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boche

boche [ bɔʃ ] n. et adj.
• 1879; aphérèse de Alboche, altér. de Allemoche, arg. « allemand », d'apr. tête de boche « tête de bois »
Vieilli, fam. et injurieux Allemand. Les Boches. Adj. « Des avions boches ont bombardé la gare » (Martin du Gard).

boche adjectif et nom (abréviation de Alboche, de caboche) Populaire et vieilli. Terme injurieux pour désigner un Allemand.

⇒BOCHE, subst. et adj.
Arg., péj.
A.— Emploi subst. Allemand. Synon. chleuh, doryphore, fridolin, frisé, fritz. C'était Frida qui dansait, tu sais, la grande boche blonde (VERCEL, Capitaine Conan, 1934, p. 99) :
1. — C'est-il les Français qui ont mis le feu? demanda-t-elle.
— Vous êtes pas cinglée, la petite mère? dit Lubéron. C'est les frisous, oui.
Un vieux hochait la tête, incrédule :
— Les frisous?
— Eh oui, les frisous : les boches, quoi!
SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 144.
B.— Emploi adj. Artillerie, sentinelle, tranchée boche :
2. — Mais, ajoute-t-il, c'est surtout après l'officier boche que j'en ai. (...).
— Ah! mon vieux, dit Tirloir, on parle de la sale race boche. Les hommes de troupe, j'sais pas si c'est vrai ou si on nous monte le coup là-dessus aussi, et si, au fond, ce ne sont pas des hommes à peu près comme nous.
BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 38.
Rem. On rencontre dans la docum. a) Bochément, adv. ,,À la manière boche`` (Dict. des termes milit. et de l'arg. poilu, 1916, p. 41). b) Bocher, verbe. ,,Faire comme les boches`` (Ibid.). c) Bocherie, subst. fém. Objet boche. Tu n'as qu'un lacet? ... ça ira très bien pour ligoter toutes ces bocheries... ces papelards tombent en loques (GENEVOIX, Nuits de guerre, 1917, p. 268). d) Bochisant, ante, subst. et adj. Partisan de l'Allemagne. ,,— C'est à peine croyable, les bochisants posent à la France cette dérisoire question : pourquoi te bats-tu? Pourquoi? Mais parce que depuis trois ans le boche m'assassine et que j'essaye d'arrêter le poignard qu'il m'enfonce dans la gorge`` (BARRÈS, Mes cahiers, t. II, 1914-18, p. 320). Adj. Les journaux anarchistes et bochisants (ID., ibid., p. 286).
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[]. 2. Forme graph. — Au fém. une boche; on rencontre une bochesse (cf. G. ESNAULT, Notes complétant et rectifiant « Le Poilu tel qu'il se parle », 1956).
Étymol. ET HIST. — 1862 têtes de boches (pop., Metz d'apr. ESN.); 1874 id. arg. des typographes (E. BOUTMY, La Lang. verte typographique, cité par SAIN. Lang. par., p. 532); 1881 id. (L. RIGAUD, Dict. de l'arg. mod., p. 46 : Tête de boche); 1886, juin arg. milit., boche synon. d'Allemand (HURET, Courrier français dans ESN. Poilu, p. 87).
Boche dans tête de boche est peut-être issu de caboche « tête » par aphérèse (et prob. pas empr. à l'ital. boccia « boule de jeu », DAUZAT, Les Argots, Paris, 1929, p. 109, note 1); le sens de « allemand » est soit une spécialisation du même mot (EWFS2) soit issu par aphérèse de alboche « allemand » (av. 1870, témoignage de M. Armand Schuller, ancien secrétaire du Temps d'apr. DAUZAT, op. cit., p. 109), altération de allemand ou bien d'apr. (tête de) boche, ou bien d'apr. -boche devenu une espèce de suff. arg. en raison de son emploi dans des mots comme rigolboche (1860, BL.-W.5), cf. aussi postérieurement attestés fantaboche, italboche.
STAT. — Fréq. abs. littér. :465. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) néant, b) 7; XXe s. : a) 918, b) 1 420.
BBG. — DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 279. — EMMERIG (O.). Was Boche? Zeitschrift für Namenforschung. 1943, t. 19, n° 1, pp. 29-57. — NYROP (K.). Ling. et hist. des mœurs. Paris, 1934, p. 244. — REGULA (M.). Über den Ursprung des Wortes boche. Z. fr. Spr. Lit. 1943/44, t. 65, p. 233. — RICHTER (E.). Etymologisches. Z. fr. Spr. Lit. 1919, t. 45, pp. 121-135 (et s.v. bocherie, p. 121). — SAIN. Lang. par. 1920, p. 96; pp. 532-533; p. 539. — SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 123; t. 3 1972 [1930], p. 169, 528.

boche [bɔʃ] n. m.
ÉTYM. 1886, argot milit.; aphérèse d'Alboche, avec infl. de tête de boche « tête dure », dér. de caboche en argot des typographes, 1862.
Péj., vieilli (diffusé en 1914-1918). Allemand. Alboche (vx).
1 « Au commencement de la guerre on nous disait que ces Allemands c'était des assassins, des brigands, de vrais bandits, des bbboches… » (Si elle mettait plusieurs b à boches, c'est que l'accusation que les Allemands fussent des assassins lui semblait après tout plausible, mais celle qu'ils fussent des Boches, presque invraisemblable à cause de son énormité).
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 844.
2 « Nous ne craignons rien. Ni les Boches (…) » Jamais Watrin n'avait parlé autrement des Allemands que sous ce vocable franchement démodé. Il n'y avait plus de Boches, en mai 40. Il n'y en avait pas encore. La haine nécessaire à toute guerre, même larvée, ne se satisfaisait plus du vocable dérivé des « Alboches » de 1870. La haine avait inventé des termes plus faibles, les Chleus, les Frisés, les Frizous, les Fridolins… Elle inventerait demain les « haricots verts », les « sauterelles », les « vert de gris », puis reprendrait le mot « Boche », mais pour l'instant il était périmé, ridicule.
Armand Lanoux, le Commandant Watrin, p. 59.
Adj. Allemand (dans le contexte de la guerre). || Des avions boches ont bombardé la gare (cit. 5).
3 Ça, c'est l'ancienne tranchée boche qu'ils ont fini par lâcher (…)
H. Barbusse, le Feu, I, 12.
DÉR. Bocherie.

Encyclopédie Universelle. 2012.