déguiser [ degize ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Vêtir (qqn) de manière à rendre méconnaissable. ⇒ accoutrer, affubler, costumer. Déguiser un homme en femme. ⇒ travestir.
2 ♦ SE DÉGUISERv. pron.Cour. S'habiller de manière à être méconnaissable. ⇒ se travestir. Les enfants se déguisent pour une fête costumée. « Je m'étais déguisé en clochard » (Romains). Péj. (Vêtement inhabituel, inapproprié). Elle s'était déguisée en petite fille. — Se déguiser en courant d'air.
3 ♦ Modifier pour tromper. ⇒ 1. cacher, camoufler, changer, dissimuler, maquiller. Déguiser sa voix au téléphone. ⇒ contrefaire, dénaturer. Déguiser son écriture.
4 ♦ (Abstrait) Littér. Cacher sous des apparences trompeuses. Déguiser la vérité. ⇒ arranger, couvrir. Ils « n'emploient les paroles que pour déguiser leurs pensées » (Voltaire). « une feinte indifférence sous laquelle je tâchai de déguiser mon énervement » (Proust).
♢ Vx Dissimuler. « Seigneur, je ne vous puis déguiser ma surprise » ( Racine). « Je ne puis déguiser que j'ai peine à vous suivre » (P. Corneille). Absolt, Vx « Parle sans déguiser » (La Fontaine).
⊗ CONTR. (du 3o) 1. Dire, montrer, reconnaître.
● déguiser verbe transitif (de guise) Habiller quelqu'un de façon à le rendre méconnaissable et à le faire ressembler à quelqu'un d'autre : Déguiser un enfant en Arlequin. Modifier quelque chose dans sa personne pour tromper, dissimuler ; maquiller : Déguiser sa voix. Littéraire. Cacher un sentiment, un état, travestir : Il déguise ses intentions. ● déguiser (citations) verbe transitif (de guise) François Marie Arouet, dit Voltaire Paris 1694-Paris 1778 Ils ne se servent de la pensée que pour autoriser leurs injustices et n'emploient les paroles que pour déguiser leurs pensées. Dialogue, le Chapon et la Poularde (1763) Commentaire Cette boutade se rencontre déjà en Angleterre, dans Robert South ou dans Edward Young (1683-1765), le poète des Nuits. En France, on l'attribue le plus souvent à Talleyrand. Robert South 1634-1716 La parole a été donnée au commun des mortels pour communiquer leurs pensées, mais aux sages pour la déguiser. Speech was given to the ordinary sort of men whereby to communicate their mind ; but to wise men, whereby to conceal it. Sermon, 30 avril 1676 ● déguiser (synonymes) verbe transitif (de guise) Habiller quelqu'un de façon à le rendre méconnaissable et à...
Synonymes :
- affubler
Modifier quelque chose dans sa personne pour tromper, dissimuler ; maquiller
Synonymes :
- changer
- déformer
- masquer
Littéraire. Cacher un sentiment, un état, travestir
Synonymes :
- farder
- fausser
- truquer (familier)
Contraires :
- dévoiler
- révéler
déguiser
v. tr.
d1./d Habiller (qqn) de sorte qu'on ne puisse le reconnaître.
— (Plus souvent Pron.) Détective qui se déguise pour une enquête.
d2./d Habiller (qqn) d'un costume inhabituel, amusant, grotesque, etc., à l'occasion d'une fête ou pour qu'il joue un rôle. Déguiser une fillette en signare.
|| v. Pron. Se déguiser en mousquetaire.
d3./d Rendre méconnaissable. Déguiser sa voix, son écriture.
d4./d Fig. Cacher sous des apparences trompeuses, dissimuler (qqch). Déguiser ses mauvaises intentions sous les dehors de l'amitié.
⇒DÉGUISER, verbe trans.
I.— [À propos d'une pers. ou d'un trait (du comportement) hum.]
A.— Transformer l'apparence extérieure à l'aide d'un costume — ou d'un élément de costume — de manière à (se) rendre méconnaissable.
1. [Notamment pour le carnaval, un bal masqué, etc.] (Se) vêtir d'un costume d'emprunt, d'un vêtement appartenant à une certaine époque, à une certaine catégorie professionnelle ou sociale, à un personnage imaginaire, etc. (Quasi-)synon. travestir. Ils se déguisèrent en moines de Saint François. Hélène (...) ainsi vêtue, semblait un jeune frère novice (STENDHAL, Abbesse Castro, 1839, p. 169). Au bal des jeunes : — Je me déguiserai en arbre de Noël (BARRÈS, Cahiers, t. 13, 1921-22, p. 214) :
• 1. ... à la fin du carnaval, (...). Toute la ville se déguise, à peine reste-t-il aux fenêtres des spectateurs sans masque pour regarder ceux qui en ont; ...
STAËL, Corinne, t. 2, 1807, p. 85.
2. SPECTACLES. (Se) vêtir d'un costume de scène adapté à un rôle, à un personnage :
• 2. M. DE SOLANGES. — C'est assez difficile d'improviser.
DORMEUIL. — Non, puisqu'on dit tout ce qui vous passe par la tête; mais il faut de bons costumes. Mon cousin de Courcelles, lui, se déguisait toujours si bien qu'on ne le reconnaissait pas. Il s'était chargé aussi de mettre le rouge aux dames qui jouaient; ...
LECLERCQ, Proverbes dram., La Manie des proverbes, 1835, 2, p. 18.
— P. ext. Transformer la physionomie d'un acteur, changer ses traits par un maquillage approprié au personnage qu'il s'agit de représenter. (Quasi-)synon. farder, maquiller. Le maquillage qui déguise nos figures (COLETTE, L'Envers du music-hall, 1913, p. 60).
3. Fam., p. iron. [L'effet produit étant généralement involontaire] (Se) vêtir d'un vêtement bizarre, inadapté à la situation présente et qui produit un effet comique, enlaidit. (Quasi-)synon. (s')accoutrer, (s')affubler. Il n'est pas de paysan qui ne soit assuré de lui-même par sa blouse bleue; mais s'il se déguise en citadin, nous voyons alors tout à fait autre chose (ALAIN, Propos, 1923, p. 516) :
• 3. ... Siegfried (...) de chacun de ses plongeons en Allemagne rapportait un vêtement qui le déguisait un peu plus. Lui, qui ne portait que du linge blanc, s'enveloppa d'un tricot mauve, d'un caleçon rose, de genouillères vert véronèse, s'armant pour je ne sais quel tournoi avec l'arc-en-ciel.
GIRAUDOUX, Siegfried et le Limousin, 1922, p. 98.
— P. plaisant., arg. [P. allus. à la rapidité du cerf] Se déguiser (en cerf). Se déguiser en courant d'air. S'en aller rapidement, s'enfuir, disparaître. Là-dessus, je me déguise en courant d'air et je fous mon petit camp (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 80).
4. Par affaiblissement. Cacher, dissimuler (volontairement ou involontairement) par un vêtement quelconque les caractéristiques physiques d'une personne, les formes du corps. Laissez-moi déguiser l'exiguïté de mes jambes sous le pantalon large (KARR, Sous tilleuls, 1832, p. 12). La jupe, enflée encore sous les reins, déguisait les formes en les exagérant et voilait la réalité sous son image amplifiée (A. FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 51).
B.— P. métaph. ou au fig.
1. [Le suj. désigne gén. une pers. ou un mode d'expression] Cacher, transformer (généralement volontairement) un aspect de sa personnalité. Déguiser son ambition, son écriture, son énervement, le motif de. Les poltrons, qui chantent pour déguiser leur peur (CHAMFORT, Caract. et anecd., 1794, p. 147). Une voix au timbre enfantin qu'il cherchait à grossir pour la déguiser (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 237) :
• 4. ... l'amour, (...) n'est qu'un sentiment de plaisir. L'égoïsme est au fond de tout acte humain, de quelque apparence ou de quelque nom qu'on veuille le couvrir, et ces expressions superbes de dévouement, d'abnégation, d'immolation de soi-même, ne servent qu'à déguiser nos vrais penchans sous une pompe qui flatte notre orgueil.
LACORDAIRE, Conf. de Notre-Dame, 1848, p. 181.
— En partic. Déguiser (qqc.) du nom de, sous le nom de. (Quasi-)synon. décorer du nom de :
• 5. Celui qui déguise la tyrannie, la protection ou même les bienfaits, sous l'air et le nom de l'amitié, me rappelle ce prêtre scélérat qui empoisonnait dans une hostie.
CHAMFORT, Maximes et pensées, 1794, p. 55.
— Absol. (Savoir) déguiser. Jamais je ne déguise (...) Aussi, pour m'achever de peindre avec franchise, Je suis taquin, grondeur sans trop savoir pourquoi (É. AUGIER, La Ciguë, 1844, p. 58).
2. Dissimuler, dénaturer, falsifier (une chose abstraite).
a) [Le suj. désigne une pers.] Emploi pronom. Se déguiser qqc. Se cacher à soi-même une vérité. Il ne faut pas se le déguiser, les grands états ont de grands désavantages (CONSTANT, Esprit conquête, 1813, p. 174).
b) [Le suj. désigne une chose] L'argot n'est autre chose qu'un vestiaire où la langue, (...) se déguise. Elle s'y revêt de mots masques et de métaphores haillons (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 193). L'amour des faibles déguise un besoin de domination très primitif (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 512) :
• 6. Dans cette mascarade immense des vivants
Nul ne parle à son gré ni ne marche à sa guise;
Faite pour révéler, la parole déguise,
Et la face n'est plus qu'un masque aux traits savants.
SULLY PRUDHOMME, Les Solitudes, Dernière solitude, 1869, p. 109.
II.— P. anal. [À propos d'une chose concr.] (Se) cacher sous une apparence, généralement plus flatteuse que l'apparence habituelle. Le jeune architecte avait eu l'honnêteté et le courage de ne pas le [le fer] déguiser sous une couche de badigeon, imitant la pierre ou le bois (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 626). Planches qui se déguisent en marbre (COLETTE, La Jumelle noire, 1938, p. 45).
— Spéc., ART CULIN.
♦ CONFISERIE. La pomme se déguise en beau fruit déguisé (PRÉVERT, Paroles, 1946, p. 280).
P. métaph. La vie est quelque chose de si abominable qu'il faut la déguiser pour l'avaler. Si on ne la sucre pas avec une drogue extraordinaire, le cœur vous manque! (FLAUB., Corresp., 1878, p. 105).
♦ GASTR. Plusieurs viandes (...), qu'un cuistot (...), déguisait sous des sauces savamment immondes (VERCORS, Silence mer, 1942, p. 15).
Prononc. et Orth. :[degize], (je me) déguise [degi:z]. Ds Ac. 1694 sous l'anc. forme desguiser; ds Ac. 1718 sous cette forme et sous la forme mod.; ds Ac. 1740-1932 uniquement sous la forme moderne. Étymol. et Hist. 1155 soi desguiser « changer ses vêtements, son aspect de manière à se rendre méconnaissable » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 12263); 1553 p. métaph. déguiser [sa vie] (P. DE RONSARD, Elegie à M. A. de Muret, éd. P. Laumonier, V, p. 230, 120). Dér. de guise; préf. dé-; dés. -er. Fréq. abs. littér. :573. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 255, b) 809; XXe s. : a) 409, b) 684. Bbg. GOTTSCH. Redens. 1930, p. 273. — WALT. 1885, p. 100.
déguiser [degize] v. tr.
ÉTYM. 1155; de 1. dé-, guise « manière d'être », et suff. verbal.
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1 Vêtir, recouvrir (qqn) de manière à rendre méconnaissable. ⇒ Accoutrer, affubler. || Déguiser un homme en femme. ⇒ Travestir. || Déguiser des enfants, le jour du carnaval. || Les oripeaux qui le déguisaient.
1 Supposez un original qui s'habille aujourd'hui à la mode d'autrefois : notre attention est appelée alors sur le costume, nous le distinguons absolument de la personne, nous disons que la personne se déguise (comme si tout vêtement ne déguisait pas), et le côté risible de la mode passe de l'ombre à la lumière.
H. Bergson, le Rire, p. 30.
2 Dès que je vis que ma mère me laisserait y aller, dès que j'eus cette fête en perspective, l'idée de devoir me déguiser me mit la tête à l'envers.
Gide, Si le grain ne meurt, I, III, p. 88.
2 Modifier pour tromper. ⇒ Cacher, camoufler, changer, dissimuler, farder, habiller, maquiller. || Déguiser son visage (→ Cosmétique, cit. 1). || Déguiser sa voix. ⇒ Contrefaire, dénaturer. || Déguiser son écriture. — Déguiser son embarras. ⇒ Change (donner le change), contenance (se donner une contenance).
3 (Elle veut) (…) du voile pompeux d'une haute sagesse
De ses attraits usés déguiser la faiblesse.
Molière, Tartuffe, I, 1.
4 J'ai des secrets pour déguiser ton visage et ta voix.
Molière, les Fourberies de Scapin, I, 5.
5 Seigneur, je ne vous puis déguiser ma surprise.
Racine, Mithridate, III, 1.
6 De toutes parts, des montagnes de schiste s'élèvent en amphithéâtre, elles déguisent leurs flancs rougeâtres sous des forêts de chênes (…)
Balzac, les Chouans, I, Pl., t. VII, p. 772.
3 (Abstrait). Littér. Cacher sous des apparences trompeuses; taire ou modifier pour tromper. || Déguiser la vérité. ⇒ Arranger, couvrir (→ cit. 26), enrober, farder, masquer, voiler. || Déguiser ses sentiments, ses désirs. ⇒ Taire (→ Cruel, cit. 20). || Déguiser sa pensée. → Autoriser, cit. 5. || Déguiser ses défauts (→ Confesser, cit. 10). || Déguiser ses erreurs, ses fautes (⇒ Pallier). || Ne rien déguiser. ⇒ Cacher, celer; → Prétendre, cit. 18. — Vx. Dissimuler.
7 Je ne puis déguiser que j'ai peine à vous suivre.
Corneille, Polyeucte, II, 6.
8 Nos vertus ne sont le plus souvent que des vices déguisés.
La Rochefoucauld, Réflexions morales, Exergue.
9 Ils ne se servent de la pensée que pour autoriser leurs injustices, et n'emploient les paroles que pour déguiser leurs pensées.
Voltaire, Dial. du chapon et de la poularde.
N. B. La formule « La parole a été donnée à l'homme pour déguiser sa pensée » est attribuée à Talleyrand (cf. Guerlac, p. 222, note 6).
10 Elle avait là-dessus une simplicité de cœur, une franchise plus éloquente que des ergoteries, et qui souvent embarrassait jusqu'à son confesseur, car elle ne lui déguisait rien.
Rousseau, les Confessions, VI.
11 Et que lui voulez-vous ! répondit Germain sans chercher à déguiser sa colère.
G. Sand, la Mare au diable, XIV, p. 119.
12 (…) des paroles empreintes d'une feinte indifférence sous laquelle je tâchai de déguiser mon énervement. Mais elle l'avait dépisté.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XI, p. 111.
13 Elle souriait, conquise par cet air d'enfant avide qui ne sait déguiser ses désirs.
Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 167.
14 Le renard étant proche : « Or çà, lui dit le sire,
Que sens-tu ? dis-le moi. Parle sans déguiser. »
La Fontaine, Fables, VII, 7.
15 (On sait tout) Et vouloir déguiser est un soin inutile.
Molière, le Dépit amoureux, III, 9.
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se déguiser v. pron.
♦ Cour. S'habiller de manière à être méconnaissable. ⇒ Travestir (se). || Se déguiser en mousquetaire, en gentleman-cambrioleur.
16 (…) je m'étais déguisé en clochard, et on me voyait errer dans les galeries avec mes loques et ma musette.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XVIII, p. 206.
17 Nous sommes si accoutumés à nous déguiser aux autres, qu'enfin nous nous déguisons à nous-mêmes.
La Rochefoucauld, Maximes, 119.
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déguisé, ée p. p. et adj.
1 Revêtu d'un déguisement. || Un homme déguisé en femme (⇒ Travesti). || Déguisé de la sorte, personne ne le reconnaîtra (→ Connaître, cit. 46).
2 Fig. || Un orgueil déguisé. || Une ambition déguisée.
18 J'ai cru que notre mariage n'était qu'un adultère déguisé.
Molière, Dom Juan, I, 3.
19 Ce qui paraît générosité n'est souvent qu'une ambition déguisée (…)
La Rochefoucauld, Maximes, 246.
20 (La Rochefoucauld) est comme un Philinte vieilli, retiré, ne se souciant plus d'aller dans le monde promener ses railleries déguisées en compliments (…)
Émile Faguet, Études littéraires, XVIIe s., La Rochefoucauld, III, p. 208.
3 Dr. Qui trompe sur la nature d'une convention. || Donation déguisée, faite sous la forme d'un contrat onéreux, ou sous le nom d'une personne interposée.
4 Fruits déguisés, préparés au sucre, fourrés aux amandes (dattes, pruneaux, cerises, etc.). || Fruits déguisés servis comme petits fours.
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CONTR. (Du sens 3.) Avouer, confesser, dire, montrer, reconnaître.
DÉR. Déguisement.
Encyclopédie Universelle. 2012.