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ellipse

1. ellipse [ elips ] n. f.
• 1573; lat. ellipsis, gr. elleipsis « manque »
Omission syntaxique ou stylistique d'un ou plusieurs éléments dans un énoncé qui reste néanmoins compréhensible. L'ellipse du verbe est courante en français (ex. chacun son tour pour chacun doit agir à son tour). Expression présentant une ellipse. 1. elliptique.
Par ext. Art du raccourci ou du sous-entendu. « Il n'est jamais question qu'il raconte tout, il sait plus de choses encore qu'il n'en dit. C'est que le langage est ellipse » (Sartre).
Omission dans une suite logique, narrative. Les ellipses d'un récit, d'un film.
ellipse 2. ellipse [ elips ] n. f.
• 1625; lat. sc. ellipsis, gr. elleipsis, métaph. de « manque », comme huperbolê de « excès »
Math. Courbe plane fermée dont chaque point est tel que la somme de ses distances à deux points fixes ( foyer) est constante. conique. Grand et petit axe d'une ellipse. Excentricité d'une ellipse.
Cour. Ovale. « Je t'environne, en cercles, en ellipses, en huit » (Colette).

ellipse nom féminin (bas latin ellipsis, du grec elleipsis, manque) Dans certaines situations de communication ou dans certains énoncés, omission d'un ou de plusieurs éléments de la phrase, sans que celle-ci cesse d'être compréhensible. (Par exemple l'ellipse du verbe dans Combien ce bijou ?) Raccourci, sous-entendu, procédé allusif : Parler par ellipses.ellipse nom féminin (latin scientifique ellipsis, du grec elleipsis) Conique, ensemble des points d'un plan P dont la somme des distances à deux points fixes de P est constante. Surface plane limitée intérieurement par la courbe précédemment définie.

ellipse
n. f. GEOM Lieu des points dont la somme des distances à deux points fixes (foyers) est constante. Une ellipse est une conique. Un cercle est une ellipse dont les foyers sont confondus. Un astre qui gravite autour d'un autre astre décrit une ellipse.
Grand axe d'une ellipse, droite qui passe par ses foyers.
Petit axe d'une ellipse, droite perpendiculaire au grand axe qui passe par le milieu du segment reliant les foyers.
|| Cour. Courbe fermée de forme ovale.
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ellipse
n. f. GRAM Procédé syntaxique ou stylistique consistant à omettre un ou plusieurs mots à l'intérieur d'une phrase, leur absence ne nuisant ni à la compréhension ni à la syntaxe. Il y a ellipse du verbe dans la deuxième partie de la phrase "Pierre mange des cerises, Paul des fraises".

I.
⇒ELLIPSE1, subst. fém.
A.— LING. Omission d'un ou plusieurs mots dans un énoncé dont le sens reste clair. Ellipse situationnelle, ellipse grammaticale (cf. Ling. 1972). Une langue n'est point traînante, quand on y permet toutes les ellipses que l'esprit peut suppléer sans crainte de se tromper (DESTUTT DE TR., Idéol. 2, 1803, p. 417) :
1. D'où, philologues, expliquez-nous un peu d'où viennent, par exemple, ces bizarres ellipses, viens-tu avec, ces explétifs, pour une fois, sais-tu?
VERLAINE, Œuvres complètes, t. 5, Quinze jours en Hollande, 1893, p. 205.
B.— P. ext. [Dans un discours, un raisonnement] Omission d'un ou plusieurs énoncés qui paraissent aller de soi et donc inutiles. Il [l'écrivain] sait plus de choses encore qu'il n'en dit. C'est que le langage est ellipse (SARTRE, Sit. II, 1948, p. 117).
Péj. Omission d'un ou de plusieurs énoncés qui rend le sens difficile à comprendre :
2. ... la peur de rester court ne lui inspire jamais le subterfuge de faire semblant de ne pas comprendre une ellipse dans le raisonnement de l'adversaire.
STENDHAL, Rome, Naples et Florence, t. 1, 1817, p. 168.
3. ... si cette Revue allait et durait, on pourrait y réaliser quelque rêve. Mais, moi-même, je me sens si faible, si peu sûr de l'avenir, que je ne vous envoie ces saccades que pour ne pas vous supprimer mes pensées sur un sujet si cher. Lèbre doit vous écrire là-dessus plus au long et avec moins d'ellipse.
SAINTE-BEUVE, Corresp., t. 5, 1818-1869, p. 363.
P. anal., rare, dans les arts plast. Omission des détails. Cf. amateur ex. 9 :
4. Il en est de la peinture comme du langage et de son évolution. Au début, il faut tout expliquer, ne pas manquer un seul mot, de peur que ne se perde le fil conducteur; mais le moment vient où la mémoire entraînée prévoit l'expression accoutumée et permet de passer sous silence ce qu'instinctivement elle supplée. L'éducation de l'œil, de même, autorise le condensé, l'ellipse, voire la simple allusion.
HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, p. 196.
Prononc. et Orth. :[elips] ou [(l)ips]. Enq. :/elips/. Ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. Cf. ellipse2. Bbg. HAMON (P.). Analyse du récit. Fr. mod. 1974, t. 42, p. 141.
II.
⇒ELLIPSE2, subst. fém.
GÉOM. Courbe fermée déterminée par l'intersection d'un cône droit et d'un plan qui n'est pas perpendiculaire à son axe. Grand, petit axe, centre, foyers d'une ellipse. L'orbite de la terre est une ellipse dont le soleil occupe un foyer (Ac.). Toutes les ellipses peuvent être considérées comme les projections d'un cercle vu en perspective (COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p. 302).
P. ext., cour. Courbe ayant la forme approximative d'une ellipse (cf. ovale). Des collines un peu renflées dans leurs contours comme les ellipses d'une amphore étrusque (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 262) :
Les voies du nord et du sud, sous les noms de rues Saint-Jacques et Saint-Denis, sont le petit axe de l'ellipse que dessine Paris.
VIDAL DE LA BLACHE, Princ. géogr. hum., 1921, p. 237.
Prononc. et Orth. Cf. ellipse1. Étymol. et Hist. I. [1573 gramm. (BL.-W.1-5)]. II. [1625 d'apr. BL.-W.5]; 1690 géom. (FUR.). I empr. au lat. impérial ellipsis (gr. proprement « manqué » et aussi terme de gramm.). II empr. au lat. sc. ellipsis, terme de géom. (cf. angl. ellipsis, 1570 ds NED), transcr. du gr. (l'ellipse étant un cercle imparfait).
STAT. — Ellipse1 et 2. Fréq. abs. littér. :124.
BBG. — ADLERBLUM (A.). Vocab. de l'astronaut. Québec, 1972, p. 18.

1. ellipse [elips] n. f.
ÉTYM. 1573; lat. ellipsis, grec elleipsis, proprt « manque », de elleipsein « laisser de côté ».
1 Figure de rhétorique, procédé de discours consistant à ne pas exprimer un ou plusieurs mots que l'esprit doit suppléer. || L'ellipse peut être le fait soit de l'usage, soit d'une hardiesse de langage.Ellipse intervenant dans la formation de certains mots et expressions (→ Abrégement, cit.; composer, cit. 34). || Ellipse du sujet (fais ce que dois), du verbe (à chacun son métier; à quand votre visite ?), du sujet et du verbe à la fois (loin des yeux, loin du cœur; bon voyage; faites pour moi comme pour vous). || Ellipse des mots qui feraient la liaison régulière entre deux membres de phrase. Anacoluthe. || Ellipse caractérisée par la suppression dans la phrase de certaines conjonctions. Asyndète. || Tour présentant une ellipse. Elliptique.
1 Il est incontestable que dans un certain nombre de phrases où manque un élément, le verbe par exemple, on se trouve en présence de phrases incomplètes que volontairement on a abrégées. Il y a alors ellipse, une ellipse que l'esprit supplée.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 18.
2 Sa langue passe pour la plus belle de la littérature scandinave; elle est brève, forte, précise; tendue à l'excès, et d'une trempe métallique; elle abonde en ellipses, en raccourcis rapides (…)
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », p. 75.
2 Par ext. Se dit de procédés de style tendant à raccourcir le discours, de l'art de sous-entendre, l'écrivain faisant appel à l'esprit et à l'imagination du lecteur. Sous-entendu. || L'art de l'ellipse dans la poésie de Mallarmé. || Ellipse pratiquée par certains romanciers modernes.Par ext. Fait de ne pas tout exprimer.
3 Même si le propos de l'auteur est de donner la représentation la plus complète de son objet, il n'est jamais question qu'il raconte tout, il sait plus de choses encore qu'il n'en dit. C'est que le langage est ellipse.
Sartre, Situations II, p. 117.
Omission dans une suite logique, narrative. || Les ellipses d'un récit. || Les ellipses de son raisonnement rendent la lecture difficile.
Dans les arts narratifs autres que ceux du langage (notamment au cinéma) :
3.1 Comme en littérature, l'ellipse est, au cinéma, une figure narrative consistant à supprimer du récit un certain nombre d'éléments, tels que plans, scènes, etc., faisant partie du déroulement logique de la fiction, mais jugés inessentiels à sa compréhension. L'ellipse est classiquement utilisée pour « alléger » le récit, en éliminant ce qui est considéré comme des temps morts.
Encyclopædia Universalis, vol. 18, p. 616, a.
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2. ellipse [elips] n. f.
ÉTYM. 1625; lat. sc. ellipsis, grec elleipsis (Apollonius de Perga, Coniques), métaphore de manque, comme huperbolé de « excès ».
Didact. (géom.) et cour. Courbe plane fermée dont chaque point est tel que la somme de ses distances à deux points fixes appelés foyers est constante. aussi Ovale (II.). || Centre, foyers d'une ellipse; excentricité d'une ellipse. || Axes (axe focal ou grand axe, axe non focal ou petit axe) d'une ellipse. || L'ellipse est la conique résultant de la section d'un cône de révolution par un plan oblique. || Le cercle est une ellipse dont les foyers sont confondus. || Équation cartésienne, équation paramétrique d'une ellipse. || Surface à trois dimensions dont toutes les sections planes sont des ellipses. Ellipsoïde, I. || Un astre qui gravite autour d'un autre astre décrit une ellipse. || Comète qui décrit autour du soleil une ellipse allongée. || On peut tracer une ellipse en maintenant tendu un fil retenu à deux points fixes. aussi Ellipsographe.Par ext. Surface plane limitée par une ellipse.
3.2 L'ellipse est une de ces courbes fameuses dans la Géométrie ancienne et moderne, sous le nom de sections coniques. Il est facile de la décrire, en fixant à deux points invariables que l'on appelle foyers, les extrémités d'un fil tendu sur un plan, par une pointe qui glisse le long de ce fil. L'ellipse tracée par la pointe dans ce mouvement, est visiblement allongée dans le sens de la droite qui joint les foyers, et qui, prolongée de chaque côté jusqu'à la courbe, forme le grand axe (…). Le petit axe est la droite menée par le centre, perpendiculairement au grand axe, et prolongée de chaque côté jusqu'à la courbe; la distance du centre à l'un des foyers, est l'excentricité de l'ellipse (…) L'ellipse solaire est peu différente d'un cercle (…)
Laplace, Exposition du système du monde, I, I, t. I, p. 17.
4 Le nombre trois est le seul qui ait un centre. Les autres nombres sont des ellipses et ont deux foyers.
Hugo, Post-Scriptum de ma vie, Tas de pierres, IV.
4.1 La terre ne décrit pas un cercle autour du soleil, mais bien une ellipse, ainsi que le veulent les lois de la mécanique rationnelle. La terre occupe un des foyers de l'ellipse (…)
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. II, p. 775.
5 Je vais, je viens, je te dépasse, je reviens, je t'environne, en cercles, en ellipses, en huit (…)
Colette, la Paix chez les bêtes, La chienne jalouse.
6 L'ellipse diffère du cercle en ce qu'elle possède la variété des formes.
P. Claudel, Journal, t. I, Pl., p. 54.
DÉR. et COMP. Ellipsographe, ellipsoïde. — V. Elliptique.
HOM. 1. Ellipse.

Encyclopédie Universelle. 2012.