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embaumer

embaumer [ ɑ̃bome ] v. tr. <conjug. : 1>
XIIIe; embasmer XIIe; de en- et baume
1Remplir (un cadavre) de substances balsamiques, dessiccatives et antiseptiques destinées à en assurer la conservation. Fig. « ses couches superposées de sentiments défunts, mystérieusement embaumés dans ce que nous appelons l'oubli » (Baudelaire).
2(XIVe) Remplir d'une odeur suave. parfumer. « La garrigue, que les lavandes embaumaient » (A. Gide). « Le genêt, la lavande, le thym embaument l'air de leurs émanations aromatiques » (Gautier).
Absolt Répandre une odeur très agréable, sentir bon. Ces lis embaument.
Fam. Répandre une bonne odeur de. « un escalier qui embaumait l'encaustique » (Martin du Gard). Fam. (négatif) Ça n'embaume pas (la rose, etc.) :ça sent mauvais.
⊗ CONTR. Empester, empuantir, puer.

embaumer verbe transitif (de baume) Traiter un cadavre par des substances destinées à le conserver ; momifier. Remplir quelque chose, un lieu d'une odeur agréable ; parfumer : Les fleurs embaumaient la chambre de leur parfum.embaumer verbe intransitif Exhaler, répandre une odeur très agréable ; sentir bon : Les draps embaument la lavande.embaumer (synonymes) verbe intransitif Exhaler, répandre une odeur très agréable ; sentir bon
Synonymes :
- fleurer
- sentir
Contraires :
- empester
- empuantir
- puer

embaumer
v. tr.
d1./d Remplir (un cadavre) de substances balsamiques pour empêcher qu'il ne se corrompe. Les égyptiens embaumaient les corps des pharaons.
d2./d Remplir d'une odeur agréable, parfumer. Ce bouquet embaume la chambre.
|| (S. comp.) Ces roses embaument.

⇒EMBAUMER, verbe.
I.— [P. réf. à baume1 B] Emploi trans.
A.— Domaine funéraire. Traiter un cadavre avec des substances balsamiques, antiseptiques, etc. pour l'empêcher de se corrompre. Si je meurs dans le voyage, embaumez-moi avec du baume de Syrie; mettez-moi, tout habillé, dans une pyramide d'émeraudes (QUINET, Ahasvérus, 1833, 1re journée, p. 102). Je ne veux pas être embaumé; que la destruction fasse son œuvre en paix! La vue des momies égyptiennes suffit à dégoûter de ces sortes d'empaillements ridicules (DU CAMP, Mém. suic., 1853, p. 303). Cf. aussi baume1 ex. 8.
B.— P. métaph. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose abstr.] Préserver de l'oubli, assurer la pérennité dans la mémoire, rendre impérissable, éternel. Embaumer (dans/de/par...). Embaumer les souvenirs. L'amour qu'elle avait eu s'était trouvé embaumé dans des aromates tellement exquis, qu'au bout de quelque temps il y avait plaisir à contempler un mort aussi délicieux (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 327). Le peuple arabe a ceci d'admirable que, son art, il le vit, il le chante et le dissipe au jour le jour; il ne le fixe point et ne l'embaume en aucune œuvre (GIDE, Immor., 1902, p. 464) :
1. Comme un mot qui n'entre au Dictionnaire de l'Académie française qu'une fois usagé, dépouillé de la fraîcheur de son origine populaire (...), souvent plus de cinquante ans après sa création (...) et la définition qu'on en donne le conserve, l'embaume, quoique décrépit, dans une pose noble, fausse, arbitraire...
CENDRARS, Moravagine, 1926, p. 23.
Rem. Qq. attest. de embaumer rappellent plus partic. l'emploi B 1 de baume1 et tendent à signifier « mettre un baume, un analgésique sur; apaiser ». Pour apaiser, pour embaumer, pour étancher le sang qui se collait dans les cheveux Une couronne aussi a été faite, une couronne de sève, une couronne éternelle (PÉGUY, Porche Myst., 1911, p. 240). Cf. aussi baume1 ex. 5.
II.— [P. réf. à baume1 C]
A.— Emploi trans. [Embaumer exprime une action, un processus]
1. Embaumer qqc., qqn
a) [Le compl. d'obj. dir. désigne un lieu ou une pers.] Emplir, couvrir, imprégner d'une odeur suave, d'un parfum. Embaumer les airs; être embaumé de fleurs, d'une odeur, d'un parfum. Un bonheur répand un suave parfum sur notre vie, comme le chèvrefeuille embaume l'air qui l'entoure et le vent qui le balance en passant (KARR, Sous tilleuls, 1832, p. 107). Les émouvantes odeurs orientales embaumaient l'ombre et faisaient un doux contraste avec l'air froid des pics neigeux (BENOIT, Atlant., 1919, p. 133) :
2. L'odeur du bois de cèdre embaume partout le bazar; et cette atmosphère, composée des mille parfums divers qui s'exhalent des boutiques (...) me rappelle l'impression que j'éprouvai la première fois que je traversai Florence, où les charpentes de bois de cyprès remplissent les rues d'une odeur à peu près pareille.
LAMARTINE, Voyage en Orient, t. 2, 1835, p. 228.
Emploi pronom. Comme tout sent bon! Ah! ce grand Paris qui se fleurit et s'embaume, ce Paris où grandit toujours la passion des fleurs (ZOLA, Enf. roi, 1881, III, 1, p. 526).
b) P. métaph. [Le suj. et le compl. d'obj. dir. désignent des choses abstr. ou une chose concr. et une chose abstr.] Emplir d'une impression agréable qui évoque, par sa suavité, le baume, le parfum. Le véritable amour, celui qui nous embrase sans nous consumer et qui (...) embaume et parfume pour l'éternité tout ce qu'il pénètre (FRANCE, Thaïs, 1890, p. 149). Ceux-là [des baisers] qui semblaient embaumés d'enfance, Dont l'arôme évoquait les fins peupliers Qui verdissent le long des chemins printaniers (TOULET, Vers inéd., 1920, p. 23). Tu es injuste pour les jours ordinaires quand tu prépares la fête, mais la fête à venir embaume les jours ordinaires (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 910). Cf aussi amitié ex. 90.
2. Embaumer qqc. à qqc. (rare). Imprégner quelque chose d'une odeur suave au contact d'une autre chose. Des fleuves embaumaient aux lauriers riverains Leurs ondes claires (RÉGNIER, Premiers poèmes, 1888, p. 173).
3. Embaumer qqc., qqn de qqc. Imprégner quelque chose d'une odeur suave. Les mille parfums des bois voltigent autour de vous, embaumant l'air de leur haleine odorante (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 129). Il aimait les étoffes de velours et de soie, s'inondait de parfums et embaumait ses vêtements de fumigations odorantes (THARAUD, Mille et un jours Islam, I, 1935, p. 50).
P. métaph. Emplir d'une impression agréable par des procédés délicats qui évoquent la suavité d'un baume, d'un parfum. Je t'envoie une fleur de baume, la seule qui soit dans notre jardin (...). Que le baume te parfume le cœur, comme moi tu m'embaumes de caresses et d'affection (BALZAC, Lettres Étr., t. 3, 1850, p. 347). Ces dix-huit ans fleuris dont la présence embaumait déjà la maison d'un parfum de jeunesse et de gaieté (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 275). Par ce charme du souvenir qui embaume le passé de douceur, tandis que les côtés tristes s'effacent ou plaisent (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 54).
Emploi pronom. à sens passif. S'embaumer de qqc. S'imprégner de l'odeur suave de (quelque chose). L'air s'embaumoit de l'odeur de la moisson nouvelle mêlée aux émanations des arbres et des fleurs (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 327). Aromatiques senteurs Dont s'embaument les hauteurs, Thym, muguet, roses, jasmin (CROS, Coffret santal, 1873, p. 26).
P. métaph. Tel dimanche pour moi s'embaume de la voix Des soprani, s'ouvrant comme une cassolette (RODENBACH, Règne silence, 1891, p. 119).
4. Arg., fam., au fig. Embaumer qqn (avec, dans, etc.). Entourer (quelqu'un) d'hommages outranciers, lui prodiguer des flatteries exagérées. Embaumer (qqn) dans les louanges. (Quasi-)synon. encenser, flagorner. Comme vous l'exaltez [Laerte] avec conviction! Hamlet. — Je l'embaume, avec vous, dans l'admiration (DUMAS père, Hamlet, 1848, V, 8, p. 260) :
3. Je t'enverrai, mon cher, trois colonnes sur les œuvres complètes de mon ministre. Je veux le déifier, le porter au-dessus du dix-huitième firmament. Ô mon ministre, je te tiens enfin! Je puis te parfumer des pastilles du sérail de l'éloge, t'embaumer avec un panégyrique de ma préparation!
REYBAUD, Jérôme Paturot, 1842, p. 123.
B.— Emploi intrans. [Embaumer exprime un état, une manière d'être]
1. Avoir, répandre une odeur suave, sentir bon, fleurer. Si quelque fleur embaume, S'en embaumer (SULLY PRUDH., Vaines tendr., 1875, p. 139). Une profusion d'œillets roses qui embaument (LOTI, Rom. enf., 1890, p. 85). Les petites choses n'ont l'air de rien, mais elles donnent la paix. C'est comme les fleurs des champs, vois-tu. On les croit sans parfum, et toutes ensemble, elles embaument (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1192) :
4. ... les saints épandent, eux-mêmes, de leur vivant et après leur mort, de puissants parfums. Quand saint François de Paule et Venturini de Bergame offrent le sacrifice, ils embaument. Saint Joseph de Cupertino secrète de telles fragrances qu'on peut le suivre à la piste; et, quelquefois, c'est, pendant la maladie, que ces arômes se dégagent.
HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 149.
P. métaph. Évoquer la suavité du baume, d'un parfum par la douceur, le charme de sa manière d'être. Il y a des hommes que Dieu a marqués au front, au sourire, aux paupières, d'un signe et comme d'une huile agréable; qu'il a investis du don d'être aimés; Quelque chose à leur insu émane d'eux, qui embaume et qui attire (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, 1834, p. 161).
Ne pas embaumer. Avoir mauvaise allure, paraître suspect. Il guignait le nom du marquis pour son conseil d'administration de la « Banque d'Herzégovine », une affaire qui n'embaumait pas (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 143).
2. Embaumer qqc. (suivi d'un compl. désignant la nature de l'odeur). Avoir, répandre l'odeur suave de telle chose. Une soupe qui embaumait la carotte et le poireau, quelque chose de doux à l'estomac comme du velours (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 82). Quelle paix, les soirs, quand la campagne embaume les fenaisons de la Saint-Jean (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 245). Une commode dont les tiroirs exhalent un parfum de sauge fanée, l'armoire aux draps de fil qui embaume le savon sec, et ce lit à bateau qui sent la paille fraîche de maïs et le vieux bois de chêne (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 40).
P. métaph. Manifester certaines qualités, évoquer certaines valeurs. Les palefreniers (...) des rues de Grenelle et de Varennes fleurent leur terroir, ils embaument Belleville et le Grand-Duché de Luxembourg (HUYSMANS, En mén., 1881, p. 181). La piété ne sait trop où se prendre dans cette masure, qui pue les misères à la Balzac plus qu'elle n'embaume les fortes vertus de l'incomparable famille Pascal (BARRÈS, Maîtres, 1923, p. 147).
3. Embaumer de qqc. (rare). Voici ma plus belle ceinture, Elle embaume encor de mes fleurs (DESB.-VALM., Poés. posth., 1859, p. 276). On coupe les foins, l'air embaume de leur bonne odeur, mêlée à l'arôme des pins résineux (MICHELET, Chemins Europe, 1874, p. 393).
Prononc. et Orth. :[]. Enq. : /, D/ (il) embaume. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1160-70 (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, III, 9254 : Le cors ont mult bel ... enbasmé); ca 1270 « imprégner d'une odeur suave, parfumer » (H. DE CAMBRAI, St Quentin, 2369 ds T.-L.). Dér. de baume; préf. en-, dés. -er. Fréq. abs. littér. :322. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 448, b) 412; XXe s. : a) 621, b) 391.

embaumer [ɑ̃bome] v. tr.
ÉTYM. XIIIe; embasmer, XIIe; de em- (en-), basme, boume (→ Baume), et suff. verbal.
1 Remplir (un cadavre) de substances balsamiques, dessiccatives et antiseptiques destinées à en assurer la conservation (→ Cadavre, cit. 3). || Les Égyptiens embaumaient leurs morts. Embaumement.
1 Mais quel bien fait le bruit, et qu'importe la gloire ?
Est-on plus ou moins mort quand on est embaumé ?
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Après une lecture ».
(XVIIIe). Fig. Littér. Préserver de l'oubli, rendre immuable.
2 (…) tout l'immense et compliqué palimpseste de la mémoire (…) avec toutes ses couches superposées de sentiments défunts, mystérieusement embaumés dans ce que nous appelons l'oubli.
Baudelaire, les Paradis artificiels, « Mangeur d'opium », VIII.
3 Le peuple arabe a ceci d'admirable que, son art, il le vit, il le chante et le dissipe au jour le jour; il ne le fixe point et ne l'embaume dans aucune œuvre.
Gide, l'Immoraliste, p. 238.
2 Remplir, imprégner (qqch.) d'une odeur suave. Parfumer. || Les fleurs embaument le jardin, la cour, la plaine… (→ Absinthe, cit. 2).Au p. p. || Air embaumé, brise embaumée (→ Aspirer, cit. 17). || Église embaumée d'encens (→ Cierge, cit. 3).Embaumer son linge à la lavande, à la menthe (→ Cueillir, cit. 3).Pron. (Passif). || L'air s'embaumait du parfum des lilas.
4 Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : « Ils ont aimé ! »
Lamartine, Premières méditations poétiques, « Le lac ».
5 Au printemps, ce désert se couvre, dit-on, d'un riche tapis de verdure tout émaillé de fleurs sauvages. Le genêt, la lavande, le thym embaument l'air de leurs émanations aromatiques.
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 269.
Fig. Emplir d'une impression agréable. || « Quelque chose à leur insu émane d'eux, qui embaume et attire » (Sainte-Beuve, Volupté, in T. L. F.). → Émaner, cit. 5.
3 Absolt. Exhaler, répandre une odeur agréable. Sentir (bon). || Cette rose embaume (→ Cueillette, cit. 2).
6 Et il embaume, s'écria Durtal, humant l'odeur d'un pétulant pot-au-feu qu'éperonnait une pointe de céleri affiliée aux parfums des autres légumes.
Huysmans, Là-bas, p. 57.
Fam. Répandre une bonne odeur de (qqch.). || Cela embaume le jasmin, la rose. Fleurer.
7 Ils prirent un couloir, puis un escalier qui embaumait l'encaustique.
Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 231.
Fam. (négatif). || Ça n'embaume pas (la rose, etc.) : ça sent mauvais.
4 (1842, Reybaud, Jérôme Paturot, in T. L. F.). Vx, fam. Prodiguer (à qqn) des flatteries abusives. Encenser, flagorner.
——————
embaumé, ée p. p. adj.
Voir ci-dessus à l'article.
CONTR. Empester, empuantir, infecter, puer.
DÉR. Embaumant, embaumement, embaumeur.

Encyclopédie Universelle. 2012.