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désemparer

désemparer [ dezɑ̃pare ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1364 « démanteler »; de dés- et emparer « fortifier »
1 (1694) Mar. Mettre (un navire) hors d'état de servir. Désemparer un bâtiment ennemi.
2Vx Abandonner (un endroit).
Mod. Intrans. SANS DÉSEMPARER : sans s'interrompre, sans arrêt. Ils ont travaillé la nuit entière sans désemparer (cf. fam. Sans débander).

désemparer verbe transitif (ancien français emparer, fortifier) Faire perdre à quelqu'un ses moyens en lui donnant un sentiment d'abandon, de détresse, d'indécision ; démonter : Cette réponse brutale le désempara.désemparer verbe intransitif Sans désemparer, sans s'interrompre : Discuter trois heures sans désemparer.désemparer (expressions) verbe intransitif Sans désemparer, sans s'interrompre : Discuter trois heures sans désemparer.

désemparer
v. intr. (En loc.) Sans désemparer: sans interruption, avec persévérance. L'assemblée a siégé sans désemparer.

⇒DÉSEMPARER, verbe trans.
A.— [Avec l'idée de priver complètement qqc. d'une présence]
1. Vx. Abandonner un endroit. Désemparer la ville, le camp.
Emploi abs. Les ennemis qui étaient devant la place ont désemparé (Ac. 1798, 1878) :
1. ... il y en eut qui firent apporter leur lit afin de ne pas désemparer et d'être à même de sauter sur la place qui viendrait à vaquer.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 607.
Au fig., cour. Sans désemparer. Sans quitter la place, sans s'interrompre. Travaillé toute la journée sans désemparer (...). Je suis un peu las ce soir mais ne puis me permettre d'interrompre (DU BOS, Journal, 1921, p. 26).
2. Spéc. Désemparer un navire. Le mettre hors service en le privant de ce qui est nécessaire à son bon fonctionnement. Il eut bientôt désemparé le vaisseau ennemi (Ac. 1798, 1878), le navire ennemi (Ac. 1932). (Quasi-) synon. désarmer. Désemparer une forteresse (vx). La démanteler (attesté par LITTRÉ, DG, GUÉRIN 1892, ROB. et Lar. Lang. fr.).
P. anal. Je démontais la charrue, la désemparant des cordages, des oreillettes et du soc (FABRE, Chevrier, 1867, p. 187).
B.— Au fig. Déconcerter quelqu'un, lui faire perdre ses moyens en l'abandonnant à lui-même :
2. Cela le surprenait [Raboliot] et le désemparait : à mesure que le souci de sa provende relâchait sa terrible étreinte, qu'il se sentait mieux assuré de vivre, son découragement augmentait.
GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 304.
Prononc. et Orth. :[], (je) désempare []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1364 desemparer [abatre et raser] « démanteler, détruire » (Lit. remiss. ex Reg. 38, Chartoph. reg. ch. 238 ds DU CANGE); 2. 1418 « quitter, abandonner » (CAUMONT, Voyage d'Oultremer en Jhérusalem, p. 98, La Grande ds GDF.); 1792 sans désemparer (ROBESP., Discours, Sur le jugement de Louis XVI, t. 9, p. 186); 3. 1497 mar. nefs toutes désemparées (O. DE SAINT-GELAIS, Ep. d'Ov., Ars 5108, f° 62 v° ds GDF. Compl.); 4. 1837 désemparé « dérouté, en proie à la détresse » (M. DE GUÉRIN, Corresp., p. 314). Dér. de l'a. fr. emparer (v. [s'] emparer); préf. dé-. Fréq. abs. littér. :65.
DÉR. Désemparement, subst. masc., rare. Action de désemparer un navire; le fait d'être désemparé. Le démembrement [du vaisseau], le désemparement, le chavirement (MAIZIÈRE, Nouv. archit. nav., 1853, p. 12). Au fig. Un désemparement total d'Edmond [de Goncourt] après la mort de Jules (DU BOS, Journal, 1921 p. 87). Dernière transcr. ds LITTRÉ : dé-zan-pa-re-man. 1res attest. 1428 « ruine » (Ord., XIII, 135 ds GDF.), 1906 « détresse » (ALAIN-FOURNIER, Corresp., p. 206); du rad. de désemparer, suff. -ment. Fréq. abs. littér. : 4.

désemparer [dezɑ̃paʀe] v. tr.
ÉTYM. 1364, « démolir »; de dés- (→ 1. Dé-), et l'anc. v. emparer « fortifier ». → Emparer (s').
1 Vx. || Désemparer une forteresse. Démanteler.
2 (1497). Mar. Mettre (un navire) hors d'état de servir. || Désemparer un bâtiment ennemi.
3 Littér. et rare. Mettre (qqch.) hors d'état de servir.
0.1 Au commencement, c'était toujours entre les repas que la fringale m'assaillait. Brusquement en plein atelier ou dans mon bureau, une sensation de vide me creusait le ventre, un tremblement me désemparait les mains et les genoux, une poussée de sueur me mouillait les tempes, la salive me giclait sous la langue.
M. Tournier, le Roi des Aulnes, p. 75.
Désemparer qqn, le mettre moralement dans l'impossibilité de se défendre, lui faire perdre ses moyens. || Vos remarques ironiques l'ont désemparé. Déconcerter.
4 (1418). Vx. Abandonner (un endroit).
1 Ils désemparèrent la place et s'enfuirent.
Commynes, III, 3, in Littré.
2 Leur opiniâtreté à ne pas désemparer les lieux qui leur conviennent (…)
Buffon, Hist. nat. des oiseaux, Moineau.
5 (1792). Mod. Sans désemparer : sans quitter la place où l'on est; sans s'interrompre (→ D'arrache-pied; fam. sans débander). || Ils ont attendu la nuit entière sans désemparer. || Le projet fut discuté sans désemparer. Tenant (séance tenante).
3 (Le juge de paix) pourra juger sur le lieu même, sans désemparer.
Code de procédure civile, art. 42.
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désemparé, ée p. p. adj.
1 Mar. || Navire désemparé, qui a subi des avaries l'empêchant de manœuvrer.
Désemparé de : privé de.
3.1 (…) le 11 avril 1933, j'ai intercepté, à 22 h 18, un radio du vapeur grec Alexandros, m'informant qu'il se trouvait désemparé de son gouvernail, par une latitude de 46° 44 nord et une longitude de 6° 50 ouest.
Roger Vercel, Remorques, p. 155.
REM. Le mot est employé métaphoriquement par Hugo, mais le sens véritablement figuré (2.) est plus récent.
4 Nous sommes un pays désemparé qui flotte,
Sans boussole, sans mâts, sans ancre, sans pilote,
Sans guide, à la dérive, au gré du vent hautain,
Dans l'ondulation obscure du destin (…)
Hugo, la Légende des siècles, L, « Élégie des fléaux ».
2 (XXe). Qui ne sait plus où il en est, qui ne sait plus que dire, que faire. Confondu, déconcerté, décontenancé, dérouté. || Il est tout désemparé depuis que sa femme est partie.
5 Un gouvernement désemparé, qui ne sait répondre aux questions et aux objurgations qu'en levant les bras au ciel.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXIV, p. 231.

Encyclopédie Universelle. 2012.