créance [ kreɑ̃s ] n. f.
1 ♦ Vx Le fait de croire en la vérité de qqch. ⇒ croyance, foi. « Ils croyaient cela [...] d'une créance indéracinable » ( Péguy). — Vieilli Trouver créance : être cru. Donner créance à une chose, la rendre croyable, vraisemblable. ⇒ crédibiliser. Donner, ajouter créance : donner, ajouter foi. Témoignage qui mérite créance, d'être cru. ⇒ crédibilité. « Les récits de Marco Polo [...] méritent notre créance » (Baudelaire) .
2 ♦ Vx Confiance qu'une personne inspire. « Perdre toute créance dans les esprits » (Pascal). ⇒ crédibilité. — Mod. Lettre de créance.
3 ♦ (XIIe, repris 1700) Mod. Droit en vertu duquel une personne (⇒ créancier) peut exiger de qqn (⇒ 1. débiteur) qqch., et spécialt une somme d'argent. ⇒ gage, hypothèque , nantissement, obligation, sûreté. Créance certaine, dont la validité ne fait pas de doute. Créance douteuse, dont le recouvrement n'est pas assuré. Créance alimentaire. Créance hypothécaire, privilégiée, chirographaire. Créance exigible, dont l'exécution peut être réclamée actuellement. Créance liquide, dont le chiffre est exactement déterminé. Avoir une créance sur qqn. Gestion des créances. ⇒ affacturage, contentieux. — Par ext. Le titre établissant la créance.
⊗ CONTR. Méfiance, scepticisme. Dette.
● créance nom féminin (ancien français creance, de creire, croire) Dans les rapports qui dérivent d'une obligation, droit (droit de créance) de celui qui peut exiger la prestation de la part du débiteurtitre qui établit ce droit. Lanière avec laquelle le fauconnier retient l'oiseau qui n'est pas encore bien apprivoisé. ● créance (expressions) nom féminin (ancien français creance, de creire, croire) Littéraire. Donner créance à quelque chose, y ajouter foi ; le rendre croyable. Littéraire. Hors de créance, invraisemblable. Lettres de créance, lettres qu'un ministre ou un ambassadeur remet au chef de l'État auprès duquel il est accrédité, et qui attestent de la qualité de l'envoyé. Littéraire. Mériter créance, être digne de créance, être digne d'être cru, mériter la confiance, le crédit d'autrui. Littéraire. Perdre (sa) créance, perdre la confiance, le crédit qu'autrui vous accordait. Littéraire. Trouver créance, être cru. ● créance (synonymes) nom féminin (ancien français creance, de creire, croire) Dans les rapports qui dérivent d'une obligation, droit (droit de...
Synonymes :
Lanière avec laquelle le fauconnier retient l'oiseau qui n'est pas...
Synonymes :
- filière
créance
n. f.
d1./d Lettres de créance: V. lettre (sens III, 2).
d2./d DR Droit d'exiger de qqn l'exécution d'une obligation, le paiement d'une dette.
— Titre établissant ce droit.
|| Abandon de créance: effacement d'une dette, sans contrepartie.
I.
⇒CRÉANCE1, subst. fém.
Domaine cour.
A.— Action de considérer quelque chose comme vrai. Les calomnies continuelles des journaux qui me disaient en fuite, à Sainte-Pélagie, qui entassaient les lazzis, ont trouvé créance dans la partie stupide de Paris, et cette croyance a paralysé les ressources que j'avais dans le crédit (BALZAC, Lettres Étr., t. 1, 1850, p. 260). Un mensonge qui flatte ou qui blesse le cœur trouve plus facilement créance qu'une vérité indifférente (FEUILLET, Rom. j. homme pauvre, 1851, p. 274).
♦ Donner créance à quelque chose. Y ajouter foi. Vous aurez donné créance à des imposteurs (BALZAC, Lettres Étr., t. 1, 1850p. 137). S'il fallait ajouter créance à divers mémoranda (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 179). Donner créance à des méfaits imaginaires (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1074). Donner créance à quelque chose. Le rendre croyable.
♦ Hors de créance. Qui n'est pas croyable. Cette histoire (...) il l'avait rejetée à cent lieues comme hors de créance (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 152).
— En partic., vx. Croyance religieuse. Il faudrait distinguer la foi de la créance qui est personnelle et n'a pas d'attaches logiques (H. BAZIN, Tête contre murs, 1949, p. 313).
— P. méton., vx. Ce à quoi s'applique cette action :
• 1. Son art, à lui [Nicole], et son but est d'arriver ainsi, par voie préjudicielle et préventive, d'en revenir par tous les bouts à sa conclusion favorite, qu'il est absolument impossible qu'il y ait un changement de créance dans l'Église sur ce dogme, et que le sens qu'ont dû avoir les paroles des Pères dans les premiers siècles pourrait se conclure, les yeux fermés et sans vérification, de la croyance régnante dans l'Église durant les derniers âges.
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 344.
B.— Action de considérer quelqu'un comme véridique, comme digne de confiance :
• 2. C'est Dieu qui nous a fait crédit, qui nous a fait confiance. Qui nous a fait créance, qui a eu foi en nous.
PÉGUY, Le Porche du mystère de la 2e vertu, 1911, p. 241.
— P. méton. Confiance, crédit qui s'attache à cette personne. Avoir, mériter créance; perdre sa créance. Une personne digne de toute créance (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 463) :
• 3. Le Roi m'a fait l'insigne honneur de me désigner à l'entière créance du Sacré Collège réuni en conclave.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 744.
— P. ext., spéc.
1. FAUCONN. Oiseau de peu de créance. Oiseau dont on est peu sûr ou qui est sujet à s'élancer dans l'air. P. méton. Ficelle ou filière servant à retenir l'oiseau qui n'est pas encore bien assuré.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe s. ainsi que ds Lar. 20e et Lar. encyclop.
2. VÉN. Confiance que l'on peut accorder à un chien bien dressé. Dix-sept couples de chiens bretons (...) inébranlables dans leur créance, forts de poitrine et grands hurleurs (FLAUB., Trois contes, St Julien l'Hospitalier, 1877, p. 80).
3. Lettre de créance
♦ Lettre attestant la confiance officielle accordée par le pouvoir politique d'un État à un ambassadeur et que celui-ci remet au chef d'État auprès duquel il est accrédité :
• 4. ... il souhaite [le Vatican] recevoir un ambassadeur de Washington, mais il exige que ce soit un ambassadeur (...) normalement nanti de lettres de créance l'accréditant auprès du pape...
Le Monde, 19 janv. 1952, p. 12, col. 5.
Rem. Les dict. attestent le sens suivant pour créance :,,Instruction secrète donnée par un souverain à son ambassadeur.``
♦ Synon. vieilli de lettre de crédit.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Cf. créance2.
II.
⇒CRÉANCE2, subst. fém.
DROIT
A.— Droit que possède une personne d'exiger l'exécution d'une obligation, en particulier le paiement d'une somme d'argent. Recouvrer une créance (cf. A. FRANCE, Jocaste, 1879, p. 101). Anton. dette :
• 1. Je lui demande [à mon fils] à genoux de renoncer aux créances qu'en qualité d'héritier de sa mère il pourrait exercer contre moi.
BALZAC, Eugénie Grandet, 1834, p. 65.
B.— P. méton. Le titre même. J'ai fait le nécessaire! t'as plus qu'à signer la créance! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 547). Cf. également LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 583.
SYNT. Créance douteuse (cf. DU CAMP, Mém. suic., 1853, p. 176), créances hypothécaires (BALZAC, U. Mirouët, 1841, p. 97), créance personnelle (Code civil, 1804, art. 875, p. 159), créances privilégiées (ibid., art. 2112, p. 382), créance solidaire (ibid., art. 1209, p. 217).
C.— Au fig. Sentiment de reconnaissance que l'on attend d'une personne à laquelle on a rendu service :
• 2. Sixte se trouvait radicalement impuissant à répondre au suprême appel jeté vers lui par son disciple, du fond de son cachot. De tout ce mémoire, les dernières lignes remuaient dans le philosophe la corde la plus profonde. Quoique le mot de dette n'y fût pas prononcé, il sentait comme une créance de ce malheureux sur lui. Greslou disait vrai : un maître est uni à l'âme qu'il a dirigée, même s'il n'a pas voulu cette direction, même si cette âme n'a pas bien interprété l'enseignement, par une sorte de lien mystérieux, mais qui ne permet pas de jeter à certaines agonies morales le geste indifférent de Ponce-Pilate.
BOURGET, Le Disciple, 1889, p. 220.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. XIe s. « croyance religieuse, foi » (St Alexis, éd. C. Storey, 3); 2. a) 1160 « confiance que l'on accorde » (WACE, Rou ds KELLER, p. 114 a); b) fin XIIIe s. letre de crëance « lettre accréditant celui qui les remet » (Ménestrel de Reims, 250 ds T.-L.); 3. ca 1170 avoir creance que « avoir la conviction, croire que » (BENOIT DE STE-MAURE, Chronique des ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 8575); 4. ca 1175 « argent que l'on prête à quelqu'un » (CHR. DE TROYES, Chevalier au Lion, éd. M. Roques, 3066); repris en 1611 (COTGR.); 1671 lettre de créance terme de comm. (POMEY); 5. 1354-76 fauconn. « longue corde attachée à la laisse d'un oiseau » (Modus, éd. G. Tilander, 93, 72); 6. 1573 chien de bonne créance « chien sur lequel on peut compter à la chasse » (J. DUPUYS, Dict. fr.-latin). Dér. du rad. cre- des formes fortes de croire et en partic. du part. prés. créant; suff. -ance.
STAT. — Créance1 et 2. Fréq. abs. littér. :415. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 086, b) 420; XXe s. : a) 395, b) 374.
créance [kʀeɑ̃s] n. f.
❖
1 Vx ou archaïsme littér. Action de croire en la vérité de qqch. ⇒ Croyance, foi. || Cela mérite créance, est digne de créance (→ ci-dessous, cit. 7 et 8). — || « Tout ce qui est (…) de créance commune » (Valéry, Cahiers, Pl., t. 2, p. 1335).
♦ ☑ Loc. Vx. Hors de créance : invraisemblable.
1 Non : vous avez raison, et la chose à chacun
Hors de créance doit paraître.
Molière, Amphitryon, II, 1.
♦ ☑ Mod. Littér. Donner créance à qqch. : rendre croyable, vraisemblable, donner des garanties de sa véracité (→ ci-dessous, cit. 4). || Donner, ajouter créance à : donner, ajouter foi à. ⇒ Croire. — ☑ Trouver créance auprès de qqn : être cru.
2 (…) les Français ont des ressources dans leurs envies de plaire au Roi, qui ne trouveraient point de créance dans ce qu'on nous en pourrait dire, si nous ne le voyions de nos propres yeux.
Mme de Sévigné, 1340, 27 janv. 1692.
3 Seigneur, à vos soupçons donnez moins de créance (…)
Racine, Britannicus, III, 6.
4 Son caractère (…) donne créance à ses paroles.
La Bruyère, les Caractères, V, 20.
5 Quelle créance (…) pourrais-je donner à des faits qui sont anciens et éloignés de nous par plusieurs siècles ?
La Bruyère, les Caractères, XVI, 22.
6 Les récits de Marco Polo, dont on s'est à tort moqué, comme de quelques autres voyageurs anciens, ont été vérifiés par les savants et méritent notre créance.
Baudelaire, les Paradis artificiels, « Le poème du haschisch », II.
6.1 Chose surprenante, je donnais créance au bruit fantastique qui circulait dans le régiment. Nous étions un régiment de Paris, un régiment de parade : nous ne nous battrions pas.
Drieu La Rochelle, la Comédie de Charleroi, p. 67 (1934).
6.2 Il paraît que ces histoires (de l'Occupation) ne trouvent pas créance à l'étranger. Mais pendant quatre ans il a bien fallu qu'elles trouvent créance dans notre chair et notre angoisse. Pendant quatre ans, tous les matins, chaque Français recevait sa ration de haine et son soufflet.
Camus, Actuelles I, in Essais, Pl., p. 314.
♦ (Dans d'autres emplois). Vieux :
Racine, Andromaque, 2e Préface.
8 Ils croyaient cela tous, d'une croyance antique et enracinée, d'une créance indéracinable, indéracinée (…)
Ch. Péguy, la République…, p. 292.
♦ (1573). Vén. Confiance accordée à un chien de chasse bien dressé. ⇒ Créancé.
2 Vieilli. Confiance qu'une personne inspire. ⇒ Confiance, crédit, influence. — Dans des loc. || Cet homme mérite créance. || Il a perdu toute créance auprès de moi.
9 Perdre toute créance dans les esprits.
Pascal, les Provinciales, 4.
10 Et tâchez, comme en vous il prend grande créance,
De le dissuader de cette autre alliance.
Molière, l'École des femmes, V, 6.
♦ Mod. || Lettre de créance, accréditant un diplomate. ⇒ Accréditation.
3 (XIIe; repris 1700). Dr. Droit en vertu duquel une personne (⇒ Créancier) peut exiger qqch. de qqn (⇒ Obligation), et, spécialt., une somme d'argent (opposé à dette). ⇒ Hypothèque, nantissement, sûreté. || Créance certaine, dont la validité ne fait pas de doute. || Créance garantie. || Gage d'une créance. ⇒ Gage. || Saisie d'un bien pour la sûreté d'une créance. || Créance hypothécaire, privilégiée. || Créance chirographaire. || Contester une créance. || Créance douteuse, litigieuse, véreuse, mauvaise créance. || Créance irrécouvrable. || Créance exigible, dont l'exécution peut être réclamée actuellement. || Créance liquide, dont le chiffre est exactement déterminé. || Cession (cit. 2), délégation, transport d'une créance. || Transfert de créances commerciales à un organisme qui se charge de leur recouvrement. ⇒ Affacturage, factoring (anglic.). || Remise d'une créance. || Novation d'une créance. || Avoir une créance sur qqn. || Recouvrer une créance. || Partage au prorata des créances. ⇒ Marc (au marc le franc).
11 Deux parents froids (et) éloignés délibérèrent sur ce qu'ils feraient des jeunes orphelines : leur part d'une succession absorbée par les créances se montait à cent écus pour chacune.
Sade, Justine…, t. I, p. 8 (1791).
♦ Par ext. Titre établissant une créance.
♦ ☑ Loc. fig. Avoir créance sur qqn, lui avoir rendu un service qui fait de lui un débiteur.
❖
CONTR. Incroyance, mécréance (vx), méfiance, scepticisme. — Dette.
DÉR. Créancé, créancier.
Encyclopédie Universelle. 2012.