dénoncer [ denɔ̃se ] v. tr. <conjug. : 3>
• denuntier 1190; lat. denuntiare « faire savoir »
1 ♦ Vx Faire savoir officiellement. ⇒ annoncer. — Dr. Donner avis de (un acte de procédure) à des tiers.
♢ Mod. Annoncer la rupture de. ⇒ annuler, rompre. Dénoncer un traité, un contrat, une convention.
2 ♦ Cour. Faire connaître (une chose répréhensible). Dénoncer un crime, des abus. « L'homme peut s'autoriser à dénoncer l'injustice totale du monde et revendiquer alors une justice totale » (Camus).
♢ Par ext. Signaler (qqn) comme coupable. ⇒ accuser, livrer, trahir, vendre; fam. balancer, donner, moucharder. Dénoncer qqn à la police. ⇒Arg. fourguer. Dénoncer ses complices. Être dénoncé par qqn. Pronom. Il s'est dénoncé à la police. ⇒ se livrer.
3 ♦ (Sujet chose) Littér. Faire connaître, révéler (qqch.). Fig. ⇒ annoncer, dénoter, indiquer, montrer, trahir. « tout chez Gabrielle Darras dénonçait une personne de la haute bourgeoisie française » (Bourget).
⊗ CONTR. 1. Cacher, taire. Confirmer.
● dénoncer verbe transitif (latin denuntiare, notifier) Signaler quelqu'un, quelque chose à la justice, à une autorité en vue de les faire condamner ou punir : Dénoncer un criminel à la police. Révéler quelque chose, le faire connaître publiquement comme néfaste : Dénoncer les dangers de la crise. Littéraire. Faire connaître, révéler une attitude ; dénoter : Visage qui dénonce la franchise. Annoncer la rupture d'un traité, d'un accord. Signifier par voie extrajudiciaire. ● dénoncer (difficultés) verbe transitif (latin denuntiare, notifier) Conjugaison Le c devient ç devant o et a : je dénonce, nous dénonçons ; il dénonça. ● dénoncer (synonymes) verbe transitif (latin denuntiare, notifier) Signaler quelqu'un, quelque chose à la justice, à une autorité en...
Synonymes :
- cafarder (familier)
- donner (populaire)
- livrer
- trahir
- vendre
Contraires :
- cacher
- taire
Littéraire. Faire connaître, révéler une attitude ; dénoter
Synonymes :
- dénoter
Annoncer la rupture d'un traité, d'un accord.
Synonymes :
- annuler
- casser
- rompre
Contraires :
dénoncer
v. tr.
rI./r
d1./d Dénoncer (qqn), le signaler, l'indiquer comme coupable à la justice, à l'autorité. Dénoncer un criminel.
|| v. Pron. Se dénoncer à la justice.
d2./d Dénoncer (qqch): faire connaître publiquement en s'élevant contre (un acte répréhensible). Dénoncer l'arbitraire d'une décision.
d3./d Litt., fig. Indiquer, révéler (qqch). Tout en lui dénonce la fausseté.
rII./r
d1./d DR Signifier par voie légale à un tiers qu'une action est engagée contre lui.
d2./d Cour. Faire connaître la cessation de (un engagement contractuel). Dénoncer un contrat.
⇒DÉNONCER, verbe trans.
I.— Faire connaître publiquement ou nettement.
A.— Vieilli. Faire connaître, révéler une particularité de manière à attirer l'attention sur elle.
1. [Le suj. désigne un inanimé concr.] Étoile dénoncée par le microscope (CLAUDEL, Connaissance Est, 1907, p. 109). Tout ce qui est beau est vrai, d'une réalité qui dénonce un autre monde (COCTEAU, Crit. indir., 1932, p. 58) :
• 1. Partout les nids et les ailes
Tremblent doucement,
Dénonçant des tourterelles
L'entretien charmant; ...
DESBORDES-VALMORE, Poésies posthumes, 1859, p. 294.
— Péj., littér. Une origine que (...) son crapuleux accent dénonçait (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 81). Un automatisme qui dénonce cruellement le vide du cerveau (MONTHERL., Pte Inf. Castille, 1929, p. 590).
♦ Emploi abs., rare. Ici l'écho dénonce et les murs ont des yeux (DELAVIGNE, Louis XI, 1832, II, 6, p. 52).
2. [Le suj. désigne une pers.] Faire connaître officiellement ou publiquement. Les misérables soldats (...) dénoncent la nuit en soufflant dans des trompettes (CLAUDEL, Connaissance Est, 1907 p. 67).
— DR. Faire une signification extra-judiciaire à quelqu'un. Dénoncer une opposition, une saisie (Ac. 1835-1932). Doublon apporta le commandement par lequel il dénonçait la contrainte par corps (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 621).
B.— DROIT
1. DR. INTERNAT. PUBL. Déclarer, faire connaître officiellement ou par voie diplomatique. Dénoncer la guerre; dénoncer la fin de l'armistice (Ac. 1932).
— P. ell. Faire connaître la fin de quelque chose (accord, convention) selon les conditions prévues. Dénoncer un accord, un traité. Nos généraux reçurent aussitôt l'ordre de dénoncer l'armistice (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 538).
2. DR. PRIVÉ. Faire connaître la fin d'un contrat selon les conditions prévues :
• 2. La guerre elle-même a ses vertus et il n'est pas jusqu'aux cimetières qui ne puissent être de bonnes affaires lorsque les concessions à perpétuité sont dénoncées tous les dix ans.
CAMUS, L'État de siège, 1948, 1re part., p. 219.
II.— Gén. péj. [Le suj. désigne une pers.]
A.— Littér. [L'obj. désigne une chose que l'on réprouve] Faire connaître publiquement une chose de manière à la faire condamner par l'opinion. Dénoncer des abus, le danger, une erreur, un mensonge. Dénoncer les contradictions du radicalisme bourgeois (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p. LIV) :
• 3. Le curé de Claquebue montait en chaire, et dénonçait l'inconstance perverse de la mode, le danger qu'il y avait pour ses ouailles à taquiner le démon là où il se dissimulait : la curiosité et le plaisir nuisaient au travail, à la richesse.
AYMÉ, La Jument verte, 1933, p. 210.
• 4. On énumère, par exemple, les moyens apparents dont usent les poètes; on relève des fréquences ou des absences dans leur vocabulaire; on dénonce leurs images favorites; on signale des ressemblances de l'un à l'autre, et des emprunts.
VALÉRY, Variété III, 1936, p. 37.
B.— Usuel. [L'obj. désigne une pers. ou un acte de cette pers.] Faire connaître quelqu'un ou quelque chose à une autorité qui a le pouvoir de répression. Un milicien m'a dénoncée et la Gestapo m'a arrêtée (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 134) :
• 5. Salaud! Je le dirai, je te dénoncerai et tu seras condamné pour meurtre. Et tu as fait empoisonner mon enfant! Je vais prévenir la police! Je vais prévenir la police!
DRUON, Les Grandes Familles, t. 2, 1948, p. 229.
— Emploi pronom.
♦ réfl. Je vais me dénoncer aux sachems et te dénoncer avec moi (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 476).
♦ réciproque. Les voisins se dénonçaient les uns les autres (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 133).
— P. ext. Dénoncer un crime. Le porter à la connaissance de la justice.
Rem. On rencontre ds la docum. a) L'adj. dénonçable. ) [Correspond à dénoncer I B]. Susceptible d'être rompu. Une convention en marge, et dénonçable sans préavis (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 168). ) [Correspond à dénoncer II A]. Susceptible d'être condamné. Synon. critiquable, discutable. La partie la plus dénonçable [du surréalisme] (BRETON, Manif. surréal., 2e manif., 1930, p. 121). b) Un emploi adj. de dénonçant, ante. Punitions demandées par la sœur dénonçante (E. DE GONCOURT, Élisa, 1877, p. 237). c) Le subst. fém. dénonceuse, rare. Femme qui dénonce. Mme Frédérique, (...) dénonceuse politique (GONCOURT, Journal, 1857, p. 339).
Prononc. et Orth. :[], (je) dénonce []. Conjug. : prend une cédille devant a et o : dénonçai(s), dénonçons. Admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1174 denuntier « annoncer » (GUERNES DE PONT-SAINTE-MAXENCE, Vie de Saint Thomas, éd. E. Walberg, 2156); 2. 1260 denoncier [le pechié de mariage] « signaler un acte coupable » (Li Livres de Jostice et de Plet, éd. Rapetti, p. 200); 1283 denoncier le fet (PHILIPPE DE BEAUMANOIR, Coutumes de Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 1670). Du lat. class. denuntiare « notifier, annoncer, déclarer ». Fréq. abs. littér. :1 122. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 186, b) 1 071; XXe s. : a) 1 569, b) 2 242.
dénoncer [denɔ̃se] v. tr. [CONJUG. placer.]
ÉTYM. 1174, denuntier; denoncier, 1260; lat. class. denuntiare « faire savoir », de de-, intensif, et nuntiare « apprendre ».
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1 Vx. Faire savoir officiellement (qqch.). ⇒ Annoncer, notifier, proclamer, publier, signifier. || Dénoncer la guerre. ⇒ Déclarer.
1 (…) il (Robert II de la Marck) s'y raccommoda (avec la France), puis s'outrecuida jusqu'à dénoncer la guerre à l'Empereur (…)
Saint-Simon, Mémoires, t. II, XLIII.
♦ Dénoncer à qqn que…
2 Lorsque le roi Henri VIII (…) commença d'ébranler l'autorité de l'Église, les sages lui dénoncèrent qu'en remuant ce seul point, il mettait tout en péril, et qu'il donnait, contre son dessein, une licence effrénée aux âges suivants.
Bossuet, Oraison funèbre d'Henriette-Anne d'Angleterre.
♦ Mod. Dr. Donner avis de (un acte de procédure) à de tierces personnes qui n'y ont pas été parties. || Le désaveu sera dénoncé aux parties de l'instance principale (Code de procédure civile, art. 356). || Le saisissant sera tenu de dénoncer la saisie-arrêt ou opposition au débiteur saisi (Code de procédure civile, art. 563).
2 Cour. Annoncer la rupture de; la fin de (un accord). ⇒ Annuler, rompre. || Dénoncer la fin de l'armistice, et, ellipt., dénoncer l'armistice : annoncer la reprise des hostilités — Dénoncer un traité, un contrat, une convention.
3 (…) je crois que j'aimerais encore mieux dénoncer le contrat et retourner dans le néant (…)
G. Duhamel, Cri des profondeurs, II, p. 35.
3 a (Compl. n. de personne). Signaler (qqn) comme coupable. ⇒ Accuser, cafarder, nommer, trahir, vendre; (fam. ou argot.) balancer, balanstiquer, brûler, caponner, donner, fourguer, griller, moucharder; et aussi affaler (s'), allonger (s'), croquer (en croquer); scol. cafeter, rapporter; → casser, manger le morceau, se mettre à table. || Dénoncer qqn à la police. || Dénoncer ses complices. || Dénoncer un suspect.
4 (D'où vient que) vous ne songez à l'aller dénoncer
Que lorsque son honneur l'oblige à vous chasser ?
Molière, Tartuffe, V, 7.
5 Puzzini ameute sa clique, me dénonce au ministre, arme l'autorité pour me persécuter.
P.-L. Courier, Lettres, II, 44.
6 — Vous demandez pourquoi je parle ? je ne suis ni dénoncé, ni poursuivi, ni traqué, dites-vous. Si ! je suis dénoncé ! si ! je suis poursuivi ! si ! je suis traqué ! Par qui ? par moi. C'est moi qui me barre à moi-même le passage, et je me traîne, et je me pousse, et je m'arrête, et je m'exécute, et quand on se tient soi-même, on est bien tenu.
Hugo, les Misérables, Ve partie, VII, I.
7 Il (le marquis de Mirabeau, père de Mirabeau) dénonce dans le rentier « un oisif qui jouit ».
Louis Barthou, Mirabeau, p. 12.
b (1260). Compl. n. de chose. Faire connaître publiquement une chose pour que l'opinion la condamne. || Dénoncer un crime, les malversations, les méfaits de qqn. || Dénoncer un scandale, des abus. || Dénoncer le vice. || Dénoncer une criante injustice.
8 (…) c'est pour les avoir connus qu'il pouvait dénoncer avec tant de force les abus de l'organisation judiciaire et en préconiser les remèdes avec une si précise clairvoyance.
Louis Barthou, Mirabeau, p. 154.
9 L'homme peut s'autoriser à dénoncer l'injustice totale du monde et revendiquer alors une justice totale qu'il sera seul à créer. Mais il ne peut affirmer la laideur totale du monde.
Camus, l'Homme révolté, IV, p. 319.
♦ Dénoncer les défauts, les travers, les ridicules,…
10 J'ai dénoncé déjà cet enfantin besoin de mon esprit de combler avec du mystère tout l'espace et le temps qui ne m'étaient pas familiers.
Gide, Si le grain ne meurt, I, V, p. 125.
11 À la campagne, un homme cultivé sait qu'on le moque pour ce qu'il a de supérieur; mais rien ne l'avertit de ses vrais ridicules que nul ne lui dénonce.
F. Mauriac, la Province, p. 28.
4 Littér. (Sujet et compl. n. de chose). Faire connaître, révéler (qqch.). ⇒ Annoncer, connaître (faire connaître), dénoter, dévoiler, indiquer, montrer, révéler, trahir. || Tout dans cette maison dénonce la richesse. ⇒ Sentir. || Ce trait dénonce beaucoup d'à-propos.
12 (…) tout chez Gabrielle Darras dénonçait une personne de la haute bourgeoisie française (…)
Paul Bourget, Un divorce, I, p. 3.
13 Ses corrections (de Montaigne) le dénoncent comme sensible à la beauté du mot, à la physionomie de l'image et du son.
Gustave Lanson, l'Art de la prose, p. 54.
14 Il est intéressant de noter, dans les conversations que nous avons avec nos proches, les mots qui reviennent le plus souvent sur leurs lèvres et qui, si nous les examinons avec soin, dénoncent toujours un tour d'esprit que nous avons avantage à connaître.
G. Duhamel, Discours aux nuages, p. 19.
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se dénoncer v. pron.
15 Qu'est-ce qu'un pénitent ? c'est un coupable qui se reconnaît coupable, qui se dénonce lui-même comme coupable, qui vient, en qualité de coupable, réclamer la miséricorde de son juge, et demander grâce.
Bourdaloue, Pensées, « Sacrements de pénitence ».
16 (…) quand les partis en sont à se dénoncer et à se soupçonner ainsi, ils n'ont plus qu'à se décimer au plus vite et se tuer les uns les autres.
Jaurès, Hist. socialiste…, t. VII, p. 354.
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dénoncé, ée p. p. adj.
1 Dr. Rompu. || Contrat dénoncé.
2 Signalé comme condamnable. || Personne dénoncée à la police. || Abus dénoncés et abus secrets.
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DÉR. Dénonciateur, dénonciation.
Encyclopédie Universelle. 2012.