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débrider

débrider [ debride ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1549; de dé- et brider
1Ôter la bride à (un cheval, une bête de somme). Loc. Vieilli Sans débrider : sans s'arrêter. « Il avait dormi sans débrider jusqu'à neuf heures » (E. About).
2Par anal. Dégager (qqch.) de ce qui serre comme une bride. Chir. Débrider un organe, sectionner la bride qui l'étrangle. Débrider une hernie, une plaie. Débrider un abcès. inciser, ouvrir. Cuis. Débrider une volaille, couper les fils dont on l'a entourée pour la faire cuire.
⊗ CONTR. Brider.

débrider verbe transitif Ôter la bride d'un cheval. En chirurgie, pratiquer un débridement. Assainir une situation trouble, douloureuse. Retirer après cuisson les ficelles entourant une volaille ou un gibier. ● débrider (expressions) verbe transitif Sans débrider, sans interruption : Travailler dix heures sans débrider.

débrider
v. tr.
d1./d ôter la bride à. Débrider un cheval.
d2./d Libérer (qqch) de ce qui serre, contraint comme une bride.
|| AUTO Débrider un moteur, lui permettre de tourner plus vite, après rodage.
|| MED Pratiquer le débridement de. Débrider un abcès.

⇒DÉBRIDER, verbe trans.
A.— Enlever la bride à un cheval, à une bête de somme (généralement dès son arrivée au but). Le meunier débrida les chevaux et leur servit le déjeuner (SAND, Meunier d'Angib., 1845, p. 356).
Emploi abs. Je mis pied à terre; je dis au guide de débrider (MÉRIMÉE, Carmen, 1847, p. 6). Elle aurait pu, sans peine, aller à Étampes et en revenir sans débrider (PONSON DU TER., Rocambole, t. 2, 1859, p. 288).
P. ext. Débrider qqc. Le faire en toute hâte :
1. ... Eustache le pria [l'exécuteur] de vouloir bien arrêter un instant, qu'il eût débridé encore deux oraisons à saint Ignace et à saint Louis de Gonzague...
NERVAL, Nouvelles et fantaisies, 1855, p. 234.
Loc. fig. Sans débrider. Sans interruption, d'une seule traite et rapidement. Alors d'une haleine, sans débrider, (...) elle lui rappela toutes ses fautes (A. DAUDET, Rois en exil, 1879, p. 316).
B.— P. anal. Défaire ce qui est retenu par une bride (cf. bride B), ce qui lie, resserre ou ferme quelque chose. Il débride un peu sa houppelande (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 556).
Spécialement
1. CHIR. Enlever les brides qui compriment un organe, ou resserrent une plaie et empêchent l'écoulement du pus. Débrider un abcès, une hernie. Héquet avait débridé la plaie, relevé les os fracturés (MARTIN DU G., Thib., Été 1914, 1936, p. 183).
Au fig. Débrider un abcès. Régler de façon énergique une situation difficile. Il la rencontrait sans cesse dans l'église. Il résolut de débrider l'abcès (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 91).
2. ART CULIN. Enlever les brides, les ficelles qui maintiennent les membres d'une volaille pendant la cuisson. Vous faites bouillir le tout à petit feu pendant deux heures; vous débridez votre volaille (VIARD, Cuis. royal, 1831, p. 29).
C.— Au fig. [Le compl. d'obj. désigne une pers. ou un inanimé abstr. représentant une force intérieure] Libérer de ce qui entrave, de ce qui contraint; laisser se manifester ou s'exprimer en toute liberté. Débrider l'imagination. J'ai tant besoin de causer, de me débrider l'âme (HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 82).
Emploi pronom. :
2. Ils se débrident alors [les jeunes gens], aucune sourdine, aucune intimidation, aucun poids mort ne contraignent leur verve.
ARNOUX, Les Crimes innocents, 1952, p. 213.
Prononc. et Orth. :[], (je) débride []. Ds Ac. 1694-1718 s.v. desbrider ou débrider; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne uniquement. Étymol. et Hist. 1. 1463 « retirer la bride » fig. pronom. « se laisser aller » (G. CHASTELLAIN, III, 254, 4 ds HEILEMANN Chastellain, p. 193 : Le duc qui onques ne se desbrida en ses mœurs); 1534 sans desbrider « sans interruption » (RABELAIS, I, 22 ds HUG.); 1549 « ôter la bride à un cheval » (EST.); 2. début XVIIIe s., terme de chir. (Dionis ds Trév. 1721). Dér. de bride; préf. dé-; dés. -er. Fréq. abs. littér. :36. Bbg. SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 122. — THOMAS (A.). Nouv. Essais 1904, p. 321.

débrider [debʀide] v. tr.
ÉTYM. 1534; v. pron., fig., 1463; de 1. dé-, et brider.
1 Enlever la bride à (un cheval, une bête de somme).
1 Nous mîmes donc pied à terre. Nous débridâmes nos chevaux pour les laisser paître, et nous nous couchâmes sur l'herbe.
A. R. Lesage, Gil Blas, VI, II.
Absolt. || Il est temps de débrider. || Faire un long trajet sans débrider, sans ôter la bride à sa monture.
1.1 Michel Strogoff, arrivé à Oubinsk, laissa son cheval reposer pendant toute la nuit, car il voulait, dans la journée suivante, enlever sans débrider les cent verstes qui se développent entre Oubinsk et Ikoulskoë.
J. Verne, Michel Strogoff, p. 225-226.
Fig. et vx. Cesser de faire un travail, prendre du repos. || Il faut débrider après un tel effort.
Sans débrider : sans interruption, sans arrêt. || Travailler huit heures sans débrider (→ D'arrache-pied; [fam.] sans débander). || Dormir toute une nuit sans débrider.
2 Il avait dormi sans débrider jusqu'à neuf heures.
Ed. About, in P. Larousse.
2 Par anal. Dégager (qqch.) de ce qui le serre comme une bride.
Chir. || Débrider un organe : sectionner la bride qui étrangle cet organe. || Débrider une hernie. || Débrider une plaie. || Débrider un abcès, en vue de permettre l'écoulement du pus. Inciser, ouvrir (→ Chirurgien, cit. 2).
3 Il avait fallu débrider la plaie, extraire le projectile.
Flaubert, l'Éducation sentimentale, III, I.
3.1 Cyrus Smith l'approuva complètement, et il fut décidé qu'on panserait les deux plaies sans essayer de les fermer par une coaptation immédiate. Fort heureusement, il ne sembla pas qu'elles eussent besoin d'être débridées.
J. Verne, l'Île mystérieuse, p. 688, 1874.
Loc. fig. Débrider la plaie, l'abcès. → Crever l'abcès.
4 (…) il nous faudrait porter le fer dans cette plaie, débrider l'abcès, évacuer l'humeur malfaisante.
G. Duhamel, le Voyage de P. Périot, II, p. 42.
Cuis. || Débrider une volaille : couper les fils dont on l'a entourée pour la faire cuire.
Fig. || Débrider les yeux de qqn, les dessiller, les ouvrir.
Donner libre cours à (qqch.).
4.1 (…) les événements qu'il déclencha, ou plus exactement débrida (…)
Claude Simon, le Vent, p. 11.
Pron. Se donner libre cours, se laisser aller.
4.2 J'avais remarqué, à la campagne, et Montaigne l'explique mieux que moi, comme l'imagination se débride et s'éreinte à l'aveuglette si on ne la fixe pas sur quelque objet.
Cocteau, Journal d'un inconnu, p. 21.
——————
débridé, ée p. p. adj.
ÉTYM. (1466).
1 Dont on a ôté la bride. || Cheval débridé.
Par métaphore. Sans contrainte (→ Lâcher).
4.3 Lui, au fond, n'avait contre le mariage que ses anciennes préventions d'artiste débridé dans la vie.
Zola, l'Œuvre, p. 291.
2 Chir. || Organe débridé.Fig. || Abcès, plaie débridée : situation difficile et pénible à laquelle on a mis un terme.
3 Fig. et cour. Déchaîné, effréné. || Imagination débridée. || Langue débridée, sans retenue. || Une plume agile (cit. 7) et débridée. || Instincts, appétits débridés.
5 (…) molles et longues inflexions de la chair vivante et ployante, fureur de l'élan, impétuosité des convoitises, magnifique étalage de la sensualité débridée, triomphante (…)
Taine, Philosophie de l'art, t. II, V, I, 1, p. 230.
6 Il les sentait hors d'eux, dans cet instant débridé de la défense personnelle, où l'on cesse d'obéir aux chefs.
Zola, Germinal, t. II, p. 34.
CONTR. (De débrider). Brider. — Arrêter (s'), cesser. — Enchaîner, lier. — (De débridé) Contenu, discipliné, modéré, retenu.
DÉR. Débridement.

Encyclopédie Universelle. 2012.