doué, douée [ dwe ] adj.
1 ♦ DOUÉ DE : qui possède naturellement (une qualité, un avantage). Un être doué de vie, de raison. « elle était douée d'une intelligence pratique assez vive, d'une ténacité à toute épreuve » (Martin du Gard). ⇒ doté.
2 ♦ Qui a un don, des dons. Un étudiant doué pour les sciences. ⇒ 1. bon, 1. fort (cf. Avoir la bosse de...). « Il y a des races plus ou moins bien douées en musique » (R. Rolland). Il « était doué pour entendre les présages » (Bosco). Absolt Être doué : avoir des dons naturels, du talent. Un enfant très doué. ⇒ surdoué.
⊗ CONTR. Dépourvu, exempt.
● doué Participe passé de douer.
doué, ée
adj.
d1./d Doué de: pourvu naturellement de. L'homme est un être doué de conscience.
d2./d Qui a des aptitudes naturelles. Un élève très doué.
⇒DOUÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de douer.
II.— Emploi adj.
A.— [Sans jugement de valeur; gén. avec un compl. prép. de précisant la nature de la caractéristique] Doté de, possédant telle caractéristique ou propriété.
1. Vieilli. [Le subst. qualifié désigne un être humain] (Être) doué de (qqc.). Quasi-synon. doté de, ayant (qqc.). Deux Allemands doués éminemment de physionomies allemandes (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Mlle Fifi, 1881, p. 157). Les personnes douées de rires violents et de voix énormes me sont antipathiques (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, Mém. veuf, 1886, p. 212) :
• 1. Doué du génie de la corruption, il détruisit l'honnêteté de Lucien en le plongeant dans des nécessités cruelles et en l'en tirant par des consentements tacites à des actions mauvaises ou infâmes...
BALZAC, Splendeurs et misères des courtisanes, 1844, p. 103.
2. Usuel. [Le subst. qualifié désigne un objet concr. ou abstr.] Il faut beaucoup de force pour accepter de vivre dans un univers doué de mémoire (MAURIAC, Journal, 1945, p. 113).
— Spéc., dans le domaine sc. et techn. Regarder si d'autres corps dans la nature ne sont doués de la même configuration que la glace (METZGER, Genèse cristaux, 1918, p. 130). Le benzol est doué de propriétés antidétonantes (CHARTROU, Pétroles natur. et artif., 1931, p. 189). Les molécules dont se compose la matière organisée sont douées exclusivement de propriétés physico-chimiques (J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p. 140).
B.— [Avec un jugement de valeur] Pourvu d'une qualité survalorisée ou du moins appréciée.
1. [En parlant d'une pers.]
a) [Avec un compl. prép. de à valeur superlative : subst. tel que don, génie, ... ou subst. qualifié par un adj. ou un syntagme adjectival à valeur superlative] Être doué d'un pouvoir, de la faculté de sentir, du génie de la parole. Doué du don des miracles, « il marchait au soleil sans ombre, faisait reverdir d'un seul mot les arbres, remplissait d'eau les puits, les citernes, et avait fendu en deux le disque de la lune : ... » (VOLNEY, Ruines, 1791, p. 170). Lord Byron, doué de tous les avantages, avait peu de chose à reprocher à sa naissance (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 517) :
• 2. ... il faut, pour être vendeur d'objets quelconques, être doué d'une certaine psychologie et de connaissances techniques relatives aux objets que l'on vend, ...
La Civilisation écrite, 1939, p. 1801.
SYNT. Doué de facultés surnaturelles, d'une vive intelligence, d'une grande perspicacité, de facultés mathématiques extraordinaires, d'une mémoire prodigieuse, d'une grande sensibilité artistique; doué d'un appétit insatiable, d'une santé florissante, d'une grande vitalité; doué de toutes les vertus, d'une âme noble et généreuse, d'une patience à toute épreuve, de toutes les perfections.
— Par antiphrase, iron. Il était d'ailleurs doué de l'incapacité la plus absolue (PICARD, Avent. E. de Senneville, 1813, II, p. 39).
b) [Avec un compl. prép. pour indiquant le domaine ou l'activité où se manifeste le don] Doué pour qqc. Qui a des aptitudes particulières pour (quelque chose).
— [Le compl. est un subst.] Peu doué pour les études, doué pour les activités abstraites. Homme d'action, et merveilleusement doué pour l'éloquence populaire (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 602). Il y a du travail à faire, c'est tout. Et il faut faire celui pour lequel on est doué (SARTRE, Mains sales, 1948, 6e tabl., 2, p. 234). Je ne suis pas doué pour les regrets (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 43).
— [Le compl. est un inf.] Doué d'une grande facilité pour peindre et composer (DELÉCLUZE, Journal, 1828, p. 481). On est doué pour souffrir comme on est doué pour la musique (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1912, p. 426). J'étais pas doué pour apprendre (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 287).
Rem. Le domaine peut être indiqué a) par un adv. : doué picturalement, littérairement; b) sous la forme d'un compl. introduit par en : doué en dessin; c) par une autre prép. : Fort bien doué quant au jugement et au sang-froid (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 148). Les élèves les mieux doués en mathématiques pourront se présenter au concours d'entrée à l'École Normale Supérieure de l'Enseignement Technique (Encyclop., 1960, p. 184).
c) [Souvent avec un adv. intense] Qui a des aptitudes innées au-dessus de la moyenne. Un enfant très, exceptionnellement, remarquablement doué. Douée comme elle l'est, elle [l'enfant prodige] a eu bientôt fait d'apprendre le chant et la danse (COLETTE, Music-Hall, 1913, p. 188). J'ai toujours préféré lire Racine que de le voir jouer, car si doués que soient les acteurs il me semble qu'ils restent toujours un peu au-dessous de ce que le texte permettait d'espérer (GREEN, Journal, 1946, p. 44). Les milieux sociaux privilégiés ont l'habitude d'orienter leurs enfants vers les études supérieures, même quand ils ne sont pas assez doués pour y réussir (CAPELLE, Éc. demain, 1966, p. 75).
2. [En parlant de choses, dans le domaine des arts littér. ou plastiques] Arnim lui-même est saisi d'angoisse à l'idée que les produits de son art pourraient être soudain doués d'une dangereuse réalité (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 253). La malice de Cézanne est de présenter des objets doués, par la force persuasive de la plus véridique lumière, d'une existence prodigieuse (LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p. 121) :
• 3. Il y a des mots dont la fréquence, chez un auteur, nous révèle qu'ils sont en lui tout autrement doués de résonance, (...), qu'ils ne le sont en général.
VALÉRY, Variété V, 1944, p. 318.
Fréq. abs. littér. :1 722. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 980, b) 1 873; XXe s. : a) 2 212, b) 2 446.
doué, ée [dwe] adj.
ÉTYM. XVIIe; p. p. de douer.
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1 Doué de… : qui possède naturellement. || Un être doué de vie, de raison, de grâce. || Elle est douée d'une grande intuition, d'une bonne mémoire.
1 Elle avait de grandes qualités malgré ses travers : elle était douée d'une intelligence pratique assez vive, d'une ténacité à toute épreuve.
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 16.
2 Qui a un don, des dons. || Doué en… || Un étudiant doué en mathématiques. ⇒ Bon, capable, fort; bosse (avoir la bosse de). — Absolt. || Il est doué : il a des dons naturels, de l'habileté, du talent, de l'intelligence. || Il n'est guère doué. || Un enfant très doué. ⇒ Surdoué. || L'homme le mieux doué… ⇒ Avantagé, favorisé, partagé. || Si bien doué qu'il soit… (→ Concentration, cit. 4).
2 Quand tu aurais eu une fée pour marraine tu n'aurais pas été mieux doué (…)
Th. Gautier, Fortunio, XII, p. 89.
3 (…) il y a des races plus ou moins bien douées en musique.
R. Rolland, Musiciens d'aujourd'hui, p. 212.
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COMP. Sous-doué, surdoué.
Encyclopédie Universelle. 2012.