chevet [ ʃ(ə)vɛ ] n. m.
• XIVe; chevez 1256; lat. capitium, de caput « ouverture d'un vêtement par laquelle on passe la tête » → chef
I ♦
1 ♦ Vx Coussin allongé, à la tête du lit. ⇒ traversin. « le visage caché dans un chevet » (Sainte-Beuve).
2 ♦ Partie du lit où l'on pose sa tête. ⇒ tête. « Pour les malades, le monde commence au chevet et finit au pied de leur lit » (Balzac). Lampe, table de chevet, placées près de la tête du lit. — Par ext. Livre de chevet : livre de prédilection.
3 ♦ AU CHEVET DE QQN : auprès de son lit. Rester au chevet d'un malade. Elle « passa trois nuits debout au chevet de sa belle-mère » (Sand).
II ♦ (XIIIe; picard cavec)
1 ♦ Archit. Partie d'une église qui se trouve à la tête de la nef, derrière le chœur. ⇒ abside. « Un cimetière entoure le chevet de cette église » (Balzac). — Spécialt Extérieur du chœur. Les absidioles d'un chevet roman.
2 ♦ Minér. Lit d'un filon.
⊗ CONTR. (de I) Pied.
● chevet nom masculin (latin capitium, partie d'un vêtement où l'on passe la tête) Extrémité du lit où l'on pose la tête ; panneau vertical qui en forme la limite. Tablette attenante à cette extrémité. Appuie-tête utilisé dans certaines civilisations anciennes, notamment en Égypte. (On dit aussi oreiller, notamment pour les chevets de Chine.) Extrémité postérieure du sanctuaire d'une église (mur et toiture). ● chevet (citations) nom masculin (latin capitium, partie d'un vêtement où l'on passe la tête) Michel Eyquem de Montaigne château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533-château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1592 Ô que c'est un doux et mol chevet, et sain, que l'ignorance et l'incuriosité, à reposer une tête bien faite ! Essais, III, 18 oreiller ● chevet (expressions) nom masculin (latin capitium, partie d'un vêtement où l'on passe la tête) Au chevet d'un malade, auprès d'une personne alitée, en la veillant, en la soignant. Chevet plat, chevet rectangulaire, par opposition au chevet « en abside ». Livre de chevet, livre de prédilection, auquel on se réfère constamment. Meuble, lampe, table de chevet, meuble, lampe, table placés à la tête du lit. ● chevet (synonymes) nom masculin (latin capitium, partie d'un vêtement où l'on passe la tête) Extrémité du lit où l'on pose la tête ; panneau vertical...
Synonymes :
- tête de lit
chevet
n. m.
d1./d Tête du lit. Table de chevet, que l'on place près du lit, à sa portée. Syn. table de nuit.
— Livre de chevet: livre de prédilection, que l'on garde près de soi pour y revenir souvent.
|| être au chevet de qqn, près de son lit pour le veiller ou le soigner. Se rendre au chevet d'un malade.
d2./d ARCHI Partie semi-circulaire qui constitue l'extrémité du choeur d'une église.
⇒CHEVET, subst. masc.
I.— Usuel
A.— Partie du lit où l'on pose la tête. Les traverses du chevet sont plus longues que de coutume et débordent de chaque côté les montants (NOSBAN, Nouv. manuel complet du menuisier, t. 2, 1857, p. 26). Déjà Mac Allister était à l'autre bout de la pièce, derrière le chevet du lit qui lui servait de rempart (GREEN, Moïra, 1950, p. 79).
B.— P. méton. Tête de lit :
• 1. Que le misérable qui meurt à l'hôpital sans asile ni famille, ni d'autre nom que le numéro du chevet, accepte la mort comme une délivrance (...) cela se comprend.
A. DAUDET, Le Nabab, 1877, p. 83.
— P. ext., vx ou région. Coussin allongé placé à la tête du lit et qui en tient toute la largeur. À un mouvement que fit Madame Wil, Atar-Gull s'approcha d'elle pour relever le chevet de sa maîtresse (SUE, Atar Gull, 1831, p. 30).
♦ P. métaph. :
• 2. Un creux où le soleil lui-même est pâle, et n'entre
Qu'avec précaution, c'était l'antre où vivait
L'énorme bête, ayant le rocher pour chevet.
HUGO, L'Art d'être grand-père, 1877, p. 200.
— Loc. (Se tenir) au chevet de qqn. Auprès d'une personne alitée (généralement pour cause de maladie mortelle) :
• 3. Pauvre Isa qui avait passé tant de nuits au chevet de cette petite hurleuse, qui l'avait prise dans sa chambre parce que ses parents voulaient dormir...
MAURIAC, Le Nœud de vipères, 1932, p. 179.
SYNT. Accourir au chevet, appeler au chevet, s'asseoir au chevet, quitter le chevet, rester au chevet, se trouver au chevet, veiller au chevet (de qqn).
C.— De chevet. Qui est placé au(près du) chevet :
• 4. La lecture au soir dans le lit avec un seul coupe-papier qu'on se dispute, et une lampe de chevet qu'on allume de la porte.
GIRAUDOUX, L'Apollon de Bellac, 1942, 8, p. 97.
♦ Spéc. Table de chevet :
• 5. ... un verre et une carafe d'eau fraîche avaient été posés à portée de la main, sur la table de chevet.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, Épilogue, 1940, p. 812.
♦ Au fig. Épée de chevet, ,,vieilli`` (DG). Personne ou chose qu'on appelle ou garde constamment auprès de soi, à portée de la main, à son service. L'Iliade d'Homère était l'épée de chevet d'Alexandre (Ac. 1798-1878). Cet argument est son épée de chevet (Ac. 1932).
Rem. On dit aussi : épée de cuisse (LELOIR 1961).
P. anal. Livre de chevet. Livre qu'on tient constamment à son chevet ou sur sa table de chevet, livre de prédilection :
• 6. ... mais je n'aurai jamais l'idée d'en faire mon livre de chevet.
SAINTE-BEUVE, Les Cahiers, 1869, p. 106.
II.— [P. anal. de fonction ou de destination]
A.— ARCHIT. Partie d'une église qui se trouve à la tête de la nef, au delà du sanctuaire :
• 7. La nef était déserte; au chevet de l'église deux troupes séparées de garçons et de filles écoutaient des instructions.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 185.
B.— CONSTR. Rebord en plomb dont on garnit les chéneaux, près de la gouttière, pour empêcher l'eau de s'échapper (d'apr. CHABAT 1881).
C.— MAR. ,,Pièce ordinairement en bois de peuplier, clouée sur l'arrière du traversin des bittes, pour être plus doux sous le câble autour des bittes`` (WILL. 1831).
D.— ART MILIT. Chevet de mortier. ,,Coin de bois propre à faire varier l'inclinaison de l'arme lorsqu'on l'introduit entre l'affût et le mortier`` (CHESN. 1857).
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. chèveteau. ,,Solive d'enchevêtrure`` (J. ADELINE, Lexique des termes d'art, 1884).
Prononc. et Orth. :[()]. [] muet noté ds les dict. plus anc. de FÉR. 1768 à DG et pour les dict. plus récents ds PASSY 1914, BARBEAU-RODHE 1930 (qui transcrit cependant [] ou [], qui traduit l'assourdissement de [v] devant []. Il faudrait en réalité transcrire []. [] également ds DUB., Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr. [] est noté entre parenthèses ds Pt ROB. et WARN. 1968. Au sujet de [] muet cf. chemin. Pour la prononc. affectée [()] signalée ds FÉR. 1768 cf. lettre C graph. ch- à l'initiale. Attesté ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1174 chevez « traversin destiné à soutenir la tête » (G. DE PONT STE MAXENCE, Saint Thomas, 5010 ds T.-L.); 2. ca 1450 au chevet du lit « à la tête du lit » (Mist. Vieil Testament, XXVI, 20775, III, 153 ds IGLF); 1828 livre de chevet (SAINTE-BEUVE, Tabl. hist. et crit. de la poésie fr. et du théâtre fr. au XVIe s., 1828, p. 27); 3. 1er tiers XIIIe s. archit. cavec (Chevalier as deus espees, 7436 ds T.-L.); 4. 1694 « garniture de plomb qu'on met au bord des cheneaux » (CORNEILLE). Chevez du lat. class. capitium (dér. de caput, -itis) « corsage des femmes [se passant par la tête] », « encolure de la tunique »; en lat. médiév. « tête de lit » (881 ds NIERM.), « partie d'une église » (1060, ibid.), cf. a. prov. cabetz « chevet de lit » et « ouverture d'un vêtement » (Pt LEVY); chevet est issu soit de chevez pris pour une forme à flexion (NYROP t. 3, § 126 1° et p. 222 rem.), soit par substitution de suff. (DG; DAUZAT 1973; BL.-W.5). Fréq. abs. littér. :911. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 210, b) 1 675; XXe s. : a) 1 137, b) 1 259. Bbg. GOTTSCH. Redens. 1930, p. 232, 233, 314. — ROG. 1965, p. 84.
chevet [ʃ(ə)vɛ] n. m.
ÉTYM. V. 1450; chevez, v. 1774; du lat. capitium, de caput « ouverture d'un vêtement par laquelle on passe la tête ».
❖
———
1 Partie du lit où l'on pose sa tête. ⇒ Tête (d'un lit).
1 Pour les malades, le monde commence au chevet et finit au pied de leur lit.
Balzac, la Peau de chagrin, Pl., t. IX, p. 236.
♦ De chevet. || Image, lampe, table de chevet, qui sont à la tête du lit.
2 Il l'aidait à disposer les coussins, à brancher une lampe de chevet sur la prise électrique.
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 209.
2.1 (…) la torpeur dans laquelle son corps au moins se trouvait; il prend sur le bois de la table de chevet, le bracelet-montre qu'avant de s'étendre il y avait laissé. Presque cinq heures et demie, lit-il au cadran dans le faible jour (…)
A. Pieyre de Mandiargues, la Marge, p. 11.
♦ Par ext. || Livre de chevet : livre de prédilection. ⇒ Bible, bréviaire. ☑ Fig. (vx). Épée de chevet : ce sur quoi l'on s'appuie en toute occasion; idée fixe, dada.
3 Voilà leur épée de chevet, de l'argent.
Molière, l'Avare, III, 1.
4 Madeleine ne s'épargna pas et passa trois nuits debout au chevet de sa belle-mère, qui rendit l'esprit entre ses bras.
G. Sand, François le Champi, IV, p. 48.
5 Ils étaient au chevet de cette usine mourante comme à celui d'un malade qui déjà ne peut plus parler.
A. Maurois, Bernard Quesnay, XVII, p. 108.
3 Vx. Coussin allongé, à la tête du lit. ⇒ Traversin.
6 Allons sur le chevet rêver quelque moyen
D'avoir de l'incrédule un plus doux entretien.
Corneille, le Menteur, III, 6.
7 (…) la tête dans les mains, les yeux se dérobant, comme indignes, à la clarté du jour, et le visage caché dans un chevet (…)
Sainte-Beuve, Volupté, XIX, p. 186.
———
II (XIIIe, picard caveç).
1 Archit. Partie d'une église qui se trouve à la tête de la nef, derrière le chœur. ⇒ Abside. || Chevet gothique, roman.
8 Un cimetière entoure le chevet de cette église, et plus loin se trouve le presbytère.
Balzac, Séraphîta, Pl., t. X, p. 462.
9 L'église, extérieurement, du côté du chevet, très ancienne : gothique roman, en pierres de diverses couleurs.
E. Delacroix, Journal, 5 août 1850.
♦ Extérieur du chœur.
2 (1842). Minér. Lit d'un filon.
❖
CONTR. Pied (de lit).
HOM. Formes du v. chever.
Encyclopédie Universelle. 2012.