme autrefois.
VERHAEREN, Les Villes tentaculaires, 1895, p. 160.
— Au fig. :
• 7. Et les hommes en haillon dans le froid blême
Pour la première fois sentent monter en eux la sève espoir
...
ARAGON, Le Roman inachevé, 1956, p. 210.
Prononc. :[]. Durée longue sur [] dans PASSY 1914 et BARBEAU-RODHE 1930 (cf. aussi FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 1 1787, LAND. 1834, GATTEL 1841, FÉL. 1851, LITTRÉ et DG). Homon. bleime.
Étymol. ET HIST. — XIVe s. « pâle (en parlant d'un objet) » (J. DE MANDEVILLE, Lapidaire, 95, Is. del Sotto dans R. Hist. litt. Fr., t. 5, 1898, p. 295); XVe s. « id. (en parlant d'une pers.) » (Oct. de Sainct-Gelays, Enéide, 78 r°, édit. 1540, ibid.).
Déverbal du verbe blêmir.
STAT. — Fréq. abs. littér. :1 152. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 523, b) 2 516; XXe s. : a) 2 707, b) 1 476.
blême [blɛm] adj.
ÉTYM. XIVe; de blêmir.
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1 Extrêmement pâle; d'une blancheur maladive (en parlant du visage). ⇒ Blafard, blanc, livide (2., cour.), mat, pâle. || Avoir un visage, un teint blême. ⇒ Hâve.
1 À cet objet d'horreur, l'œil troublé, le teint blême,
J'ai demeuré longtemps plus morte que lui-même.
Rotrou, Antigone, I, 2.
2 (…) sa face blême comme un fromage où flambait un nez chauffé au rouge.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, XV.
♦ (XVe). Personnes. Qui a le teint blême. || Être blême de peur, de colère. ⇒ Bleu (I., 2.), vert (infra cit. 0.2). || Devenir blême. ⇒ Blêmir.
3 Ni ce matin ni ce soir, trancha Madame Brigitte, blême de colère.
F. Mauriac, la Pharisienne, p. 124.
2 Par métaphore (→ ci-dessous, cit. 5) ou fig. D'une couleur pâle et déplaisante (choses, lumières). || Un jour, une aube, un matin blême. || Une lumière, une lueur blême. ⇒ Blafard, faible, pâle. — Poét., vx. || Le rivage blême : les bords du Styx, fleuve des morts.
4 Le destin (…)
Est jaloux qu'on passe deux fois
Au delà du rivage blême (…)
5 La disette au teint blême (…)
6 Un soleil pas bien chaud, c'est vrai, mais tout de même
Point trop à dédaigner par un matin si blême.
Edmond Rostand, les Musardises, III, « La brouette ».
7 (…) il est naturellement impossible de distinguer les flocons les uns des autres : vus de si haut, ils ne forment de place en place qu'un vague halo blanchâtre, douteux lui-même car la lueur des lampadaires est très faible, rendue plus incertaine encore par l'éclat diffus que répandent alentour toutes ces surfaces blêmes, le sol, le ciel, le rideau de flocons serrés (…)
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 78.
REM. Même en emploi concret, le mot connote des idées pénibles : le petit matin blême, dans un style assez convenu, était celui des exécutions capitales.
8 Les trombes regagnent alors chacune son asile, au centre de la terre, vers le noyau liquide de la planète. Mais là où la main les fixe, ce sont deux cordes sans couleurs, dans le genre du blême, qu'une couleur démesurée a raidies en torsades de verre.
J.-M. G. Le Clézio, le Déluge, p. 260.
➪ tableau Désignations de couleurs.
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CONTR. Animé, coloré, éclatant, frais, hâlé, rouge, rubicond, sanguin, vermeil.
DÉR. Blêmeur.
HOM. Bleime.
Encyclopédie Universelle. 2012.