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breloque

breloque [ brəlɔk ] n. f.
• 1694; brelique XVIe; o. i., probablt formation expressive
1Petit bijou fantaisie qu'on attache à une chaîne de montre, à un bracelet. babiole. « Il porte en breloque une amulette arabe » (Duhamel).
2(1808) Batterie de tambour qui appelait les soldats à une distribution de vivres, ou faisait rompre les rangs. Loc. vieilli BATTRE LA BRELOQUE : fonctionner mal, être dérangé, cafouiller. « Je suis une machine usée. [...] Le cœur bat la breloque » (Martin du Gard). (Personnes) Être dérangé, un peu fou. « Ce pauvre vieux battait la breloque » ( L. Michel).

breloque nom féminin (peut-être de emberlificoter, avec influence de loque, lambeau) Petit bijou fantaisie que l'on porte pendu à une chaîne, à un bracelet, etc. Sonnerie de clairon ou batterie de tambour utilisée autrefois pour faire rompre les rangs à une troupe rassemblée. ● breloque (expressions) nom féminin (peut-être de emberlificoter, avec influence de loque, lambeau) Familier. Battre la breloque, déraisonner, parler à tort et à travers ; marcher irrégulièrement, en parlant d'une montre, du cœur.

breloque
n. f.
d1./d Menu bijou attaché à une chaîne de montre, à un bracelet.
d2./d (Réunion) Vieilli Repos accordé aux travailleurs au milieu de la journée.

I.
⇒BRELOQUE1, subst. fém.
Colifichet de peu de prix, petit bijou que l'on attache à une chaîne de montre, à un ruban, à un bracelet... :
1. ... ils [les impérialistes] ont l'air (...) de joueurs ruinés qui conservent encore un reste de magnificence d'emprunt, des breloques, des chaînes, des cachets, des bagues, des velours flétris, des satins fanés...
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 143.
2. — C'est vous, Gamelin? fit une voix de ténor, la voix du citoyen Blaise qui rentrait dans son magasin, bottes craquantes, breloques sonnantes, ...
A. FRANCE, Les Dieux ont soif, 1912, p. 38.
P. métaph. :
3. S'il y a de l'or pur, il peut y avoir aussi de la breloque et du zeste; certaines messes du sanctoral sont des chefs-d'œuvre, d'autres sont plus ordinaires, si on les scrute, comme vous, au point de vue de l'art; ...
HUYSMANS, L'Oblat, t. 2, 1903, p. 176.
Arg., au plur. Les breloques. Les testicules :
4. ... Léon, lui dit-elle [à son mari dont le pantalon est entrebâillé], tu vas perdre tes breloques. (Le Diable amoureux).
A. BRUANT, Dict. fr.-arg., 1905, p. 405.
Au sing. Pendule, horloge :
5. « — Quelle heure est-il?
— Je ne sais pas; la breloque de la tôle est louf. »
A. BRUANT, Dict. fr.-arg., 1905, p. 256.
PRONONC. ET ORTH. :[]. Pour la prononc. de [] muet à la 1re syll. cf. BUBEN 1935, § 21 et aussi bretelle. Homon. et homogr. breloque2.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Mil. XVe s. oberliques « petits bijoux » (Ch. D'ORLÉANS, Poésies, éd. P. Champion, p. 480); 1496 berluques (Dépenses de la Comtesse d'Angoulême, B.N. 3312, f° 33 r° dans GDF. Compl.); XVIe s. brelique (hapax dans FEW t. 8, p. 567a), forme confirmée par l'expr. adv. brelique-breloque (DG) attestée dep. 1680 (RICH.); début XVIIe s. breluques (CRAMAIL, Comédie des Proverbes, II, 5 dans GDF. Compl.); 1694 breloque « curiosité de peu de valeur » (Ac.); 1787 « menu bijou qui pend à une chaîne, à un ruban » (F. SCHWAN, Nouveau Dict. de la lang. fr. et all. d'apr. FEW, loc. cit.); 2. 1836 « pendule » prob. à cause du mouvement du balancier. (F. VIDOCQ, Les Voleurs, p. 36).
Le phonétisme du mot pourrait faire supposer une orig. onomatopéique (DAUZAT 1973; EWFS2) cependant il semble plutôt se rattacher à la famille de emberlificoter (FEW, loc. cit.), cf. spéc. l'a. fr. du même groupe byreliquoquille « chose de peu de valeur » (Fatrasie d'apr. Nouv. Recueil Fabliaux, éd. A. Jubinal, II, 224 dans T.-L.), breloque est prob. une var. de brelique et breluque due à l'infl. de loque « morceau d'étoffe, lambeau » et plus partic. « morceau d'étoffe qui pendille », oberliques, brelique et breluque étant des formations régr. à partir des formes qui sont à l'orig. du verbe emberlificoter.
DÉR. Breloquet, subst. masc. Assemblage de petits objets (étuis, ciseaux, etc.), fixés à une chaîne commune. La clé pendue au breloquet (J. LORRAIN, Contes pour lire à la chandelle, Sur un portrait, 1897, p. 166). Dernière transcr. dans DG : bre-lò-kè. 1re attest. 1798 (Ac.); dér. de breloque1, suff. -et.
BBG. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 53.
II.
⇒BRELOQUE2, subst. fém.
ART MILIT. Batterie de tambour qui appelait les soldats à une distribution de vivres ou ordonnait la rupture des rangs :
1. Je goûtais ce désordre, avec derrière les fenêtres calfeutrées le silence de la ville, et son brusque réveil quand sonnait la breloque.
S. DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 64.
Battre la breloque. Exécuter cette batterie :
2. Puis le tambour bat la breloque, l'heureuse breloque qui ordonne la rupture des rangs. (...) Dispersés dans la ville, les soldats prennent leurs ébats à leur guise.
E. DE LA BÉDOLLIÈRE, Les Français peints par eux-mêmes, t. 5, L'Armée, 1842, p. 46.
P. ext., fam. Présenter un mouvement désordonné, saccadé :
3. Et le tremblement de ses mains redoublait, sa main droite surtout battait tellement la breloque, que, certains jours, il devait prendre son verre dans ses deux poings, pour le porter à ses lèvres.
ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 745.
Au fig., fam. Déraisonner, divaguer :
4. ... à force de s'appesantir sur un travail, il vous éblouit; ce qui semble être une faute maintenant, cinq minutes après ne le semble plus; (...). On en arrive à battre la breloque et c'est là le moment où il est sain de s'arrêter.
FLAUBERT, Correspondance, 1853, p. 263.
PRONONC. ET ORTH. :[]. Pour [] muet à la 1re syll. cf. breloque1. Homon. et homogr. breloque1. Var. graph. berloque (dernière transcr. dans DG : bèr-lok'), cf. dans Ac. 1835-1932, BESCH. 1845, Lar. 19e, Lar. 20e, LITTRÉ et GUÉRIN 1892. Mentionnée à titre hist. seulement dans DG, ROB. et QUILLET 1965.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1811 battre la breloque « battre le tambour pour la distribution de nourriture » (MOZIN-BIBER); 2. 1813 battre une breloque « déraisonner » (J.-F. ROLLAND, Dict. du mauvais lang., p. 27); 1826 battre la breloque « aller mal » (Rienzi dans LARCH.).
Spécialisation de sens de breloque1, peut-être d'apr. le piémontais d'orig. fr. « bruit qui indique la fin du travail » (FEW t. 8, p. 570, note 17). Bien que l'on ignore la raison précise qui a fait naître cette dénomination, le sémantisme de « remuer, secouer, disloquer » pris par berloquer et les formes dial. qui lui correspondent (v. FEW t. 8, p. 567b), à rapprocher de breloque « objet qui pendille », permet de comprendre la filiation des sens notés ici (cf. aussi « clochette » d'apr. G. POUGNARD, Le Parler « franco-provençal » d'Aiript, La Rochelle, 1952 dans FEW t. 8, p. 567a).
STAT. — Fréq. abs. littér. :146.
BBG. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 318.

breloque [bʀəlɔk] n. f.
ÉTYM. 1694; brelique, XVIe; oberliques, mil. XVe; var. berloque; orig. obscure, p.-ê. formation expressive apparentée à emberlificoter, les var. provençales barloco, berloco, burloco incitent Guiraud à rattacher le mot au lat. pop. barare, lat. varare (idée de confusion, d'agitation).
1 Petit bijou de fantaisie qu'on attache à une chaîne de montre, à un bracelet. Babiole. || « Il porte en breloque une amulette arabe » (Duhamel). → Amulette, cit. 3.
1 Les demoiselles portaient des bandeaux colorés autour de la tête, juste au-dessus des sourcils, des grappes de breloques aux oreilles.
Jean-Louis Curtis, le Roseau pensant, p. 95.
Curiosité de peu de prix. || « S'il y a de l'or pur, il peut y avoir aussi de la breloque et du zeste » (Huysmans, in T. L. F.).
Pop. et vx. Montre, pendule, horloge.
2 a (1808). Anciennt (d'abord « batterie de tambour appelant à la distribution de vivres »). Signal militaire (sonnerie ou batterie) de fin d'exercice.
b Spécialt. Sonnerie signalant la fin d'une alerte (notamment d'une alerte aérienne, en 1916-1918).REM. Dans ce sens, la var. berloque se rencontre encore.
2 (…) Rumeur triste des pompiers dans la nuit. Alertes toujours présentes après quarante-deux années. J'avais trois ans. La berloque (…)
Claude Mauriac, le Dîner en ville, p. 230.
3 L'après-midi, le soir, souvent la breloque sonnait. Boubal chassait précipitamment les clients et verrouillait les portes (…)
S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 548.
c (1791, in D. D. L.). Loc. cour.
Battre la breloque : fonctionner mal, être dérangé.
4 Je me sens très vieux, mon cher. Je suis une machine usée : les leviers n'obéissent plus. Le cœur bat la breloque (…)
Martin du Gard, Jean Barois, III, 3, p. 464.
(Sujet n. de personne). Être dérangé, un peu fou.
5 Ce pauvre vieux battait la breloque, évidemment.
Louise Michel, la Misère, t. I, p. 42.

Encyclopédie Universelle. 2012.