décapiter [ dekapite ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1320; lat. médiév. decapitare, de caput « tête »
1 ♦ Trancher la tête de (qqn). « nous lui mettrions le cou sur un rail, de manière à ce que le premier train le décapitât » (Zola). Décapiter un condamné à la hache, à la guillotine (⇒ guillotiner) . — Cadavre décapité. Statue décapitée.
2 ♦ Par anal. Décapiter un arbre, lui enlever la partie supérieure. ⇒ découronner, écimer, étêter.
3 ♦ Fig. Détruire ce qui est à la tête de (qqch.). ⇒ abattre. Décapiter un complot. « ils décapitent le civisme » (Péguy).
● décapiter verbe transitif (bas latin decapitare, du latin classique caput, capitis, tête) Trancher la tête de quelqu'un : Décapiter un criminel. Ôter l'extrémité supérieure de quelque chose : Décapiter un arbre. Priver un groupe de ses principaux éléments, de ses chefs : Décapiter un parti. ● décapiter (synonymes) verbe transitif (bas latin decapitare, du latin classique caput, capitis, tête) Trancher la tête de quelqu'un
Synonymes :
- exécuter
Ôter l'extrémité supérieure de quelque chose
Synonymes :
- découronner
- écimer
- étêter
décapiter
v. tr.
d1./d Trancher la tête de (qqn). Décapiter un condamné.
d2./d Par anal. Enlever la partie supérieure de (qqch). Décapiter des arbres.
d3./d Fig. Enlever la partie essentielle de.
— Pp. Un parti décapité par la mort de son chef.
⇒DÉCAPITER, verbe trans.
A.— Trancher la tête d'un condamné à mort. Décapiter au moyen de l'épée, de la hache, de la guillotine; être décapité. (cf. décoller, guillotiner). Une grande épée à feuille servant à exécuter et décapiter les personnes qui par justice sont condamnées pour leurs démérites (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 492) :
• 1. Pauvre Matasierpes! cela le contrariait d'être pendu, non qu'il se souciât du trépas; mais comme noble, il prétendait avoir le droit d'être décapité.
GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 74.
— P. anal. Le libertin qui, un jour d'ivresse, avait décapité les statues de l'arc de Constantin (MUSSET, Lorenzaccio, 1834, I, 4, p. 104).
— P. ext. [Le compl. d'obj. désigne un animal] On décapite une grenouille. L'animal est-il mort? Question de langage (J. ROSTAND, Vie et ses probl., 1939, p. 107) :
• 2. ... ils invitent leurs hôtes à manger des anguilles. On applaudit. On choisit dans le seau. On écorche, on décapite. On jette les poissons en tronçons dans la poêle...
PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 70.
B.— P. métaph. et p. anal. Couper, abattre la partie supérieure de quelque chose. Je me suis acheminé vers le château (...) décapitant (...) à coups de canne les marguerites qui perçaient le gazon (FEUILLET, Rom. j. homme pauvre, 1858, p. 79). Versant le champagne, qu'elle a décapité d'un coup de couteau (GONCOURT, Journal, 1856, p. 243) :
• 3. ... ils s'étonnent sans doute de ce que je laisse vivre mes fleurs et de ce que je ne décapite pas mes arbres.
GOZLAN, Le Notaire de Chantilly, 1836, p. 48.
Rem. Le verbe suivi de l'obj. dir. peut être accompagné d'un compl. introduit par de précisant la nature réelle de ce qui est enlevé ou le moyen utilisé (cf. GONCOURT, loc. cit.).
C.— Au fig. Enlever ce qui est capital, essentiel. Décapiter un parti politique, une institution. Le genre humain peut-il être décapité? Vous imaginez-vous cette haute cité [Paris] (...) évanouie! (HUGO, Année terr., 1872, p. 270) :
• 4. En éliminant Kent (...) Mortimer décapitait l'opposition et empêchait que le jeune roi pût échapper à son emprise.
DRUON, Le Lis et le Lion, 1960, p. 182.
Rem. On rencontre chez A. Arnoux les adj. décapitateur, décapiteur. Qui décapite. Henri VIII, le roi décapitateur de femmes (Calendr. Fl., 1946, p. 78). [Les] sans-culottes décapiteurs des tyrans et pourfendeurs des curés (Visite Mathus., 1961, p. 214).
Prononc. et Orth. :[dekapite], (je) décapite [dekapit]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Début XIVe s. decapiter « couper la tête de quelqu'un » (Ovide moralisé, éd. C. de Boer, t. 5, p. 102, vers 3661); 2. av. 1630 fig. « détruire ce qui est capital » (D'AUB., Vie, I, 6 ds DG); 3. 1779-88 part. passé adjectivé « dont on a enlevé la tête, l'extrémité (d'un animal) » (BONNET, 1er mém. Reprod. limaçons ds LITTRÉ); 1809 décapiter « enlever la tête, l'extrémité (id.) » (LAMARCK, Philos. zool., t. 1, p. XI). Empr. au b. lat. decapitare « enlever la tête », attesté en lat. médiév. au sens de « enlever l'extrémité » (1432 ds LATHAM : decapitare quercum). Fréq. abs. littér. :69. Bbg. MEYER-LÜBKE (W.). Literaturblatt für germanische und romanische Philologie. 1906, n° 11, p. 370.
décapiter [dekapite] v. tr.
ÉTYM. V. 1320; du lat. médiéval decapitare « enlever la tête, l'extrémité supérieure de », de de- (→ 1. Dé-), et rad. capit-, de caput « tête ».
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1 Trancher la tête de (qqn), et, spécialt, exécuter par décapitation. ⇒ Décoller; couper (la tête). || Décapiter un condamné à l'épée, au sabre, à la hache, à la guillotine (⇒ Guillotiner). || Condamner qqn à être décapité. || Le tyran décapitait, faisait décapiter tous les captifs. → Faire sauter, voler les têtes de…
1 On bandait les yeux de ceux qu'on décapitait pour crimes de trahison envers le roi et l'État (…)
♦ (Sujet n. de chose) :
2 (…) nous lui mettrions le cou sur un rail, de manière à ce que le premier train le décapitât.
Zola, la Bête humaine, p. 365.
2 Par anal. || Décapiter un arbre, lui enlever la partie supérieure. ⇒ Découronner, écimer, étêter. — Décapiter un clou, une épingle.
3 (…) on ne cesse de commettre sur soi une espèce de saccage, comme un homme qui se promènerait dans son jardin en décapitant tout ce qui lève la tête, les tiges les plus assurées de croître.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, II, p. 13.
3 Fig. Détruire ce qui est à la tête, l'élément essentiel de (qqch.). ⇒ Abattre, détruire, exterminer, tuer.
4 Être un homme corrosif, avoir en soi une volonté d'acier, une haine de diamant, une curiosité ardente de la catastrophe, et ne rien brûler, ne rien décapiter, ne rien exterminer.
Hugo, l'Homme qui rit, II, I, X.
5 Car ils diminuent d'autant ce que je nommerai le total de civisme dans le monde, et même ils décapitent le civisme et ils découronnent la liberté dans le monde (…)
Ch. Péguy, la République…, p. 324.
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décapité, ée p. p. adj. et n.
1 Dont on a tranché la tête. || Cadavre décapité. || Statue décapitée. — N. || Un décapité, une décapitée : personne dont on a tranché la tête.
6 Ici l'on ne pouvait admettre aucun des subterfuges employés pour le classique décapité parlant; nul système de glaces n'existait sous la table, que Jenn maniait au hasard sans précautions suspectes. Le barnum, d'ailleurs, marcha jusqu'au bord de l'estrade et tendit la plate-forme ronde au premier spectateur désireux de la prendre.
Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 90.
2 Par anal. Étêté, écimé. || Arbre décapité.
3 Fig. Privé de ce qui est capital, essentiel (pour qqch.). || Institutions décapitées.
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DÉR. Décapitation.
Encyclopédie Universelle. 2012.