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commander

commander [ kɔmɑ̃de ] v. <conjug. : 1>
• 1080; comander « donner en dépôt » Xe; lat. pop. °commandare, de commendare « confier, recommander »
I V. tr. dir.
1 ♦ COMMANDER (qqn) :exercer son autorité sur (qqn) en lui dictant sa conduite. ⇒ contraindre, obliger. « La raison nous commande bien plus impérieusement qu'un maître » (Pascal). Il n'aime pas qu'on le commande. conduire, diriger, dominer, mener. Il commande ses subordonnés à la baguette. (XVIe) Spécialt Diriger dans le combat, dans l'action (ceux sur qui on a un pouvoir hiérarchique). « Aimez ceux que vous commandez. Mais sans le leur dire » (Saint-Exupéry). Commander une troupe au feu. conduire, mener. Spécialt; vieilli ou pop. Sans vous commander : sans vouloir vous donner un ordre.
Avoir l'autorité hiérarchique sur (qqn, un groupe humain). Commander un régiment. Le général commandant la région.
2 ♦ COMMANDER QQCH. : donner l'ordre de; prescrire d'une manière autoritaire. Il commanda le silence. Commander une attaque, la retraite. Diriger (une action). Commander la manœuvre.
Pronom. (pass.) L'amour ne se commande pas, ne dépend pas de la volonté.
3Fig. Rendre absolument nécessaire. « cet accent qui commande l'attention » (Balzac). Faire ce que les circonstances commandent. appeler, exiger, nécessiter, réclamer. Sa conduite commande l'admiration. attirer, imposer, inspirer.
4(1690) Demander à un fabricant, un fournisseur par une commande ( acheter). Commander un meuble. Commander qqch. par correspondance, par minitel. Commander un taxi. appeler. Commander un travail à qqn, lui en demander l'exécution. — Spécialt Demander (un plat, une boisson) au restaurant, au café ( commande).
5(XVIIe) Fortif. Dominer (un lieu) et en contrôler l'accès. Cette position d'artillerie commande la plaine (cf. Occuper une position clé). Par ext. Dominer, en étant plus élevé. « ce lieu qui commandait une vue immense » (Chateaubriand) . Constituer un lieu de passage obligé pour accéder à (un autre endroit). Pronom. « Dans l'appartement de ma grand'mère, toutes les pièces se commandaient » (A. Gide).
6Techn. Faire fonctionner. actionner. Ce mécanisme commande l'ouverture des portes. Levier, pédale commandant les freins. commande (3o).
II V. tr. ind. COMMANDER À (qqn).
1Avoir, exercer une autorité sur (qqn). Il leur commande durement. Commander à qqn qu'il se taise, de se taire. enjoindre, imposer, ordonner, prescrire, 1. sommer.
2Fig. Commander à ses passions, à ses instincts. gouverner, maîtriser, réprimer. « Vous commandez à tout ici, hors à vous-même » (Beaumarchais).
III V. intr. Exercer son autorité; donner des ordres et les faire exécuter. Il ne sait pas commander. Qui est-ce qui commande ici ? Ceux qui « veulent toujours commander et dominer » (Lamennais). ⊗ CONTR. Défendre, interdire. Décommander. — Exécuter, obéir, servir, soumettre (se).

commander verbe transitif (latin populaire commandare, du latin classique commendare, confier) Être le chef d'un groupe, d'une équipe, en diriger les actions, donner les ordres : Commander une armée. Assurer la direction et la responsabilité d'une action menée par un groupe : Commander une manœuvre militaire. Exercer son autorité sur quelqu'un, lui donner des ordres : Sans vous commander, pourriez-vous, s'il vous plaît, faire ceci. Donner tel ordre ; ordonner : Nos gardiens nous avaient commandé de nous taire. Littéraire. Dominer un sentiment, une attitude en les soumettant à sa volonté ; maîtriser : Il ne commande plus ses nerfs. Entraîner de par sa nature même tel sentiment, exiger, appeler tel comportement : La simple prudence commande le silence absolu sur ce point. Déterminer le comportement principal de quelqu'un, être l'objectif majeur : Le devoir commande. Exécuter la manœuvre nécessaire pour faire fonctionner un mécanisme ; être l'élément qui déclenche le fonctionnement d'un mécanisme. Contrôler l'accès à un lieu, permettre ou interdire cet accès : Porte qui commande l'accès à la cave. Demander la fabrication, la fourniture ou la livraison de quelque chose et, en particulier dans un restaurant, un café, etc., demander que tel plat, telle boisson, etc., soient servis : Commander un tableau à un peintre. Commander le menu.commander (citations) verbe transitif (latin populaire commandare, du latin classique commendare, confier) Denis Diderot Langres 1713-Paris 1784 Aucun homme n'a reçu de la nature le droit de commander les autres. Encyclopédie Publius Syrus (en Syrie Ier s.) Une femme vertueuse commande à son mari en lui obéissant. Casta ad virum matrona parendo imperat. Sentences, 133commander (synonymes) verbe transitif (latin populaire commandare, du latin classique commendare, confier) Assurer la direction et la responsabilité d'une action menée par...
Synonymes :
- conduire
- diriger
- guider
- régler
Exercer son autorité sur quelqu'un, lui donner des ordres
Synonymes :
- gouverner
- mener
- régir
Contraires :
- obéir
- obtempérer
- se soumettre
- servir
Donner tel ordre ; ordonner
Synonymes :
- enjoindre
- exiger
- imposer
- ordonner
- sommer
Contraires :
- défendre
- empêcher
- interdire
Littéraire. Dominer un sentiment, une attitude en les soumettant à sa...
Synonymes :
- dominer
- dompter
- maîtriser
- mater
Contraires :
- subir
- suivre
Entraîner de par sa nature même tel sentiment, exiger, appeler...
Synonymes :
- appeler
- demander
- imposer
- nécessiter
- réclamer
- requérir
Demander la fabrication, la fourniture ou la livraison de quelque chose...
Contraires :
- décommander
commander verbe transitif indirect Être le chef de quelqu'un, d'un groupe, en avoir la direction : Commander à une équipe. Sans complément, être le chef : C'est moi qui commande ici. Se rendre maître d'un sentiment : On ne commande pas à ses désirs.commander (citations) verbe transitif indirect Jean Giraudoux Bellac 1882-Paris 1944 [Servir], c'est la devise de tous ceux qui aiment commander. Siegfried, IV, 3, Waldorf Grasset Ernest Renan Tréguier 1823-Paris 1892 Celui qui obéit est presque toujours meilleur que celui qui commande. Dialogues et fragments philosophiques, I, Certitudes Lévy Jean-Paul Sartre Paris 1905-Paris 1980 Il est toujours facile d'obéir, si l'on rêve de commander. Situations I Gallimard

commander
v.
rI./r v. tr. dir.
d1./d User de son autorité en indiquant à autrui ce qu'il doit faire. Il n'aime pas qu'on le commande.
d2./d Exercer son autorité hiérarchique sur (qqn). Commander une armée.
d3./d Commander (qqch): ordonner, diriger. Commander la manoeuvre.
d4./d Fig. Appeler, exiger. Son courage commande le respect.
d5./d Faire une commande de. Commander des meubles.
d6./d Dominer, en parlant d'un lieu. Cette éminence commande la plaine.
|| v. Pron. S'ouvrir l'une sur l'autre, en parlant des pièces d'un appartement. Ces deux chambres se commandent.
d7./d TECH Faire marcher, faire fonctionner. Une cellule photo-électrique commande l'ouverture de cette porte.
rII./r v. tr. indir.
d1./d Avoir autorité sur (qqn). Commander à qqn. Commander à (qqn) de (+ inf.).
d2./d Fig. Maîtriser. Commander à ses passions.
rIII/r v. intr. User de son autorité, donner des ordres. Ce n'est pas vous qui commandez ici.

⇒COMMANDER, verbe trans.
I.— [Le suj. désigne une pers. ou une chose ayant un pouvoir d'autorité ou d'influence]
A.— Emploi trans. indir., vieilli.
1. Commander à qqn. [Le suj. désigne une pers. ou un groupe de pers.] Avoir l'autorité supérieure sur quelqu'un; imposer son autorité à quelqu'un. Murat. — Oubliez-vous que, si vous commandez à l'infanterie, je vous commande, à vous? L'empereur vous a mis sous mes ordres (A. DUMAS Père, Napoléon Bonaparte, 1831, III, 4, p. 65). Il a fait tout ce qu'il a voulu dans la maison. Il commandait à tout le monde, au patron, à la patronne, comme s'il avait été un roi (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, L'Armoire, 1884, p. 570) :
1. Après avoir créé la plupart et les plus poignantes de nos douleurs, le pouvoir a prétendu commander à l'homme jusque dans ses consolations. La religion dogmatique, puissance hostile et persécutrice, a voulu soumettre à son joug l'imagination dans ses conjectures, et le cœur dans ses besoins.
CONSTANT, Principes de pol., 1815, p. 133.
Rem. Parfois commander à qqn tend à être synon. de commander qqn.
2. Au fig. Commander à qqc.
a) [Le suj. désigne une pers.]
[Le compl. d'obj. indir. désigne une partie du corps] Commander à (une partie de son corps). Agir sur (une partie de son corps), par l'intermédiaire de l'organe de direction que constituent le cerveau et les centres nerveux, pour en mouvoir les muscles. Mais Léontine ne pouvait commander à ses jambes; elles se dérobaient (F. CARCO, L'Homme traqué, 1922, p. 85). Je ne commande plus à mes mains. Il [Pitteaux] commandait encore à son visage, il fit sa moue, sa terrible moue (SARTRE, Le Sursis, 1945, p. 116).
[Le compl. d'obj. indir. désigne un élément, une manifestation de la vie affective, le plus souvent, ou intellectuelle] Commander à (un sentiment, une réaction, une idée, etc.). Imposer la modération à un sentiment, à une réaction; les maîtriser. Commandez à votre émotion... Que votre visage reste impassible (A. DUMAS Père, Le Chevalier de Maison-Rouge, 1847, V, 2, p. 157). [Pouchkine] sait commander à son imagination, il se contient et se corrige (MÉRIMÉE, Études de litt. russe, t. 1, 1870, p. 14). [Claude] était de ceux qui commandent aux plus violents mouvements du cœur, à la colère, au désir, ou à l'impitoyable amour (GREEN, L'Autre sommeil, 1931, p. 178).
b) [Le suj. désigne une chose] Agir sur quelque chose; déterminer, régir quelque chose. Ces nécessités qui commandent aux événements (GOZLAN, Le Notaire de Chantilly, 1836, p. 60). La permanence des deux ou trois facultés maîtresses qui commandent à ces fantaisies (P. BOURGET, Essais de psychol. contemp., 1883, p. 30).
Spéc., ART MILIT., vieilli. [Le suj. désigne une place forte] Commander à (un lieu). Le dominer et en contrôler l'accès.
P. ext. [Le suj. désigne une chose] Dominer (un lieu). Tel qu'un vaste rocher qui commande à la plaine, Du milieu des guerriers s'élève Caïrbar; ... (BAOUR-LORMIAN, Ossian, Darthula, 1827, p. 23).
B.— Emploi trans. dir., usuel. [Le suj. désigne une pers. ou un de ses attributs]
1. Commander qqn. Dicter la conduite de quelqu'un, diriger son activité en vertu de l'autorité que l'on détient ou que l'on s'arroge. — Prendre sur certains êtres le droit d'en être obéi, c'est donner à d'autres celui de vous commander (HUGO, Han d'Islande, 1823, p. 49). De quel droit M. Ravier veut-il me commander? Je ne suis pas son employée (MONTHERLANT, Celles qu'on prend dans ses bras, 1950, II, 4, p. 798) :
2. Aujourd'hui, il n'y a que des gens médiocres qui ont à commander des gens à peu près de leur force. Aussi voyez comme on commande et comme on obéit.
MÉRIMÉE, Lettres à la comtesse de Montijo, t. 1, 1870, p. 262.
Emploi abs. Exercer une autorité; donner des ordres; se faire obéir. Une grosse femme, prudente et lourde, dont on dit :« Elle sait commander » (R. MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, p. 194). Ceux qui commandent ou administrent sont responsables. Ils doivent être obéis (DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, p. 407).
Commander en maître, en premier, en second. Les chefs Francs, hier encore ses captifs, commandaient en maîtres dans son propre château (GROUSSET, L'Épopée des croisades, 1939, p. 124).
Commander qqn à la baguette. Le commander avec dureté, rigueur. Incapable, un homme (...) qui commandait les siens à la baguette! (QUEFFÉLEC, Un Recteur de l'île de Sein, 1944, p. 227).
Spéc., rare. [Le compl. d'obj. désigne un État] Gouverner :
3. Les Girondins avaient enfin découvert que la Commune était le véritable gouvernement de la Révolution et ils n'admettaient pas que ce pouvoir usurpé commandât toute la France.
BAINVILLE, Histoire de France, t. 2, 1924, p. 78.
a) Par politesse
Sans vous commander. Sans vouloir vous donner un ordre. Si seulement nous avions une tête de chou (...). Mon oncle, sans vous commander, passez au jardin, rapportez-m'en quelqu'un (POURRAT, Gaspard des Montagnes, À la belle bergère, 1925, p. 242).
Vous n'avez qu'à me commander. Vous n'avez qu'à parler, qu'à demander.
b) Spéc., ARM. [Le compl. d'obj. désigne un soldat ou un groupe de soldats] Avoir sous ses ordres, sous son commandement. Commander une armée, un régiment, une compagnie, une section; commander la cavalerie, l'infanterie. Ils ne sortaient qu'ayant réellement gagné leur grade d'officier, et capables de commander et de faire aller des soldats (LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 738). Commander en chef (un ensemble de soldats) :
4. ... situation bizarre du général Sarrail qui, tout en commandant en chef les forces alliées, commandait directement les divisions françaises qui faisaient partie de cette armée.
JOFFRE, Mémoires, t. 2, 1931, p. 324.
Emploi abs. Si le général Sarrail « savait ordonner, il ne savait ni prévoir, ni instruire », c'est-à-dire commander (JOFFRE, Mémoires, t. 2, 1931 p. 333) :
5. ... commander, messieurs les généraux, ne veut pas dire simplement qu'on est capable de donner un ordre. Cela suppose aussi qu'on est capable d'en comprendre la raison, et de se rendre compte, à la fois, et des faits qui le motivent et des conséquences qu'il doit avoir.
CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, p. 142.
2. P. anal.
a) [Le suj. désigne le cerveau, les centres nerveux en tant qu'organe de direction] Il ne faut point dire que le cerveau commande, mais seulement que c'est par le cerveau que la partie obéit au tout (ALAIN, Propos, 1910, p. 89).
b) [Le suj. désigne une force concrète ou abstraite capable d'exercer un pouvoir sur quelqu'un] Vieilli. Exercer une action, une influence sur quelqu'un; le tenir sous sa dépendance, sous son empire; l'assujettir. J'éprouvais en face de vous une exaspération perpétuelle. Je luttais contre elle, mais c'était comme une force extérieure qui me commandait (NIZAN, La Conspiration, 1938, p. 225). Ainsi le temps, altération irréparable de l'univers et de nous-même (...) nous commande (A. ARNOUX, Visite à Mathusalem, 1961, p. 32) :
6. Je me laisse aller à des fantaisies coupables, une lecture m'entraîne et je me mets à barbouiller du papier (...). Ça m'a amusé ou plutôt ça m'a commandé car c'est en vain que je lutterais contre ces caprices...
G. SAND, Correspondance, t. 5, 1812-76, p. 302.
À la forme passive. J'étais tellement commandée par l'heure du chemin de fer, (...) que je n'ai pas fait retourner mon fiacre pour courir après vous (G. SAND, Correspondance, t. 5, 1812-76 p. 58).
En partic. [Le compl. d'obj. désigne un sentiment, une réaction, un comportement, etc.] Maîtriser ce sentiment, cette réaction...; les maintenir sous la dépendance de sa volonté; les dominer. Elle m'a reparlé d'Auguste... de la façon qu'il se minait lui... qu'il commandait plus ses nerfs... de toutes ses terreurs nocturnes (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 567). Je plains celui qui arde et se consume en vain! Mais on ne commande pas ses désirs (GIDE, Ainsi soit-il, 1951, p. 1241).
3. P. méton.
a) P. méton. de sujet. [Le suj. désigne la voix, les gestes, etc., en tant qu'ils servent à exprimer un ordre] La voix commandait, sévère, brève (ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, p. 219). Deux ou trois garçons (...) de caractère faible, vers lesquels il allait, (...) avec des gestes qui commandaient (LACRETELLE, Silbermann, 1922, p. 19).
b) P. méton. de l'objet
[L'obj. désigne le lieu où sont établis ou à établir les pers. sur qui le sujet a autorité] Commander une région, une place... En détenir le commandement, en assumer la direction et la responsabilité. MAR. Commander (un bâtiment). Le capitaine Javey, (...) qui commande la région (...), le capitaine Tavernier (...) commandait cette place lorsqu'on le fit gouverneur de Paris (CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, p. 257). C'était un navire de guerre. Vous le commandiez (GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, p. 249).
P. ell. Commander (un soldat ou un groupe de soldats) de + (subst. désignant un service spécial). Le désigner pour qu'il soit de service. Commander de corvée. On me commanda de service et (...) on me mit en faction comme un simple soldat (MÉRIMÉE, Carmen, 1847, p. 39). Ma compagnie fut commandée de renfort (CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 2, 1848, p. 403).
[L'obj. désigne l'action qu'ont à exécuter les pers. sur qui le sujet a autorité] ARM., MAR. En assumer la responsabilité, en régler le déroulement.
♦ [L'opération désigne l'action envisagée dans sa durée] Commander les opérations, un siège. Le général, très capable de commander un mouvement tournant, mais absolument hors d'état de faire la critique d'une pièce d'écriture (CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, p. 279) :
7. D'où viennent ces hommes? (...) Demandez à l'océan. Ils ont franchi ses abîmes, ils ont roulé sur ses vagues. Aux sifflements de la tempête, leur voix rude et impérieuse commandait la manœuvre ou le combat, ...
M. DE GUÉRIN, Poésies, 1839, p. 46.
Spéc. [L'opération désigne la phase initiale de l'action] Donner (à quelqu'un) l'ordre qui déclenche l'exécution d'un mouvement, d'une action militaire. Commander l'assaut. Trois fois, le capitaine fut sur le point de commander le feu. Une angoisse l'étranglait, (...) il allait crier : Feu! Lorsque les fusils partirent d'eux-mêmes (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1509). Je commandai un garde-à-vous aussi réglementaire qu'ironique (AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, p. 347). MAR. Donner (à quelqu'un) l'ordre qui déclenche l'exécution d'une manœuvre. Il [le pilote] dirige la route du vaisseau et commande la manœuvre à l'équipage (BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, p. 277). Moi, qui étais de quart, je commandai :« À larguer le ris de chasse! » (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 67).
Commander qqc. (à qqn), commander (à qqn) de + inf., commander que qqn + subj. Donner (à quelqu'un), en vertu de l'autorité que l'on détient ou que l'on s'arroge, l'ordre de faire quelque chose. On devait lui donner l'occasion d'aimer, attendre l'événement et non le commander; un ordre aurait tari en lui les sources de la vie (BALZAC, L'Enfant maudit, 1831-36, p. 406). Obéissant au regard énergique de Rouletabille qui lui commandait l'immobilité (G. LEROUX, Rouletabille chez le tsar, 1912, p. 54). Le doigt levé elle [Camille] commandait l'attention (COLETTE, La Chatte, 1933, p. 118). — Au combat! Au combat! Pas de jeux! commanda l'arbitre (G. GUÈVREMONT, Le Survenant, 1945, p. 226) :
8. Tu l'aimes. (...) Réveille-toi. Félicite-toi. Embrasse-moi et avoue que tu es l'homme le plus heureux du monde. Gérard éberlué, entraîné, avoua ce que commandait la jeune femme.
COCTEAU, Les Enfants terribles, 1929, p. 158.
Rem. De même que pour certains autres verbes de décision, le verbe subordonné à commander construit avec que peut se mettre à l'ind. (le plus souvent un des temps du futur) lorsque l'exécution du commandement est certaine, le subj. restant la règle lorsque l'exécution est hypothétique. Ni la docum., ni GREV. 1969, § 1000, p. 1054 et 1055 ne fournissent d'ex. d'emploi avec le verbe subordonné à l'indicatif.
C.— Emploi à double constr. [En position d'obj. dir., ce qui est à faire; en position d'obj. indir., la personne à qui l'ordre est donné de le faire] Commander qqc. (à qqn), commander (à qqn) de + inf., commander que qqn + subj.
1. [Le suj. désigne une chose; le compl. d'obj. dir. désigne un comportement, une réaction, un acte] Imposer (quelque chose) à quelqu'un, exiger quelque chose (de quelqu'un), rendre inévitable (à quelqu'un) de (faire quelque chose), faire que quelque chose prenne un caractère de nécessité pour quelqu'un. Parmi tant de théories vacillantes, d'expériences discutables, la raison commanderait au fond de ne pas choisir! (CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 353). L'épreuve par laquelle vous venez de passer vous commanderait plus que jamais à toutes deux le dépaysement et le repos (MONTHERLANT, Le Démon du bien, 1937, p. 1258). Carré, (...) avait vraiment pris toutes les précautions que sa situation illégale commandait (NIZAN, La Conspiration, 1938, p. 175).
2. En partic. [Le suj. désigne une chose ou une pers.; le compl. d'obj. dir. désigne un sentiment] Commander (un sentiment) (à qqn). Inspirer (un sentiment) (à quelqu'un), faire s'imposer (un sentiment) (à quelqu'un). Dans toute sphère, une vie limpide, une honnêteté sans tache commandent une sorte d'admiration aux cœurs les plus mauvais (BALZAC, Le Cousin Pons, 1847, p. 23). Un homme très comme il faut et d'une rectitude de vie qui commandait le respect (PRÉVERT, Paroles, 1946, p. 31) :
9. Quant à changer de cœur, cela se pouvait-il? Ce mariage devait commander ses actions : il ne saurait commander ses sentiments. Robert était son mari, non pas le compagnon de sa vie.
POURRAT, Gaspard des Montagnes, La Tour du Levant, 1931, p. 85.
D.— Emplois pronom.
1. [Correspond à I A et B]
a) Emploi réfl.
Se commander (à soi-même). Se maîtriser, se dominer. Ne plus se commander. Perdre le contrôle de soi. L'homme moral qui exerce sa liberté et se commande à lui-même, sent bien qu'il est en même temps le prêtre et l'hostie (MAINE DE BIRAN, Journal, 1822, p. 356). L'homme fait des progrès en tous sens : il commande à la matière, c'est incontestable, mais il n'apprend pas à se commander lui-même (E. DELACROIX, Journal, 1856, p. 60). Gaspard sortit. Il sentait qu'il ne se commandait plus (POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 193).
Se commander de + inf. S'imposer de + inf.; s'obliger à + inf. C'est un rêveur qui rêve d'agir, qui s'impose, se commande, s'ordonne d'agir, mais sa pensée, son âme secrète lui propose le dégoût de la réalité et du monde (BARRÈS, Mes cahiers, t. 7, 1909, p. 285).
b) Emploi réfl. à sens passif. Se commander. Être obtenu par la volonté. Ne pas se commander. L'amour, qui est chose divine, ne se commande ni ne s'extorque. Il souffle où il veut (T. GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 394). [Thérèse] n'était ni ceci ni cela : elle était son type. Or, le type, ça ne se commande pas : on le gobe ou on s'en fiche (ESTAUNIÉ, La Vie secrète, 1908, p. 321).
c) Emploi réciproque, vieilli. Se commander l'un à l'autre qqc. Se communiquer l'un à l'autre quelque chose. Les parties de l'espace et du temps qualifiés se commandent les unes aux autres leurs stabilités et changements corrélatifs (O. HAMELIN, Essai sur les éléments principaux de la représentation, 1907, p. 224).
2. [Correspond à I C] Emploi réciproque. Se commander qqc. S'imposer mutuellement quelque chose. Mon corps et mon esprit se commandaient alternativement une inquiétude d'activité et une fièvre de contemplations (G. SAND, Histoire de ma vie, t. 3, 1855, p. 30).
II.— [Le suj. désigne une chose capable d'exercer une action, une influence]
A.— [Le suj. désigne telle pièce d'un mécanisme, d'un moteur, etc.] Commander (une machine, un mécanisme...). Agir sur un mécanisme, déclencher son entrée en action, en assurer et en régler le contrôle. Pour avoir moins chaud, j'abaisse la manette qui commande le ventilateur (MALRAUX, Les Conquérants, 1928, p. 74). Une cellule photo-électrique qui commande par relais les moteurs (RUYER, La Cybernétique, 1954, p. 59).
Rare. [Le suj. désigne la pers. qui active un mécanisme] Des typos coiffés de papier commandaient les plieuses qui vomissaient ensuite dans de hauts paniers de guillotine les différentes sections du journal (MORAND, New York, 1930, p. 196).
P. anal. Déterminer, fixer, régir, régler quelque chose. C'est déjà la Durance ici qui commande le chaud et le froid, avec ses eaux de glace ou ses graviers découverts (GIONO, Chroniques, Noé, 1947, p. 301) :
10. On peut poser en principe que pour un homme qui ne triche pas, ce qu'il croit vrai doit régler son action. La croyance dans l'absurdité de l'existence doit donc commander sa conduite.
CAMUS, Le Mythe de Sisyphe, 1942, p. 19.
B.— P. ext. Commander (un lieu). Être la condition d'accès à (un lieu). Ils se tenaient (...) dans une petite pièce (...) qui commandait le réduit où s'anémiait le roi (DRUON, La Louve de France, 1959, p. 394).
Spéc., ART MILIT. [Le suj. désigne une chose, plus rarement une pers.] Commander (un lieu, une voie de communication, etc.). Le dominer et en contrôler l'accès. Ces bouches à feu commandaient véritablement toute la baie de l'Union (VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, p. 465). Il [Berard] commandera de son feu la ligne des boulevards; il interdira aux troupes royales l'accès des faubourgs (ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, p. 272).
P. anal. Des diplômes qui commandent presque toutes les carrières (PÉGUY, L'Argent, 1913, p. 1210).
P. ext. Dominer de haut (un lieu, une étendue). Nous avons été obligés de débarquer sur la pointe d'un cap couvert d'arbres, d'où nous commandons une vue immense (CHATEAUBRIAND, Voyages en Amérique, en France et en Italie, 1827, p. 115). Vierges noires perchées sur les sommets qui commandent la mer (A. ARNOUX, Double chance, 1958, p. 134).
C.— Emploi pronom. réciproque. Se commander (l'un l'autre). Dépendre l'un de l'autre. Une suite d'assertions qui ne se commandent l'une l'autre par aucune interne nécessité (BENDA, La France byzantine, 1945, p. 252) :
11. L'avenir naturel se trouve dans tous les instincts et dans toutes les modifications physiologiques qui se commandent de proche en proche, comme les phases de la digestion, de la gestation, de la croissance, dans tous les états du vivant qui ont un sens, vont à un terme.
VALÉRY, Mauvaises pensées et autres, 1942, p. 188.
[En parlant des différentes pièces d'un logement, des différents bâtiments d'un ensemble] Se présenter de telle sorte qu'il faut nécessairement traverser l'un pour accéder à l'autre. Un assez bizarre appartement, les pièces se commandant toutes et contournant en enfilade l'angle d'une très ancienne maison (J. LORRAIN, Sensations et souvenirs, 1895, p. 91). Les bâtiments se suivaient sur la même ligne, (...) se commandaient les uns les autres (PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, p. 138).
III.— [Le suj. désigne une pers., un client qui a l'initiative de l'action; l'obj. désigne ce qui est demandé par le client] Commander (une marchandise) (à qqn). Demander (à quelqu'un), en qualité de client, la fourniture d'une marchandise; en faire la commande. Commander un pantalon, un déjeuner, un cocktail; commander à boire. En cinq jours, je me suis commandé et fait livrer tant, tant de choses! (COLETTE, Claudine s'en va, 1903, p. 298). Le dernier train (...) était parti, il commanda une voiture et courut à sa chambre faire sa malle (G. LEROUX, Rouletabille chez le tsar, 1912, p. 164). Où trouver un meilleur client que l'État, dès qu'il s'agit de commander des canons,... (GREEN, Journal, 1932, p. 112).
Commander (un travail, un service) à qqn. Lui en confier l'exécution. Des syndicats construisent des stades, des salles, des palais et en commandent les plans à de jeunes architectes (J.-R. BLOCH, Destin du Siècle, 1931, p. 40). J'avais deux solutions. Ou bien racheter l'habit d'un collègue défunt (...) — ... ou bien m'en commander un neuf (DRUON, Les Grandes familles, t. 2, 1948, p. 61).
Prononc. et Orth. :[], (je) commande []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. Xe s. « confier (qqn, qqc. à qqn) » (St Léger, éd. J. Linskill, 20) — XVIe s. ds HUG. B. 1. Xe s. commander + inf. « ordonner de + inf. » (St Léger, ibid., 220); XIe s. « ordonner (qqc. à qqn) » (Alexis, éd. C. Storey, 170); 2. 1564 « commander à ses passions, à soi-même » (THIERRY); 3. 1573 « diriger en chef, p. ex. un corps d'armée » (J. DUPUYS, Dict. françois-lat.); 4. 1653 « dominer un lieu par sa position » (VAUGELAS, Quinte-Curce, 1. 3, c. 4 ds RICH. 1680); 5. 1671 « donner le signal d'une manœuvre (à l'armée) » (POMEY). C. 1675 comm. (SAVARY, Parfait Négociant d'apr. KUHN, p. 49). Du lat. commandare réfection d'apr. mandare « charger, confier » du lat. class. commendare « confier » et « commander ». Fréq. abs. littér. :4 001. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 6 114, b) 4 477; XXe s. : a) 5 527, b) 6 075. Bbg. GIR. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 21.

commander [kɔmɑ̃de] v.
ÉTYM. 1080; comander « donner en dépôt », Xe; lat. pop. commandare, de commendare « confier, recommander », de com-, et mendare.
———
I V. tr.
A Ordonner.
1 a (Sujet n. de personne). || Commander qqch. à qqn : enjoindre qqch. à qqn. Enjoindre, imposer, ordonner, prescrire. || Il lui commande le silence. || Faites ce que l'on vous commande.(Sans compl. second). || Il commandait l'attention. || Arrêtez-vous, commanda-t-il.
1 Puisqu'enfin ma prière a si peu de pouvoir,
Vous avez entendu ce que je vous demande,
Madame : je le veux, et je vous le commande.
Racine, Iphigénie, III, 1.
2 (…) le rapport entre l'objet secondaire et le mot auquel il est rattaché varie suivant le sens de l'objet et suivant le sens du mot complété. Les nuances sont infinies (…) Verbes qui signifient commander : ordonner, enjoindre, contraindre, obliger, conseiller, persuader, suggérer, recommander, souhaiter : je vous commande un mouvement et vous en faites un autre;ordonner à un malade une cure à Vichy;on lui a recommandé cette maison;je vous souhaite le bonjour.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, X, VI, p. 391-392.
(Le sujet désigne le regard, la voix, le geste de la personne qui commande).
3 Obéissant au regard énergique de Rouletabille qui lui commandait l'immobilité (…)
G. Leroux, Rouletabille chez le tsar, p. 54, in T. L. F.
Commander (à qqn) de (et inf.). || Il lui a commandé de venir, de faire cela.(Compl. n. de chose). Vieux :
4 Commander à vos yeux de garder le secret
Racine, Andromaque, III, 1.
b (Sujet n. de chose). Rendre absolument nécessaire, obliger. || Faire ce que les circonstances commandent. Appeler, exiger, nécessiter, réclamer. || Sa conduite commande l'admiration. Attirer, imposer, inspirer. || Son attitude commande l'attention. Requérir.
5 C'est une erreur de croire que le salut public puisse commander une injustice.
Condorcet, cité par Michelet, Hist. de la Révolution franç., t. II, p. 227.
6 (…) je lui dis avec cet accent qui commande l'attention (…)
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 829.
(Construit avec de et inf., que et subj., avec ou sans un compl. en à). || La raison commande d'attendre, qu'on attende. || La raison nous commande de…(Sujet n. de personne ou de chose). || Commander une action, un sentiment à qqn. Inspirer.
c (Sujet n. de chose). || Commander qqch., commander de (et inf.); commander que (et subj.) de qqn, exiger qqch. de qqn.
7 Et non seulement il (le chef du Gouvernement) doit se servir des bons éléments existants, mais son devoir et son intérêt lui commandent d'en créer de nouveaux.
A. Maurois, Un art de vivre, IV, 4, p. 170.
2 Commander qqn : exercer son autorité sur (qqn) en lui dictant sa conduite. Contraindre, obliger. || Il n'aime pas qu'on le commande. Conduire, diriger, dominer, mener. || Il commande ses subordonnés à la baguette.
8 Ne saurais-tu juger, que, si je nomme un roi,
C'est pour le commander, et combattre sous moi ?
Corneille, Rodogune, II, 2.
9 Je me souviens toujours que j'étais né pour les commander (les femmes).
Montesquieu, Lettres persanes, 9.
(Sujet n. de chose) :
9.1 La raison nous commande bien plus impérieusement qu'un maître; car en obéissant à l'un on est malheureux, et en désobéissant à l'autre on est un sot.
Pascal, Pensées, VI, 345.
3 (XVIe). Diriger dans le combat, dans l'action (ceux sur qui le sujet a un pouvoir hiérarchique).
10 Aimez ceux que vous commandez. Mais sans le leur dire.
Saint-Exupéry, Vol de nuit, p. 63.
11 Commander ses hommes et commander à des hommes sont aussi séparés par une fine nuance. Le premier signifie les diriger vraiment.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, IX, II, VII, p. 321.
a Avoir l'autorité hiérarchique sur (qu'on l'exerce par des ordres ou non). || Commander un régiment.Au p. prés. || Le général commandant la Région, commandant la 1re armée. 1. Commandant, 1.
12 Ce kan de la petite Tartarie ne commandait point les armées du grand seigneur.
Voltaire, Hist. de l'Empire de Russie, II, 1.
b (Commandement effectif). || Commander une troupe au feu. Conduire, mener. (Vieilli). || Commander une troupe, des soldats pour l'attaque, leur donner l'ordre de se tenir prêts pour l'attaque.
13 Par exemple, en Allemagne, il y a plus d'énergie dans un seul des régiments qui seraient commandés pour rétablir l'ordre que dans toute la social-démocratie.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XVI, p. 176.
Spécialt (par politesse). Vx ou pop.Sans vous commander : sans vouloir vous donner un ordre.Vous n'avez (n'aurez) qu'à me commander : il vous suffit de me donner l'ordre (d'agir, de venir…).
13.1 Monsieur, si je vous puis être utile en quelque chose, vous n'avez qu'à me commander.
Molière, les Fourberies de Scapin, I, 4.
4 Commander qqch. : donner l'ordre de; prescrire d'une manière autoritaire. || Commander une attaque, la retraite.Diriger (une action). || Commander la manœuvre.
B (1675). || Commander une marchandise, un objet, en faire la commande. || Commander un meuble, un costume ( Acheter). || Commander un repas, une bouteille de vin. Procurer (se), livrer (se faire). || Commander qqch. par lettre, par téléphone.Commander un travail, un service (à qqn), lui en demander l'exécution.
14 (Ce n'est qu') un petit impromptu (…) Il est le plus précipité de tous ceux que Sa Majesté m'ait commandés.
Molière, l'Amour médecin, Au lecteur.
15 Bien qu'elle eût une cuisinière honorable, elle avait commandé deux plats (un poisson de belle taille, et des ris de veau garnis de quenelles dans une sauce aux champignons).
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, X, p. 135.
16 De son côté, Juan Moratin s'assit en face de son sauveteur et il commanda un pichet de vin pour donner de la valeur à ses remerciements.
P. Mac Orlan, la Bandera, XX, p. 248.
C (Sujet et compl. n. de chose).
1 (1653). Fortif. Être en mesure de battre par l'artillerie. || Le fort, cette position d'artillerie commande la plaine ( Clef : position clef).Par ext. Se dit d'un lieu plus élevé qu'un autre ( Dominer).
17 (…) ce lieu qui commandait une vue immense.
Chateaubriand, Atala.
2 Constituer un lieu de passage obligé pour accéder à un autre endroit.
18 Le palier, très étroit, commandait de petits couloirs surélevés.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, VI, p. 54.
D (Sujet et compl. n. de chose). Techn. Faire fonctionner. || Ce mécanisme commande l'ouverture des portes. || Levier, pédale commandant les freins. Commande (II.).
———
II
1 V. tr. ind. || Commander à (qqn) : avoir, exercer une autorité sur (qqn). || Commander à qqn. || Il leur commande durement, à la baguette.REM. La construction avec à avait dans la langue classique un équivalent avec sur.
19 Sur cent peuples nouveaux Bérénice commande.
Racine, Bérénice, II, 2.
20 O vous qui commandez avec tant d'expérience sur des peuples innombrables.
Fénelon, Télémaque, XX.
21 Il faut savoir souvent obéir à la femme pour avoir le droit de lui commander quelquefois.
Hugo, Post-scriptum de ma vie, L'âme, Tas de pierres, VI.
Commander à qqch. : imposer sa loi à qqch.
22 (…) jamais il (Bonaparte) ne parut à ce point commander aux événements (…)
Louis Madelin, l'Avènement de l'Empire, XX, p. 252.
2 Absolt ou intrans. Exercer son autorité; donner des ordres et les faire exécuter. || Il ne sait pas commander. || Qui est-ce qui commande ici ? || Quand je commande, on obéit !
23 Qui n'a fait qu'obéir saura mal commander.
Corneille, Pulchérie, 548.
24 Douce, familière, agréable, autant que ferme et vigoureuse, elle savait persuader et convaincre aussi bien que commander.
Bossuet, Oraison funèbre de la reine d'Angleterre, in Littré.
25 Quand vous commanderez, vous serez obéi.
Racine, Iphigénie, IV, 4.
26 J'étais maître en ces lieux, seul j'y commande encore (…)
Voltaire, Alzire, V, 7.
27 Le droit de commander n'est plus un avantage
Transmis par la nature, ainsi qu'un héritage (…)
Voltaire, Mérope, I, 3.
28 (…) celui qui a bonne tête et bon cœur commande partout (…)
G. Sand, François le Champi, XVIII, p. 133.
29 Il y a les hommes d'orgueil, qui ne peuvent souffrir d'égaux, qui veulent toujours commander et dominer.
F. de Lamennais, Paroles d'un croyant, XXXIV, p. 140.
30 Manuel avait appris de Ximenès comment on commande, il apprenait maintenant comment on dirige.
Malraux, l'Espoir, p. 160.
31 Gouverner et commander sont, en temps de paix, deux arts distincts. Commander, c'est conduire un groupe d'êtres humains, soumis au chef par une discipline, vers un but défini (…) Le dictateur est comme un chef d'armée; il commande plutôt qu'il ne gouverne.
A. Maurois, Un art de vivre, IV, 5, p. 175.
3 V. tr. ind. (1564). Fig. || Commander à (un sentiment, une réaction, une idée) : gouverner, maîtriser. || Commander à ses membres.
32 Commander à ses pleurs en cette extrémité,
C'est montrer, pour le sexe, assez de fermeté.
Corneille, Horace, I, 1.
33 Léontine ne pouvait commander à ses jambes; elles se dérobaient.
Francis Carco, l'Homme traqué, p. 85.
b (Abstrait, psychologique). || Commander à ses sentiments, à soi-même. || Commander à son émotion. Dominer.
34 Notre volonté est une force qui commande à toutes les autres, lorsque nous la dirigeons avec intelligence.
Buffon, Hist. nat. des minéraux, Introd.
35 Vous commandez à tout ici, hors à vous-même.
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, V, 12.
36 L'intelligence chez lui (Gœthe) commande au sentiment (…)
Édouard Herriot, la Vie de Beethoven, p. 295.
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se commander v. pron.
1 (Récipr.). || Se commander l'un l'autre, l'un à l'autre.
37 Ces chefs fiers et du même âge (…) n'étaient guère propres à se commander l'un à l'autre.
Ph. P. Ségur, Hist. de Napoléon, VI, 16.
2 (Réfl.). Maîtriser (se). || « Il se commanda et contint son émotion » (Littré).
38 Dans les choses de peu, si tu ne te commandes,
Dis, quand te pourras-tu surmonter dans les grandes ?
Corneille, l'Imitation de J.-C., I, 11.
3 (Passif). Être obtenu par le commandement, par la volonté. || La sympathie ne se commande pas, elle ne dépend pas de la volonté. Décréter (se).
39 La religion se persuade et ne se commande point.
Fléchier, Hist. de Théodose, II, 22.
4 (Correspond à I., C.; passif; concret). || Les pièces de cet appartement se commandent. Communiquer.
40 Dans l'appartement de ma grand-mère, toutes les pièces se commandaient (…)
Gide, Si le grain ne meurt, I, II, p. 40.
——————
commandé, ée p. p. adj.
|| Soldats bien, mal commandés.Exercice commandé. — ☑ Loc. Service commandé.
N. (fém. rare). || Les commandés : ceux qui reçoivent des ordres.
CONTR. Défendre, empêcher, interdire. — Accomplir, exécuter, obéir, observer (un ordre), obtempérer, servir. — Décommander.
DÉR. Command, 1. et 2. commandant, commande, commandement, commanderie, commandeur.
COMP. Décommander, recommander.

Encyclopédie Universelle. 2012.