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déclamation

déclamation [ deklamasjɔ̃ ] n. f.
XVe; lat. declamatio « exercice de la parole »
1Art de déclamer, art oratoire. éloquence. Professeur de chant et de déclamation. « La déclamation exige d'articuler parfaitement, de prononcer clairement et de dire juste » (Jouvet).
2Par ext. Emploi de phrases pompeuses, emphatiques (semblables à celles qu'un artiste déclame). Tomber dans la déclamation. emphase, enflure. « Je ne parle pas de Lamartine dont la redondante déclamation est ennuyeuse » (L. Daudet).
Vieilli Phrase pompeuse, emphatique, déclamée. « Il entama ensuite de longues déclamations sur la gravité de mes nouveaux devoirs » (A. Daudet).

déclamation nom féminin (latin declamatio, -onis) Art de réciter devant un public un texte de manière expressive : Ce sont des textes qui se prêtent peu à la déclamation. Emphase, affectation, enflure dans l'expression orale ou écrite ; discours pompeux ; emphatique : Tomber dans la déclamation. Art de la diction expressive pour l'interprétation d'un texte chanté. (Il repose à la fois sur les accents des paroles et les valeurs mélodiques et rythmiques de la musique.)

déclamation
n. f.
d1./d Manière, action et art de déclamer.
d2./d Langage pompeux et affecté.

⇒DÉCLAMATION, subst. fém.
A.— ANTIQ. ROMAINE. Exercice d'éloquence en présence d'un public sur des lieux communs, en usage dans les écoles de rhéteurs. Les déclamations de Quintilien. Déclamation d'apparat à la manière de Sénèque (SAINTE-BEUVE, Tabl., 1828, p. 163).
B.— P. anal. Art de réciter devant un public un texte de manière expressive. Talent de déclamation que je tâche d'acquérir (STAËL, Lettres jeun., 1785, p. 33). Un prix de déclamation au conservatoire (GONCOURT, Journal, 1893, p. 410) :
1. ... le marchand de jouets, (...) sans souci de la déclamation réformée de Palestrina et de la déclamation lyrique des modernes, entonnait à pleine voix, partisan attardé de la pure mélodie :
Allons les papas, allons les mamans,
Contentez vos petits enfants; ...
PROUST, La Prisonnière, 1922, p. 137.
C.— P. ext., souvent péj.
1. Emphase, affectation dans l'expression orale, écrite ou artistique. [Tertullien] tombe souvent dans la déclamation (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 115) :
2. Seule vous le savez, nos déclamations
Et nos tours de rhéteur sont la honte du verbe.
Et la haute éloquence et toute sa superbe
Ne sont pleins que de creux et de vibrations.
PÉGUY, Ève, 1913, p. 796.
P. métaph. La déclamation des torrents, l'élégie rouge de votre veuvage (MORAND, Ouv. la nuit, 1922, p. 31).
2. P. méton. Œuvre, généralement discours, emphatique et pompeuse. Débiter avec emphase toutes ces déclamations sur la liberté universelle (ROBESP., Discours, Sur la guerre, t. 8, 1791, p. 49). La nature, ce thème commun de tant de déclamations poétiques (BOURGET, Essais psychol. contemp., 1885, p. 279).
P. anal. [À propos d'une œuvre d'art plastique] Louis II (...) sa déclamation de Neu-Schwanstein (BARRÈS, Enn. Lois, 1893, p. 225).
En partic. [Avec une idée d'hostilité] Synon. réquisitoire. Les déclamations contre la jeunesse d'à présent (COURIER, Pamphlets pol., Pétition pour des villageois que l'on empêche de danser, 1822, p. 143). Déclamations assommantes contre l'amour (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec J. Rivière], 1906, p. 40).
Prononc. et Orth. :[]. Rad. en [] ds BARBEAU-RODHE 1930 et, facultativement, WARN. 1968, lesquels retiennent aussi l'hypothèse d'un suff. en []. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1375 (éd. 1531) « exercice oratoire » (RAOUL DE PRESLES, Cité de Dieu, III, chap. 18 ds R. Hist. litt. Fr. t. 9, p. 474); 1404 (NIC. DE BAYE, Journal, I, 104, ibid. : La IIIe declamation de Seneque); 2. 1669 « discours plein d'affectation » (RAC., Brit., 1re préf. ds LITTRÉ.) Empr. au lat. class. declamatio « exercice de la parole » (cf. les Declamationes de Quintilien), « thème, sujet pour cet exercice oratoire » et « discours banal; style déclamatoire ». Fréq. abs. littér. :338. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 702, b) 420; XXe s. : a) 459, b) 336. Bbg. ARICKX (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, n° 3, p. 124.

déclamation [deklɑmɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1375; lat. declamatio « exercice de la parole », du supin de declamare. → Déclamer.
1 Antiq. rom. Exercice d'éloquence que les rhéteurs romains composaient et débitaient.
1 Déclamation est un mot connu dans Horace (…) on appelait ainsi des compositions par lesquelles on s'exerçait à l'éloquence.
Rollin, Œuvres, t. XI, 2, p. 692, in Littré.
2 Mod. Art de déclamer. Éloquence, oratoire (art oratoire), rhétorique. || Déclamation oratoire, théâtrale. || Professeur de chant et de déclamation. || Conservatoire de musique et de déclamation. || Avoir une bonne déclamation. || Déclamation froide, fausse, exagérée, outrée. || Déclamation proche du chant. Récitatif.
2 (…) certaine habitude de déclamation qui fait que l'on dirait qu'ils chantent (…)
Molière, Monsieur de Pourceaugnac, II, 10.
3 La déclamation exige d'articuler parfaitement, de prononcer clairement et de dire juste.
Louis Jouvet, Réflexions du comédien, p. 145.
3 Emploi de phrases pompeuses, emphatiques (semblables à celles que déclame un acteur). || Tomber dans la déclamation. || Discours plein de déclamations. Enflure; emphase. || Déclamation de place publique.Par métonymie. Phrase, discours emphatique, redondant.
4 (…) ils ont contracté du barreau certaine habitude de déclamation (…)
Molière, Monsieur de Pourceaugnac, II, 10.
5 Ennemi de l'enflure et des grands airs, il (Girardin) a aidé à désabuser de bien des déclamations en vogue (…)
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. I, p. 17.
6 Il entama ensuite de longues déclamations sur la gravité de mes nouveaux devoirs (…)
Alphonse Daudet, le Petit Chose, V, p. 57.
7 À côté de Gœthe (…) Musset (est) un collégien sous la fenêtre de sa belle. Je ne parle pas de Lamartine dont la redondante déclamation est ennuyeuse (…)
Léon Daudet, la Femme et l'Amour, II, p. 52.
CONTR. Naturel, simplicité, sobriété (d'un discours).

Encyclopédie Universelle. 2012.