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commencer

commencer [ kɔmɑ̃se ] v. <conjug. : 3>
commencier Xe; lat. pop. °cominitiare, de cum et initium « commencement »
I V. tr.
1 V. tr. dir. Faire la première partie de (une chose, une série de choses); faire exister (le premier temps d'une activité). amorcer, attaquer , débuter, démarrer, ébaucher, entamer, entreprendre, esquisser. Commencer un travail, une affaire, une entreprise. créer, fonder, 1. lancer. Commencer un débat, une discussion. ouvrir. Commencer les hostilités. déclencher, ouvrir. Commencer le combat. engager. Commencer un livre, en entreprendre la lecture ou l'écriture. Par ext. Vx Commencer un élève, lui donner les premières leçons, les premiers rudiments d'une discipline. ⇒ initier.
(Choses) Être au commencement de. Le mot qui commence la phrase. Nous commençons l'année aujourd'hui. inaugurer, ouvrir. Il ne fait que commencer ses études.
2 V. tr. ind. COMMENCER DE(littér.),À(et l'inf.).(Personnes) Entreprendre; être aux premiers instants (de l'action indiquée par le verbe). Commencer à faire qqch. Commencer de parler. Il commençait à dormir lorsqu'on l'éveilla. Il commence à comprendre. Commençons à manger. Absolt Nous allions commencer sans vous. Tu as fini ? — Non, je n'ai même pas commencé ! Ah, tu ne vas pas commencer (à dire, à faire des choses déplaisantes).Fam. Tu commences à nous ennuyer. Je commence à en avoir assez : j'en ai assez (cf. Finir par). — Spécialt Avoir une activité pour la première fois. essayer. Un enfant qui commence à parler ( balbutier) , à marcher. (Choses) « Les montagnes commençaient à se couvrir de bouquets de bois » (Chateaubriand). Impers. Il commence à pleuvoir. Ça commence à devenir intéressant. Ça commence à bien faire ! (I, 6o).
♢ COMMENCER PAR : faire d'abord (une chose). Par où allez-vous commencer ? Il faut commencer par le commencement. « Ciel ! Que vais-je lui dire, et par où commencer ? » (Racine). Loc. À commencer par... « dans toutes les espèces, à commencer par l'homme » (Buffon). (Avec l'inf.) Vous allez commencer par vous asseoir.
(Choses) Avoir pour début. Ce mot commence par un a. Le film commence par l'arrivée du héros à Paris.
II V. intr. Entrer dans son commencement. L'année commence au 1er janvier. Dépêchez-vous, le spectacle va commencer. Cela commence bien, mal. 1. partir. Par antiphr. Ça commence bien ! les débuts ne sont pas prometteurs. ⊗ CONTR. Aboutir, accomplir, achever, compléter, conclure, continuer, couronner, finir, poursuivre, terminer. — Terminer (se).

commencer verbe transitif et verbe transitif indirect (latin populaire cominitiare, du latin classique cum, avec, et initiare, débuter) Entreprendre la première phase d'une opération, la première opération d'une série, se mettre à faire quelque chose : Les enfants commencent (à étudier) l'anglais en sixième. Bien, mal commencer la journée. Entamer une opération par une première phase, placer quelque chose comme première phase d'une opération ou comme première opération d'une série ; être situé au début de quelque chose, en constituer la première partie, le premier élément : Commencer un discours par quelques mots de remerciements. Être dans la première phase d'un état, donner les signes d'une maladie : Je crois que je commence une angine, j'ai mal à la gorge. Faire quelque chose en premier, s'occuper en premier de quelque chose : Ne pas savoir par quoi commencer. Familier. Se mettre à dire ou à faire quelque chose qu'on juge pénible, désagréable, inopportun : Ah ! Tu ne vas pas commencer !commencer (citations) verbe transitif et verbe transitif indirect (latin populaire cominitiare, du latin classique cum, avec, et initiare, débuter) Patrice de La Tour du Pin Paris 1911-Paris 1975 Commencer l'homme par sa mort, c'est ma tendresse […]. Une somme de poésie Gallimard Jean Racine La Ferté-Milon 1639-Paris 1699 Ciel ! que lui vais-je dire, et par où commencer ? Phèdre, I, 3, Phèdre commencer (difficultés) verbe transitif et verbe transitif indirect (latin populaire cominitiare, du latin classique cum, avec, et initiare, débuter) Conjugaison Construction 1. Commencer à, de (+ infinitif). Les deux constructions sont correctes ; commencer à est courant, commencer de appartient au registre soutenu ou littéraire : je commence à expliquer ce point (comparer à : je commence d'expliquer ce point). 2. Commencer par (+ infinitif). Cette construction est correcte lorsque l'infinitif exprime une action qui en précède d'autres : elle commence par allumer la radio, ensuite elle se lève et elle prépare son petit déjeuner. Recommandation Éviter cette construction pour exprimer la montée de l'irritation ou de l'impatience (ce robinet qui goutte commence par m'énerver). Employer dans ce cas commencer à : ce robinet qui goutte commence à m'énerver. ● commencer (expressions) verbe transitif et verbe transitif indirect (latin populaire cominitiare, du latin classique cum, avec, et initiare, débuter) À commencer par, indique que quelqu'un ou quelque chose est au premier chef concerné par ce qui est énoncé. Bien, mal commencer (dans une activité, des études, etc.), avoir des débuts prometteurs, peu prometteurs. ● commencer (synonymes) verbe transitif et verbe transitif indirect (latin populaire cominitiare, du latin classique cum, avec, et initiare, débuter) Entreprendre la première phase d'une opération, la première opération d'une...
Synonymes :
- amorcer
- attaquer
- entamer
- entreprendre
Contraires :
- accomplir
- achever
- conclure
- couronner
- parachever
- parfaire
Entamer une opération par une première phase, placer quelque chose comme...
Synonymes :
- déclencher
- engager
- inaugurer
- ouvrir
Contraires :
- clore
- clôturer
- continuer
- poursuivre
- terminer
commencer verbe intransitif Être à son début, débuter : Dépêche-toi, le spectacle va commencer. Avoir tel lieu, telle date comme point de départ, débuter d'une certaine manière, avoir telle chose, telle personne comme premier élément, comporter tel état, telle action comme première phase : L'année commence le 1er janvier. Se mettre à : Il commence à pleuvoir.commencer (expressions) verbe intransitif Familier. Ça commence à bien faire, indique la lassitude, l'exaspération. Familier et ironique. Ça commence bien, les choses se présentent mal.

commencer
v.
rI./r v. intr. Débuter. La forêt commence ici. Cette histoire commence mal. Syn. (Djibouti) rentrer.
rII./r v. tr.
d1./d Faire le commencement, le début, la première partie de (qqch). Commencer un ouvrage.
d2./d être en tête de. Une citation commence l'article.
d3./d être dans le premier temps de. Le roi commençait son règne.
d4./d Commencer à ou de (+ inf.): entreprendre, se mettre à. Je commence à comprendre.
v. impers. Il commence à neiger.
d5./d Commencer par: faire en premier lieu (qqch). Commencez par le commencement!

⇒COMMENCER, verbe.
I.— Emploi trans. [Auxil. des formes composées : avoir; l'obj. désigne un entier décomposable en phases successives]
A.— [Le suj. désigne une pers. considérée comme agent de l'action de commencer]
1. [Le compl. d'obj. est un subst. ou un de ses équivalents] Accomplir la première phase d'une opération unique et continue, ou la première d'une série continue d'opérations distinctes.
a) [Le compl. d'obj. désigne une chose dont le traitement se développe dans le temps] Son père avoit commencé cet établissement [une ferme] 22 ans auparavant (CRÈVECŒUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie, t. 1, 1801, p. 293). Elle acheva tranquillement sa tasse de thé qu'elle avait commencée (MICHELET, Sur les chemins de l'Europe, 1874, p. 14). Elle s'assit au piano et commença une sonate (THEURIET, Le Mariage de Gérard, 1875, p. 110).
Rem. Dans cet emploi, le subst. ou le verbe désignant l'action étant sous-entendus, certains syntagmes peuvent avoir deux sens; p. ex. commencer un livre signifie a) Commencer (à lire/la lecture d') un livre. Commencé Monte-Cristo : c'est fort amusant, sauf cependant les immenses dialogues qui remplissent les pages (E. DELACROIX, Journal, 1852, p. 180). b) Commencer (à rédiger/la rédaction d') un livre. Essayé d'écrire, de commencer un roman (GREEN, Journal, 1944, p. 97).
En partic. [Le compl. désigne un obj. d'ét.] J'ai commencé aujourd'hui l'hébreu (AMPÈRE, Correspondance, 1824, p. 308).
Commencer un objet d'étude à qqn. L'initier à cette étude :
1. C'était le curé de son village qui lui avait commencé le latin, ses parents, par économie, ne l'ayant envoyé au collège que le plus tard possible.
FLAUBERT, Madame Bovary, t. 1, 1857, p. 4.
P. méton., vieilli
Commencer qqn. Initier quelqu'un à un objet d'étude :
2. Elle [la comtesse de Valgrave] voulait bien que vous allassiez chez elle donner des leçons à son fils... Vous m'aviez dit que cela ne vous était pas désagréable de commencer un enfant si jeune...
P. DE KOCK, Le Professeur Ficheclaque, 1867, p. 109.
Commencer un cheval. Accomplir la première partie du dressage (Ac. 1835-1932).
P. anal., iron. Commencer une femme. L'initier à la vie conjugale :
3. Les femmes ont été la plupart du temps si mal commencées par leur mari, qu'elles n'ont pas le courage de recommencer tout de suite avec un autre...
A. FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, p. 343.
b) [Le compl. d'obj. est un subst. d'action qui désigne une opération se développant dans le temps] J'achève à voix basse « les Secrets de la Princesse de Cadignan » dont nous avions commencé à haute voix la lecture (GIDE, Journal, 1906, p. 213) :
4. ... la réorganisation des troupes syriennes et libanaises, que nous avons déjà commencée, va être activement poursuivie...
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, p. 167.
c) [Le compl. d'obj. désigne un espace de temps sécable en moments distincts] Bien, mal commencer l'année. Il commence une fluxion de poitrine (E. DE GUÉRIN, Journal, 1834, p. 25) :
5. J'ouvre un nouveau cahier pour commencer cette nouvelle année, laissant l'autre à demi rempli.
GIDE, Journal, 1942, p. 104.
2. [Le compl. d'obj. est un verbe à l'inf. précédé d'une prép.] Commencer à, de. Accomplir ou éprouver le début de l'action, d'un procès exprimés par le verbe. Ma mère a commencé à insulter mon père, qu'elle achève! (GIRAUDOUX, Électre, 1937, II, 8, p. 207). Les marchés sont vides et l'on commence à manquer de pain (GIDE, Journal, 1942, p. 155). L'auditoire enthousiaste, fervent, commença de céder au sommeil : il s'endormait de faiblesse (MAURIAC, Le Bâillon dénoué, 1945, p. 477).
Fam. [Pour marquer qu'on est à bout de patience et que le mécontentement est encore susceptible de croître si ce qui le provoque ne cesse pas] Tu commences à m'agacer, mon garçon! Je n'ai d'ordres à recevoir de personne, ici (H. BAZIN, Vipère au poing, 1948, p. 264). Le commissaire commençait à en avoir chaud aux oreilles (SIMENON, Les Vacances de Maigret, 1948, p. 119).
Rem. 1. La constr. commencer à/de + verbe est proportionnellement plus fréquente au XXe qu'au XIXe s. (parallèlement la constr. commencer + subst. y est moins fréq.). Ds la docum. commencer à est 4 à 5 fois plus fréq. que commencer de. Il n'existe pas de distinctions abs. entre les 2 constr. On peut cependant observer qq. tendances. a) La constr. avec de est plus fréq. au XXe s. qu'au XIXe s. b) Commencer de est plus fréq. dans la lang. soignée que dans la lang. usuelle ou fam. c) On emploie plus volontiers à devant les verbes indiquant que l'action aura un développement (commencer à devenir, à (s')inquiéter, à comprendre), p. oppos. aux verbes n'indiquant qu'une simple durée (commencer de lire, d'écrire [une lettre, un roman], de vivre) (cf. rem. s.v. ds Ac. 1835-1932). d) Afin d'éviter l'hiatus, l'usage soigné tend parfois à employer de lorsque commencer est à une forme qui se terminera par une voyelle, ou devant les verbes commençant par une voyelle. 2. Dans l'emploi fam. (supra H. Bazin et Simenon) on ne rencontre jamais de.
3. Littér. et p. ell. du verbe dire. [Le compl. d'obj. est un propos rapporté au discours dir.] Dire pour commencer, commencer par dire. Après avoir (...) bu et mangé, elle commence : — J'étais sur « la Bourgogne », tu sais, le jour où elle a fait naufrage (GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, p. 980).
[En incise] :
6. Mais, madame, commença la receveuse qui venait de rouvrir son guichet, vous pourriez à l'arrivée vous entendre avec le contrôleur.
BERNANOS, Un Mauvais rêve, 1948, p. 983.
4. Emploi abs.
a) [Le compl. d'obj. implicite est un verbe ou un subst. d'action ou un terme suggéré par le cont.] :
7. Cette lettre n'aura ni queue ni tête, ce qui est un grand avantage. Je la trouve cependant moins abrutie qu'en commençant je ne l'avais prévu.
VALÉRY, Correspondance [avec Gide], 1899, p. 366.
Loc. adv. Pour commencer. En premier lieu, d'abord. Un monstre, il faudrait dire, un tonnerre de sort... pour commencer, il pèse cent quarante-quatre kilogs (AUDIBERTI, Les Femmes du Bœuf, 1948, p. 112).
En partic. [Le verbe implicite est un verbe signifiant « dire »] Tu as peur de parler la première? Très bien. Je vais commencer (SARTRE, Huis clos, 1944, 5, p. 141).
b) [Le verbe est précisé par un compl. circ. de moyen, de manière (prép. par) indiquant la première d'une série d'opérations] Faire la première d'une suite d'actions. Fâcheuses nouvelles d'Italie. Victor-Emmanuel a commencé par un échec; ses deux divisions ont dû repasser le Mincio (AMIEL, Journal intime, 1866, p. 346). L'esclave commence par réclamer justice et finit par vouloir la royauté (CAMUS, L'Homme révolté, 1951, p. 41).
P. méton. [Le compl. prép. désigne la pers. affectée par cette première opération] J'ai fait ma correspondance en commençant par mon fils (MAINE DE BIRAN, Journal, 1817, p. 16).
Loc. adv. À commencer par + nom de chose ou de pers. Si on veut (ou doit) commencer par :
8. Nul d'entre les Grands (...) n'est impeccable, à commencer par Homère qui somnole quelquefois...
VERLAINE, Œuvres complètes, t. 4, Les Poètes maudits, 1884, p. 7.
9. « Pour adoucir notre sort de brutes nous avons découvert et fabriqué de tout, à commencer par des maisons, puis des nourritures exquises, ... »
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, L'Inutile beauté, 1890, p. 1160.
Loc. pléonastique, fam., avec valeur d'insistance. Commencer par le commencement. Faire une suite d'actions dans leur ordre logique normalement attendu :
10. Il faisait sa tournée de facteur en commençant par le commencement et en suivant. C'était son métier, puisqu'il était facteur.
AYMÉ, La Jument verte, 1933, p. 155.
B.— [Le suj. désigne une chose susceptible d'action ou de développement, en vertu de sa nature propre ou de sa finalité]
1. [Le compl. d'obj. est un subst. ou un de ses équivalents] Accomplir la première phase d'une opération unique et continue, ou la première d'une série continue d'opérations distinctes. Un livre qui avait commencé sa réputation d'une manière très avantageuse (CONSTANT, Le « Cahier rouge », 1830, p. 12). Quelques phrases d'excuse commencèrent son sermon (STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, p. 461). Les trois pages qui commencent ce chapitre (MICHELET, Journal, 1860, p. 553). L'automobile commençait la descente (DANIEL-ROPS, Mort, où est ta victoire? 1934, p. 510) :
11. Les ouvrages, pleins du génie d'Hippocrate, c'est-à-dire de faits et de conséquences bien déduites de ces faits, ont commencé la science.
STENDHAL, Hist. de la peint. en Italie, t. 1, 1817, p. 245.
2. [Le compl. d'obj. est un verbe à l'inf. précédé d'une prép.] Commencer à, de. Accomplir ou éprouver le début de l'action, d'un procès exprimés par le verbe. Le ciel commençait de blanchir (G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Suzanne et les jeunes hommes, 1941, p. 174). Les pommes de la dernière récolte commencent à se faner sur les planches (BERNANOS, Monsieur Ouine, 1953, p. 1544). La morphine commençait à agir (E. TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, p. 202).
Loc. impers. [Le suj. réel désigne un phénomène naturel] Il commençait à bruiner (E. TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945p. 90).
Fam. [Pour exprimer l'impatience (cf. supra I A 2)] Foin! Foin! Tu me l'as fait répéter dix mille fois. Ça commence à me sortir par les yeux (AUDIBERTI, Le Mal court, 1947, I, p. 150).
Rem. Le verbe peut être suivi d'une prop. part. (prép. en) ou d'un compl. circ. (prép. par) à valeur de compl. second. Commencer son règne par un massacre. Ce prince a commencé son règne en rétablissant le bon ordre dans ses États (Ac. 1835-1932). Il commença son allocution en ordonnant à la paroisse de bien marquer le passage du credo « Et Incarnatus est de Spiritu Sancto (...) » (QUEFFÉLEC, Un Recteur de l'île de Sein, 1944, p. 171). On commence le film par la scène où Valmègue parvient au championnat du monde (QUENEAU, Loin de Rueil, 1944, p. 174). La conscience ne commence d'être qu'en déterminant un objet (MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception, 1945, p. 35). Très insatisfait si je n'ai pu commencer ma journée par la lecture très attendue d'une cinquantaine de vers de Virgile (GIDE, Journal, 1946, p. 303).
II.— Emploi intrans.
A.— [Dans l'espace; le suj. désigne une chose étendue; auxil. des formes composées : avoir] Être situé au début, ou constituer le début.
1. [Le compl. circ. prép. ou l'adv. de lieu indiquent le point de l'espace où prend naissance l'ext.] Commencer à (un point), en (un lieu). Y avoir son début. Cette montagne, cette forêt commence en tel lieu, en tel pays, auprès de telle ville (Ac. 1835-1932). Les rues commencent au numéro un. La place où vient commencer la large avenue du Prado (GIDE, Journal, 1942, p. 118) :
12. Près du casino, à l'endroit où finit la plage sur un coude brusque, commence abruptement en face du large le paysage familier des dunes rudement éventées, ...
GRACQ, Un Beau ténébreux, 1945, p. 134.
2. [Le compl. circ. prép. ou l'adv. indiquent la chose située au point où prend naissance l'étendue] Commencer par, plus rarement avec (une chose). Avoir pour début (cette chose). Le colon commence par un cul-de-sac recourbé en crosse et séparé du reste par un étranglement (CUVIER, Leçons d'anat. comp., t. 3, 1805, p. 504).
B.— [Dans le temps; emploi plus fréq. que A]
1. [Le suj. désigne une chose; quand la périphrase verbale exprime un point dans le temps et n'a qu'une valeur temporelle, l'auxil. des formes composées est avoir; quand la périphrase verbale exprime le résultat à un moment donné d'une phase ant., l'auxiliaire est être] Être à son début. Le troisième acte était commencé (ZOLA, Nana, 1880, p. 1215). Comme la chasse avait commencé, sans cesse des coups de fusil partaient (P. BOURGET, Le Disciple, 1889, p. 179) :
13. Oui, la guerre était finie (...) ce soir c'était une vraie fête; la paix commençait, tout recommençait : ...
S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 10.
[Le suj. désigne une opération qui se développe dans le temps; le compl. circ. ou l'adv. de temps indiquent le moment où cette opération prend son départ] Commencer à (tel moment), en (tel espace de temps). Y avoir son début à ce moment. Le spectacle a commencé à telle heure (Ac. 1835-1932). Un souper champêtre commençant à minuit (SENANCOUR, Obermann, t. 2, 1840, p. 229).
[Le suj. désigne une opération composite aux phases successives; le compl. circ. indique ce qui se passe, ce qu'on perçoit etc. au moment où l'opération débute] Commencer par (une chose). Avoir pour début (cette chose). Le premier acte commence par une scène entre tels personnages (Ac. 1835-1932). La maladie commence par des céphalées (CAMUS, La Peste, 1947, p. 1377) :
14. ... c'était (...) sur cette léthargie de la volonté [la peur], qu'il avait fait converger ses études, (...), indiquant les symptômes de sa marche, les troubles commençant avec l'anxiété, se continuant par l'angoisse, éclatant enfin dans la terreur...
HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 253.
Loc. proverbiale. Charité bien ordonnée commence par soi-même. L'homme raisonnable commence par se mettre au service de ses propres besoins ou intérêts.
Rem. Cf. également Mme DE STAËL, De l'Allemagne, t. 4, 1810, p. 359 : La sévérité bien ordonnée commence par soi-même.
[Avec un attribut du suj. indiquant la manière d'être de celui-ci] La journée a commencé douce et belle (E. DE GUÉRIN, Journal, 1835, p. 39).
2. Plus rare. [Le suj. désigne une pers., considérée dans son devenir, dans son développement temp.; auxiliaire des formes composées : avoir] Être au début de son développement. Cet enfant, je pense qu'il existe, qu'il commence, qu'il a une vie toute neuve à vivre (R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, Épilogue, 1940, p. 913).
[Avec un compl. circ. indiquant la nature de ce début] Commencer dans qqc. :
15. ... les saints les plus glorieux sont parfois ceux qui, tels saint Augustin, saint Boniface ou saint Jean Gualbert ont commencé dans la crapule.
G. DUHAMEL, Journal de Salavin, 1927, p. 84.
[Avec un attribut du suj. indiquant la manière d'être, etc., de celui-ci] Il avait commencé graveur, il finissait copiste (GUÉHENNO, Jean-Jacques, Grandeur et misère d'un esprit, 1952, p. 286).
Rem. 1. Avec à peine, le verbe exprime un commencement dans le commencement. Je commence à peine, et les commencements sont très durs (BERNANOS, Un Mauvais rêve, 1948, p. 991). 2. On rencontre ds la docum. qq. ex. du part. passé adj. Nos vendanges sont commencées et assez bonnes (LAMARTINE, Correspondance, 1836, p. 230). Ma solitude irrévocable était si prochaine qu'elle me semblait déjà commencée et totale (PROUST, La Fugitive, 1922, p. 652).
Prononc. et Orth. :[], (je) commence []. Enq. :// (il) commence. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Xe s. trans. [le suj. désigne une pers.] (Fragment de Jonas, 28 ds FOERSTER-KOSCHWITZ, p. 58); 2. trans. ind. ca 1100 commencer à + inf. (Roland, éd. J. Bédier, 426); 1580 commencer de (MONTAIGNE, Essais, livre 1, chap. 8); 1601 commencer par [qqn] (MONTCHRESTIEN, Les Lacenes, p. 198 ds IGLF); 3. intrans. av. 1317 « [de qqc.] débuter » (JOINVILLE, Œuvres, 57, 11, ibid.); 1470 commençans (Livre de la discipline d'amour divine, f° 22a ds R. Et. rab., t. 9, p. 303). Empr. au lat. vulg. cominitiare, composé de cum et initiare qui, du sens part. de « initier » est passé en b. lat. à celui de « débuter ». Fréq. abs. littér. :22 038. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 29 626, b) 31 198; XXe s. : a) 28 561, b) 34 553. Bbg. ASCOLI (C.I.). Saggiuoli diversi. Archivo glottologico italiano. 1890, t. 11, pp. 429-430. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 288, 342. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 34. — JABERG (K.). Die Bezeichnungsgeschichte des Begriffes anfangen. R. Ling. rom. 1925, t. 1, pp. 118-145. — KALEPKY (T.). Vom Infinitiv mit de und à nach commencer und in verwandten Fällen. Z. fr. Spr. Lit. 1911, t. 37, pp. 252-269.

commencer [kɔmɑ̃se] v. [CONJUG. placer.]
ÉTYM. 1080; commencier, Xe, lat. pop. cominitiare, de cum, et initiare « commencer ». → Initier.
———
I V. tr.
1 Faire la première partie de (qqch., une action, une activité…); donner un commencement à (qqch.). Amorcer, attaquer, débuter, démarrer, ébaucher, entamer, entreprendre, esquisser. || Commencer un travail. || Commencer une affaire, une entreprise. Créer, fonder, former; instituer. || Commencer bien ou mal une affaire. Emmancher (fam.), engrener; → se lancer dans. || Commencer un discours. || Commencer un débat, une discussion. Ouvrir. || Commencer un chant. Entonner. || Commencer les hostilités. Déclencher, ouvrir. || Commencer le combat. Engager. || Commencer un procès long et difficile. Embarquer (s'embarquer dans). || Commencer un traitement médical, une cure. Fam. || Commencer un médicament.Commencer un livre, en entreprendre la lecture; et aussi, commencer de l'écrire.
1 Soit, ne commençons point un discours inutile.
Molière, le Dépit amoureux, III, 4.
2 Je commence aujourd'hui cette lettre (…) par vous dire que je viens de recevoir la vôtre (…)
Mme de Sévigné, 1233, 25 juin 1690.
3 Nous continuâmes notre voyage aussi allègrement que nous l'avions commencé.
Rousseau, les Confessions, III.
4 D'une voix retentissante, le prêtre commence la prière des agonisants.
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « L'agonie de la Sémillante ».
5 Nous pouvons dès la semaine prochaine commencer les travaux d'un établissement hydrominéral, dernier cri, sans avoir rien eu à payer que le prix du terrain.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXII, p. 180.
Vieilli. (Compl. n. d'être animé). || Commencer un élève, lui donner les premières leçons, les premiers rudiments d'une discipline. Initier. || Commencer un cheval, un chien, entreprendre de le dresser.
Absolt. || Tu as fini ? || Non, je n'ai même pas commencé ! || Quand est-ce qu'on commence ? Mettre (s'y mettre).
2 Être au commencement de.(Relativement à l'étendue; sujet n. de chose). || C'est cette maison qui commence la rue. || Le mot qui commence la phrase.(Relativement à la durée; sujet n. de personne ou de chose). || Nous commençons l'année aujourd'hui. Inaugurer, ouvrir. || Il ne fait que commencer ses études. || Les événements qui ont commencé l'année.
3 Trans. ind. || Commencer de (et l'inf.; sujet n. de personne) : entreprendre; être aux premiers instants (de l'action indiquée par le verbe). || L'orateur commence de parler.
REM. Selon l'Académie, commencer de indiquerait une action qui aura de la durée et qui n'en est qu'à ses débuts, ce qui distinguerait l'emploi de commencer à. Cette distinction, négligée depuis Vaugelas, se fait désormais uniquement pour éviter un hiatus. Ex. : La foule commença d'arriver (pour commença à arriver).
6 Et déjà mon rival commence de paraître (…)
Molière, Dom Garcie, V, 3.
7 Puisque j'ai commencé de rompre le silence (…)
Racine, Phèdre, II, 2.
8 Aujourd'hui encore, un verbe comme commencer hésite entre à et de : Je commence à avoir envie d'écrire (Flaubert, Lettre à G. Sand, CXVI).
F. Brunot, la Pensée et la Langue, II, IX, XIV, p. 338.
9 La chose la plus difficile, quand on a commencé d'écrire, c'est d'être sincère.
Gide, Journal, 31 déc. 1891, p. 27.
Commencer à(même sens). || Il commençait à dormir lorsqu'on l'éveilla. || Il commence enfin à comprendre. || Commençons à manger.Absolt. || Nous allions commencer sans vous.Fam. || Tu commences à nous ennuyer. || Je commence à en avoir assez : j'en ai assez.(Sujet n. de chose). Manifester le début d'un état, d'une action. || Ces fruits commencent à s'abîmer. || Le remède commence à agir.Impers. || Il commence à pleuvoir.Ça commence à devenir dangereux. — ☑ Fam. Ça commence à bien faire ! → Ça suffit !
10 Les Français, sous Louis XIII, commencèrent à se rendre recommandables par les grâces et les politesses de l'esprit; c'était l'aurore du bon goût.
Voltaire, Essai sur les mœurs, 176.
11 Mais quand le nœud social commence à se relâcher et l'État à s'affaiblir (…)
Rousseau, Du contrat social, IV, 1.
12 Les montagnes commençaient à se couvrir de bouquets de bois.
Chateaubriand, Itinéraire…, 68.
13 (…) malgré ma confiance en mon noble guide, je commençais à croire que je m'étais abusé.
Sainte-Beuve, Volupté, V.
14 On commence alors à comprendre qu'il y a d'autres devoirs que les devoirs envers l'État, d'autres vertus que les vertus civiques.
Fustel de Coulanges, la Cité antique, V, I, p. 423.
Spécialt. Avoir une activité pour la première fois. Essayer. || Un enfant qui commence à parler, à lire.
4 Commencer (qqch.) par (qqch.). || Commencer son travail par la fin.(Sans compl. dir.). || Commencer par (qqch.). || Par où allez-vous commencer ? || Il faut commencer par le commencement. || On commence par toi ?
15 Ciel ! Que lui vais-je dire, et par où commencer ?
Racine, Phèdre, I, 3.
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II V. intr.
1 Commencer par (qqch.) : débuter par. || La revue commença par un ballet.
16 Qu'une vie est heureuse quand elle commence par l'amour et finit par l'ambition !
Pascal, Disc. sur les passions de l'âme.
Commencer par, suivi de l'infinitif :
17 On commence par être dupe,
On finit par être fripon !
Mme Deshoulières, le Désir de gagner au jeu.
2 Entrer dans son commencement (durée). || L'année commence au 1er janvier. || Cela, ça commence bien, mal. Partir. || Dépêchez-vous, ça va commencer sans vous ! || Le spectacle a commencé, il y a dix minutes.
18 (…) j'ai arrêté encore un maître de philosophie, qui doit commencer ce matin.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, I, 2.
19 Là où commence l'action de la justice, là doivent cesser les vengeances populaires.
Danton, in Barthou, Danton, p. 105.
(Espace). || La plaine commence juste après la rivière.
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se commencer v. pron. réfl.
|| Ce travail doit se commencer tout de suite.
CONTR. Aboutir, accomplir, achever, compléter, conclure, continuer, couronner, finir, poursuivre, terminer. — Terminer (se).
DÉR. Commençant, commencement.
COMP. Recommencer.

Encyclopédie Universelle. 2012.