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écart

1. écart [ ekar ] n. m.
• 1274; « entaille, incision » v. 1200; de 1. écarter
1Distance qui sépare deux choses qu'on écarte ou qui s'écartent l'une de l'autre. écartement, éloignement, intervalle. Écart des branches d'un compas. L'écart exigé de la main d'un pianiste (intervalle de dixième). — GRAND ÉCART : position où les jambes forment un angle de 180°. Faire le grand écart. Grands écarts du french cancan. « S'abattant sur le plancher dans de grands écarts qui l'aplatissaient » (Zola).
2Différence entre deux grandeurs ou valeurs (dont l'une, en particulier, est une moyenne ou une grandeur de référence). Écart entre le prix de revient et le prix de vente. 2. différentiel, fourchette, gap, variation. Écart entre les températures du jour et de la nuit ( amplitude) , entre deux lectures d'un instrument de précision. Math. Écart angulaire de deux droites, deux vecteurs, la mesure de l'angle non orienté qu'ils forment. — Statist. Écart type : racine carrée de la variance, que l'on calcule pour rendre compte de la dispersion des distributions dites normales. ⇒ erreur, variation.
Ling. Fait de discours qui s'écarte de la norme. Un écart stylistique.
3Action de s'écarter, de s'éloigner d'une direction ou d'une position. embardée. Voiture qui fait un écart pour éviter un camion ( se déporter) . « La Grise fit un écart en dressant les oreilles » (Sand).
Balist. Distance séparant le point de chute d'une trajectoire d'un point idéal dit « point moyen de tir ». Écart en direction, en portée.
4Fig. Action de s'écarter d'une règle morale, des convenances sociales, etc. Des écarts de conduite, de langage. « Trop souvent un écart de jeunesse décide du sort de la vie » (Rousseau). erreur, faute. Écart de régime.
5Admin. ou région. Lieu écarté; hameau. « les femmes des écarts perdus » (Genevoix).
6Loc. adv. (1450) À L'ÉCART : dans un endroit écarté, à une certaine distance (de la foule, d'un groupe). ⇒ loin (cf. En retrait). « Elle se tenait à l'écart modestement » (Flaubert). « Elle s'assit à l'écart dans un jardin » (Baudelaire). Vieilli Prendre, tirer qqn à l'écart (cf. À part). Mod. Tenir qqn à l'écart, ne pas le faire participer, ne pas le tenir au courant. Mettre qqn à l'écart (cf. Fam. Au placard). Loc. prép. À L'ÉCART DE : loin de, à une certaine distance de. Se tenir à l'écart d'un groupe, à distance. Fig. Se tenir, rester à l'écart de l'agitation politique, ne pas s'en mêler.
⊗ CONTR. Rapprochement. Concordance. écart 2. écart [ ekar ] n. m.
• 1606; de 2. écarter
Cartes Action d'écarter; les cartes écartées par un joueur.

Écart acte de parole qui transgresse une norme définie antérieurement. (Le style a pu être défini comme un écart par rapport à l'usage courant et banal de la langue.)

écart
n. m.
d1./d Intervalle entre deux choses qu'on écarte ou qui s'écartent. L'écart des doigts.
|| Faire le grand écart: écarter les jambes, tendues d'avant en arrière ou de gauche à droite, jusqu'à ce qu'elles touchent le sol sur toute leur longueur.
d2./d Différence, variation, décalage (par rapport à un point de référence). Des écarts de température, de prix. L'écart entre le rêve et la réalité.
|| ECON Syn. (off. recommandé) de gap.
|| STATIS écart quadratique moyen ou variance: moyenne des carrés de la différence entre chaque valeur de la variable aléatoire et la moyenne de ces valeurs. écart type: racine carrée de la variance.
|| PHYS écart angulaire: différence entre deux angles.
d3./d Action de s'écarter de sa direction, de sa position. Le cheval a fait un écart.
|| Fig. Action de s'écarter des règles de bonne conduite. Des écarts de langage.
d4./d MED VET Entorse de l'épaule du cheval.
d5./d (Plur.) ADMIN Groupe de maisons éloigné de l'agglomération communale.
d6./d Loc. adv. à l'écart: dans un lieu écarté, isolé.
Fig. Laisser, tenir qqn à l'écart, le laisser, le maintenir dans l'isolement.
d7./d Loc. Prép. à l'écart de: en dehors de.
Fig. Rester à l'écart des discussions.

I.
⇒ÉCART1, subst. masc.
Action d'écarter, de s'écarter; résultat de cette action.
A.— [P. réf. à une direction assignée, à un lieu donné]
1. [P. réf. à un certain espace matériel] Action de s'éloigner volontairement ou non à quelque distance; résultat de cette action. Il redressait un écart de ses chiens ou les ralliait (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 5). La ligne de son itinéraire suivait à peu près le cent trente et unième méridien, et, par conséquent, faisait un écart de sept degrés à l'ouest de celui de Burke (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 118).
a) Loc. À l'écart (de + subst.). Ils travaillaient ensemble, tout en haut d'une tourelle, à l'écart du bruit (FLAUB., Trois contes, St Julien l'Hospitalier, 1877, p. 83). Au fig. Impossibilité de se poser solidement à l'écart, à distance, de se tenir « sur son quant à soi », dans un état d'opposition ou même de simple indifférence (SARRAUTE, Ère soupçon, 1956, p. 34). Être, rester, (se) tenir à l'écart. La maison est à l'écart, personne au monde n'y viendra (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 610). Me tenant à l'écart de mes camarades et ne fréquentant guère qu'Abel, je vivais avec la pensée d'Alissa (GIDE, Porte étr., 1909, p. 530). Au fig. Rester à l'écart, c'est agir comme un individualiste (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 245). Emmener, mettre, prendre, tirer à l'écart. Il croit Bouvard coupable, le prend à l'écart, et l'engage à céder (FLAUB., Bouvard, t. 2, 1880, p. 192).
b) En partic. [Gén. en parlant d'un cheval] Faire un écart. S'écarter brusquement. Mon cheval, qui est un animal difficile, a fait un écart et m'a envoyé à dix pas (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 529). P. anal. Il n'y a pas que les chevaux et les mulets à qui il faille des œillères pour marcher sans écart (FRANCE, Jard. Épicure, 1895, p. 121).
c) Spécialement
BALIST. Déviation par rapport à une trajectoire moyenne idéale. Rendant son pistolet au garçon, et bouchant avec les doigts deux trous dans le carton, un peu éloignés des autres : — Vois-tu, sans ces deux écarts-là, ce serait un carton à encadrer (GONCOURT, R. Mauperin, 1864, p. 267). La table de tir proprement dite [indique] (...) en regard des portées prises comme argument (...) les (...) écarts moyens en portée, en dérivation, en hauteur, angles de chutes (LEDIEU, CADIAT, Nouv. matér. nav., 1890, p. 15).
COURSES (de taureaux, en partic. course landaise). L'homme attendait, jusqu'au moment où, prêt à être transpercé, d'un bond à droite ou à gauche il évitait la bête qui, emportée dans son élan, le dépassait. Ce fut l'origine de nos « courses landaises ». De ce bond est venu ce que nous appelons « l'écart », partie fondamentale de ce spectacle (PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 14).
HABITAT. Localité, habitation écartée (cf. écarté1 II B), isolée. La ville compte cent quarante feux, trois écarts et la maison du garde (AUDIBERTI, Ampélour, 1937, p. 93). Chacune d'elles [les maisons], à elle seule, constitue un « écart », un monde clos (GENEVOIX, Assassin, 1948, p. 38).
MÉD. VÉTÉR. [Gén. à propos d'un cheval et sans doute p. réf. à A 1 en partic.] Entorse de l'épaule.
2. [P. réf. à une norme, une échelle de valeurs] (Quasi-)synon. déviation, variation; erreur, faute.
a) Domaine physique. Mon estomac éprouvé par quelques légers écarts de régime est faible (MAINE DE BIRAN, Journal, 1817, p. 23). Élèves (...) incommodés par les écarts excessifs de température ou par l'humidité des lieux (BOURGAT, Tech. danse, 1959, p. 23). P. métaph. La machine 608, trop neuve, dont les caprices, les écarts de jeunesse le surprenaient (ZOLA, Bête hum., 1890, p. 283).
En partic., STAT. Variation d'une donnée par référence à un comportement idéal. Écart absolu, moyen, probable. La caractéristique la plus systématique qu'on puisse donner de la variation étudiée, c'est l'écart-étalon (PLANTEFOL, Bot. et biol. végét., t. 2, 1931, p. 485). Les écarts observés ne sont jamais significatifs par rapport aux écarts probables (AMADOU, Parapsychol., 1954, p. 277) :
1. Le rapport entre l'écart observé et l'écart prévu — ou écart type — donne une valeur que l'on désigne en statistique sous le nom de valeur T...
AMADOU, Parapsychol., 1954 p. 161.
b) Domaine intellectuel, moral. Écart de langage. Un écart de mon imagination qui se trompe (BALZAC, Corresp., 1822, p. 168). Elle déplore (...) les écarts de conduite du prochain, tout en se réjouissant secrètement d'avoir un concurrent de moins sur le sentier des vertus domestiques (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 159) :
2. ... les grammairiens du temps s'amusaient à montrer l'inconséquence, les fautes du langage, tel que le peuple l'a fait, et à corriger les écarts de l'usage par la raison logique, sans s'apercevoir que les tours qu'ils voulaient supprimer étaient plus logiques, plus clairs, plus faciles que ceux qu'ils voulaient y substituer.
RENAN, L'Avenir de la sc., 1890, p. 27.
B.— P. ext. [À propos de choses formant un ensemble] Action de repousser volontairement ou non plusieurs personnes ou plusieurs choses à une certaine distance l'une de l'autre; résultat de cette action.
1. Domaine physique. Son rire riait si franchement, dans un écart des lèvres, montrant toutes les dents (ESTAUNIÉ, Simple, 1891, p. 53). Écart entre les températures mortelles aux semences et celles qui tuent les organismes développés (J. ROSTAND, Genèse vie, 1943, p. 67). P. ext. Dans l'écart des deux collines, un brouillard de toits gris, de flèches, de coupoles qu'on lui dit être Paris (A. DAUDET, Fromont jeune, 1874, p. 213).
Spécialement
a) BLAS. Synon. écartelure.
b) DANSE. Faire un écart. Porter le pied de côté. Faire le grand écart. Écarter les jambes jusqu'à ce que les cuisses touchent le sol :
3. Les deux femmes (...) faisaient avec leurs jambes des mouvements surprenants (...) les écartant comme si elles se fussent ouvertes jusqu'à mi-ventre, glissant l'une en avant, l'autre en arrière, elles touchaient le sol de leur centre par un grand écart rapide, répugnant et drôle.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Le Masque, 1889, p. 1160.
c) MUS. Espace, distance entre deux notes. Dans l'enseignement de l'harmonie, les É[carts] au-delà de l'octave ne sont pas admis entre les parties supérieures, et ils sont tolérés jusqu'à la quinzième, entre la basse et le ténor (BRENET, Dict. prat. et hist. mus., 1926, p. 126).
2. Domaine intellectuel. Écart extraordinaire entre une minorité de privilégiés et une immense majorité de serviteurs et d'opprimés (GAULTIER, Bovarysme, 1902, p. 117) :
4. Nous vivons dans un temps où les philosophes s'abstiennent. Ils vivent dans un état de scandaleuse absence. Il existe un scandaleux écart, une scandaleuse distance entre ce qu'énonce la philosophie et ce qui arrive aux hommes en dépit de sa promesse...
NIZAN, Les Chiens de garde, 1932, p. 53.
Rem. Écartement est plus empl. dans l'accept. gén. de B.
Prononc. et Orth. :[]. LITTRÉ : ,,le t ne se lie jamais``. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. [Ca 1175 escard « expédient, faux-fuyant »? (ou faute de copiste pour esgard « résolution, détermination »?) (B. DE STE-MAURE, Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 11452)]. A. 1. Ca 1200 « entaille, incision » (Renaut de Montauban, 142, 31 ds T.-L.); 2. 1274 « distance séparant deux choses » (C'est Jehan Moriel, Chirog., A. Tournai ds GDF. Compl.); 3. 1680 « terme de danse » (RICH.); 1739-47 grand écart (CAYLUS, Œuvres badines, Paris, Visse, X, 180); 4. 1864 fig. « différence entre deux grandeurs ou valeurs » (LITTRÉ). B. 1247 « endroit écarté » (EST. DE GOZ, Vil. de Verson, f° 68 v° ds GDF. Compl.); ca 1450 à l'escart (Mistere du viel Testament, éd. J. de Rothschild, 4476). C. 1. 1655 « action de s'écarter des règles de la morale, de la bienséance » (MOLIÈRE, L'Etourdi, I, 4); 2. 1688 « faire des digressions, s'écarter du sujet » (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettres, éd. M. Monmerqué, t. VIII, p. 241); 3. 1793-94 ici en parlant du style (C. DESMOULINS, Le Vieux cordelier, p. 47). Déverbal de écarter1. Bbg. Archit. 1972, p. 132. — DUBUC (R.). La Planification à long terme ds l'entr. Meta. 1974, t. 19, p. 211. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 310. — PAULI 1921, p. 6. — RITTER (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 407.
II.
⇒ÉCART2, subst. masc.
JEUX (cartes). Action d'écarter, de rejeter une ou plusieurs cartes; p. méton., ensemble des cartes qui ont été écartées. Faire son écart; (ne pas) toucher à son écart. Une querelle éclatait, entre Mouret et Mme Faujas, sur un quatorze de rois annoncé à tort ou sur une carte reprise dans un écart (ZOLA, Conquête Plassans, 1874, p. 974).
Prononc. et Orth. Cf. écart1. Étymol. et Hist. 1606 « cartes éliminées du jeu » (NICOT); av. 1611 « action d'écarter une carte de son jeu » (L'ESTOILE, Mém., 2e p., p. 636 ds GDF. Compl.). Déverbal de écarter2.
III.
⇒ÉCART3, subst. masc.
CONSTR. Assemblage, jonction de deux pièces (de bois, etc.) qui s'encastrent l'une dans l'autre.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. (sauf Ac. 1798-1932) et ds WILL. 1831, BONN.-PARIS 1859, BOUILLET 1859, JOSSIER 1881, BACH.-DEZ. 1882, SOÉ-DUP. 1906, Forest. 1946, GRUSS 1952.
Prononc. :[]. Étymol. et Hist. 1694 (CORNEILLE). Orig. obsc. Peut-être à rapprocher de l'a. fr. equerve (1559, esquerues cité ds POPPE, p. 238), lui-même d'orig. inc. (cf. FEW t. 23, 127, p. 100 b).
STAT. — Écart1, 2 et 3. Fréq. abs. littér. :1 637. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 813, b) 1 984; XXe s. : a) 2 516, b) 2 837.

1. écart [ekaʀ] n. m.
ÉTYM. V. 1200, « entaille, incision »; déverbal de 1. écarter.
A
1 (1274). Distance qui sépare des choses qu'on écarte ou qui s'écartent l'une de l'autre. Distance, écartement, éloignement. || Augmenter, diminuer l'écart des bras, des jambes. || Écart des branches d'un compas. || Écart interpupillaire.
(1680). || Grand écart : écart des jambes d'avant en arrière de telle façon qu'elles soient dans le prolongement l'une de l'autre, à l'horizontale. || Faire le grand écart, un grand écart, au contact du sol (→ Danse, cit. 2).Par métaphore. || Le Grand Écart, titre d'un roman de J. Cocteau.
1 En Espagne, les pieds quittent à peine la terre; point de ces grands ronds de jambe, de ces écarts qui font ressembler une femme à un compas forcé, et qu'on trouve là-bas d'une indécence révoltante. C'est le corps qui danse (…)
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 217.
Loc. (Gymnastique). Sortir à l'écart : franchir (les barres parallèles) jambes écartées.
Mus. Distance entre deux positions éloignées des doigts, au piano. || L'intervalle de dixième est généralement le plus grand écart exigé de la main du pianiste.
2 Mus. Intervalle (entre deux sons). || Écart entre deux parties d'une harmonisation.
Distance séparant le point de chute d'une trajectoire d'un point idéal dit point moyen de tir. || Écart en direction, écart en portée. || Écart probable, celui qui a une chance sur deux de n'être pas dépassé. || L'écart probable mesure un huitième du côté du rectangle de dispersion. || Quatre écarts probables. Fourchette.
3 (1864). Abstrait. Différence entre deux grandeurs ou valeurs (dont l'une, en particulier, est une moyenne ou une grandeur de référence). Différence, distance, marge. || Écart entre deux lectures d'un instrument de précision. || Écart entre plusieurs pesées. || Écarts du thermomètre entre les températures du jour et de la nuit. Variation.Écart entre le prix de revient et le prix de vente. || Écart entre le méridien magnétique et le méridien géographique. Déclinaison.Écart de temps entre un événement raconté et sa date réelle. Anachronisme. || Écart de temps entre deux opérations. Décalage.Écart entre le modèle, l'archétype (cit. 7) et la copie. Erreur. || Écart de dimension permis lors de la fabrication d'une pièce mécanique. Tolérance.Psychol. || Écart entre une valeur individuelle et une valeur type.
2 Déjà divisées au foyer, les deux vies (des époux) divergent au delà par un écart toujours croissant.
Taine, les Origines de la France contemporaine, I, t. I, p. 205.
3 Le romanesque n'est pas dans le réel, mais dans l'écart entre le monde réel et celui de l'imagination.
A. Maurois, Études littéraires, Proust, p. 121.
Écart angulaire entre deux points : angle formé par deux plans verticaux passant par l'œil de l'observateur et par chacun de ces deux points.
Statist. || Écart type : écart quadratique moyen, racine carrée de la variance. Erreur (et aussi erreur-type), variation.
Ling. Fait de discours qui s'écarte d'une norme quantitative (statistique, par rapport au champ sémantique d'un auteur ou d'une moyenne des usages) ou qualitative, intuitive (bon usage, originalité, niveau littéraire ou poétique; → Fait de style), typologique ou structurelle. || Un écart stylistique. || Le style a pu être défini comme formé d'écarts.
4 a Action de s'écarter, de s'éloigner d'une direction ou d'une position. Déviation. || Brusque écart d'une voiture ( Embardée), d'un cheval (→ Arrière, cit. 10). || Faire un écart pour éviter un coup : se jeter de côté.
4 (…) la Grise fit un écart en dressant les oreilles, puis revint sur ses pas, et se rapprocha du buisson (…)
G. Sand, la Mare au diable, VI, p. 51.
(1903, in Petiot). Spécialt. Mouvement par lequel on évite le taureau, dans les courses landaises, les corridas.
b Vétér. Entorse de l'articulation des membres antérieurs du cheval, du bœuf… (les deux parties de l'articulation s'écartant l'une de l'autre). || Ce cheval s'est donné un écart. || Écart d'épaule.
5 (1655). Abstrait. Fig. Action de s'écarter d'une règle morale ou intellectuelle, des conventions sociales, etc. Irrégularité. || Écarts de l'imagination. Errement, vagabondage; aberration, folie.Écarts de conduite. Dévergondage, échappée (vx), faute, frasque, fredaine, incartade, manquement, pas (faux pas), relâchement.Absolt. || Les écarts de la jeunesse. || Les écarts pardonnables (cit. 3) des soldats. || Faire un écart (→ Sortir de la règle, de la bonne voie). || Écart par rapport à la norme. || Écart regrettable. || Écarts de langage ( Impertinence, inconvenance, incorrection).(Dans le domaine physique). || Écart de régime.
5 Vous êtes si fertile en pareils contretemps,
Que vos écarts d'esprit n'étonnent plus les gens.
Molière, l'Étourdi, I, 4.
6 (…) Mme d'Épinay, à qui la nature avait donné, avec un tempérament très exigeant, des qualités excellentes pour en régler ou racheter les écarts.
Rousseau, les Confessions, VII.
7 (…) trop souvent un écart de jeunesse décide du sort de la vie (…)
Rousseau, Lettre à M. d'Alembert.
8 Comme l'aiguille du compas demeure assez constante tandis que la route varie, ainsi peut-on regarder les caprices ou bien les applications successives de notre pensée, les variations de notre attention, les incidents de la vie mentale, les divertissements de notre mémoire, la diversité de nos désirs, de nos émotions et de nos impulsions — comme des écarts définis par contraste avec je ne sais quelle constance dans l'intention profonde et essentielle de l'esprit (…)
Valéry, Rhumbs, p. 11.
8.1 Je vivais encore de mon métier, quoique ma réputation fût bien entamée par mes écarts de langage, l'exercice régulier de ma profession compromis par le désordre de ma vie.
Camus, la Chute, p. 124.
Spécialt. Phénomène observé qui est extérieur à une norme.
8.2 (…) le ton du dictionnaire, sa rhétorique prescriptive ou évaluatrice, doit être soigneusement distingué de la construction du modèle normatif. Tel lexicographe peut condamner avec vigueur certains écarts, mais tolérer plus de variations que tel autre, qui gardera un discours calme et bienveillant en éliminant tout ce qui gêne.
Alain Rey, « Norme et dictionnaires », in la Norme linguistique, p. 544.
Spécialt (vieilli). Développement étranger à un sujet. Digression. || Orateur qui se livre à des écarts.
B (1247). Par métonymie. Admin. ou régional. Lieu écarté.Spécialt. Localité peu éloignée d'une commune dont elle dépend. || Ce hameau est un écart de la commune de X…
9 La route, maintenant, était chargée de monde. Les bûcheux des hameaux, les femmes des écarts perdus étaient venus par petits groupes (…)
M. Genevoix, Forêt voisine, XII, p. 170.
C Loc. adv. (V. 1450). À l'écart : dans un lieu éloigné, écarté; à une certaine distance (de la foule, d'un groupe). Loin, part (à part). || Se tenir, rester à l'écart. || Demeurer à l'écart, en arrière (→ Arrière, cit. 17). || Se mettre à l'écart, à l'abri. Garer (se). || Vivre à l'écart, dans l'isolement. Cantonner (se). → Mener une vie d'ermite, d'anachorète. — ☑ Vieilli. Prendre, tirer (qqn) à l'écart, pour lui confier quelque chose (→ Faire un aparté). Part (à). || Mettre à l'écart. Écarter, éloigner, isoler. || Ce petit groupe reste toujours à l'écart (→ Faire bande à part). || Jeter à l'écart. Rejeter (→ Dépouiller, cit. 18). — ☑ Fig. Tenir (qqn) à l'écart, ne pas le faire participer, ne pas le tenir au courant.Lieu à l'écart. Buen-retiro.
10 Elle prit à l'écart Mentor pour le faire parler.
Fénelon, Télémaque, VII.
11 (…) ils se tenaient à l'écart, et me laissaient livrée à une foule d'ennuyeux (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, LXXXI, p. 186.
12 Elle se tenait à l'écart modestement, quand un jeune homme d'apparence cossue (…) vint l'inviter à la danse.
Flaubert, Trois contes, « Un cœur simple », I.
13 Enfin, dans l'après-midi (…) elle s'assit à l'écart dans un jardin, pour entendre, loin de la foule, un de ces concerts (…)
Baudelaire, le Spleen de Paris, XIII.
14 Il semblait que le progrès du siècle eût oublié la petite ville; elle était sise à l'écart et ne s'en apercevait pas.
Gide, Si le grain ne meurt, I, II.
Loc. prép. À l'écart de : loin de, à une certaine distance de. || Maison à l'écart du village, de la route (→ Clairière, cit. 1; crécerelle, cit.).Fig. || Se tenir à l'écart de l'agitation politique, des partis. || Laisser quelqu'un à l'écart d'une affaire.
15 (…) se côtoyant (se mettant de côté)
A l'écart des autres, (il) regarde.
Ronsard, les Odes, I, 10.
CONTR. Rapprochement; contact. — Coïncidence, concordance, correspondance, égalité, similitude. — Régularité. — (De à l'écart…) Centre (au), milieu (au), parmi.
HOM. 2. Écart, 3. écart.
————————
2. écart [ekaʀ] n. m.
ÉTYM. 1606; déverbal, de 2. écarter.
1 (Av. 1611). Action d'écarter dans quelques jeux de cartes (tarot, écarté, whist). || Avez-vous fait votre écart ?
0 Je ne sais si souvent vous jouez au piquet,
Mais, au moins, faites-vous des écarts admirables.
Molière, l'Étourdi, IV, 6.
2 (1606). Les cartes écartées du jeu. || Regarder, reprendre son écart.
HOM. 1. Écart, 3. écart.
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3. écart [ekaʀ] n. m.
ÉTYM. 1694, Corneille; orig. obscure; p.-ê. de l'anc. franç. equerve.
Mar. Assemblage de deux pièces de bois, d'acier… exactement jointives, et réunies par un boulonnage. || Ajuster par un écart. Écarver.
HOM. 1. Écart, 2. écart.

Encyclopédie Universelle. 2012.