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compasser

compasser [ kɔ̃pase ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1130 « mesurer, ordonner, régler »; lat. pop. °compassare « mesurer avec le pas », de cum « avec » et passus « pas »
1Techn. Mesurer avec le compas. Compasser des distances sur une carte. Par ext. Tracer, disposer avec une rigoureuse exactitude.
2Littér. Considérer avec attention, régler avec exactitude, minutie, et par ext. avec exagération. étudier, mesurer, peser; compassé. Compasser sa démarche, son attitude.

⇒COMPASSER, verbe trans.
A.— Prendre, reporter des mesures avec un compas :
1. Pour faire une garniture, il faut, avec un compas, prendre la largeur d'une des pages (...), compasser cette mesure autant de fois qu'il y aura de pages sur la largeur du papier...
BERTRAND-QUINQUET, Traité de l'impr., 1799, p. 94.
Spéc. MAR. Compasser des distances sur une carte, compasser une carte. Marquer le lieu où se trouve le navire. ARM. Compasser le canon d'une arme à feu. En vérifier l'épaisseur.
P. ext. Faire quelque chose avec exactitude, régularité, symétrie (cf. compassé A).
Spéc. Compasser les feux. Disposer les fourneaux de mine de manière à ce qu'ils explosent tous en même temps.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe s.
B.— Au fig.
1. [En parlant des actes ou de l'attitude d'une pers.] Régler minutieusement (cf. compassé B) :
2. « ... De nombreux règlements fort sévères, quoiqu'ils ne soient pas écrits, compassent tous les actes de leur vie [des sauvages]. »
DURKHEIM, De la Division du travail soc., 1893, p. 108.
Emploi pronom. :
3. Petit-maître
Renforcé
(...)
Dans sa grâce
Se compasse
Quelque peu,
Met de l'ambre
Et se cambre
Tant qu'il peut.
A. POMMIER, Colifichets, Le Nain, 1860, p. 161.
2. [En parlant de mots écrits ou prononcés] Mesurer, peser. Il parla longtemps, en compassant ses termes, en procédant par touches, par chocs (CHÂTEAUBRIANT, M. des Lourdines, 1911, p. 145) :
4. Moi, ce fut l'an passé que cette frénésie
Me vint d'être amoureux. — Adieu, la poésie!
Je n'avais pas assez de temps pour l'employer
À compasser des mots : ...
T. GAUTIER, Albertus ou l'Âme et le péché, 1833, p. 148.
Prononc. et Orth. :[]; également []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1130-40 « mesurer au compas, disposer de façon régulière » (WACE, Conception Nostre Dame, éd. W. R. Ashford, v. 574); b) 1680 reliure compasser un livre (RICH.); c) 1690 mar. compasser une carte (FUR.); d) 1704 mines compasser les feux (Trév.); 2. a) apr. 1433 fig. « considérer, peser » (J. REGNIER, Fortunes et Adversitez, p. 13, v. 326); b) av. 1544 fig. « régler ses paroles, ses actions, son maintien » (B. DES PERIERS, Poésies, 82 ds IGLF); 1690 compassé part. passé adj. « raide, étudié, affecté » (FUR.). D'un b. lat. compassare « mesurer avec le pas »; dér. de passus (pas). Fréq. abs. littér. :3.
DÉR. Compassement, subst. masc., rare. Action de mesurer avec un compas. Au fig. a) Raideur, affectation. Du Quesne était huguenot, mais sans rien de la retenue, du compassement qu'affectaient les Têtes Rondes (J. DE LA VARENDE, Le Maréchal de Tourville et son temps, 1943, p. 115). b) Mesure, modération (cf. compasser ses paroles). Le monarque répondit à son discours [du duc d'Orléans] (...) avec un choix étonnant d'expressions et de paroles par leur justesse et leur compassement (J. DE LA VARENDE, Monsieur le Duc de Saint-Simon et sa Comédie humaine, 1955, p. 453). []; également []. FÉR. Crit. t. 1 1787 écrit compâssement. Ds Ac. 1762-1835. 1res attest. 1. a) 1180-90 « action de compasser, de mesurer au compas » (Roman d'Alexandre, éd. E. C. Armstrong, 338); b) 1567 archit. « espacement régulier » (J. MARTIN, Archit., trad. de Vitruve, p. 103 ds IGLF); 1704 mines compassement de feux (Trév.); 2. av. 1755 fig. « caractère de ce qui est compassé, affectation » (SAINT-SIMON, Mémoires, 17, 364 ds ADAM, p. 24); de compasser, suff. -ment1.

compasser [kɔ̃pɑse] v. tr.
ÉTYM. V. 1130, « mesurer, ordonner, régler »; lat. pop. compassare « mesurer avec le compas », de com-, et passus « pas ».
1 Techn. Mesurer avec le compas. || Compasser le canon d'une arme à feu, en vérifier le calibre. || Compasser des distances sur une carte.Mar. || Compasser une carte : déterminer sur la carte le lieu où se trouve le navire.Par ext. Tracer, disposer avec une rigoureuse exactitude.
2 Littér. Considérer avec attention, régler avec exactitude, minutie, et, par ext., avec exagération. Étudier, mesurer, peser. || Compasser sa démarche, son langage. || Il compasse son attitude, ses discours.
1 Et quant à moi, je trouve, ayant tout compassé,
Qu'il vaut mieux être encor cocu que trépassé (…)
Molière, Sganarelle, 17.
2 On voit des gens sincères, qui toujours ont à s'étudier, à compasser toutes leurs paroles et toutes leurs pensées.
Fénelon, XVIII, 444, in Littré.
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compassé, ée p. p. adj.
1 Littér. Étudié, mesuré, réglé.
2 Cour. (en parlant des personnes et de leur comportement). Réglé trop rigoureusement, sans rien de libre, de simple, de spontané. Affecté. || Un homme compassé. || Il est solennel et compassé. || Elle est aimable, mais trop compassée.Manières compassées.
3 (…) il (l'amiral Collingwood) était bon, mais froid, et, dans ses manières, ainsi que dans celles des officiers anglais, il y avait un point où tous les épanchements s'arrêtaient et où la politesse compassée se présentait comme une barrière sur tous les chemins.
A. de Vigny, Servitude et Grandeur militaires, III, VI, p. 220.
(Dans le domaine esthétique). || Style compassé. || Une architecture froide et compassée.
4 Le menuet garde l'allure compassée, noble et précieuse qu'il doit à ses origines, même si chaque musicien, Haydn ou Mozart, le nuance selon son propre génie.
Éd. Herriot, la Vie de Beethoven, p. 70.
CONTR. (Du p. p.) Aisé, libre, naturel, simple.
DÉR. Compas, compassement.

Encyclopédie Universelle. 2012.