dégager [ degaʒe ] v. tr. <conjug. : 3>
• 1190; de dé- et gage
I ♦
1 ♦ Retirer (ce qui avait été donné en gage, en hypothèque, en nantissement). Dégager sa montre du mont-de-piété. — Fig. Dégager sa parole, la reprendre après l'avoir imprudemment engagée. Dégager sa responsabilité : faire savoir qu'on ne se tient pas pour responsable, qu'on désapprouve. Je dégage toute responsabilité dans cette affaire. ⇒ décliner, rejeter .
2 ♦ Libérer (ce qui est engagé), en enlevant ce qui retient, enveloppe. Dégager un bouton d'une boutonnière. Dégager un blessé d'une voiture accidentée, des décombres. ⇒ délivrer, tirer. « J'essayais de dégager ma main de celle de mon père » (A. Daudet). ⇒ ôter, retirer. — Escr. Dégager le fer, et absolt dégager : détacher son arme de celle de son adversaire et la passer à droite ou à gauche de celle-ci. — Danse; Absolt Faire glisser un pied sur le sol après avoir libéré la jambe correspondante du poids du corps.
♢ Par ext. Mettre en valeur, donner de l'aisance à (en parlant d'un vêtement). Encolure qui dégage le cou.
3 ♦ Rendre disponible (une somme d'argent). Dégager des crédits pour un projet gouvernemental.
4 ♦ Laisser échapper (un fluide, une émanation). ⇒ émettre, exhaler, produire, répandre. Les plantes dégagent du gaz carbonique. « Des rangées d'arbustes dégageaient leurs parfums faibles et doux » (Gautier).
5 ♦ Isoler (un élément, un aspect) d'un ensemble. Dégager les idées principales du texte. ⇒ extraire, tirer. Dégager la morale des faits. « C'est l'expérience qui dégagera les lois » (Saint-Exupéry).
II ♦
1 ♦ DÉGAGER DE : soustraire (qqn) à (une obligation). ⇒ affranchir, libérer. Dégager qqn de sa parole, de sa promesse, lui rendre sa parole, sa promesse. Dégager qqn d'une charge, d'une dette, d'une obligation. ⇒ décharger, dégrever, dispenser, exonérer, soustraire.
2 ♦ Débarrasser (qqch., un espace) de ce qui encombre. Dégagez la table, pour qu'on puisse écrire. Dégager la voie publique. ⇒ déblayer, désencombrer. Fam. (sujet personne) Dégager la piste. Absolt Allons, dégagez ! partez, circulez. Dégage, tire-toi ! (cf. Débarrasser le plancher). « j'en ai ras le bol de toi, tu peux te barrer d'ici j'en ai rien à foutre, allez dégage ! » (Y. Queffélec). — (Choses) À dégager ! à jeter.
♢ Spécialt Sirop qui dégage les bronches, gouttes qui dégagent le nez, qui en évacuent les mucosités.
3 ♦ Envoyer la balle le plus loin possible des buts, de la ligne de touche. Dégager de la tête.
4 ♦ Intr. (1983) Fam. (Personnes) Avoir de l'allure, de l'aisance, de la vitalité. Cette fille, elle dégage ! (Choses) Faire de l'effet. Elle dégage, cette musique. Ça dégage ! (cf. Ça déménage !).
III ♦ SE DÉGAGERv. pron.
1 ♦ Libérer son corps (de ce qui l'enveloppe, le retient). ⇒ se délivrer, se dépêtrer, se tirer. Le conducteur n'est pas parvenu à se dégager de sa voiture. ⇒ s'extirper, s'extraire. Se dégager de ses liens, d'une étreinte. Faire des efforts pour se dégager. « en se dégageant doucement de ses bras » (Mme de Staël).
2 ♦ Se libérer (d'une obligation). Se dégager d'une promesse. — Se libérer (d'une contrainte morale). « Se dégager des routines où les a maintenus toute leur carrière » (A. Gide). — Fam. Se rendre libre de son temps. Je vais essayer de me dégager en annulant mes rendez-vous.
3 ♦ Devenir libre de ce qui encombre. La rue se dégage peu à peu. Le ciel se dégage, les nuages, le brouillard s'en vont. ⇒ se découvrir, s'éclaircir. Mon nez se dégage. ⇒ 1. déboucher.
4 ♦ Sortir (d'un corps). ⇒ émaner, s'exhaler, se répandre, 1. sortir. Émanations, odeur qui se dégagent d'un corps.
♢ Fig. « Cette légère rumeur qui se dégage toujours du silence de la foule » (Hugo). « Une sorte de poésie se dégageait de tout son être » (A. Gide).
5 ♦ Se faire jour. La vérité se dégage peu à peu. ⇒ émerger, se manifester. Il se dégage de l'étude des faits que... ⇒ 1. ressortir, résulter.
⊗ CONTR. Engager, engoncer. Absorber. — Encombrer.
● dégager verbe transitif Retirer ce qui a été mis en gage dans un endroit, reprendre ce qui a été engagé : Dégager des bijoux du mont-de-piété. Rendre une somme disponible pour l'affecter à tel usage : Dégager des crédits pour la construction d'un nouveau local. Retirer quelqu'un, quelque chose de ce qui le coince, le bloque ; délivrer, libérer : Il a fallu dégager les victimes au chalumeau. Libérer quelqu'un de ce qui constitue pour lui une gêne, une entrave ou une contrainte ; décharger : Dégager quelqu'un de ses soucis. Rendre quelqu'un libre à l'égard de sa promesse ; faire cesser l'obligation de la promesse, du serment. Laisser une partie du corps libre ou visible : Coupe de cheveux qui dégage les oreilles. Débarrasser un lieu de ce qui l'encombre, le rendre ou le laisser libre ; désencombrer : Dégagez le passage ! Libérer le nez, la gorge, etc., des matières qui les encombrent. Faire ressortir quelque chose d'un ensemble, tirer : Dégager les idées-forces d'un raisonnement, la conclusion d'un débat. Produire, émettre, exhaler, répandre une émanation, de la chaleur : Des fleurs qui dégagent un parfum subtil. Produire un bénéfice, un profit : Opération qui dégage une plus-value importante. Chimie Séparer un produit volatil du milieu où il est retenu. Chorégraphie Effectuer un dégagé ; amener une jambe, tendue, à hauteur ou à demi-hauteur. ● dégager (difficultés) verbe transitif Conjugaison Le g devient -ge- devant a et o : je dégage, nous dégageons ; il dégagea. ● dégager (expressions) verbe transitif Dégager le ballon, la balle, faire un dégagement. Dégager sa responsabilité, déclarer qu'on ne sera pas responsable de ce qui risque de se produire et qu'on désapprouve l'action entreprise. Dégager le gabarit, ôter du voisinage de la voie toute pièce susceptible d'être heurtée par un véhicule ; s'éloigner de la voie. ● dégager (synonymes) verbe transitif Rendre une somme disponible pour l'affecter à tel usage
Synonymes :
- débloquer
Retirer quelqu'un, quelque chose de ce qui le coince, le bloque ;...
Synonymes :
- délivrer
- libérer
- retirer
- sortir
Libérer quelqu'un de ce qui constitue pour lui une gêne...
Synonymes :
- décharger
Rendre quelqu'un libre à l'égard de sa promesse ; faire cesser...
Synonymes :
- délivrer
- libérer
Laisser une partie du corps libre ou visible
Synonymes :
- décolleter
- dénuder
Débarrasser un lieu de ce qui l'encombre, le rendre ou...
Synonymes :
- déblayer
- désencombrer
Faire ressortir quelque chose d'un ensemble, tirer
Synonymes :
- extraire
- isoler
- puiser
- tirer
Produire, émettre, exhaler, répandre une émanation, de la chaleur
Synonymes :
- émettre
- exhaler
- libérer
- répandre
● dégager
verbe intransitif
Populaire. Vider les lieux, débarrasser le terrain : Dégage, tu vois bien que tu gênes.
dégager
v.
rI./r v. tr.
d1./d Retirer (ce qui avait été donné en gage).
|| Fig. Dégager sa parole, la retirer après l'avoir engagée.
d2./d Débarrasser de ce qui obstrue, encombre. Dégager une porte, un passage.
— Absol. Fam. Dégagez! Y a rien à voir.
d3./d Délivrer, libérer de ce qui enferme. Dégager une place forte encerclée.
|| Fig. Libérer (de ce qui engage). Dégager qqn d'une responsabilité, d'une obligation.
d4./d Produire (une émanation). Dégager une odeur sulfureuse. Dégager de l'oxygène.
d5./d Isoler d'un ensemble, faire apparaître (une idée, une impression). Dégager l'idée centrale d'un texte, la morale d'une histoire.
rII./r v. intr. SPORT Au rugby, au football, envoyer le ballon loin de ses buts ou loin de son camp. Dégager en touche.
rIII/r v. Pron.
d1./d Sortir. Des fumées se dégageaient des décombres.
|| Fig. émaner, ressortir. Une impression pénible se dégage de ce film.
d2./d Se libérer (d'une contrainte, d'une entrave). Se dégager d'une obligation.
⇒DÉGAGER, verbe trans.
I.— [Le suj. désigne gén. un animé]
A.— Vieilli. Retirer ce qu'on a laissé en gage :
• 1. ... en revenant de chez son banquier avec cinq cents francs, il [Barral] allait dégager sa montre qui était en gage et jouer les quatre cents francs qui lui restaient.
STENDHAL, Souvenirs d'égotisme, 1832, p. 62.
— P. ext. Retirer d'une douane, d'une consigne, en payant certain droit. Dégager de la consigne où elle reste « en souffrance », certaine machine à coudre (GIDE, Retour Tchad, 1928, p. 986).
— Loc. fig.
♦ Dégager sa parole, sa promesse. Retirer sa parole, sa promesse, lorsqu'elle a été donnée à la légère ou sous des conditions qui n'ont pas été remplies. Vieilli. Se libérer d'un engagement en honorant sa parole, sa promesse; y satisfaire. Dégagez donc votre parole, (...) justifiez-vous sans délai aux yeux de la nation (MARAT, Pamphlets, Dénonc. Necker, 1790, p. 116).
♦ Dégager sa (ou toute) responsabilité. Refuser d'endosser la responsabilité d'un acte ou d'une situation pour le cas où cette responsabilité risquerait d'être imputée au sujet. Le paysan dégage toute responsabilité en face du désastre (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 268).
B.— 1. Usuel. Libérer quelque chose ou quelqu'un de la situation dans laquelle il est engagé et qui le gêne, le retient ou l'encombre. Dégager le navire échoué à mer basse (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 49).
— [L'obj. désigne un lieu] Rendre ou laisser libre (un lieu), débarrasser (un passage) de ce qui en gênerait l'accès. Il s'était avancé si terrible, que Lise dégagea la porte (ZOLA, Terre, 1887, p. 478).
Rem. En emploi abs. et à l'impér., le verbe est fréq. en lang. pop. Dégagez, vous autres! Ben quoi, dégagez, que j'vous dis! (...) Allons, oust, la fuite! J'veux plus vous voir dans le passage, hé! (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 49).
— Emploi pronom. :
• 2. ... il [Otto] se jeta si violemment sur Giulia, qu'il la fit trébucher, et roula par terre, avec sa maîtresse. Elle tâchait de se dégager, d'écarter les doigts crispés de haine, dont il lui étreignait le cou.
BOURGES, Le Crépuscule des dieux, 1884, p. 280.
SYNT. Dégager sa main, sa tête; se dégager d'une emprise, d'une étreinte, des liens; se dégager d'un geste (+ adj.), par un mouvement (+ adj.), d'une secousse; se dégager et s'enfuir; se dégager brusquement, brutalement, complètement, doucement, facilement, lentement; chercher à, parvenir à, réussir à se dégager; effort, mouvement pour se dégager.
2. En partic.
a) FIN. Dégager un capital, un crédit. Le rendre disponible pour l'investir dans une opération donnée.
— Emploi pronom. à sens passif. Le capitaliste dont les capitaux ne peuvent se dégager promptement (SAY, Écon. pol., 1832, p. 528).
b) MÉD. Débarrasser un organe ou une partie du corps de ce qui l'encombre. Je saigne du nez comme un bœuf. Cela me dégage la tête (HUGO, Corresp., 1866, p. 543).
— Emploi abs. Soudain sa toux la secouait et elle crachait (...) « Ça dégage, » répondait Louise (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 189).
— Emploi pronom. à sens passif. La tête, la poitrine se dégage. Déjà les bronches se dégageaient, la respiration devenait plus aisée (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 783).
c) SP. (jeux de ballon). Lancer la balle loin de son camp pour le libérer d'un danger menaçant. Dégager (la balle). Dégager au bon endroit pour lancer immédiatement la contre-attaque (PEINY, PERRIER, Basket-ball, p. 7 ds GRUBB, Fr. sp. néol, 1937, p. 32).
d) VÊT. Découvrir une partie du corps pour la rendre plus mobile, plus libre. Une robe légère qui dégageait les bras et le cou (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 49). Donner de l'aisance, mettre en valeur une partie du corps. Un boléro très court sous les aisselles, qui dégageait une taille rebondie (MAURIAC, Myst. Frontenac, 1933, p. 68).
e) MÉTÉOR., emploi pronom. [Le suj. désigne le ciel, le temps ou un élément du paysage] S'éclaircir, se débarrasser des brumes ou des nuages. Comme l'aube qui se dégage Des derniers voiles du matin (LAMART. Médit., 1820, p. 114) :
• 3. ... le soleil se levait, les vapeurs de la Meuse s'envolèrent en lambeaux de fine mousseline, le ciel bleu apparut, se dégagea, d'une limpidité sans tache. C'était l'exquise matinée d'une admirable journée d'été.
ZOLA, La Débâcle, 1892, p. 208.
f) Région. (Centre et Suisse romande), emploi pronom. Se hâter. Je recommençai de m'ennuyer et Brulitte pareillement, malgré qu'elle se dégageât beaucoup pour achever sa broderie (Maître sonneurs et La Petite Fadette). (VINCENT, Lang. et style rust. Sand, 1916, p. 203).
3. Emplois spéc.
a) ART MILIT.
— Vieilli. [L'obj. désigne un soldat] Donner son congé. Synon. licencier. Il [Napoléon] n'oubliait pas qu'il avait dégagé chacun à Fontainebleau (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 365).
— [L'obj. désigne une pers., une troupe, un pays] Tirer d'une position critique. Dégager une région. Former une armée, dégager Mantoue, délivrer Wurmser (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 541).
b) CONSTR., vieilli. Dégager un appartement. ,,Y pratiquer un ou plusieurs dégagements`` (Ac. 1798-1878).
c) DANSE. Libérer une jambe pour exécuter un mouvement, en déplaçant éventuellement sur l'autre jambe le poids du corps. Le danseur [dans Le Lac des Cygnes] enlève dans les airs la princesse-cygne qui « dégage » amplement en imprimant à la rotule le mouvement giratoire du rond-de-jambe (LEVINSON, Visages danse, 1933, p. 58).
d) ESCR. Détacher son arme de celle de l'adversaire. Dégager (le fer). Au moment où M. de Tourelle cherchait à dégager en tierce, il reçut un coup de fleuret (BALZAC, Œuvres div., t. 2, 1850, p. 242).
e) SYLVIC. Nettoyer un semis en supprimant toute la végétation qui gêne la croissance des plants que l'on veut retenir. Surfaces ensemencées à dégager (COCHET, Bois, 1963, p. 94).
4. Emplois fig.
a) Délivrer quelqu'un d'une contrainte morale, le soustraire à une obligation. Dégager qqn de sa parole, d'un serment, d'un vœu. Il [Clisson] avait fait vœu de ne plus lever ni tailles ni subsides; le pape l'en dégagea (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 211).
— Emploi pronom. :
• 4. ... il eût été moins difficile à Laocoon de se débarrasser des étreintes de ses deux serpents qu'à M. Levrault de se dégager, au bout de six semaines, des liens dont la marquise avait su l'enlacer.
SANDEAU, Sacs et parchemins, 1851, p. 32.
♦ Absol. Rompre un engagement :
• 5. Je crains seulement que tu ne t'exagères la gravité et la solennité des engagements qui t'enchaînent. Raoul et toi, vous êtes fiancés, rien de plus; or, comme on dit dans le pays, fiançailles et mariage font deux. Tant que le sacrement n'a point passé par là, on peut toujours, d'un mutuel accord, se dégager sans faillir à Dieu ni forfaire à l'honneur.
SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 270.
b) Emploi pronom. Quitter un état d'enfance ou de tutelle, atteindre son épanouissement physique ou intellectuel :
• 6. Il y a alors, chez toute adolescente, une délicatesse de bouton naissant, une hésitation de formes d'un charme exquis; les lignes pleines et voluptueuses de la puberté s'indiquent dans les innocentes maigreurs de l'enfance; la femme se dégage avec ses premiers embarras pudiques, gardant encore à demi son corps de petite fille, et mettant, à son insu, dans chacun de ses traits, l'aveu de son sexe.
ZOLA, La Fortune des Rougon, 1871, p. 15.
C.— Mettre en valeur une chose en la tirant d'un ensemble qui la valorisait mal. Synon. manifester :
• 7. ... tandis que les activités latentes en la matière brute attendent l'occasion qui les dégage ou l'objet qui les manifeste, comme la fumée dans un rayon de soleil, la plante et la bête sont toujours en acte; elles se fabriquent de l'aliment qu'elles se procurent l'existence : leur vie n'est qu'une adhésion à la source d'où ils la tirent.
CLAUDEL, Art poétique, 1907, p. 158.
— Emploi pronom. Se dégager progressivement. Cette vérité simple, qui se dégage des choses solides, éternelles (MARTIN DU G., Thib., Été 1914, 1936, p. 275). L'orientation qui se dégage du parlement (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 652) :
• 8. J'évite la doctrine et sans doute verrez-vous mal ce qui se dégage de mes paroles, puisque je souhaite ne pas le dégager moi-même et que si quelque chose s'en dégage, il se dégage tout seul.
COCTEAU, Lettre aux Américains, 1949, p. 93.
— MATH. Dégager une inconnue. Déterminer en la mettant en relief la quantité inconnue dans une équation algébrique.
♦ Au fig. Son inconnue se dégageait enfin. Il résolvait son problème (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 211).
SYNT. Dégager l'esprit, les lois, la notion, les principes, la signification, le sens, les traits, la vérité; dégager des éléments, un principe, des types; dégager de sa gangue, du chaos; chercher à, s'efforcer de, essayer de, permettre de, pouvoir, savoir dégager; la conclusion, la leçon se dégage.
II.— [Le suj. désigne gén. un inanimé]
A.— [Inanimé concr.] Produire une émanation. Dégager de la chaleur, une odeur, un parfum. Synon. littér. exhaler, répandre. Le fumier dégageait sans cesse une petite vapeur miroitante (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Hist. d'une fille de ferme, 1881, p. 24).
— Emploi pronom. Synon. littér. émaner. Des aromes enivrants se dégageaient des fleurs et des plantes (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 251).
— CHIM. Libérer une substance. Dégager de l'ammoniaque, du chlore :
• 9. ... il [l'acide sulfurique] ne doit pas, s'il est bien préparé, dégager des vapeurs nitreuses. À la chaleur rouge, il doit développer du gaz oxygène, ...
KAPELER, CAVENTOU, Manuel des pharmaciens et des droguistes, t. 2, 1821, p. 581.
♦ Emploi pronom. impers. Il se dégage du chlore et du gaz nitreux (GAY-LUSSAC, Annales de chim. et de phys., t. 1, 1816, p. 41).
B.— [Inanimé abstr.] Emplois fig. et métaph. Tout grand mouvement populaire (...) dégage toujours de son dernier précipité l'esprit de liberté (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 213). Certaines matinées d'hiver où les pierres partiellement ensoleillées semblent être du granit rose et dégagent de la joie (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 931).
— Emploi pronom. Le bonheur (...) se dégage et s'envole Comme un parfum léger (BOUILHET, Melaenis, 1857, p. 132).
Rem. L'emploi abs. pop. de dégager « faire la fête », quasi-synon. fam. arroser, n'est attesté ni ds les dict. gén. ni ds la docum. Cf. rem. sous dégagement.
Prononc. et Orth. :[], (je) dégage []. Ds Ac. 1694-1932. Conjug. Prend un e devant a et o : nous dégageons, je dégageai(s). Étymol. et Hist. 1. 1174-76 desguagier « retirer ce qui était en gage » (G. DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 4455); 2. 1180-1220 fig. « donner congé, libérer » (CONON DE BÉTHUNE, Chans., éd. A. Wallensköld, VI, 31); 1595 (MONTAIGNE, Essais, éd. A. Thibaudet, livre 3, chap. 2, p. 911); 3. a) 2e moitié XIIIe s. desgagier « dépouiller; débarrasser de ce qui couvre » (Du prestre et des II ribaus ds MONGAIGLON et RAYNAUD, Rec., t. 3, p. 59); b) 1670 méd. se dégager (MOL., Pourc., I, 6); 1694 dégager (Ac.); c) 1718 « donner de l'aisance (en parlant d'un vêtement) » (Ac.); d) 1669 adj. dégagé « qui a de l'aisance » (MOL., Av. II, 5); 1694 (Ac. : taille dégagée, air dégagé, pour dire, Taille aisée, air aisé); 4. 1585 degager « tirer d'une position embarrassante » (N. DU FAIL, Contes et discours d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. 2, p. 113 : ... ses gens, ... qui le degagerent et osterent de leurs mains); 5. 1821 chim. dégager, supra ex. 9; 6. 1835 math. dégager l'inconnue (Ac.); 1866 fig. (HUGO, supra). Dér. de gage; préf. dé-; dés. -er. Fréq. abs. littér. Dégager : 2 769. Dégageant : 210. Fréq. rel. littér. Dégager : XIXe s. : a) 1 634, b) 3 318; XXe s. : a) 5 258, b) 5 441. Dégageant : XIXe s. : a) 169, b) 357; XXe s. : a) 438, b) 293. Bbg. GOHIN 1903, p. 343. — Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 13.
dégager [degaʒe] v. tr. [CONJUG. bouger.]
ÉTYM. XIIe; de 1. dé-, et gage. → Gage.
❖
———
1 Retirer (ce qui avait été donné en gage, en hypothèque, en nantissement). || Dégager sa montre du mont-de-piété. || Il a dégagé ses bijoux. || Dégager des terres de toute hypothèque.
1 Nous devions tantôt le dégager (un bijou);
Et, contre mon avis, vous avez fait la chose.
J.-F. Regnard, le Joueur, V, 7.
♦ ☑ Fig. Dégager sa parole : tenir sa parole, ou, plus souvent, la retirer après l'avoir imprudemment engagée. ☑ Dégager sa responsabilité, faire savoir qu'on ne se tient pas pour responsable, qu'on désapprouve (→ Tirer son épingle du jeu).
2 (…) je ne prétends pas qu'un impuissant courroux
Dégage ma parole et m'acquitte envers vous.
Racine, Britannicus, I, 3.
3 Je reviens dégager mes serments et les tiens (…)
Voltaire, Zaïre, I, 4.
2 Dégager (qqch., qqn) de (qqch.) : libérer (ce qui est engagé, retenu) en enlevant de ce qui enveloppe, retient. || Dégager un blessé des décombres. ⇒ Délivrer, tirer. || Dégager un minéral de sa gangue. ⇒ Extraire. || Dégager un liquide, un mélange de ses impuretés. ⇒ Épurer, filtrer, purger, purifier. || Dégager une vis de son logement. ⇒ Dévisser. || Dégager l'épée de son fourreau. ⇒ Dégainer. — Dégager sa main d'une étreinte. ⇒ Enlever, ôter, retirer. || Dégager des liens, des chaînes. ⇒ Délier, désenchaîner, désenlacer (→ Chaînon, cit. 1). || Dégager l'ardillon de la boucle d'une courroie (⇒ Déboucler), un bouton de sa boutonnière (⇒ Déboutonner). ⇒ aussi Défaire.
4 (…) la Grise qui s'ennuyait fort de ce voyage, donna un coup de reins, dégagea les rênes, rompit les sangles et, lâchant, par manière d'acquit, une demi-douzaine de ruades plus haut que sa tête, partit à travers les taillis (…)
G. Sand, la Mare au diable, VII, p. 63.
5 (…) j'essayai de dégager ma main de celle de mon père; lui, croyant que j'avais glissé, me serra plus fort.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, II, p. 18.
6 Nous apprenons comment on dégage la truffe sans la meurtrir (…)
Colette, la Paix chez les bêtes, « La petite truie de M. Rouzade ».
7 (…) d'un mouvement des épaules, il dégage bien son cou de l'engonçure des vêtements.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, II, p. 22.
♦ Escr. || Dégager le fer, et, absolt, dégager : ôter son arme de celle de son adversaire et la passer à droite ou à gauche de celle-ci. — Danse. Faire glisser un pied sur le sol après avoir libéré la jambe correspondante du poids du corps. || Dégagez !
♦ Par ext. (le sujet désigne un vêtement, une garniture). Rendre plus libre, donner de l'aisance à (une partie du corps). || Encolure qui dégage la tête. || Cet habit dégage bien les épaules, la taille, il les fait ressortir.
8 L'habit de cour, si favorable aux jeunes personnes, marquait sa jolie taille, dégageait sa poitrine et ses épaules, et rendait son teint encore plus éblouissant par le deuil qu'on portait alors.
Rousseau, les Confessions, III.
3 Tirer d'une position critique ou embarrassante. ⇒ Délivrer, sortir. || Dégager une armée encerclée, une ville investie (⇒ Débloquer). || Dégager qqn d'une foule hostile. — Dégager un navire dans un combat, se porter à son secours et lui permettre de se retirer.
9 Jusqu'à ce que ma main de ses fers le dégage.
Corneille, Nicomède, V, 6.
10 Ce grand voyage de M. le Prince et de M. de Turenne pour aller dégager M. de Luxembourg (…)
11 (…) on dégagea Philoclès des mains de ces trois hommes (…)
Fénelon, Télémaque, XI.
4 Débarrasser (un lieu, un espace) de ce qui encombre. || Dégager la table, pour qu'on puisse écrire. || Dégagez la voie publique. ⇒ Déblayer, désencombrer. — Dégager une surface, le sol de ce qui recouvre. ⇒ Découvrir, dénuder, dépouiller. || Dégager un arbre de ses branches inutiles. ⇒ Élaguer, tailler. || Dégager une allée de ses herbes (⇒ Désherber), un jardin des broussailles qui l'encombrent (⇒ Débroussailler).
♦ Fam. (sujet n. de personne). || Il va falloir que tu dégages la piste. — Absolt. || Allons, dégagez ! : partez, circulez.
5 (1900, in Petiot). Sports. Renvoyer (la balle) le plus loin possible des buts. — Absolt. || Arrière qui dégage.
6 Intrans. Fam. a Avoir du punch, de la vitalité. || « Un art qui dégage » (le Nouvel Obs., no 991, 4-10 nov. 1983, p. 64). || « Un rien désinvolte, une crinière sauvage en mouvement, une allure saine presque fruitée : c'est Caroline Berg… Du punch, elle en a, elle dégage » (Elle, in Lire, sept. 1982).
b (En emploi impersonnel). || Ça dégage : ça arrache. || « Bette Midler dans “Divine Madness”, ça dégage ! » (P. de Nussac, in Signature, no 133, 1981).
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II
1 Dégager (qqn) de (qqch.) : soustraire (qqn) à (une obligation, à un lien moral quelconque). ⇒ Affranchir, libérer. || Dégager qqn de sa parole, de sa promesse, lui rendre sa parole, sa promesse. || Dégager qqn d'une charge, d'une dette, d'une obligation. ⇒ Décharger, dégrever, dispenser, exonérer, soustraire. — Dégager son esprit de toute préoccupation, de tout préjugé.
12 D'un serment solennel qui peut nous dégager ?
Corneille, Horace, I, 2.
13 Quand nous sommes las d'aimer, nous sommes bien aises qu'on nous devienne infidèle, pour nous dégager de notre fidélité.
La Rochefoucauld, Maximes, 581.
2 Isoler (un élément, un aspect) d'un ensemble, rendre manifeste. ⇒ Extraire, tirer (→ Mettre en évidence). || Dégager la conclusion d'un exposé, d'un rapport. || Dégager la morale des faits (→ Contingent, cit. 3). || Dégager les idées essentielles.
14 (…) ce qui le fait artiste, c'est l'habitude de dégager dans les objets le caractère essentiel et les traits saillants; les autres hommes ne voient que des portions, il saisit l'ensemble et l'esprit.
Taine, Philosophie de l'art, t. I, I, II, III, p. 59.
15 (…) dégager, avec le plus de clarté possible, les causes et les effets.
J. Bainville, Hist. de France, Avant-propos, p. 7.
16 Les idées s'offraient presque toujours à l'état brut : il fallait les dégager péniblement de la gangue.
R. Rolland, Jean-Christophe, p. 384.
17 C'est l'expérience qui dégagera les lois, répondait-il, la connaissance des lois ne précède jamais l'expérience.
Saint-Exupéry, Vol de nuit, XI, p. 100.
⇒ Distinguer, isoler, séparer. || Dégager la vérité; dégager la vérité de l'erreur.
18 Il (Socrate) dégageait la morale de la religion; avant lui, on ne concevait le devoir que comme un arrêt des anciens dieux; il montra que le principe du devoir est dans l'âme de l'homme.
Fustel de Coulanges, la Cité antique, V, I, p. 420.
♦ Math. || Dégager une inconnue : faire les opérations nécessaires pour isoler l'inconnue dans l'un des membres de l'équation, l'autre membre contenant la valeur de l'inconnue.
3 Laisser échapper (un fluide, une émanation). ⇒ Émettre, exhaler, produire, répandre; dégagement, émanation. || Effluves, parfums que dégagent les fleurs. ⇒ Sentir. || Charogne qui dégage une odeur nauséabonde (→ Carcasse, cit. 2).
19 (…) des rangées d'arbustes plantés autour du bassin dégageant leurs parfums faibles et doux.
Th. Gautier, le Roman de la momie, IV, p. 87.
♦ Par métaphore :
20 Les chefs-d'œuvre, parfois même sans que la volonté de leurs auteurs y ait part (…) dégagent continuellement, mystérieusement, divinement, et répandent, pour ainsi dire, dans l'air autour d'eux, une moralité pénétrante et saine.
Hugo, Post-scriptum de ma vie, L'esprit, « Tas de pierres », I.
21 (…) tous ces effluves du passé que dégagent ici les pierres (…)
Loti, Jérusalem, X, p. 128.
♦ Chim. Mettre en liberté. || Réaction qui dégage du gaz carbonique. Par anal. || L'eau dégage de la vapeur, de la buée.
22 L'eau dégageait quelques bulles.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, X, p. 80.
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se dégager. v. pron.
A (Réfléchi; personnes, êtres vivants). Libérer son corps de ce qui l'enveloppe, le retient. ⇒ Délivrer (se), dépêtrer (se), tirer (se). || Se dégager de ses liens, d'une étreinte. || Faire des efforts pour se dégager.
♦ Fig. Se libérer (d'une obligation). || Se dégager d'une promesse. — Se libérer (d'une contrainte morale). || Se dégager d'habitudes paralysantes.
23 Mon père m'a dit, Monsieur, que vous vous étiez venu dégager de la parole que vous aviez donnée.
Molière, le Mariage forcé, 9.
24 L'on voit des gens brusques (…) qui (…) vous expédient, pour ainsi dire, en peu de paroles, et ne songent qu'à se dégager de vous.
La Bruyère, les Caractères, V, 26.
25 Corinne comprit sa pensée; et, l'interrompant aussitôt, en se dégageant doucement de ses bras (…)
Mme de Staël, Corinne, VIII, 1.
26 (…) il éperonna son cheval pour se dégager et voulut frapper de son bâton les mains du laboureur pour lui faire lâcher prise (…)
G. Sand, la Mare au diable, XIV, p. 123.
27 — Non, mademoiselle Gaud, répondit-il à la fin en se dégageant avec une aisance de fauve.
Loti, Pêcheur d'Islande, I, XI, p. 122.
28 (…) une place assiégée qui se doit, de temps à autre, dégager par des sorties violentes (…)
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Ascension de Bonaparte, I, p. 6.
29 Il est beaucoup plus facile pour ceux-ci de se dégager des routines où les a maintenus toute leur carrière, qu'à un esprit neuf de ne s'y engager pas du tout.
Gide, Journal, 25 oct. 1916.
30 (…) une imagination si abondante qu'elle ruisselle (chez Goethe et Beethoven) en improvisations, une personnalité si forte qu'elle se dégage des enseignements du passé.
Éd. Herriot, la Vie de Beethoven, p. 294.
1 (Passif; choses). Devenir libéré de ce qui entrave. || La rue se dégage peu à peu. || Le ciel se dégage, les nuages, le brouillard s'en vont. ⇒ Découvrir (se), éclaircir (s'). || Ma tête, mon nez se dégage.
31 La lune se dégagea aussi des vapeurs qui la couvraient (…)
G. Sand (→ Couvrir, cit. 18).
32 À ces mots, Séraphîta se passa les mains sur le front, et quand elle se dégagea la figure, Wilfrid fut étonné de la religieuse et sainte expression qui s'y était répandue.
Balzac, Séraphîta, Pl., t. X, p. 479.
2 Sortir d'un corps. ⇒ Émaner, exhaler (s'), jaillir, répandre (se), sortir. || Émanations, vapeurs qui se dégagent d'un corps. || De l'oxygène se dégage. — Il s'en dégage une forte odeur.
♦ Fig. || Rumeur qui se dégage de la foule. — Une sorte de poésie se dégage de ce paysage, de cet être (→ Chercher, cit. 25). || Un grand charme (cit. 15) se dégage de sa personne.
33 Cependant le calme s'était peu à peu rétabli. Il ne restait plus que cette légère rumeur qui se dégage toujours du silence de la foule.
Hugo, Notre-Dame de Paris, I, 1.
34 Comme de la mer unie malgré ses vagues, il se dégage de cette plaine un sentiment de solitude (…)
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « En Camargue ».
35 Une sorte de poésie se dégageait de tout son être, qui venait, je crois, de ce qu'il se sentait faible et cherchait à se faire aimer.
Gide, Si le grain ne meurt, I, III, p. 86.
3 Se faire jour. || La vérité se dégage peu à peu. ⇒ Manifester (se). || Il se dégage de l'étude des faits que… ⇒ Ressortir, résulter. || L'impression qui s'en dégage est bonne.
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dégagé, ée p. p. adj.
1 Qui n'est plus en gage. || Terre dégagée de toute hypothèque.
2 Qui n'est pas ou plus recouvert, encombré. ⇒ Débarrassé, libre. || Route dégagée. || Accès dégagé. || Entrée dégagée. — Roue dégagée de l'ornière. — Avoir le cou dégagé. ⇒ Décolleté. || Nuque dégagée. || Front dégagé. — Armée dégagée d'une position périlleuse.
♦ Par ext. || Horizons dégagés. || Une vue dégagée, qui offre un large champ visuel libre.
35.1 (…) j'ai aperçu d'un seul coup la scène : deux personnages immobilisés dans des attitudes dramatiques (…) Il est aisé de les apercevoir, dans un halo de lumière bleue (…) et dans une perspective brusquement dégagée, juste à cet endroit.
A. Robbe-Grillet, la Maison de rendez-vous, p. 25-26.
♦ Fig. (avec un compl. en de). || Travail dégagé de toute ambition, de toute préoccupation matérielle (→ Art, cit. 83). || Âme dégagée des liens terrestres (→ Choc, cit. 13).
36 Un instinct de vie si pur, une âme si dégagée des liens qui l'enserrent dès sa naissance, que le mot liberté reprenait un sens à sa vue.
Giraudoux, Aventures de J. Bardini, p. 193.
3 Qui a de la liberté, de l'aisance. || Une taille svelte et dégagée. || Démarche vive, dégagée. ⇒ Alerte.
♦ Qui dénote des manières libres, du sans-gêne. ⇒ Cavalier, désinvolte, léger, libre. || Un air dégagé. || Allures, manières dégagées. || Propos dégagés. || Parler d'un ton dégagé.
37 (…) comme la petite Fadette disait cela d'un ton assez fier et dégagé, le père Barbeau en fut inquiet.
Sand, la Petite Fadette, XXXVI, p. 233.
♦ N. m. Danse. « Déplacement d'une jambe qui s'écarte du pied de position (…) en glissant sur le sol » (M. Bourgat, Techn. de la danse). — Escr. Action de dégager le fer (on dit aussi dégagement).
38 (Hauteclaire) avait des coups irrésistibles (…) Elle avait, entre autres, un dégagé de quarte en tierce qui ressemblait à de la magie. Ce n'était plus là une épée qui vous frappait, c'était une balle !
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Le bonheur dans le crime ».
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CONTR. Engager, hypothéquer. — Embarrasser, encombrer; attacher, envelopper, engoncer, fixer, lier, renfermer. — Confondre, mélanger. — Absorber. — Couvert, embarrassé, engagé; engoncé, gauche, gêné.
DÉR. Dégagement.
Encyclopédie Universelle. 2012.