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braver

braver [ brave ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1515; de brave, d'apr. l'it. bravare
1Défier orgueilleusement en montrant qu'on ne craint pas. « Tu me braves, Cinna, tu fais le magnanime » (P. Corneille). narguer, provoquer. « Au moyen âge, les individus pouvaient encore braver l'État » (Bainville). « lorsqu'on osait braver ses ordres » (F. Mauriac). s'opposer.
2Se comporter sans crainte devant (qqch. de redoutable qu'on accepte d'affronter). Braver le danger, la mort. « Il y a des misères que l'on brave [...] On ne se pardonne pas de les infliger à un autre » (Bourget). mépriser.
Ne pas craindre de ne pas respecter (une règle, une tradition). Braver les convenances. « braver les règles, les lois, les entraves quelconques de ce monde » (Loti). se moquer.
⊗ CONTR. Éviter, fuir, respecter, soumettre (se).

braver verbe transitif Affronter sans crainte quelqu'un, quelque chose : Braver un adversaire. Défier avec insolence quelqu'un, quelque chose qui est respectable ou important : Braver l'opinion.braver (synonymes) verbe transitif Affronter sans crainte quelqu'un, quelque chose
Synonymes :
- défier
- narguer
- offenser
Contraires :
- honorer
- observer
- respecter
- révérer
Défier avec insolence quelqu'un, quelque chose qui est respectable ou important
Synonymes :
- mépriser
Contraires :
- esquiver
- éviter
- fuir

braver
v. tr.
d1./d Résister à, tenir tête à, en témoignant qu'on ne craint pas. Braver le pouvoir, le danger.
d2./d Manquer à, ne pas respecter. Braver la morale. Braver un ordre.

⇒BRAVER, verbe trans.
A.— Se comporter sans crainte devant quelque chose ou quelqu'un. Synon. affronter.
1. [Le compl. d'obj. désigne un inanimé]
a) [Le compl. d'obj. est le plus souvent un subst. abstr. désignant une situation pénible ou dangereuse] Faire face courageusement à :
1. J'ai vingt fois bravé la mort; sur un signe du devoir, j'irais à l'instant au-devant d'elle.
RENAN, Drames philos., L'Abbesse de Jouarre, 1886, I, 3, p. 623.
Emploi abs. :
2. [Malgré son émotion] la femme bravait de toute sa raideur [en face de la foule] et montrait encore de l'énergie.
G. D'ESPARBÈS, Le Briseur de fers, 1908, p. 251.
P. ext. et affaiblissement de sens. Ne pas tenir compte de. Je suis venu, bravant l'heure inaccoutumée (PONSARD, Lucrèce, 1843, IV, 2, p. 74).
b) [Le compl. d'obj. est un subst. abstr. qui désigne une chose ressentie comme contraignante; le suj. peut lui-même désigner une entité abstr.] Tenir tête à, faire front contre :
3. — Quel spectacle, Cornemuse, nous offre la malheureuse Pingouinie! Partout la désobéissance, l'indépendance, la liberté! Nous voyons se lever les orgueilleux, les superbes, les hommes de révolte. Après avoir bravé les lois divines, ils se dressent contre les lois humaines, tant il est vrai que, pour être un bon citoyen, il faut être un bon chrétien.
A. FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, p. 277.
P. ext. et affaiblissement de sens. Aller à l'encontre de, s'opposer à. Il plaît à mon don-quichottisme de braver son intérêt et de mépriser la prudence (AMIEL, Journal intime, 1866, p. 284).
Au fig. [P. réf. au vers de Boileau Le latin dans les mots brave l'honnêteté] J'aurais répliqué (...) dans une langue riche et parisienne, où tous les mots bravent l'honnêteté (COLETTE, L'Entrave, 1913, p. 104).
2. [Le compl. d'obj. désigne un animé]
a) [Le compl. d'obj. désigne une pers. hostile ou que l'on considère comme telle] S'opposer à, tenir tête à :
4. Jamais on n'avait vu tant de courage et de constance que n'en montra le bâtard de Vaurus et les autres chefs de la garnison; ils bravaient les Anglais et leur criaient des injures de dessus les murailles; l'artillerie repoussait toutes les attaques et tuait l'élite de leurs hommes d'armes; ...
BARANTE, Hist. des ducs de Bourgogne, t. 4, 1821-24, p. 353.
P. ext. Braver son public (SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, t. 2, 1863-69, p. 233).
En emploi pronom. réciproque. Près du feu, l'un contre l'autre se bravant, On trinque assis derrière un paravent (BÉRANGER, Chansons, t. 1, Le Mort vivant, 1829, p. 28).
b) Spéc. [Avec l'idée d'un combat mené victorieusement par l'agent contre un attaquant] Affronter victorieusement, surmonter :
5. Bravant mon peu de goût pour les planches, j'y suis allé jadis, sur la foi que la pièce qu'on y jouait ne pouvait être mauvaise, ...
BRETON, Nadja, 1928, p. 35.
6. Une société déjà civilisée s'adosse à des lois, à des institutions, à des édifices même qui sont faits pour braver le temps; ...
BERGSON, Les Deux sources de la mor. et de la relig., 1932, p. 137.
B.— Affronter avec une audace franche, voire effrontée quelque chose ou quelqu'un. Synon. défier, se moquer de.
1. [L'obj. désigne un danger, une contrainte, etc.] Les vents, la neige, les frimats, font leurs délices; ils bravent la mer, ils se rient des tempêtes (CHATEAUBRIAND, Les Martyrs, t. 1, 1810, p. 276). Le rire brave tout. Il y a une belle vengeance dans le rire, contre le respect qui n'était pas dû (ALAIN, Système des beaux-arts, 1920, p. 156).
2. Fréq. [L'obj. désigne une pers. détenant une autorité ou une force supérieure et facilement écrasante] :
7. Si les brigands ne réussissaient pas toujours à punir ces petits gouverneurs despotes, du moins ils se moquaient d'eux et les bravaient, ce qui n'est pas peu de chose aux yeux de ce peuple spirituel. Un sonnet satirique le console de tous ses maux, et jamais il n'oublia une offense.
STENDHAL, L'Abbesse de Castro, 1839, p. 143.
Emploi abs. :
8. Un ou deux des soldats qui sont aux secondes sur le bateau pénètrent aux premières et chantonnent avec aisance en se dandinant (...) Le sentiment de braver, éminemment français, les amuse.
STENDHAL, Mémoires d'un touriste, t. 3, 1838, p. 55.
PRONONC. :[], (je) brave [].
ÉTYMOL. ET HIST. — Ca 1515 « défier, narguer » (COLIN BUCHER, Poésies, 229, éd. Denais dans R. Hist. litt. Fr., t. 5, p. 302).
Dér. de brave; dés. -er.
STAT. — Fréq. abs. littér. :1 050. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 380, b) 1 817; XXe s. : a) 1 151, b) 769.
BBG. — RUPP. 1915, p. 45. — WIND 1928, p. 184, 206.

braver [bʀave] v.
ÉTYM. 1515; de brave, d'après l'ital. bravare. → Bravade.
1 V. intr. Vx. Parader; humilier par son luxe.
1 J'en ai aussi vu d'autres (…) qui engageaient tout ce qu'ils avaient et celui de leurs voisins, pour acheter chevaux et accoutrements afin de braver.
Du Fail, Contes d'Eutrapel, 2, in Huguet.
2 V. tr. Mod. Défier orgueilleusement en montrant qu'on ne craint pas. Affronter, opposer (s'), provoquer. || Braver l'ennemi. || Braver qqn en face. || « Tu me braves, Cinna, tu fais le magnanime » (Corneille).(Compl. n. de chose). || Braver le danger. || Braver la colère de qqn. || Braver l'autorité.
2 Au moyen âge, les individus pouvaient encore braver l'État et les ligues de mécontents le tenir en échec.
J. Bainville, Hist. de France, V.
3 (…) elle parvenait à braver son regard, sans faiblir (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 156.
4 Mais en même temps grondait en elle cette juste fureur contre laquelle il lui était si malaisé de se défendre, lorsqu'on osait braver ses ordres, et se soustraire à ce qu'elle avait résolu et prescrit.
F. Mauriac, la Pharisienne, p. 239.
Vx (langue class.). || Braver qqn avec insolence. Insulter, narguer, nique (faire la nique à qqn).(Compl. n. de chose) :
5 Vous triomphez, cruelle, et bravez ma douleur.
Racine, Iphigénie, II, 5.
3 V. tr. Se comporter sans crainte devant (qqch. de redoutable qu'on accepte d'affronter). Mépriser. || Braver le sort, la faim, le froid, la mort. Moquer (se). || Braver un danger inconsidérément. || Braver les années, se refuser à subir leur atteinte.
6 Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d'arrêter les rayons du soleil,
Brave l'effort de la tempête.
La Fontaine, Fables, I, 22.
7 On ne songe qu'à conserver son enfant; ce n'est pas assez; on doit lui apprendre à se conserver étant homme, à supporter les coups du sort, à braver l'opulence et la misère, à vivre, s'il le faut, dans les glaces d'Islande ou sur le brûlant rocher de Malte.
Rousseau, Émile, I, p. 13.
8 Il y a des misères que l'on brave, que l'on méprise d'un cœur léger, pour soi-même. On ne se pardonne pas de les infliger à un autre.
Paul Bourget, Un divorce, V.
Ne pas craindre de ne pas respecter (une règle, une tradition). || « Le latin, dans les mots, brave l'honnêteté » (Boileau), se permet de transgresser l'honnêteté, la bienséance.
Braver les convenances, les bienséances. Offenser, violer. || Braver l'opinion, le qu'en-dira-t-on. Moquer (se);fam. Pisser au bénitier, jeter son bonnet par-dessus les moulins.
9 (…) il fallut me soumettre à tout risque, et me résoudre à braver le qu'en dira-t-on, sauf à délibérer dans la suite si je me résoudrais à montrer mon ouvrage ou non.
Rousseau, les Confessions, IX.
10 Je sais quel charme austère il y a pour les fortes natures à braver la médiocrité impuissante et à provoquer la rage des sots.
Renan, Philosophie de l'Hist. contemporaine, Œ. compl., t. I, p. 56.
11 (…) il se sentit décidé plus témérairement à braver les règles, les lois, les entraves quelconques de ce monde.
Loti, Ramuntcho, XI, p. 286.
——————
se braver v. pron.
Récipr. Se défier, se provoquer l'un l'autre.
12 Oronte et lui se sont tantôt bravés (…)
Molière, le Misanthrope, II, 6.
CONTR. Éviter, fuir, respecter, soumettre (se).

Encyclopédie Universelle. 2012.