clarté [ klarte ] n. f. A ♦ Concret
1 ♦ Lumière qui rend les objets visibles d'une façon nette et distincte. REM. Par rapport à lumière, clarté est plus souvent caractérisé affectivement, esthétiquement. Une clarté laiteuse; vive, intense; froide. Faible clarté. ⇒ lueur, nitescence. Clarté de l'aurore, du crépuscule. ⇒ demi-jour. « une clarté très douce, baignant les objets d'une lueur diffuse » (Zola). Répandre de la clarté. ⇒ éclairer. Très vive clarté. ⇒ éclat, embrasement. Clarté de la lune. ⇒ clair (II). Mélange de clarté et d'ombre. ⇒ clair-obscur. « Cette obscure clarté qui tombe des étoiles » (P. Corneille). — Loc. À la clarté de : sous l'éclairage de. Lire à la clarté d'une lampe.
2 ♦ (1538) Qualité de ce qui est clair, transparent. ⇒ limpidité. Clarté de l'eau. La clarté du teint.
B ♦ Abstrait
1 ♦ (1580) Caractère de ce qui est facilement intelligible. ⇒ netteté, précision. La clarté de la langue française. La clarté de ses explications. S'exprimer, parler avec clarté. ⇒ clairement. « la seule qualité à rechercher dans le style est la clarté » (Stendhal). Clarté d'esprit. ⇒ lucidité. — Loc. Pour plus de clarté : pour encore mieux comprendre. Et pour plus de clarté, j'ajoute que...
2 ♦ Vieilli ou littér. Vérité lumineuse. Ses recherches ont projeté quelque clarté sur ce sujet. ⇒ lueur, lumière. — Loc. En pleine, en toute clarté : très clairement.
3 ♦ Vieilli, au plur. Connaissances d'un certain niveau de culture. « Je consens qu'une femme ait des clartés de tout » (Molière). ⇒ idée, lumière, notion.
⊗ CONTR. Obscurité, 1. ombre; confusion, 2. trouble.
● clarté nom féminin (latin claritas, de clarus, brillant) Lumière, éclairage répandu par quelque chose de lumineux : La clarté du jour. Qualité de ce qui est clair, lumineux, limpide, transparent, etc. : La clarté d'un appartement. La clarté de l'eau. Qualité de ce qui est facilement intelligible ou de ce qui est précis, net ; qualité de quelqu'un qui se fait facilement comprendre, qui s'exprime et juge avec netteté, précision : La clarté d'un exposé, d'une idée. Pour un instrument d'optique, rapport des éclairements de la rétine dans l'observation respectivement avec et sans instrument. Dans le cas d'une étoile, rapport des flux lumineux reçus par l'œil dans l'observation respectivement avec et sans instrument. ● clarté (citations) nom féminin (latin claritas, de clarus, brillant) Jacques Audiberti Antibes 1899-Paris 1965 Si les cœurs étaient clairs, le monde serait clair. Le Mal court Gallimard Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Cette obscure clarté qui tombe des étoiles. Le Cid, IV, 3, Rodrigue Jean Grosjean Paris 1912 Tout événement n'est qu'un accroît de clarté. Apocalypse Gallimard Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Je consens qu'une femme ait des clartés de tout, Mais je ne lui veux point la passion choquante De se rendre savante afin d'être savante ; Et j'aime que souvent, aux questions qu'on fait, Elle sache ignorer les choses qu'elle sait. Les Femmes savantes, I, 3, Clitandre Antoine Rivaroli, dit le Comte de Rivarol Bagnols-sur-Cèze 1753-Berlin 1801 Ce qui n'est pas clair n'est pas français. Discours sur l'universalité de la langue française Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues Aix-en-Provence 1715-Paris 1747 La clarté est la bonne foi des philosophes. Réflexions et Maximes Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues Aix-en-Provence 1715-Paris 1747 La clarté orne les pensées profondes. Réflexions et Maximes ● clarté (synonymes) nom féminin (latin claritas, de clarus, brillant) Lumière, éclairage répandu par quelque chose de lumineux
Synonymes :
- éclairage
- jour
- lumière
Contraires :
- obscurité
- ombre
- ténèbres
Qualité de ce qui est clair, lumineux, limpide, transparent, etc.
Synonymes :
- limpidité
Contraires :
- opacité
Qualité de ce qui est facilement intelligible ou de ce...
Synonymes :
- évidence
- netteté
- précision
Contraires :
- mystère
- trouble
clarté
n. f.
d1./d Lumière largement répandue. La clarté d'un jour d'été.
d2./d Transparence. La clarté de l'eau.
d3./d Fig. Qualité de ce qui se comprend facilement. écrire avec clarté. Clarté d'esprit.
d4./d Fig. (Surtout au Plur.) Connaissance importante. Avoir des clartés sur tout.
⇒CLARTÉ, subst. fém.
A.— 1. Réverbération ou lumière irradiée d'un corps céleste (soleil, lune, etc.), d'un feu, ou de tout moyen artificiel d'éclairage permettant de distinguer nettement les objets. La clarté du jour, des étoiles, du soleil, de la lampe :
• 1. ... l'air était si pur, le ciel si serein, qu'il en résultait une clarté à l'aide de laquelle nous eussions aperçu les dangers comme en plein jour.
Voyage de La Pérouse, t. 3, 1797, p. 174.
• 2. La lune qui allait se lever à l'Orient baignait le ciel de blancheur. Et le rayonnement de cet astre, encore caché sous l'horizon, mettait dans la nuit une palpitation de clarté d'une tendresse infinie.
MOSELLY, Terres lorraines, 1907, p. 157.
• 3. Il [Victor] vient de dévorer les Confessions et les Rêveries de Rousseau, des quantités énormes de Voltaire et de Diderot, auteurs qu'on lui présente en classe; puis force romans policiers ou autres, à raison d'un volume par jour; car, ayant encore de bons yeux, la clarté de la bougie lui suffit, et il lit dans son lit jusqu'à des heures tardives.
GIDE, Journal, 1943, p. 172.
SYNT. Une clarté blanchâtre, bleuâtre, blafarde, froide, laiteuse, vacillante, aveuglante, douce, pâle; la demi-clarté; à la première clarté de l'aube (CHATEAUBRIAND, Les Martyrs, t. 3, 1810, p. 236); la clarté inquiète de la flamme (HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 476); une goutte de clarté (ZOLA, Le ventre de Paris, 1873, p. 633); une mince tache de clarté frileuse (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 223).
— Expr. À la clarté de. Sous l'éclairage de. À la clarté d'une bougie, d'un réverbère, d'un projecteur. Je sortis de cet affreux chaos; et, à la clarté de l'incendie, je gagnai l'autre extrémité du faubourg (BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, La Chaumière indienne, 1791, p. 122).
a) P. allus. littér. [P. réf. au vers de Corneille (Le Cid, IV, 3)] Cette obscure clarté qui tombe des étoiles. Tel alexandrin, admirablement imaginé... comme cette obscure clarté qui tombe des étoiles... est beau d'une beauté prosaïque; ce n'est pas un beau vers, c'est une belle phrase (BREMOND, La Poésie pure, 1926, p. 52).
b) Littér. Jouir de la clarté du jour, de la clarté. Vivre. On dit de même : revoir la clarté du jour, revoir la clarté; perdre la clarté du jour, perdre la clarté (Ac. 1835-1932).
♦ Apporter une clarté. Un flambeau :
• 4. Les marquis de Final ont leur royal tombeau
Dans une cave où luit, jour et nuit, un flambeau
(...)
Là, mangé par les vers dans l'ombre de la mort,
Chaque marquis auprès de sa marquise dort,
Sans voir cette clarté qu'un vieil esclave apporte.
HUGO, La Légende des siècles, t. 2, La Confiance du marquis Fabrice, 1859, p. 525.
c) Gén. au plur. Source de lumière. Les clartés de l'aurore les clartés célestes. Une nuit toute splendide, pleine de clartés (FLAUBERT, Smarh, 1839, p. 91). Ses beaux yeux sont tout pleins de ces clartés divines, Que l'urne du matin verse aux buissons en fleurs! (LECONTE DE LISLE, Poèmes antiques, Clytie, 1852, p. 136).
♦ P. métaph. Ce qui illumine la vie; lueur d'espoir. Esther aperçut une faible clarté dans sa vie ténébreuse, elle respira (BALZAC, Splendeurs et misères des courtisanes, 1844, p. 211) :
• 5. AGLAVAINE [à Méléandre]. — ... Je me cherche hors de moi et c'est en toi que je me trouve (...) Je ne sais déjà plus si tu es ma clarté ou si je deviens ta lumière...
MAETERLINCK, Théâtre III, Aglavaine et Sélysette, 1930, II, 1, p. 26.
2. P. anal.
a) [En parlant d'une chose : verre, eau, etc.] Transparence, limpidité. La clarté des eaux du Nil (FROMENTIN, Voyage en Egypte, 1869, p. 83) :
• 6. Au jour, l'enfant se réveilla. Devant eux, la vallée s'étendait toute claire sous le ciel blanc. Le soleil était encore derrière les coteaux. Une clarté de cristal, limpide et glacée comme une eau de source, coulait des horizons pâles.
ZOLA, La Fortune des Rougon, 1871, p. 209.
b) [En parlant d'une partie du corps] Netteté, éclat. Clarté du teint (PROUST, La Fugitive, 1922, p. 649). La clarté de ses cheveux (HAMP, Marée fraîche, 1908, p. 59).
B.— Au fig.
1. Littér. et vieilli. Connaissance qui permet de comprendre une chose; lueur sur un sujet. Quelque clarté inattendue sur notre âge poétique actuel (SAINTE-BEUVE Poésies, 1828, p. 282). Une clarté de plus sur la vie (M. BLONDEL, L'Action, 1893, p. 82) :
• 7. Son esprit venait d'être illuminé par la clarté que voici : — cette charrette ferait joliment bien sur notre barricade.
HUGO, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 400.
— Au plur. [P. réf. le plus souvent à Molière, Les Femmes savantes, 1, 3, vers 218 : Je consens qu'une femme ait des clartés de tout] Connaissances générales ou particulières d'un certain niveau de culture. Quel dommage que notre jeune maître, qui a des clartés sur tout, n'ait daigné nous en fournir aucune sur cette loi, faute de laquelle, nous dit-il, « nous allons avoir besoin de dérisoires consolations... » (MAURIAC, Le Bâillon dénoué, 1945, p. 475) :
• 8. Rappelez-vous d'ailleurs l'admirable maxime que notre grand Molière fit proclamer par l'homme de goût de son dernier chef-d'œuvre : je consens qu'une femme ait des clartés de tout et notez aussi que le je consens d'alors deviendrait maintenant, il convient.
COMTE, Catéchisme positiviste, 1852, p. 64.
2. [En parlant de l'esprit, de ses productions, de ses manifestations] Qualité de ce qui est clair.
a) Domaine de la pensée. Qualité de ce qui est clair, sans ambiguïté, facile à comprendre. Clarté de la consscience, de l'intelligence, du jugement. Un souci de simplification et de clarté (J. MEYNAUD, Les Groupes de pression en France, 1958, p. 45). Quelles que soient les combinaisons adoptées, il est bon de se rappeler que l'ordre, la méthode, la clarté et la simplicité sont les qualités essentielles à mettre en œuvre dans tout système de classement (J. PETHOUD, Principes mod. d'organ. industr. et comm., 1931, p. 249) :
• 9. « L'humanité a fourni peu de cerveaux comparables au sien [Pascal] pour le besoin de clarté et de certitude, pour l'aptitude à l'analyse qui prépare la lumière et à la dissertation qui la dirige et la concentre ».
BARRÈS, Mes cahiers, t. 7, 1908-09, p. 198.
SYNT. Apparaître en pleine clarté, avec toute la clarté possible, pour la clarté de (cf. COURIER, Pamphlets pol., Pétition aux deux chambres, 1816, p. 3). Pour plus de clarté (ALAIN-FOURNIER, Correspondance, [avec J. Rivière], 1910, p. 235).
— [En parlant des caractères gén. d'une collectivité] La clarté française, latine :
• 10. La langue italienne, beaucoup plus faite pour être chantée que parlée, ne sera soutenue contre la clarté française qui l'envahit que par la musique.
STENDHAL, De l'Amour, 1822, p. 170.
b) En partic., dans le domaine des sc. La clarté de la démonstration, la clarté illuminante d'une solution mathématique (J. CAPELLE, L'École de demain reste à faire, 1966, p. 157). Cette distinction fondamentale apporte beaucoup de clarté dans la théorie des gaz ionisés (Hist. gén. des sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 289).
c) Dans le domaine de l'expr. didactique, littér., etc. La clarté du discours, de la phrase, du récit. La clarté de son style (SÉNAC DE MEILHAN, L'Émigré, 1797, p. 1614).
Clarté dans l'expression (MAINE DE BIRAN, De l'Influence de l'habitude sur la faculté de penser, 1803, p. 162) :
• 11. L'épître de l'archevêque Landriani était un chef-d'œuvre de logique et de clarté; elle n'avait pas moins de dix-neuf grandes pages, et racontait fort bien tout ce qui s'était passé à Parme à l'occasion de la mort de Giletti.
STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, p. 200.
• 12. Le chemin de fer règne par la toute-puissance de sa rapidité; la langue française, par sa clarté, ce qui est la rapidité d'une langue, et par la suprématie séculaire de sa littérature.
HUGO, Le Rhin, 1842, p. 479.
d) P. anal., dans le domaine des B.-A. La clarté de l'opéra-comique au XVIIIe siècle (H. GHÉON, Promenades avec Mozart, 1932, p. 38) :
• 13. Il existe des pièces à la structure tourmentée, aux bronzes exubérants qui heurtent notre goût inné de clarté et d'équilibre.
J. VIAUX, Le Meuble en France. 1962, p. 94.
3. [En parlant de l'âme, du cœur] Qualité de pureté. Clarté de l'âme. Clarté rapide d'un sourire (ZOLA, La Joie de vivre, 1884, p. 824). Clarté séraphique du regard (HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 12) :
• 14. Clarifica me, clarifie moi, c'est la prière de Notre-Seigneur à la Cène. Or, il y a une clarté intérieure et une clarté extérieure. La clarté intérieure, c'est celle de la conscience, à quoi fait allusion le texte de Matthieu et Luc : l'œil est le flambeau du corps.
CLAUDEL, Un Poète regarde la Croix, 1938, p. 180.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. Concr. 1. 950-1000 claritet « lumière, lueur » (Saint Léger, éd. J. Linskill, 201); ca 1100 clartet (Roland, éd. J. Bédier, 1432); av. 1463 banny de la clarte Phébus « privé de la vie » (VILLON, Poésies, V, 29, éd. A. Longnon et L. Foulet), employé surtout dans la lang. class., puis poét. (Ac. 1694); 2. a) ca 1100 clartet « caractère de ce qui a de l'éclat, de la pureté » (Roland, loc. cit., 2990); b) 1538 clarté « caractère de ce qui est clair, transparent, limpide » (EST., s.v. limpitudo); 3. 1268 fig. « caractère de ce qui est illustre; renommée » (BRUNET LATIN, Trésor, éd. P. Chabaille, p. 390). B. Abstr. 1. 1580 clairté « qualité de ce qui est facilement intelligible, netteté » (MONTAIGNE, Essais, livre II, chap. 10); p. ext. 2. 1643 souvent au plur. clartés « vérité lumineuse » (COR., Pol., IV, 3); 1672 « connaissance, notion » (MOLIÈRE, Femmes savantes, I, 3), ,,vieilli, au moins en prose`` d'apr. Lar. 19e. Empr. au lat. class. claritas (de clarus, clair) « clarté, éclat » au propre et au figuré. Fréq. abs. littér. :4 172. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 4 544, b) 7 922; XXe s. : a) 8 177, b) 4 701. Bbg. DUCH. Beauté 1960, p. 110. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 18 — STACKELBERG (J. von). Klarheit als Dichtungsmittel. In : [Mél. Friedrich (H.)]. Frankfurt, 1965, pp. 257-273.
clarté [klaʀte] n. f.
ÉTYM. 1080, Chanson de Roland, clartet; claritet, v. 1000 (Saint Léger); l'orthographe clarté, clairté date du XVIe; du lat. claritas, dér. de clarus. → Clair.
❖
A Concret.
1 Lumière qui rend les objets visibles d'une façon nette et distincte. ⇒ Lumière. || Une clarté bleuâtre, laiteuse, froide, blafarde. || Douce clarté. || Clarté diffuse. || Faible clarté. ⇒ Lueur, nitescence. || Clarté de l'aurore, du crépuscule. ⇒ Demi-jour. || Répandre de la clarté. ⇒ Éclairer. || La clarté intense du soleil. || Très vive clarté. ⇒ Éclat, embrasement. || Une trop grande clarté éblouit. || Clarté de la lune. ⇒ Clair, II. || Mélange de clarté et d'ombre. ⇒ Clair-obscur. || Une clarté artificielle. — || « La clarté déserte de ma lampe… » (→ Papier, cit. 15, Mallarmé).
1 Cette obscure clarté qui tombe des étoiles
Enfin avec le flux nous fit voir trente voiles (…)
Corneille, le Cid, IV, 3.
2 Le soleil nous luit tous les jours,
Tous les jours sa clarté succède à l'ombre noire (…)
La Fontaine, Fables, II, 13.
3 Cependant sur la tour, les monts, les bois antiques,
L'ardent foyer jetait des clartés fantastiques (…)
Hugo, Ballades, VIII.
4 (…) c'était au milieu de l'ombre, une clarté très douce, baignant les objets d'une lueur diffuse et tendre.
Zola, le Dr Pascal, I, p. 5.
5 Toute la ville était éclairée par un petit nuage éblouissant qui s'était arrêté sur la lune, et le ciel était adouci de clarté (…)
Pierre Louÿs, Aphrodite, III, p. 39.
6 Qu'est-ce qu'il y a de plus mystérieux que la clarté ? (…) Quoi de plus capricieux que la distribution, sur les heures et sur les hommes, des lumières et des ombres ?
Valéry, Eupalinos, p. 68.
7 (…) quand on la regarde, cette peau, au plein jour de là-bas, quand la lumière frise l'épaule ou la hanche, il y a, sur cette soie mordorée, des clartés bleues (…) comme une impalpable poudre d'acier, comme un perpétuel reflet de lune (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 42.
7.1 Ce n'est pas la même lumière et elle n'éclaire pas directement l'endroit où le soldat se tient, qui reste dans la pénombre. C'est, à l'autre bout du corridor, une clarté artificielle, jaune et pâle, qui provient de la branche droite du couloir transversal. Un rectangle lumineux se découpe ainsi dans la paroi.
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 59.
♦ À la clarté de : sous l'éclairage de. || Il lisait le soir à la clarté d'une lampe à pétrole.
♦ Littér. Vx. || Jouir de la clarté du jour, de la clarté : vivre. || Revoir la clarté du jour, revoir la clarté. || Perdre la clarté du jour, perdre la clarté (Académie). — Au plur. :
8 Qui de nous des clartés de la voûte azurée
Doit jouir le dernier ?
La Fontaine, Fables, XI, 8.
♦ Vx. Flambeau. || Apporter une clarté.
♦ Littér. (au plur.). Source de lumière. || Les clartés de la nuit, de l'aurore.
2 (1538). Qualité de ce qui est clair, transparence, limpidité. || La clarté du verre. || Clarté de l'eau. ⇒ Limpidité. — Par anal. || La clarté du teint, netteté, éclat. — La clarté d'une vaisselle bien lavée, d'une pièce d'argenterie.
B (1268, « renommée, caractère illustre »). Abstrait.
1 (1580, Montaigne). Caractère de ce qui est intelligible, se comprend sans effort excessif. ⇒ Netteté, perspicuité, précision. || La clarté d'une phrase, d'un texte, d'un discours. || S'exprimer, parler avec clarté. ⇒ Clairement. || Écrit, récit, discours plein de clarté. || Clarté d'un style pur et élégant. → Atticisme (cit. 4); poète (cit. 2). || Il résuma les faits avec un grand souci de clarté. || La solution apparut avec toute la clarté possible. || La clarté d'une démonstration.
9 La clarté est la bonne foi des philosophes.
Vauvenargues, Réflexions et Maximes, 372.
10 (…) la syntaxe française est incorruptible. C'est de là que résulte cette admirable clarté, base éternelle de notre langue. Ce qui n'est pas clair n'est pas français (…)
Rivarol, Disc. sur l'universalité de la langue franç., p. 26.
11 Ne pas oublier que la seule qualité à rechercher dans le style est la clarté.
Stendhal, Journal, p. 25.
12 La clarté, comme l'exactitude, tient aux choses et naît de la distinction des idées; la perspicuité, comme la correction, tient à l'expression et naît des bonnes qualités du style.
Lafaye, Dict. des synonymes, Clarté.
13 La clarté est la politesse de l'homme de lettres.
J. Renard, Journal, 7 oct. 1892.
14 Quoi qu'il en soit, notre langue (…) est justement fameuse pour la clarté de sa structure, qui jointe à un goût fréquent chez nous des définitions et des précisions abstraites, fit concevoir et réaliser tant de chefs-d'œuvre d'organisation verbale, — des pages d'une perfection d'architecture telle qu'elles semblent exister et s'imposer indépendamment de leur sens, des images ou des idées qu'elles portent, et même de leurs vertus sonores (…)
Valéry, Regards sur le monde actuel, Pensée et art français, p. 183.
15 (…) besoin de rigueur, horreur du vague et de cette apparente clarté dont se contentent presque tous les hommes, et, conséquence de ce besoin de rigueur, besoin de remettre en question le langage et d'exiger des mots un contenu précis.
A. Maurois, Études littéraires, t. I, Valéry, III, p. 21.
16 La clarté des textes est un signe de l'honnêteté des esprits.
A. Maurois, Études littéraires, t. II, Duhamel, IV, p. 111.
♦ Qualité de ce qui est sans ambiguïté. || Avoir de la clarté dans l'esprit, dans les idées. || Clarté d'esprit. ⇒ Lucidité.
2 Vieilli ou littér. Vérité lumineuse. || Ses recherches ont projeté quelque clarté sur ce sujet. ⇒ Lueur, lumière.
17 Étrange aveuglement !
— Éternelles clartés !
Corneille, Polyeucte, IV, 3.
18 C'est ici que votre chimie intervient avec ses souveraines clartés.
Renan, Dialogues et Fragments philosophiques, Œ. compl., t. I, p. 170.
♦ ☑ Loc. En pleine, en toute clarté : très clairement.
3 Vieilli (au plur.). Connaissances d'un certain niveau de culture. ⇒ Connaissance, idée, notion. || Avoir des clartés sur un sujet donné. || Avoir des clartés de tout.
19 Je consens qu'une femme ait des clartés de tout;
Mais je ne lui veux point la passion choquante
De se rendre savante afin d'être savante (…)
Molière, les Femmes savantes, I, 3.
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CONTR. Nébulosité, obscurité, ombre. — Ambiguïté, confusion, trouble. — Ambage, chaos.
Encyclopédie Universelle. 2012.