chandelle [ ʃɑ̃dɛl ] n. f.
1 ♦ Appareil d'éclairage formé d'une mèche tressée enveloppée de suif. ⇒ bougie, flambeau. Chandelle d'église. ⇒ cierge. S'éclairer à la chandelle. Un dîner aux chandelles. Support de chandelle. ⇒ chandelier. Souffler, éteindre la chandelle (⇒ éteignoir) . Moucher la chandelle (⇒ mouchette) .
2 ♦ Loc. fig. Devoir une fière chandelle à qqn, lui devoir une grande reconnaissance. Des économies de bouts de chandelles : des économies insignifiantes. — Brûler la chandelle par les deux bouts : gaspiller son argent, sa santé. — (En) voir trente-six chandelles : être ébloui, étourdi par un coup. « l'hôtesse reçut un coup de poing dans son petit œil qui lui fit voir cent mille chandelles » ( Scarron). — (1835) Tenir la chandelle : assister en tiers complaisant à une liaison (⇒ chandelier, 3o) . — (XVIe) Le jeu n'en vaut pas la chandelle : le résultat de cette entreprise ne vaut pas l'investissement nécessaire.
3 ♦ Chandelle romaine : pièce d'artifice.
4 ♦ (1578; par anal. de forme) Fam. Morve qui coule d'une narine.
5 ♦ (1894) Montée verticale (d'une balle, d'un avion). L'avion monte en chandelle. Faire une chandelle au tennis. ⇒ lob.
● chandelle nom féminin (latin candela) Autrefois, tige de suif, de résine ou de toute autre matière grasse et combustible, entourant une mèche. Familier. Mucus coulant du nez ; morve. Figure d'acrobatie aérienne consistant à monter rapidement à la verticale. Balle ou ballon expédié presque à la verticale. Petit étai vertical. ● chandelle (citations) nom féminin (latin candela) André Breton Tinchebray, Orne, 1896-Paris 1966 L'art à tort tant décrié de brûler la chandelle par les deux bouts […]. Les États généraux Fontaine ● chandelle (expressions) nom féminin (latin candela) Devoir une belle, une fière chandelle à quelqu'un, avoir des obligations envers lui pour des services rendus. Le jeu n'en vaut pas la chandelle, le résultat ne vaut pas le mal qu'on se donne pour l'obtenir. Monter en chandelle, s'élever à la verticale, en parlant d'un ballon ou d'un avion. Repas, dîner aux chandelles, à la lumière des bougies, des chandelles. Familier. Tenir la chandelle, être un tiers complaisant dans une liaison amoureuse. Vente à la chandelle, vente aux enchères laissant du temps pour surenchérir tant que brûle une bougie allumée au début de l'enchère. Voir trente-six chandelles, éprouver un grand éblouissement, particulièrement sous l'effet d'un coup.
chandelle
n. f.
d1./d Anc. Petit cylindre de suif muni d'une mèche, qui servait à l'éclairage.
|| Mod. Bougie. Un dîner aux chandelles.
d2./d Loc. fig. Devoir une fière chandelle à qqn, lui être redevable d'un grand service.
— Des économies de bouts de chandelles, mesquines et inefficaces.
— Le jeu n'en vaut pas la chandelle: le but ne justifie pas la peine, le risque.
d3./d CONSTR étai vertical.
d4./d AVIAT Monter en chandelle, presque verticalement.
d5./d SPORT Faire une chandelle: envoyer la balle à la verticale.
⇒CHANDELLE, subst. fém.
A.— Vx. Petit cylindre de matière combustible, le plus souvent de suif, muni d'une mèche centrale et employé autrefois pour l'éclairage. Brûler une chandelle. Elle avait acheté de la chandelle (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Rosalie Prudent, 1886, p. 643) :
• 1. ... sur la table, deux chandelles de suif qui brûlent dans deux chandeliers de cuivre argenté, et qui jettent un peu de lueur et de grandes ombres agitées par l'air sur les murs blanchis de l'appartement.
LAMARTINE, Les Confidences, 1849, p. 51.
SYNT. Chandelle de cire, de résine, de suif; chandelles fumeuses; chandelles à la baguette; chandelles moulées; à la lueur, à la lumière de la chandelle. À la chandelle. Le soir, la nuit venue. Allumer, éteindre, moucher, souffler une chandelle.
— P. méton. Substance dont est faite la chandelle. Madame Lepic le graisse de chandelle (RENARD, Poil de Carotte, 1894, p. 319).
♦ Papier chandelle ou papier à chandelle. Papier de mauvaise qualité (qui serait juste bon à envelopper des chandelles) :
• 2. Les revues difficiles paraissent sur papier de luxe; ce qui se lit sur papier chandelle est toujours sage et très clair.
PAULHAN, Les Fleurs de Tarbes, 1941, p. 19.
— P. métaph., souvent fam. Ce qui éclaire intellectuellement ou spirituellement. Illustres chandelles humaines, qui vous consumez par la tête (BALZAC, Œuvres diverses, t. 3, 1850, p. 185) :
• 3. [L'ÂNE :]. —
Et pendant que l'énorme lumière,
Formidable, emplissait le firmament vermeil,
Leur chandelle [des docteurs] tâchait d'éclairer le soleil!
HUGO, L'Âne, 1880, p. 275.
B.— Loc. fig.
1. Brûler la chandelle par les deux bouts. Gaspiller ses biens, sa vie, sa santé par des dépenses excessives ou un comportement désordonné :
• 4. Arnoux avait toujours été sans conduite et sans ordre.
— « Une vraie tête de linotte! Il brûlait la chandelle par les deux bouts! Le cotillon l'a perdu! »
FLAUBERT, L'Éducation sentimentale, t. 2, 1869, p. 261.
2. Devoir une belle, une fière chandelle à qqn. Lui être très obligé, lui être redevable d'un grand bienfait. Je lui devais une fière chandelle. Sans lui (...), je n'aurais rien pu faire (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 46).
3. Économies de bouts de chandelle. Économies sordides et dérisoires (cf. bout II A).
4. Le jeu n'en vaut pas la chandelle. C'est une affaire qui rapporte plus de peine que de profit :
• 5. Bientôt, la pensée de posséder une femme suscita en lui des objections dominantes : s'habiller! se laver! se mettre en frais! faire le gracieux! que de tracas! la petite chose, certes, lui eût été agréable. Mais il fallait la payer de trop de dérangement. Le jeu n'en valait pas la chandelle.
MONTHERLANT, Les Célibataires, 1934, p. 834.
5. Moucher la chandelle [P. réf. au « moucheur de chandelles » des théâtres d'autrefois] Occuper un emploi subalterne. Il était, lui, [Molière] chef de sa troupe; moi, je mouche les chandelles (COURIER, Lettres de France et d'Italie, 1807, p. 757).
6. Le papillon se brûle à la chandelle, se brûler à la chandelle. Se laisser abuser par des apparences trompeuses (cf. STENDHAL, Le Rouge et le Noir, 1830, p. 393).
7. Tenir la chandelle. Servir de tiers complaisant dans une aventure amoureuse. Elle aurait tenu la chandelle, histoire de rendre le mariage inévitable (ZOLA, La Joie de vivre, 1884, p. 956).
8. Voir trente-six (ou trente-six mille) chandelles. Avoir un éblouissement par suite d'un choc violent, d'une vive douleur :
• 6. ... un furieux coup de plat d'épée sur la tête lui fracassa le moule du bonnet, et lui montra trente-six chandelles...
T. GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 216.
C.— Emplois anal.
1. [P. anal. de forme]
a) Dans la lang. cour. Fleur ou plante évoquant une chandelle et dont la tige se dresse avec raideur. Les marronniers (...) avaient poussé trop tôt leurs chandelles blanches ou roses (A. ARNOUX, Paris-sur-Seine, 1939, p. 161). On souffle la « chandelle du pissenlit » (P.-L. MENON, R. LECOTTE, Au village de France, t. 2, 1954, p. 50).
b) Arg. Membre viril (cf. FRANCE 1907). Moucher la chandelle. Pratiquer le « coïtus interruptus » :
• 7. Samadet (...) sur le moment (...) m'étonna par un excès de vertu (...) mais quand (...) M. m'a dit qu'il ne faisait pas souvent cela à Mme Pallard sous le prétexte que c'était un grand crime de moucher la chandelle, il m'a semblé qu'il était hypocrite.
STENDHAL, Journal, t. 2, 1805-08, p. 226.
♦ Bouteille de vin. Faire fondre une chandelle. Boire une bouteille de vin (cf. FRANCE 1907).
c) PYROTECHNIE. Chandelle romaine. Fusée d'artifice en forme de grosse chandelle, constituée d'un long tube d'où jaillissent des étincelles de différentes couleurs. Des chandelles romaines (...) retombaient en pluie d'étoiles (SANDEAU, Sacs et parchemins, 1851, p. 5).
2. Ce qui coule ou pend à la manière du suif fondu.
a) Mucosité épaisse coulant d'un nez ayant besoin d'être mouché. Des enfants (...) morveux, avec des chandelles sous le nez (E. et J. DE GONCOURT, Manette Salomon, 1867, p. 255).
b) Concrétion de glace. Les chandelles de glace de la pompe (COLETTE, Claudine à Paris, 1901, p. 73).
3. [P. réf. à l'idée de verticalité]
a) AVIAT. Ascension rapide d'un avion qui s'élève à la verticale. Monter, partir en chandelle. Il (...) devait avoir souvenance de ses vols précédents, tonneaux, virages sur l'aile, (...) remontée en chandelle (CENDRARS, Le Lotissement du ciel, 1949, p. 166).
b) SP. Au football, au tennis, coup qui consiste à envoyer la balle suivant une trajectoire presque verticale et assez haut pour qu'elle passe hors de la portée de l'adversaire. Faire une chandelle. Synon. lob. Un petit garçon peureux qui craint de recevoir le ballon envoyé en « chandelle » (MONTHERLANT, Le Songe, 1922, p. 150).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. FÉR. Crit. t. 1 1787 : chandelle ou chandèle. Étymol. et Hist. 1. 1119 chandeile (PH. DE THAON, Comput, 2671 ds T.-L.); 1165-70 chandoile (CHR. DE TROYES, Erec, 1614, ibid.); av. 1220 chandele (G. DE COINCY, Mir. Vierge, 571, ibid.); 2. fig. XVe s. se brusler à la chandelle « se laisser attirer par le charme de quelque chose ou quelqu'un » (COQUILLART, Enquête de la simple et de la rusée ds LITTRÉ); 1571 brusler la chandelle par les deux bouts « épuiser son revenu » (Carloix, X, 1, ibid.); av. 1592 le jeu ne vaut pas la chandelle « la chose ne vaut pas la peine » (MONTAIGNE, III, 47, ibid.); 1648 devoir une chandelle à qqn (SCARRON, Virgile Travesti, II, 4 ds L.-T. RICHARDSON, Lex. de Scarron, Aix-en-Provence, p. 46). Du lat. candela « chandelle » attesté dep. Varron ds TLL s.v., 232, 60 avec substitution au cours du XIIIe s. du suff. -elle, plus employé que -oile. Fréq. abs. littér. :1 107. Fréq. rel. littér. :XIXe s : a) 906, b) 2 691; XXe s. : a) 2 502, b) 987.
DÉR. Chandellon, subst. masc. Petite chandelle. Je vous allume un chandellon (GIONO, Le Chant du monde, 1934, p. 134). — 1re attest. 1934 id.; francisation du prov. candeloun (MISTRAL).
BBG. — DAUDIN (P.). Trente-six chandelles. Vie Lang. 1959, pp. 470-476. — GOHIN 1903, p. 349. — GOTTSCH. Redens. 1930, passim. — GOUG. Mots t. 1, 1962, pp. 43-45. — ROG. 1965, p. 83. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 92. — TOURNEMILLE (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1957, p. 2.
chandelle [ʃɑ̃dɛl] n. f.
ÉTYM. 1119, chandeile; du lat. candela, même sens.
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1 Anciennt. Appareil d'éclairage formé d'une mèche tressée enveloppée de suif. ⇒ Bougie, flambeau, oribus; argot, calbombe, camoufle. || Industrie des chandelles. || Chandelle à la baguette, au moule. || Blanchiment des chandelles. || Papier de chandelle, papier chandelle, papier de mauvaise qualité pour envelopper les chandelles. || S'éclairer à la chandelle. || Appareil servant de support à une chandelle. ⇒ Chandelier. || Allumer la chandelle. || Souffler la chandelle. ⇒ Éteindre; éteignoir.
1 (…) je crie toujours : « Voilà qui est beau », devant que les chandelles soient allumées.
Molière, les Précieuses ridicules, 9.
2 Décidément c'était le jour; elle alla, par économie, souffler sa chandelle et puis revint s'asseoir.
Loti, Mon frère Yves, LIV, p. 135.
♦ Bout de la mèche d'une chandelle. ⇒ Lumignon. || Moucher la chandelle avec une mouchette : couper l'extrémité de la mèche qui est consumée. || Moucheur de chandelles.
3 Elle n'était pas laide, quoique si maigre et si sèche qu'elle n'avait jamais mouché de chandelle avec les doigts que le feu n'y prit.
Scarron, le Roman comique, I, IV, p. 10.
♦ Chandelle d'église. ⇒ Cierge. || Bout de chandelle (voir ci-dessous figuré).
2 ☑ Loc. fig. Moucher la chandelle : remplir des fonctions subalternes; et aussi : moucher un enfant dont le nez coule; → ci-dessous 4. — ☑ Moucher une chandelle à trente pas : tirer très bien au pistolet.
♦ Brûler, offrir, devoir une chandelle à Dieu, en signe de reconnaissance. — ☑ Loc. fig. Devoir une chandelle à qqn : avoir des obligations envers celui qui nous a rendu un grand service. || Il lui doit une fière chandelle.
3.1 — Le fait est que si nous en échappons, nous devrons une belle chandelle à Notre-Dame des Glaces ! répondit Aupic.
J. Verne, Un hivernage dans les glaces, p. 241.
♦ Un bout de chandelle. — ☑ Loc. Faire des économies de bout de chandelles, des économies sordides, insignifiantes. — ☑ Brûler la chandelle par les deux bouts : dépenser trop (⇒ Bout, cit. 16). — ☑ En voir trente-six chandelles, se dit des lueurs que l'on aperçoit, de l'éblouissement que l'on ressent à la suite d'un coup violent reçu sur la tête (var. : cent mille chandelles).
4 (…) l'hôtesse reçut un coup de poing dans son petit œil qui lui fit voir cent mille chandelles (c'est un nombre certain pour un incertain) et la mit hors de combat.
Scarron, le Roman comique, II, VII, p. 192.
5 La langue fourmille d'images usées, qui sont demeurées des noms (…) Il n'est que de considérer le mot chandelle. C'est un produit presque hors d'usage, au moins dans les villes : on n'en continue pas moins à parler de brûler la chandelle par les deux bouts, d'économiser sur les bouts de chandelle, de voir trente-six chandelles. Et tout-à-coup, une de ces expressions pousse un rejeton.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, I, II, VIII.
♦ ☑ Fig. Se brûler à la chandelle. ⇒ Brûler (se). — ☑ La chandelle brûle : le temps presse. — ☑ C'est une chandelle qui s'éteint, une personne qui meurt insensiblement, de vieillesse.
♦ ☑ (1835). Fig. et fam. Tenir la chandelle : assister en tiers complaisant à une aventure galante (⇒ Chandelier).
♦ ☑ (XVIe). Le jeu n'en vaut pas les chandelles (vx), la chandelle : cela n'en vaut pas la peine, en parlant d'une entreprise, d'une affaire hasardeuse.
6 (…) Le jeu, comme on dit, n'en vaut pas les chandelles.
Corneille, le Menteur, I, 1.
♦ Jouer à la chandelle, au mouchoir.
3 Chandelle romaine : fusée d'artifice.
4 (Par anal. de forme). Morve qui coule d'une narine. || Une chandelle pendait de son nez (→ loc. fig. 2. Moucher).
5 (1900). || En chandelle : verticalement. || Monter en chandelle, en parlant d'un avion. — Figuré :
7 Le patron a fait comme tout le monde, mais en plus grand : 14 cylindres. Il préfera l'aventure à l'industrie bourgeoise. Il décolle en chandelle dans la finance pendant que les contremaîtres activent l'usine.
Pierre Hamp, la Peine des hommes (Moteurs), p. 105.
♦ Une chandelle : montée verticale (d'une balle, d'un ballon). — Faire une chandelle, au tennis (⇒ Lob); au rugby, au football.
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DÉR. Chandelier.
Encyclopédie Universelle. 2012.