éclaboussure [ eklabusyr ] n. f.
• esclabousseüre 1528; de éclabousser
1 ♦ Goutte d'un liquide salissant qui a rejailli. ⇒ tache. Des éclaboussures de café, de sang. « au-dessus de la cuvette de zinc, luisait un miroir de bazar, taché d'éclaboussures » (Martin du Gard).
2 ♦ Coup indirectement reçu. « Je reçus quelques éclaboussures de la bataille » (Nerval).
3 ♦ Fig. Tache (à la réputation, etc.) qui atteint qqn qui n'est pas directement concerné. Les éclaboussures du scandale.
● éclaboussure nom féminin Liquide, eau, boue, etc., qui a jailli ; tache formée par ce qui a jailli. Littéraire. Contrecoup reçu dans le voisinage de gens qui se battent : Recevoir des éclaboussures d'une bagarre. Contrecoup qui résulte d'un acte ou d'un événement fâcheux qui entache la réputation de quelqu'un : Les éclaboussures d'un scandale.
éclaboussure
n. f.
d1./d Liquide salissant qui a rejailli.
d2./d Fig. Dommage subi par contrecoup.
⇒ÉCLABOUSSURE, subst. fém.
A.— [Gén. au plur.; le compl. prép. désigne une matière] Parcelle de matière liquide qui rejaillit sur (quelqu'un, quelque chose); tache formée par le liquide qui a rejailli. Des éclaboussures d'encre, de plâtre, de sang. Je vérifierai que les éclaboussures de la cervelle ont rejailli sur le satin de mon front (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p. 295). Sa peau qui, entre des écailles de crasse et des éclaboussures de purin, brillait de jeunesse et de fraîcheur (FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 140).
— Absol. [P. ell. du compl. prép.; il s'agit gén. d'eau ou de boue] Couvert, maculé, piqué, ruisselant, taché d'éclaboussures; recevoir, éviter les éclaboussures, se garer des éclaboussures; les éclaboussures du chemin, de la rue, du ruisseau. Le feu séchait les éclaboussures de son amazone et de ses brodequins (BALZAC, Tén. affaire, 1841, p. 81). Une sorte de camisole de force en toile cirée qui devait préserver ses vêtements des souillures et des éclaboussures (MAUPASS., Mt-Oriol, 1887, p. 156). Il s'ébroua, et l'on entendit un grand bruit d'éclaboussures (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 44) :
• 1. La pluie de la Stazione Termini faisait presque autant de bruit que le train en marche, (...) et sur la place il y avait de grandes flaques d'où les taxis faisaient jaillir des gerbes d'éclaboussures; ...
BUTOR, La Modification, 1957, p. 218.
— Spéc., VÉN. ,,Gouttes d'eau que la bête fait jaillir sur les branches, les herbes et les pierres qui sont des deux côtés du ruisseau qu'elle longe ou traverse`` (LITTRÉ).
Rem. On rencontre ds la docum. une attest. de éclaboussure au sens de « partie d'une voiture que la boue éclabousse ». Il se cramponnait, de l'autre bras, sur le marchepied, entre l'éclaboussure des roues (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 116).
— P. ext.
♦ Littér. et rare. [Le compl. prép. désigne une matière solide] Éclat. Des éclaboussures de ferrailles. Des coups de feu éclatèrent au-dessus de sa tête, et des éclaboussures de pierre jaillirent autour de lui (O. FEUILLET, Bellah, 1850, p. 240). Un grand gaillard, en effet, qui entaillait un pin, faisait voler très loin des éclaboussures d'arbre (LA VARENDE, Nez-de-Cuir, 1936, p. 207).
♦ P. anal., dans le domaine visuel. Une sorte d'éclaboussure jaunâtre marque la place de la lune, dans le ciel nuageux (AMIEL, Journal, 1866, p. 213) :
• 2. ... son regard tomba et s'arrêta sur le rocher. Il [Anatole] en étudia (...) le tigré noir de gouttes de pluie, les suintements luisants, les éclaboussures de blanc, les petits creux mouillés...
GONCOURT, Manette Salomon, 1867, p. 257.
B.— Au fig.
1. Fam. Coup que l'on reçoit quand on est trop près de gens qui se battent. Les traversins de crin, durs comme des bûches, servaient de projectiles. Pour moi (...) je ne veux point cacher que je reçus quelques éclaboussures de la bataille (NERVAL, Bohême gal., 1853, p. 116).
— P. anal. Des éclaboussures de jurons. Je m'approchais de la querelle (...) afin d'attraper des éclaboussures d'insultes (ARNOUX, Juif Errant, 1931, p. 269).
— Spéc., dans l'argot de la guerre. Attraperons-nous des éclaboussures des obus de Changarnier? Voilà ce que chacun se disait chaque matin en se levant (MÉRIMÉE, Lettres ctesse de Montijo, t. 1, 1870, p. 335).
2. Conséquence ou contretemps d'un acte ou d'un événement fâcheux qui atteint quelqu'un et entache sa réputation. La vérité, c'est qu'à notre époque le succès transforme l'artiste en homme public. Tel se met jusqu'au cou dans cette publicité, nul ne saurait en éviter les éclaboussures (BARRÈS, Sang, 1893, p. 121) :
• 3. — J'ai vu plusieurs de mes patrons. Ils paraissent inquiets, hésitants. Ils ne sont pas habitués à ces chamailles de journaux. Je sens bien que la presse leur fait peur et qu'ils sont prêts à me lâcher, pour ne pas recevoir d'éclaboussures, pour avoir la paix, somme toute.
DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Combat contre les ombres, 1939, p. 224.
3. Ce qui ternit la réputation, la moralité. Synon. tache. Me voici (...) ballotté ici et ailleurs par le flot électoral avec toutes les éclaboussures ordinaires, noirceurs, infamies, perfidies, insultes, menaces, outrages..., (LAMART., Corresp., 1831, p. 159). Il faut que M. Delacroix ait un courage surhumain pour affronter annuellement [au Salon] tant d'éclaboussures (BAUDEL., Curios. esthét., 1867, p. 59).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694. Étymol. et Hist. 1528 [éd.] esclabousseure (Percef[orest], t. V, f° 10d ds LA CURNE). Dér. de éclabousser; suff. -ure; dès le XVe s. esclaboture (LOUIS XI, Nouv., XXVI, Jacob. ds GDF.) dér. de esclaboter, v. éclabousser. Fréq. abs. littér. :130.
éclaboussure [eklabusyʀ] n. f.
ÉTYM. 1528, esclabousseüre; de éclabousser.
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1 (Rare au sing.). Liquide salissant qui a rejailli sur une personne, une chose. ⇒ Salissure, souillure, tache. || Manteau couvert, maculé d'éclaboussures. || Éclaboussures d'encre, de sang.
1 Son père et sa mère étaient devant lui, étendus sur le dos avec un trou dans la poitrine (…) des éclaboussures et des flaques de sang s'étalaient au milieu de leur peau blanche, sur les draps du lit, par terre, le long d'un christ d'ivoire suspendu dans l'alcôve.
Flaubert, Trois contes, « La légende de saint Julien l'Hospitalier », II.
2 (…) au-dessus de la cuvette de zinc, luisait un miroir de bazar, taché d'éclaboussures.
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 235.
♦ Littér. et rare. Éclat. || Des éclaboussures de pierres (O. Feuillet in T. L. F.). — Plus cour. || Des éclaboussures de lumière, de couleur.
2 Fig. Coup indirectement reçu (quand on est trop près de gens qui se battent). || Écartez-vous de cette mêlée si vous voulez éviter les éclaboussures.
3 (…) les traversins de crin, durs comme des bûches, servaient de projectiles. Pour moi, qui m'étais obstiné à garder mon lit, je ne veux point cacher que je reçus quelques éclaboussures de la bataille.
Nerval, Mes prisons, Pl., t. I, p. 77.
3 Conséquence que l'on subit par ricochet (⇒ Contrecoup). Spécialt. Tache (à la réputation, etc.). || Si le scandale éclate, il en rejaillira sur vous des éclaboussures.
Encyclopédie Universelle. 2012.