défroquer [ defrɔke ] v. <conjug. : 1>
1 ♦ V. tr. Faire quitter le froc, l'habit ecclésiastique à (un religieux).
2 ♦ SE DÉFROQUERv. pron. Abandonner l'état ecclésiastique. Luther se défroqua.
3 ♦ V. intr. Se défroquer. « Et je comprenais cet homme qui, étant entré dans les ordres, défroqua parce que sa cellule [...] donnait sur un mur » (Camus).
défroquer
v.
d1./d v. tr. Faire quitter le froc, l'habit monastique ou ecclésiastique à (qqn).
d2./d v. Pron. ou intr. Quitter l'état monastique, ecclésiastique.
⇒DÉFROQUER, verbe.
A.— Emploi trans., rare. Inciter vivement, forcer (quelqu'un) à abandonner le froc, l'état ecclésiastique ou monastique. On travaille à le défroquer (Ac. 1798-1932). Les prêtres que la Révolution avait défroqués (Lar. 19e) :
• 1. L'abbé Constant, aimé d'une jeune fille de quatorze ans. La jeune fille, nature décidée, parvient à se faire épouser et à le défroquer. Petit ménage très heureux; ...
GONCOURT, Journal, 1853, p. 106.
B.— Emploi intrans., ou plus rarement réfl. Abandonner l'état religieux ou ecclésiastique, en « jetant le froc aux orties ». Je lui parle de X... qui défroquera peut-être. Il n'a plus la foi (BARRÈS, Cahiers, t. 3, 1902-04, p. 78). Une fois hors du royaume, elle [la reine Arda] se défroqua joyeusement et se livra tout entière au plaisir (GROUSSET, Croisades. 1939, p. 105) :
• 2. Le jeune abbé de Carondelet eût bien voulu qu'on lui conseillât de se défroquer; ...
GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, p. 142.
— P. anal. Cesser d'être clerc, d'être écrivain (le plus souvent engagé) :
• 3. J'ai désinvesti mais je n'ai pas défroqué : j'écris toujours. Que faire d'autre? C'est mon habitude et puis c'est mon métier.
SARTRE, Les Mots, 1964, p. 211.
— P. ext. Se défroquer de qqc. S'en débarrasser. Ils se défroquent tout à coup de leur grimace caractéristique et se transforment en véritables hommes du monde (PONGE, Parti pris, 1942, p. 49).
Prononc. et Orth. :[], (je) défroque []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. XVe s. [éd. 1528] (Perceforest, vol. IV, ch. 26 ds GDF. : Atant furent assailliz les vingt chevaliers de tous costez, mais tant bien se garderent que on ne les povoit deffrocquer); av. 1525 deffrocquer « dépouiller » (CRETIN, Epistre à Loys XII, p. 181 ds HUG.); 1563 se desfroquer « quitter l'état monastique » (PALISSY, Récepte, avec notice par J.S., Paris, 1930, p. 129); 1680 adj. défroqué (RICH.); av. 1755 subst. (ST-SIM., 100, 63 ds LITTRÉ). Dér. de froc; préf. dé-; dés. -er. Fréq. abs. littér. :10.
défroquer [defʀɔke] v.
ÉTYM. XVe; de 1. dé-, et froc.
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I V. tr. Faire quitter le froc, l'habit ecclésiastique à un religieux.
1 Il semble que la réforme aboutisse à défroquer quelques moines (…)
Bossuet, Hist. des variations…, 2.
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II V. intr. Abandonner le froc, l'état ecclésiastique.
1.1 Et je comprenais cet homme qui, étant entré dans les ordres, défroqua parce que sa cellule, au lieu d'ouvrir, comme il s'y attendait, sur un vaste paysage, donnait sur un mur.
Camus, la Chute, p. 32.
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se défroquer v. pron.
♦ (1563; du sens I). Abandonner l'état ecclésiastique. || Luther se défroqua.
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défroqué, ée p. p. adj.
♦ (Du sens I). Qui a abandonné l'état de moine ou de prêtre. || Moine, prêtre défroqué. ⇒ Apostat.
2 Nous avons l'impression qu'il y a des dangers beaucoup plus urgents pour l'humanité que la présence des Sœurs dans tel hôpital, ou de quelques prêtres mal défroqués dans une institution libre.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, X, p. 114.
♦ N. m. || Un défroqué.
3 (…) il lui avait avoué qu'il ne croyait plus, qu'il voulait quitter la soutane et faire son droit. « Mon pauvre enfant ! » s'était écrié (son père). « Il faut que tu restes ! Je ne veux pas être le père d'un défroqué ! »
A. Billy, Sur les bords de la Veule, p. 117.
♦ Fig. et par plais. (aussi féminin) :
4 (…) tandis que dans le monde politique et artistique on la tenait pour une créature mal définie, une sorte de défroquée du faubourg Saint-Germain qui fréquente les sous-secrétaires d'État et les étoiles, dans ce même faubourg Saint-Germain, si on donnait une belle soirée, on disait : « Est-ce même la peine d'inviter Oriane ? Elle ne viendra pas. Enfin pour la forme, mais il ne faut pas se faire d'illusions. »
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 959.
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DÉR. Défroque.
Encyclopédie Universelle. 2012.