CENSEUR
CENSEUR
Magistrature romaine créée vers \CENSEUR 430 par démembrement du consulat. Deux censeurs, élus d’abord pour cinq ans et ensuite pour dix-huit mois, sont chargés de la purification périodique du peuple romain, fonction proprement religieuse et rituelle d’où dérive le contrôle des mœurs car les fautes des particuliers mettent en danger la cité entière. Tous les cinq ans, après la purification, ils dressent la liste des citoyens et les répartissent dans les différentes classes; ils établissent la liste des sénateurs et rayent qui ils veulent. Ils surveillent les finances publiques et la levée des impôts. Ils ne rendent de comptes à personne. Patricienne jusqu’en \CENSEUR 351, cette magistrature, laissée souvent vacante, fut l’apanage d’hommes considérables; elle ne pouvait être occupée qu’une seule fois. Dès l’instauration de l’Empire, la puissance censoriale fut attribuée à Auguste et à ses successeurs; parmi eux, Domitien prit le titre de censeur perpétuel.
censeur [ sɑ̃sɶr ] n. m.
• mil. XIVe; censor 1213; lat. censor « celui qui blâme »
1 ♦ Hist. Chez les Romains, Magistrat chargé d'établir le cens et qui avait le droit de contrôler les mœurs des citoyens. « Les censeurs, au nombre de deux, sont élus pour cinq ans » (P. Grimal).
2 ♦ (XVIe) Littér. Personne qui contrôle, critique les opinions, les actions des autres. ⇒ 2. critique, juge. Un censeur sévère, injuste. S'ériger en censeur des actions d'autrui.
3 ♦ (1704 censeur des livres) Celui au jugement duquel un gouvernement soumet un texte avant d'en autoriser la publication (⇒ censure). « Je puis tout imprimer librement, sous l'inspection de deux ou trois censeurs » (Beaumarchais).
4 ♦ (1834; « élève chargé de surveiller » 1732) Anciennt Personne qui dans un lycée était chargée de la surveillance des études, de la discipline (cf. mod. Proviseur adjoint). Madame le censeur. — N. m. CENSORAT [ sɑ̃sɔra ], 1878 .
⊗ CONTR. Adulateur, apologiste.
⊗ HOM. Senseur.
● censeur nom masculin (latin censor) Magistrat curule qui, chez les Romains, était chargé du cens et de la surveillance des mœurs. Littéraire. Personne qui critique les actions ou les œuvres des autres. Personne chargée par une autorité de contrôler les productions artistiques (littérature, cinéma) avant d'en permettre la publication ou la représentation. Dans certaines sociétés, personne ayant une mission de contrôle et de surveillance de la gestion. Ancien titre du fonctionnaire chargé de maintenir la discipline générale dans un lycée. (Les censeurs sont devenus des proviseurs adjoints.) ● censeur (citations) nom masculin (latin censor) Nicolas Boileau, dit Boileau-Despréaux Paris 1636-Paris 1711 Faites choix d'un censeur solide et salutaire, Que la raison conduise et le savoir éclaire. L'Art poétique ● censeur (homonymes) nom masculin (latin censor) senseur nom masculin ● censeur (synonymes) nom masculin (latin censor) Littéraire. Personne qui critique les actions ou les œuvres des autres.
Synonymes :
- critique
- détracteur
- juge
Contraires :
- flatteur
Personne chargée par une autorité de contrôler les productions artistiques...
Contraires :
- panégyriste
censeur
n. m.
d1./d Celui qui appartient à une commission de censure officielle. (V. censure, sens 1.)
d2./d Par ext. Celui qui s'érige en autorité pour juger défavorablement. Ce critique se conduit en censeur.
d3./d Personne chargée de l'organisation des études et de la discipline dans les lycées.
⇒CENSEUR, subst. masc.
I.— Détenteur de l'autorité chargée d'une fonction de surveillance.
A.— HIST. ROMAINE. Magistrat chargé d'établir le cens et de surveiller les mœurs des citoyens. Caton le censeur. Les censeurs recommandaient les mariages (SAY, Traité d'écon. pol., 1832, p. 424). Avant le sacrifice chacun devait donner au censeur l'énumération des personnes et des choses qui dépendaient de lui (FUSTEL DE COULANGES, La Cité antique, 1864, p. 204).
B.— P. anal.
1. [Sous la Révolution] Censeur public :
• 1. Depuis quatre années que j'exerce les fonctions de censeur public pour le salut de la patrie, j'ai démasqué une foule de traîtres et de conspirateurs.
MARAT, Les Pamphlets, Marat, l'ami du peuple, à ses concitoyens les électeurs, 1792, p. 325.
2. [Dans un lycée] Fonctionnaire adjoint au proviseur ou à la directrice, chargé de veiller à la bonne marche des études et à la discipline générale de l'établissement. J'ai reçu à sept heures, chez M. Briand, un billet du censeur pour remplacer le matin même en quatrième (MICHELET, Journal, 1821, p. 149).
— P. ext. [En parlant d'élèves-surveillants] :
• 2. C'est un élève-moniteur qui est chargé de tenir la classe en ordre; des élèves-surveillants, changés tous les mois, sous le nom de décurions et de censeurs, l'aident dans sa tâche.
BRASILLACH, Pierre Corneille, 1938, p. 26.
Rem. ,,Censeur, se disait également, dans l'ancienne Université, de certains officiers nommés pour examiner la capacité des récipendiaires. En Sorbonne, les censeurs donnaient leur suffrage par billets`` (Ac. 1798-1878).
II.— [Avec une valeur gén. péj.]
A.— Personne qui critique avec sévérité la conduite, l'opinion ou les écrits d'autrui :
• 3. Il y avait alors, en cet homme extraordinaire, du redresseur de torts et même, chose inimaginable quand on songe à la suite de son existence, du censeur et du moraliste.
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Notaire du Havre, 1933, p. 121.
— PSYCHANALYSE :
• 4. Cette instance qui surveille, nous la connaissons : c'est le censeur du moi, c'est la conscience; c'est la même qui exerce la nuit la censure de rêves, c'est d'elle que partent les refoulements de désirs inadmissibles.
S. FREUD, Introd. à la psychanal., 1959, p. 458.
B.— Personne chargée par un gouvernement d'examiner les journaux, les revues, les œuvres littéraires ou dramatiques (aujourd'hui cinématographiques) avant d'en permettre la publication ou la représentation; membre d'une commission de censure :
• 5. ... le ministre consentit à ne livrer Marion de Lorme qu'à un seul censeur, et me laissa le choix de ce censeur unique, que je n'eus pas cependant la faculté de choisir hors du bureau de censure. Je désignai un homme de lettres...
HUGO, Correspondance, 1830, p. 463.
1. [Avec un adj. spécifiant]
a) [L'autorité qui institue la censure] Censeurs royaux.
b) [Le domaine sur lequel s'exerce la censure] Censeur dramatique :
• 6. Quelle place peut bien donner ce gouvernement-ci à un homme qui n'a vécu que dans le jeu et dans les putains? Une place de censeur littéraire, de juge de la moralité des livres, d'octroyeur d'estampille aux bons ouvrages moraux en faveur de la famille, de la religion, de l'ordre et de la propriété.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1868, p. 416.
2. Spécialement
a) DR. CANONIQUE. Personne chargée de juger l'orthodoxie d'un écrit, d'une doctrine :
• 7. Lors de la Paix de l'église, Arnauld et Messieurs de Port-Royal, (...) avaient désiré et obtenu Bossuet pour censeur et arbitre équitable dans la publication du livre de la Perpétuité de la Foi, ...
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 358.
b) DR. COMMUN. [Dans les sociétés financières] Personne ayant une fonction de contrôle et de surveillance sur l'administration. Synon. commissaire aux comptes. Commissaire(-)censeur (ZOLA, L'Argent, 1891, p. 139).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1213-14 Antiq. romaine (Faits des Romains d'apr. L.-F. FLUTRE, Vocab. ds Romania, t. 65, 1939, 484 : Censor estoient cil qui jugement donoient des patremoines et des muebles); 2. XVIe s. « celui qui critique ou exerce un prétendu contrôle sur les actions et les opinions des autres » (J. DU BELLAY, Œuvres poétiques, éd. Chamard, t. 5, p. 143 : rigoureux censeur); 3. 1671 Censeur de livres (POMEY); 1704 Censeur des livres (Trév.); 4. a) 1732 (Trév. : Les Censeurs sont parmi les écoliers ceux que le Régent choisit pour l'aider à maintenir le bon ordre, et la discipline scholastique) d'où b) 1802 « fonctionnaire chargé de la discipline et du contrôle des études dans un lycée » (Loi sur l'Instruction Publique, Lycées, Recueil des textes d'hist., dir. L. Gothier et A. Troux, Époque contemp., I, 1789-1869, p. 121). Empr. au lat. class. censor qui désignait un magistrat romain (sens 1), attesté en partic. en parlant des fonctions de contrôle des mœurs (Cicéron ds TLL s.v., 798, 38), d'où l'emploi au sens fig. pour désigner toute personne critiquant ou contrôlant les actions ou les opinions des autres (Cicéron, ibid., 801, 28). Fréq. abs. littér. :305. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 742, b) 404; XXe s. : a) 98, b) 387.
DÉR. Censorat, subst. masc. a) Hist. romaine. Exercice de la censure; temps pendant lequel un censeur exerce ses fonctions. b) Fonction de censeur dans un lycée. — []. Ds Ac. 1932. — 1re attest. 1878 (Lar. 19e Suppl.); de censeur, suff. -at.
BBG. — GOUG. Mots t. 1 1962, p. 300.
censeur [sɑ̃sœʀ] n. m.
ÉTYM. V. 1213; lat. censor. → Censure.
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1 Didact. Magistrat romain de l'antiquité chargé d'établir le cens, et qui avait le droit de contrôler les mœurs des citoyens. || Marcus Porcius Caton, dit « le Censeur ».
0.1 Les censeurs, au nombre de deux, sont élus pour cinq ans (…) ils ont mission de recenser les citoyens et les biens, de façon à procéder au classement systématique de chacun d'après son « cens », c'est-à-dire sa fortune. Mais ils possèdent aussi une juridiction morale. Ils peuvent noter d'infamie qui ils veulent, en raison de sa conduite privée.
Pierre Grimal, la Civilisation romaine, p. 130.
2 (XVIe). Class. et littér. Personne qui reprend, contrôle, critique, blâme les opinions, les actions des autres. ⇒ Critique, juge. || Un censeur sévère, injuste, malveillant, pointilleux. || Un censeur équitable. || S'ériger en censeur des actions d'autrui. || Cette femme est un redoutable censeur; elle s'érige en censeur.
1 (…) je n'ai quasi jamais rencontré aucun censeur de mes opinions qui me semblât ou moins rigoureux ou moins équitable que moi-même.
Descartes, Discours de la méthode, VI.
2 Je voudrais bien savoir (…)
Ce que ces beaux censeurs en moi peuvent reprendre.
Molière, l'École des maris, I, 1.
3 (…) depuis quelques jours, tout ce que je désire
Trouve en vous un censeur prêt à me contredire.
Racine, Britannicus, III, 9.
♦ Péj. Critique systématique, outrancier.
4 Tout babillard, tout censeur, tout pédant,
Se peut connaître au discours que j'avance (…)
La Fontaine, Fables, I, 19.
♦ Fig. || La conscience est le censeur du moi.
3 (1704, censeur des livres). Personne chargée par un gouvernement d'examiner les livres, les journaux, les revues, les œuvres théâtrales, cinématographiques, avant d'en autoriser la publication ou la représentation (⇒ Censure). || Il, elle est censeur. || Censeur des journaux. || Censeur dramatique : censeur des pièces de théâtre.
5 (…) je puis tout imprimer librement, sous l'inspection de deux ou trois censeurs.
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, V, 3.
4 Fin. Celui qui est chargé de surveiller les opérations d'un établissement financier. || Les censeurs de la Banque de France.
♦ Syn. de : commissaire aux comptes d'une société.
5 (1802). Anciennt. En France, Personne qui était chargée, dans un lycée, de la surveillance des études, de la discipline (remplacé par Proviseur adjoint). || Madame le censeur.
REM. Le fém. théorique censeuse [sɑ̃søz] ne semble pas en usage.
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CONTR. Adulateur, apologiste.
DÉR. V. Censorat, censorial.
HOM. Senseur.
Encyclopédie Universelle. 2012.