déesse [ deɛs ] n. f.
• XIIe; lat. dea
1 ♦ Divinité féminine. Vénus (lat.), Aphrodite (gr.), déesse de l'amour; Minerve (lat.), Athéna (gr.), déesse de la sagesse. Isis, déesse égyptienne. Les déesses-mères. Loc. La déesse aux cent bouches : la Renommée.
2 ♦ Personnage allégorique féminin. La déesse de la Liberté. La déesse Raison.
3 ♦ Loc. Allure de déesse, d'une grâce souveraine. — Port de déesse, majestueux et imposant. Corps de déesse, aux lignes parfaites. — Fig. « cette sorte de déesse humaine, délicate, dédaigneuse, exigeante et hautaine » (Maupassant).
● déesse nom féminin (latin dea, féminin de deus, dieu) Divinité du sexe féminin. Être abstrait (dont le nom est féminin), que l'on personnifie à la manière des divinités du paganisme : La déesse de la Vérité. Femme d'une grande beauté. ● déesse (citations) nom féminin (latin dea, féminin de deus, dieu) Virgile, en latin Publius Vergilius Maro Andes, aujourd'hui Pietole, près de Mantoue, 70 avant J.-C.-Brindes 19 avant J.-C. L'enfant à qui ses parents n'ont pas souri n'est digne ni de la table d'un dieu, ni du lit d'une déesse. … cui non risere parentes, Nec deus hunc mensa, dea nec dignata cubili est. Les Bucoliques, IV, 60 Virgile, en latin Publius Vergilius Maro Andes, aujourd'hui Pietole, près de Mantoue, 70 avant J.-C.-Brindes 19 avant J.-C. Par sa démarche, elle révèle une véritable déesse. Et vera incessu patuit dea… L'Énéide, I, 405 ● déesse (expressions) nom féminin (latin dea, féminin de deus, dieu) La Bonne Déesse, autre nom de Cybèle. Déesse mère, dans les mythologies antiques, divinité qui présidait à la génération et à la fécondité. ● déesse (synonymes) nom féminin (latin dea, féminin de deus, dieu) Divinité du sexe féminin.
Synonymes :
- déité
- divinité
déesse
n. f.
d1./d MYTH Divinité de sexe féminin. Minerve était la déesse de la Sagesse chez les Romains.
d2./d Fig. Femme d'une grande beauté et d'une grâce imposante.
⇒DÉESSE, subst. fém.
A.— Divinité mythologique du sexe féminin. Déesse antique, païenne, grecque; déesse tutélaire; cruelle déesse. Les immortels même, dieux et déesses, sont engendrés dans Jupiter (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 303). J'ai pris l'Antiquité pour modèle et pour divinités les déesses nues de la Grèce (SAND, Lélia, 1833, p. 150) :
• 1. Le shintoïsme. — À l'époque protohistorique, une famille, celle du Yamato, s'élève au-dessus des autres et impose ses croyances aux voisins. Sa divinité tutélaire. Amaterasu, déesse du soleil, éclipse toutes les autres,
Philos., Relig., 1957, p. 5412.
SYNT. Déesse athénienne; déesse agreste, chasseresse; déesse immortelle, protectrice, infernale; chaste, sereine, féroce, implacable déesse; déesse de la nuit, des eaux; déesse des moissons, des enfers; Minerve déesse du génie et de la sagesse; être favorisé des dieux et des déesses.
♦ [Spécifications myth. diverses] [Myth. gréco-romaine] Grandes déesses (les six déesses de l'Olympe); p. oppos., déesses secondaires ou inférieures (Thémis, Amphitrite, les muses, les nymphes...). Déesse(-)mère (déesse de la fécondité). Bonne(-)déesse (Cybèle). [Myth. égyptienne] Déesse-chatte. Assise, droite, correcte comme une déesse-chatte d'Égypte, elle regarde rouler dans le ciel, interminablement, la blanche lune (COLETTE, Cl. ménage, 1902, p. 273).
— Proverbe, au fig. Être digne du lit des déesses. Être digne d'être favorisé par la chance, comblé par le destin.
— P. méton. Représentation d'une déesse. Déesse de marbre, déesse de Rubens. À moins que les images qui se lèvent des livres, déesses mutilées, chasseresses, archers lançant leurs flèches sur les cœurs, ne puissent, à leur tour, redevenir vivantes (BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 22).
B.— [La notion de déesse en rapp. avec la notion de femme]
1. [Le mot sert d'élément de compar. pour parler d'une femme] Belle comme une déesse; majestueuse, légère comme une déesse; corps, nudité de déesse; grâce de déesse. La dédaigneuse Yolande, fière comme une déesse qu'elle était, n'avait que mépris pour le pauvre baron (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 125).
♦ Avoir une allure de déesse; avoir l'air, le port d'une déesse. Avoir une allure, un air, un port majestueux, nobles.
2. [Figurément, le terme sert à désigner certaines femmes] C'est une déesse. On l'appelait (...) la déesse, à cause de son allure fière, de ses grands yeux noirs, de toute la noblesse de sa personne (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Passion, 1882, p. 824).
— En emploi adj., rare. Mademoiselle, très affable, mais en même temps très déesse (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 180).
— [Pour désigner la femme ou certaines femmes en tant que symbole de qqc.] Il se faufile entre les groupes, se poste derrière les déesses de la mode et les gommeux (COCTEAU, Portr.-souv., 1935, p. 88).
— En partic., fam. [Pour désigner la femme aimée; accompagné de l'adj. poss.] « Ma fille », dis-je d'une voix syncopée, « ma déesse, mon ange; divine source de ma félicité! » (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 54). Quand viendra ma déesse, servez-la à genoux (SAND, Beaux MM. Bois-Doré, t. 2, 1858, p. 121).
C.— Littér., poét. [Sert à personnifier certaines entités du genre fém. auxquelles un certain pouvoir est attribué] La déesse fortune, la déesse fatalité, la frivole déesse illusion. La lune, déesse du silence (RENARD, Journal, 1909, p. 1219). Le parlementarisme est commandé par ces deux déesses : la peur et l'inertie (L. DAUDET, Brév. journ., 1936, p. 203) :
• 2. Les beaux visages de femme ont la valeur, la splendeur fermée des abstractions. Ils représentent naturellement les Idées, les Déesses du langage.
VALÉRY, Tel que II, 1943, p. 58.
— Emploi adj. La beauté? Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle (BAUDEL., Poèmes en prose, 1867, p. 12).
— La déesse aux cent voix. La renommée.
— HIST. [Sous la Révolution] Déesse de la raison, déesse Raison; déesse de la liberté. Femme choisie pour représenter la Raison, la Liberté, lors de certaines fêtes :
• 3. ... le jour où j'ai vu les prêtres massacrés et une fille publique adorée comme déesse de la raison, en pleine cathédrale de Paris, je me suis demandé sérieusement si la bonne compagnie de mon temps avait eu raison d'applaudir de si bon cœur à mes accès de cynisme et d'impiété, ...
COPPÉE, La Bonne souffrance, 1898, p. 127.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1150 duesces, dïesce (WACE, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 340, 349); ca 1160 deesse d'amor (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 32). Dér. du lat. class. dea; suff. -esse. Fréq. abs. littér. :1 274. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 514, b) 3 405; XXe s. : a) 2 042, b) 1 072. Bbg. SAINT-JACQUES (B.). Sex, dependency and lang. Linguistique. Paris, 1973, t. 9, n° 1, p. 95. — TOURNEMILLE (J.). Au Jardin des loc. fr. Vie Lang. 1969, pp. 107-109.
déesse [deɛs] n. f.
ÉTYM. V. 1160; du lat. dea, et suff. -esse.
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1 Divinité féminine. ⇒ Divinité. || Les déesses et les mortelles. || Les six grandes déesses de l'Olympe : Junon (Héra en grec), déesse du mariage; Vesta (Hestia), déesse du foyer; Minerve (Athéna), déesse de la sagesse, la déesse aux yeux bleus; Cérès (Déméter), déesse de l'agriculture, des moissons; Diane (Artémis), déesse de la nuit et de la chasse; Vénus (Aphrodite), déesse de l'amour et de la beauté. — Déesses secondaires : Flore, Pomone, Proserpine (Perséphone), Latone (Léto); Thémis, déesse de la justice; Hygie, déesse de la santé; Amphitrite, déesse de la mer… ⇒ Grâce, muse, nymphe. — (1827). || Déesse-mère. || Les déesses-mères, déesses de la fécondité. ☑ La déesse aux cent bouches : la Renommée. — Fils d'une déesse et d'un mortel. ⇒ Demi-dieu, héros. — Isis, la déesse égyptienne, symbole du mystère. — Déesse-lune aztèque. — Culte hindou de la Grande Déesse. || Divinités féminines inférieures aux déesses, en Inde. ⇒ Apsara. — Tara ou Guanyin, déesse bouddhique de la miséricorde. — Déesses guerrières du Walhalla scandinave. ⇒ Walkyrie. — Déesses nordiques des eaux. ⇒ Ondine. — Déesses celtiques. ⇒ Fée. — Déesse associée à un dieu comme son homologue féminin. ⇒ Parèdre. — La Déesse aux serpents, statuette provenant des fouilles du palais de Cnossos.
1 Les dieux et les déesses de l'Olympe, assemblés dans un profond silence, avaient les yeux attachés sur l'île de Calypso (…)
Fénelon, Télémaque, VII.
2 Déesse irrésistible au port victorieux,
Pure comme un éclair et comme une harmonie,
Ô Vénus, ô beauté, blanche mère des Dieux !
Leconte de Lisle, Poèmes antiques, « Vénus de Milo ».
3 Il me semblait que la Déesse avait laissé son vêtement pour toi et qu'il t'appartenait ! Dans son temple ou dans ta maison, qu'importe ? n'es-tu pas toute-puissante, immaculée, radieuse et belle comme Tanit !
Flaubert, Salammbô, XI, p. 222.
4 Ô noblesse ! ô beauté simple et vraie ! déesse dont le culte signifie raison et sagesse, toi dont le temple est une leçon éternelle de conscience et de sincérité, j'arrive tard au seuil de tes mystères; j'apporte à ton autel beaucoup de remords. Pour te trouver, il m'a fallu des recherches infinies (…) Je suis né, déesse aux yeux bleus, de parents barbares (…)
Renan, Souvenirs d'enfance…, II, I, p. 62.
2 Personnage allégorique féminin. || La déesse de la Liberté, de la Raison, de la Victoire. || La déesse Raison, la déesse Liberté furent sous la Révolution française l'objet d'un culte officiel.
5 On a maintes fois décrit cette célèbre fête, et comment une Liberté, empruntée à l'Opéra, siégea — gracieusement drapée de tricolore — sur l'autel de la Raison. L'Assemblée s'étant, sous prétexte de travail, refusée à la fête, un cortège, (fort mêlé) amena la déesse aux Tuileries et, en sa présence, força l'Assemblée à décréter que Notre-Dame deviendrait Temple de la Raison.
Louis Madelin, la Révolution, XXXI, p. 346.
3 ☑ Fig. et littér. Allure de déesse : allure d'une grâce souveraine. — ☑ Port de déesse, majestueux et imposant. — C'est une déesse (en parlant d'une femme), une personne d'une suprême distinction, d'une beauté distante.
6 Mais les épousez-vous, la déesse s'humanise-t-elle : leur idolâtrie finit où nos bontés commencent. Dès qu'ils sont heureux, les ingrats ne méritent plus de l'être.
Marivaux, les Serments indiscrets, I, 2.
7 — La beauté ?
— Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
Baudelaire, le Spleen de Paris, I.
8 Elle était bien cette sorte de déesse humaine, délicate, dédaigneuse, exigeante et hautaine, que le culte amoureux des mâles enorgueillit et divinise comme un encens.
Maupassant, Notre cœur, II, V, p. 169.
Encyclopédie Universelle. 2012.